Billets par Bruno Lussato
Saturday, 7 June 2008
CHRONIQUE
Le karma existe-t-il?
C'est certainement un concept flou, composé de notions tout aussi imprécise comme " histoire qui bégaie" destin, ce soir à Samarcande, impossibilité d'échapper à un cycle immuable, comportement répétitif, évènement cycliques fatals etc...
Dans le droit fil du journal d'hier "faut-il le dire", je suis sans cesse confronté dans les affaires comme dans la vie courante à des phénomènes karmiques. Une exception : le milieu des affaires. L'argent domine tellement tout, que la seule dimension karmique se réduit à un style opératoire : impulsivité, préméditation, ruse ou agression.
J'ai été frappé de plein fouet dans ma carrière personnelle comme professionnelle par ces fatalités, et j'ai fini par comprendre que j'ai abordé la vie du mové côté. J'ai attendu mon âge et mon expérience pour comprendre, ce que tout un chacun répète, et pour découvrir des truismes. En cela peut-être suis-je proche de mon prétendu ancêtre Moché Luzzatto, le plus illustre cabaliste qui bien souvent, traversé par l'ouragan de la prophétie, en oubliait les réalités courantes. Ma mère, en revanche, issue de Florence (la famille des Donati descent d'une Donati, la femme de Dante Alighieri) était comme tous ses ancêtres - et moi-même hélas - dotée d'une incorrigible naïveté et d'un coupable désintéressement. Mon grand-père, médecin-colonel, la coqueluche de ces dames ne faisait pas payer ses patients, riches ou pauvres. Et comment faire bouillir la marmite? Ma pauvre grand-mère, Anna, en était réduite à demander aux riches, qu'ils aient la décence de payer leur consultation ! Tâche ingrate s'il en fût.
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Friday, 6 June 2008
CHRONIQUE
Faut-il le dire ?
C'est le titre de la plus désopilante pièce que j'aie vu, qui remporta une succès de fou-rire dans un tout petit théâtre du quartier latin.
On traitera dans ce billet de la difficulté où l'on se trouve lorsqu'on dénonce des faits qui bien que réels, publics, reconnus et vérifiables, : bureaucratie déshumanisée digne de l'hôpital de la Salpêtrière, logique de l'absurde, kafkaïenne à la puissance dix, gaspillage éhonté et avarice crasse sont interdits de blog sous peine de rétorsion. Faut-il le dire? Faut-il se taire? Résister ou se soumettre? Pour une fois le mal n'est pas français mais il envahit tel un cancer les entreprises de grande dimension et sans foi ni loi autre que celle autorisée par leurs avocats.
La petite fondation proche de Andorre que je voudrais bien animer partage depuis des générations cette aversion. Verra-t-elle le jour? Une grande fondation que j'appelle de mes voeux serait-elle une utopie due à ma foi et à ma naïveté? Chaque jour apporte son lot de surprises, et, voyez quelle est mon inclination pour vous mes très chers internautes : depuis dix heures je devrais glisser dans cet état étrange de béatitude que l'hôpital m'a appris à atteindre et que je nomme le glissement. On se sent en effet glisser comme sous l'effet d'un masque chloroformé. Je vous quitte donc, en retard sur mon horaire et je vous dis, à demain.
Mais j'y pense, mes confidences ne sont-elles pas trop personnelles et centrées envers ma petite personne? Le moineau déplumé, ne crie-t-il pas "Léon" comme le plus agaçant des paons. Un tel billet, faut-il le dire?
Wednesday, 4 June 2008
CHRONIQUE
Des plantes et des hommes
Parmi les choses stupides on peut compter les agendas, les modes d'emploi, les recettes distribuées par les spécialistes et appliquées avec zèle. (C'est un pro qui me l'a dit). Ainsi on dessèche des plantes qui meurent faute d'eau parce qu'on suit les doses prescrites aux temps indiqués par les paysagistes pro, on tue les hommes par un surdosage de médicaments sans se préoccuper du passé, des allergies spécifiques ou du poids du patient, on envoie chez le radiologue, un type qui boite parce qu'un clou est ressorti de sa chaussure...
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CHRONIQUE
Du formalisme bureaucratique
J'entends par là, non seulement la bureaucratie d'état, mais aussi de celle des grandes sociétés.et combinée avec son multipicateur informatique elle fait des ravages au sein des particuliers.
Je vous donne des exemples récents, survenus hier ou avant-hier, en piocahnt au hasard.
Une grande compagnie me vend au prix fort des horloges anciennes. La facture porte " chenets médiévaux en bronze ". Comment honorer un tel document? Pis encore, les horloges ont été détériorées pour accepter le quartz et les transistors et l'opéraion les a gravement bouzillées, ce qui fait qu'elles ont perdu toutes valeur.
Autre exemple, mon cher ami V*** me dit qu'il faut mettre ses schémas A4 sur ordinateur. Quel intérêt dis-je, puisqu'ils ne sont utilisables qu'en un exemplaire? Une simple photocopie suffit. Oui, répond-t-il mais il faut vivre avec son temps.
Je m'évertue à pratiquer les 40 leçons (autant qu'il y a de voleurs face à Ali Baba) que m'a dictées Emmanuel Dyan. Mais il y a mieux à faire. Se rendre chez Darty et acheter une petite machine spécialisée qui à partir de votre cool-pix vous sort des images carte postale. Il suffit dès lors de scaner ces images sur l'ordinateur et le tour est joué. On m'objete que le rendu est moins bon. C'est une plaisanterie.Le rendu est bien supérieur à ce que ce blog, voire même un poster peuvent exiger...
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Tuesday, 3 June 2008
CHRONIQUE
De la cartographie
On se moque volontiers des cartographes, qu'on assimile à des artisans besogneux effectuant un travail routinier. J'ai retrouvé mes cahiers d'étudiant au CNAM. Il y en avait d'appliqués, mais aussi des antisèches qu'on glisse sous les manches pendant les examens. C'était de minuscules cartons plastifiés ou un maximum de matière d'examen était condensé dans des surfaces très restreintes. Comment se faisait cette compression? Par la mise du sujet sous forme de schéma en couleur en formes, en codes etc... Une fois ces cartons élaborés, je n'avais point besoin de m'en servir, je les avais assimilés, comme avalés! Ceci était le début de l'art cartographique, cette mise sous forme spatiale et colorée qu'on trouve aujourd'hui dans les "power point" et tous les rapports destinés aux actionnaires. Mais ces rustines sont risibles.Les couleurs sont choisies au hasard, le but est de faire lisible mais aussi agréable, bref c'est de la roupie de sansonnet !
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Monday, 2 June 2008
CHRONIQUE
L'authentique et ses copies
Pour ne pas parler des imitations. Quelque fois la différence est si subtile que les meilleurs experts s'y laissent prendre. C'est surtout le cas dans la peinture chinoise de paysage peu familière à l'oeil occidental, comme de la statuaire nègre. Comment les experts n'en profiteraient pas? J'ai connu Jacques K... qui m'a ébloui par sa compétence et sa passion. Il m'a montré la différence entre un masque mort et un masque "qui a dansé". Sous son influence j'ai commencé à comprendre que la variété et le génie de ces témoins d'une civilisation tribale perdue sont bien supérieurs à la plate statuaire grecque, déclinée à un style unique et tournée totalement vers la beauté et la perfection. Même La Victoire de Samothrace serait un produit commercial, n'ayant jamais dansé, en dépit de son envol apparent. Certes il ne faut pas tomber dans le piège, certaines oeuvres de la civilisation grecque, indubitablement authentiques portent la main et la marque du génie. Roger Peyrefitte qu'a bien connu ma soeur était justement amoureux de sa statue de Phidias (je crois), admirable miracle d'expression, égalant le David de Michel-Ange (lui-même issu de cette civilisation grecque dont je déplorais la monotonie). On peut en dire autant pour les magnifiques déca-drachmes frappés par Euinatos et par Kimon, chefs d'oeuvre de numismatique grecque-sicilienne, dépassant l'ampleur de la numismatique pour atteindre le génie.
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