Billets par Bruno Lussato
Sunday, 28 December 2008
CHRONIQUE
De l'Art et de la cohue
Les caprices de mon serveur m'ont empêché de vous parler de ma visite de l'Exposition : Dufy, le plaisir.
Autant Emile Nolde était déserté, autant on se pressait chez Dufy. L'avantage de ces grandes retrospectives est qu'elle révèlent des aspects rares et insoupçonnés du peintre.
On s'attendrait chez l'artiste des débuts placés sous le signe des plus légers des impressionnistes, ou des féériques décors de Chagall pour la Flûte Enchantée. Mais c'est Cezanne, le construit, le sévère, l'austère, qui l'influence jusqu'à l'imitation obsessionnelle. On se situe alors avant la grande guerre mondiale. Le souci de solidité architecturale se conjugue avec des teintes sombres et tragiques, rappelant Gromaire. C'est la deuxième période de Dufy, toiles de grande taille, monumentales et lugubres.
La troisième période déclenche, on l'a vu, une explosion créatrice qui n'a d'égale que la variété des genres et des matières.On peut alors parler de plaisir, de jouissance, et... il faut le dire, de séduction destinée aux gens de goût et aux mécènes. Il faut tout particulierement noter les tissus d'ameublement et les motifs art déco. Mais où Dufy se dépasse c'est dans les dessins et décors pour de magnifiques vases rapellant la poterie grecque.
J'ai la chance (ou la malchance) d'avoir un papier d'handicapé, ce qui nous évite, moi et mes accompagnateurs de faire la queue. Mais, comme tout le monde, je suis noyé dans une marée de têtes qui m'empêchent de contempler les oeuvres. Le plaisir sous-titre de l'exposition en est irrémédiablement gâché.
La quatrième période est placée sous le signe de la musique et culmine avec "le violon rouge" du Musée d'Art et d'Histoire (qui abritait jadis quatre salles pédagogiques portant mon nom, que diable vient-il faire là aujourd'hui ?). ) Les peintures ont une légèreté d'aquarelle, elles sont aériennes, féériques, et c'est à cette période que Dufy doit sa popularité.
Je crois qu'on doit à un maréchal de Napoléon qui voyait pour la première fois la mer et sommé de donner ses impressions les fortes paroles : "que d'eau, que d'eau !"
Jeff Koons
Si dois résumer mes impressions de l'exposition Koons à Versailles, je m'exclamerais :"Que de monde, que de monde! "
Au sépart, en bon mouton de l'élite, j'anonnerais " c'est Koons, quel succès époustouflant, on comprend que devant une telle popularité, le marketing l'ait propulsé au premier rang des valeurs artistiques contemporaines".
Mais en interrogeant les bee bee bee! qui envahissaient les lieux,plus encombrés qu'un RER un jour de grève, on découvrait la réalité. Nul parmi les Anglais, les Espagnols, les Lettons, les Chinois, les Mexicains, les Tcherbrousks, les Neo-zélandais, et j'en passe, on découvre que nul ne connait Jeff Koons. Ils viennent tout bonnement visiter Versailles. En cette dernière semaine de l'année, il doivent affronter un océan agité de centaines, de milliers de visiteurs, mais ils ont peut-être raison. Car la façade principale a été rénovée et les plombs dorés brillent sur un ciel d'un bleu d'une pureté invraisemblable.
Les boules qui constituent les corolles de l'immense fleur métallique d'un or acide, reflètent en une anamorphose aplatie les bâtiments qui prennent des airs de Canaletto.

En revanche l'énorme chien d'un rouge lie-de-vin qui envahit une des salles produit un effet désastreux. On sait que le Roi Soleil jaloux de Fouquet, voulut faire mieux que Vaux-Le Vicomte, cette merveille d'équilibre et de distinction. Il fit plus grand, plus riche, plus doré, plus prestigieux.
Comme il était très pressé, il fit de la peinture mythologique au mètre, comme les parvenus achètent pour faire cultivé, de la reliure ancienne au mètre et des portes d'or ciselé et sculpté admirables de perfection artisanale. Mais il faut convenir que tout cela était noirâtre et terne, d'une grande monotonie, mais grandiose.
Le constraste entre l'humour populaire et ludique de l'un et le guindé de l'autre, était frappant. Il faut bien reconnaître que Koonz l'emportait, il tuait son environnement.
Interrogés, les guides, les gardiens,les familiers du palais faisaient la grimace. Pouah, quelle horreur !
Bruno Lussato
CHRONIQUE
Nadir
Le nombre de visiteur est à l'unisson de la fréquentation des hypermarchés et de joalliers de la Place Vendôme. Le moral suit : au plus bas. Par dessus le marché, mon ordinateur s'est mis au diapason: il boude. Il a refusé d'enregistrer les tableaux de la seconde fondation, et de les imprimer. A "parcourir", il fait des couacs désagéables et recule comme un âne rétif et têtu.
Hier j'ai été voir l'exposition Dufy, aussi bondée que la rétrospective Nolde était déserte.
Friday, 26 December 2008
CHRONIQUE
Apprentissage
Michel, mon chauffeur, excelle dans le maniement de cet ordinateur démoniaque qui s'appelle "vista".Voici le resultat de ses instructions, dix fois plus simples que celles dispensées au forceps par le cher Emmanuel.

Inopinément on m'apprend que mon n° de passe est incorrect. Je le refais et tout disparait: Je dois tout recommencer. J'étais sur le corps du billet, et c'est là que surviennent souvent les pépins. Je recommence donc tout à 3h38 du matin. Que faire d'autre?
TAXONOMIE
La répartition des titres des éditions originales posent des problèmes de rangement. Où fourrer Buffon, Littré ou Darwin? A la rigueur on peut dire que par leur description de la vie sur terre, ils participent à notre vision de la terre et révèlent un évolution sur la perception de la planète bleue. Ne vous inquietez pas si la petitesse des titres quiles rend invisibles. Ce ne sont que des aides-mémoire qui seront détaillés dans de prochains billets, si Dieu et mon serveur le permettent.

Thursday, 25 December 2008
CHRONIQUE
Persévérance
Il en faut pour continuer ce blog et qu'on est un peu fauché (la crise, quoi!) . Pas de Dufy hier mais une course d'obstacles pour communiquer par ordinateur. Emmanuel Dyan a raison. Quand on n'a pas les moyens de bénéficier d'un serveur professionnel, il faut se rabattre sur le bon marché, et se résigner à prendre des crises de rage à répétition. Hier c'était Noël, mais pas seulement pour moi. J'ai voulu savoir si l'exposiion Dufy, au MAM était ouverte le jour de Noël,mais le serveur m'a refusé l'information. Creusé par tant d'émotions j'ai essayer de me brancher sur le site de restaurants du quartier, mais en vain. Le serveur ne répondait pas.Alors j'en fus réduit à me faire livrer un sushi. Mais le seul traiteur à répondre, m'accabla de "si vous voulez un sashimi, tapez un, si ..." ). Mais son site répondait mais on me livra de travers car beaucoup de mentions telles que "sans sel SVP" n'étaient pas prévues par le logiciel. Enfin, crevé, je voulus me défouler en voulant bavarder avec vous. Hélas, la flêche se mit à effectuer des sauts de puce incontrôlables.Par exemple, la flèche refusa obstinément de parcourir telle aire de l'écran, ou dès qu'elle était correctement positionnée elle disparaisser instantanément de l'écran pour se rendre dans les endroits les plus invraisemblables. La manoeuvre la plus perilleuse était la mention "enregistrer". Lors du dernier essai, tout disparut, tout le travail d'une journée effacé, en dépit des sauvegardes, et on m'expliqua que le réseau avait des problèmes : "réessayez " me dit-on inlassablement, mention suivie par des hiéroglyphes informatiques indéchiffrables... et d'ailleurs point destinés à l'être, que je sache.
Enfin ce soir le serveur consentit à reprendre du service. Hallelluya ! Mais toutes les informations récentes avaient disparu. Et voici où est passé le temps que j'aurais mieux employé à visiter l'exposition du bonheur.
CHRONIQUE
Noël
Un joyeux réveillon avec Claude Mediavilla,Sandrine, Marina et une charmante architecte. P*** a envoyé une gigantesque composition de toutes sortes de bonnes choses. La boite elle-même devait bien peser cinq kilos! On a bien entendu beaucoup parlé de calligraphie , ou plutôt IL a parlé de calligraphie. Un cours magistral et une calligraphie pour chacun. Mediavilla a ouvert des horizons insoupçonnés sur le travail nécessaire pour parvenir à la maîtrise, la passion,l'inspiration, une exigence démente sur la perfection apportée aux moindres détails, et avec en prime la connaissance écrite et parlée des langues les plus diverses. Un éblouissement.

Ci dessus : Claire et moi

Ci dessus : Marina et Claude Mediavilla
Bien entendu j'ai profité de sa présence pour avoir son avis sur les deux livres d'heure : celui de Simon Marmion complété par Alexandre Bening (1499), celui de Jean Bourdichon (1508).Pour H.T*** Bourdichon a copié le manuscrit de Marmion, bien supérieur mais moins connu. Mediavilla a relevé la taille notablement supérieure des Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Mais pour lui ce n'est pas un avantage. Il se demande en effet comment Marmion a pu réaliser des miniatures aussi détaillées dans un format si restreint. Néanmoins la taille c'est la taille et les 5cm supplémentaires de Bourdichon, justifient l'épithète "grandes heures" et apportent de la majesté au manuscrit.
Les bordures qui ont fait la célébrité du Bourdichon sont incomparablement supérieures à celles, sommaires, qui ornent le Marmion. La variété et le rendu des plantes médicinales,à quoiil faut ajouter une chenille par-ci, une libellule par là sont uniques dans le corpus de Bruges. Mais tout change dès que l'on considère les grandes miniatures.
Mais dès qu'on aborde l'analyse des grandes miniatures tout change. Mediavilla a relevé la perfection suprême du dessin de Mormion, aucun visage ne ressemble à l'autre, les rides expressives, les regards, l'harmonie des couleurs provenant de la tradition des Bening et de l'école de Bruges. Un chef-d'oeuvre incomparable, accessible au prix le plus fort (H.T***) mais d'une valeur inestimable.
Je me prends à rêver... Au fond l'acquisition d'un tel chef d'oeuvre mériterait que l'on sacrifie toutes le autres pièces! Il est vrai qu'il n'y aurait plus de fondation, mais une salle comme le Maurithuis où les gens se rendent pour voir un seul tableau : le port de Delft de Vermeer, où encore à Colmar contempler le rétable de Mathis le peintre. Tout ceci bien entendu toutes proportions gardées, Bening n'est pas Vermeer, ni Marmion, Mathias Grünwald, sauf pour les cancres qui prennent pour deux grands peintres le Homard de Vinci et Mickey l'Ange !
Cet après-midi je m'en vais voir Dufy, le peintre du plaisir. Après tout c'est Noël !.
A bientôt. Bruno L.
Tuesday, 23 December 2008
CHRONIQUE
Dépression de Noël
Non, merci de votre sollicitude. Ce qui est déprimé ce n'est pas moi (un petit coup de cafard, hier, vite balayé par des coups de téléphone vivifiants) mais le nombre de visiteurs qui a rarement été aussi bas. Dame! Tous préparent les fêtes, achètent (parcimonieusement) des cadeaux, et surtout s'en vont en famille dans la maison familiale en Sologne, en Ardèche ou - pour les chanceux - à Monaco. Et puis pour les plus jeunes ou qui se croient tels, il y a les innombrables offres désespérément exotiques. En général on laisse à la maison son ordinateur, et voilà! Le chiffre baisse et nous sommes entre fidèles.
Je dois mettre au point ma plaquette pour la deuxième fondation afin de convaincre un éventuel sponsor. Je l'imagine comme suit : une introduction sur l'intérêt du projet. Je suis evidemment très appuyé par mes trois marchands : Stéphane Clavreuil pour les livres rares, Heribert Tenscher pour les manuscrits à peinture, et Claude Burgan pour la numismatique. Il s'est heureusement remis et je le vois tout à l'heure. Ce quinquagénaire a courageusement tenu tête à un voleur armé et l'a traîné devant les policiers! Il a failli être victime des tirs de balle, bien réels.
Après l'introduction (buts, moyens, ambitions, économie du projet...) des intercalaires détaillant l'organum (c'est à dire le réseau sémantique) de chaque vitrine, avec l'auteur, le titre, la date de l'objet. Entre les intercalaires on trouve les fiches détaillées de chaque pièce accompagnée d'illustrations. Ce n'est pas toujours facile en cette période de Noël où les photographes sont en vacances, et les ouvrages en cours d'acquisition appartiennent à la réserve de Tenschert ou viennent de rentrer, car il y a beaucoup de mouvement dans le secteur des pièces d'exception.
Ci-dessous vous trouverez quelques réflexions préliminaires en langue française. Pour des raisons de discrétion, la provenance, le prix et la source, sont occultés, d'autant plus qu'il ne s'agit que d'un rêve, une utopie, tout au mieux un argumentaire pour un généreux mécène (allez le trouver en ce temps de crise, mais la foi dit-on, soulève des montagnes). Rappelons nous l'appel désespéré de Wagner à un prince salvateur providentiel et improbable qui l'aiderait, lui, pauvre nomade criblé de dettes, à réaliser son projet monstrueux : Der Ring des Nibelungen. L'Anneau du Nibelung. A ce moment précis, le jeune Louis II de Bavière venait d'accéder au pouvoir. Fanatique de Wagner il exauça, et au delà, son rêve le plus fou. Il fut moqué, critiqué, traité de fou, mais aujourd'hui Bayreuth est devenu une vache à lait de la région, et il faut attendre huit ans pour obtenir une place ! Qu'on se le dise.
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