Billets par Bruno Lussato
Friday, 15 February 2008
La grande révolution de la psychologie
Les trois mondes de Sir Karl Popper
A partir de ce point nous nous trouvons à un noeud majeur conceptuel qui dénouera nos masterclasses en levant une ambiguïté majeure.
Sir Karl Poppert abordant de front les tabous réductionnistes, osa proclamer la division irréductible de trois mondes ou univers inconnciliables.
LE PREMIER MONDE englobe tous les évènements constitués de matière, d'énergie, et réductibles à une dimension temps. Ils sont composés de matériaux autonomes et banaux, d'une faible variété, mais structurés selon une effarante complexité formelle et rationnelle. Ce premier compte trouve son correspondant ou son parallèle dans un DEUXIÈME MONDE qui ne comprend pas la dimension présent, et la notion de présent dérive de la perception subjective que le conscient (Le Champ de Représentation R) glisse du passé Têta - à un futur Têta + . En fait ce glissement du présent est anthropocentrique. Le passé ne s'anihile pas dès que nous le dépassons, ni le futur ne surgit miraculeusement au moment où il se concrétise sous forme de présent. C'est la même illusion géocentrique qui inspirait aux précoperniciens, l'impression que l'univers tournait autour de la terre, et qui fut renforcée par des croiyance religieuses ( Dieu arrêtant le Soleil lors de la bataille de Joshué). Les trois révolutionnaires de la première révolution payairent cher leur hardiesse : Copernic, trop obscur pour être inquiété, Giordano Bruno, brûlé vif, Galilée obligé d'abjurer. Ces trois prophètes étayaient d'ailleurs leur juste cause par des démonstrations et des inférences fallacieuses, et il fallut plus d'un siècle pour que le peuple intrejecte avec peine la gravitation universelle. Comment imaginer pour le commun des mortels que des humains, sous nos pieds, marchaient sans tomber pieds dessous, pieds dessus?
LE TROISIEME MONDE
Encore fallait t-il expliquer la jonction entre les deux mondes, celui, immatériel de l'esprit et des sensations, celui factuel des réalités physiques. C'est ici qu'intervient dans tout sa force la notion d'information. En effet l'information est un fluide étrange qui court entre le monde matériel (le support de l'information) et le monde idéel (la sémantique de l'information) sans difficultés, sans failles, tout en étant double, double de propriétés, double de nature, double janus.
Faut-il signaler que dans l'énorme masse des travaux de Popper, les travaux sur les trois mondes, ont été étouffés, négligés, à peine cités?
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Wednesday, 13 February 2008
A radio-Lugano à l'occasion de la commémoration de 1984
de Georges Orwell
Les plus illustres personnages étaient conviés à Lugano pour commémorer le célèbre essai de l'auteur de Animal Farms afin d'évaluer la justesse de ses prédictions. J'étais avec ma femme l'hôte un peu pompette de Thuyssen-Bornemitza, le temps était superbe et je me souviens des prestations majestueuses de Françoise Giroud, Karl Burgess, Sir Karl Popper, et autres gloires. Je me demande si Simone Weil n'était pas là. Verdict unanime : 1984 était un livre du passé et totalement désuet. Je fus le seul à défendre le malheureux écrivain. Aujourd'hui, hélas, on doit bien constater qu'il était vin gt ans en avance et non vingt ans en retard. Les allusions de LE LAY relatives au temps de cerveau vendues par Coca cola aux hommes de maketing, les remarques de Ewhalt montrant la convertibilité générales de n'importe que axe sémantique en une échelle rationnelle d'utilité, le déferlement de barabarie en provenance des "Armes de distraction massive" de la sous-culture américaine, la rétraction et la dégénérescence de la haute culture, du raffinement et des lettres dans le peuple, donnent un relief frappant à cet ouvrage inusable, à décoder d'après le futur et non le passé. Comment un tel aveuglement at-il été possible?
LA DEUXIÈME RÉVOLUTION COPERNICIENNE
Korzybsky, S.I.Hayakawa, Sir Karl Popper.
Il appartenait à un des prudents détracteurs de Orwell, de formaliser l'intuituion du russe dans Science and Sanity et du japonais S.Hayakawa, : des trois génies, le premier devait énoncer la vision, "le mot n'est pas la chose", le second faire oeuvre remarquable de vulgarisation dans Language in Thought and Action, le troisième, un des plus grands épistémologistes du XXe siècle avec Sir Bertrand Russel, à formaliser clairement la GRANDE RUPTURE.
Chronique
Prendre le thé avec Piaget à Genève.
Jean Piaget est le spécialiste de l'évolution de l'intelligence chez l'enfant. C'est aussi le plus célèbre des psychologues européens. Il a publié avec Paul Fraisse, spécialiste de la psychologie du temps, la magistrale somme de l'orhodoxie de son temps, qui me servit de bréviaire du temps de mes études : Le traîté de Psychologie Expérimentale en XXII volumes, édité aux PUF et dont je ne connais aucun équivalent aujourd'hui. Or ce qui me troubla, est l'introduction franchement anti béhavioriste et anticonformiste, d'un pape de l'establishment. Le nom en soi était un programme : les hypothèses explicatives en psychologie, entre interractionnisme et parallélisme en psychologie. Le propos était le suivant : pour rendre compte de la fracture infranchissable entre l'univers psychique et l'univers biologique sous-jacent, les deux hypothèses étaient antagonistes et choquantes. Dans l'hypothèse interactionniste, on supposait qu'entre Psi et Phi, il existait une interraction constante. Mais comment un univers Psi dépourvu de substrat matériel peut-il interragir avec un univers Phi ancré dans l'espace-temps matériel. Il nous faudrait postuler l'existence d'un troisième univers, à la fois matériel et immatériel, présentant des propriétés temporelles et ne les présentant pas !
Dans l'hypothèse paralléliste, les deux univers Psi et Phi, ne communiquent pas, sinon par télépathie ou isomorphisme structurel. Il suffirait alors que deux systèmes induisent réciproquement des changements, pour qu'il aient des structures semblables. On se trouve aux limites de l'astrologie, où le parallélisme des formes : modèle astrologique ou thème astral, induirait le destin du sujet.
Il fallut la notoriété respectueuse dont Piaget était entouré pour faire passer en introduction du massif traîté académique, cet aveu monstrueux de la non-miscibilité irréductible de l'esprit et du corps. Je décidai donc de lui rendre visite.
Il était très embarassé car il avait compris à l'envers le rôle du temps. Il pensait que le temps existait dans le monde de l'esprit, ce qui est exact, mais que le présent était une propriété de la matière. Il n'avait pas lu Niels Bohr. Bien au contraire c'est NOUS, notre ANTHROPOCENTRISME qui génèrent la sensation du présent. Dans l'univers matériel, il existe certes des relations d'ordre, du passé au futur, mais jamais ce point évanescent qui disparait sitôt paru dans notre conscient et qu'on ne trouve que dans la poésie, la description des états de conscience, mais jamais défini dans aucun traîté factuel.
J'eus du mal à lui expliquer cela, de même que les qualia. Toutefois il admit que la séparation irreductible entre psychisme et biologie ne pouvait être contestée. Je lui exposai alors mes éléments, et je lui dis que je voulais orienter mes recherches dans cette diréction. Il me considéra pensivement. "Mon jeune collègue" me dit-il, vous touchez des zones dangereuses, et vous compromettrez votre carrière universitaire. Voyez le plus grand psychologue de notre temps, David Rapoport (à ne pas confondre avec Anatol Rapaport). Il essaya d'effectuer dans A Théory of Attention Cathexis la psychanalyse et la psychologie expérimentale. Il se fit des ennemis dans les deux factions et son grand papier ne trouve pas d'éditeur, on ne le trouve qu'en polycopiés.
"Je ne veux pas vous décourager, Fraisse est tout à fait à des antipodes de ces préoccupations, il mesure des horloges. Le plus ouvert et le Professeur Simondon. Peut-être acceptera-t-il de vous confier une mission?"
Je vis Simondon. Il me reçut -par déférence pour Piaget, très aimablement et paraissait comprendre mon propos. Il me dit : j'ai justement ce qui vous convient : un travail sur la reproduction des amibes.
Quant au pauvre Rapoport, enfin parurent dans l'indifférence générale ses Sélected Papers...
Après sa mort.
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Tuesday, 12 February 2008
Chronique
Voici la première visite chez un de ces grands hommes qui ont marqué le destin de la psychologie.
Le déjeuner à Urbana avec Sir. Charles Osgood
Urbana est une plaine morne et plate qui abrite l'Université d'Illinois réputée pour avoir produit " Mind of Robots" de Culbertson et abrité l'Institute for Psycholinguistics de Chales Ogood. Ce psychologue est connu pour avoir tenu une position médiane entre le réductionnisme de Hull et Skinner (le cerveau secrète la pensée, comme le foie secrète la bile) et une allusion prudente à l'existence d'un esprit qui serait autonome. Son innovation majeure a été la Théory of cognitive dissonance.
Osgood avait observé que dans les salles d'attente des médecins, certains patients ne consultaient que la publicité d'une seule marque de voitures alors que d'autres balayaient tout les champ des marques proposées. A ce moment-là la publicité était uniquement argumentaire , elle vous donnait les raisons pour lesquelles le choix de tel modèle était le meilleur.
Lorsqu'un homme venait d'acheter une voiture, il avait dû opter entre des critères de jugement (axes sémantiques) contradictoires et il se demandait toujours s'il avait pris la meilleure décision : la plus rapide ou la plus sûre? La plus élégante ou la plus efficace? La plupart du temps les axes générateurs de jugement étant orthogonaux, (indépendants) on ne pouvait opter avec certitude de la supériorité d'un choix d'où un sentiment de contradiction pénible entre le choix retenu et le choix rejeté. Cette dissonance sémantique était atténuée en ne lisant que la pub de la voiture qu'on venait d'acheter, qui ne présentait que des raisons confortant le choix adopté.
Mais plus tard les inconvénients devenaient plus apparents, on était soumis à d'autres options, la lassitude jouait et la tentation de voir ailleurs l'emportait. L'éventail des publicités regardées s'élargissait. D'où la différence entre les comportements des lecteurs.
En étudiant de plus près le mécanisme Osgood remarqua que les réseaux de croyances fortes, se comportaient comme des sortes d'organismes autonomes qui réagissaient par une kyrielle de stratégies visant à eliminer les informations incongruentes. Par exemple, on pouvait en discréditer la source, écouter sans entendre, reformuler ou noyer le poisson, diaboliser ceux qui les émettent, ou carrément "ne pas voir entendre, ni écouter" , véritable suppression de l'information incongruente.
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Monday, 11 February 2008
A l'occasion de sa remise de la légion d'honneur dans les salons de la Présidence, au Sénat par Monsieur Poncelet, mardi le 12 janvier 2008.
Je me faisais une joie d'assister à cet évènement faste associé à un ami très cher, mais des ennuis de santé m'ont contraint à ne pouvoir sortir de mon lit.
Ce n'est donc que par la pensée que je pourrai me joindre à vous, mon cher Arnaud et à votre famille.
J'ai pensé d'établir une compilation avec le texte passionnant de que vous m'avez fait connaître, celui de Grimm qui concentre tout ce que nous aimons dans la culture classique et qui donne un sens à culture grécoromaine, judéo chrétienne, celle que nous tenons de nos aïeux, de notre terre, des plus hauts exemples que ces siècles surgis de la terre et de la passion de l'excellence nous ont légués, cette culture qui se raréfie sous bien des attaques et des vulgarités.
Il y a avait bien des raisons à vous associer à cet illustre et méconnu écrivain, : de tous les éxemples représentatifs de cette admirable civilisation, Grimm représente celui le plus proche de ce que j'ai perçu de votre personnalité, pendant des années d'échanges féconds et vivifiants.
Le mot élite appliqué à votre personnalité, prend tout son sens. Vous échappez à ces distinctions plus ou moins affectées par des subtilités formelles qui fixent degrés et grades. Vous apparteniez quand je vous ai connu à la plus haute cétégorie d'être méditant et pensant. J'ajouterai donc à ce que vous étiez alors : la réincarnation vivante de l'homme admirable que vous m'avez appris à connaître, ce que vous êtes devenu depuis, au terme d'une difficile mutation et qui complète ce que Grimm avait d'un peu dilettante et paresseux.
Comme Grimm vous avez les qualités, toutes les qualités de l'humanisme, le souci de la perfection, un vrai esprit critique, le sens du beau et l'horreur de l'à peu-près, du mélange confus entre le sublime et le vulgaire. Une amabilité naturelle et un désir de dépassement qui exclut toute facilité.
Mais voici : vous êtes aussi un entrepreneur ayant charge d'un patrimoine humain que votre famille vous a transmis, et vous vous êtes interrogé sur la diffilcile coexistence entre le monde de l'économie et celui du coeur, entre le cynisme des décisions qui assurent la survie dans la jungle qui est la notre, et cet humanisme, qui maintient un équilibre entre les valeurs sociales, économiques et familiales. Exceptionnels sont ceux qui ont pu l'établir puis le préserver. Des exemples quotidiens me le démontrent tous les jours, croyez-le.
Au terme d'une quête douloureuse et chancelante : "dois-je ou non continuer à diriger l'acquis de mes ancêtres, ou me retirer sur mon île bienheureuse ? " vous avez élaboré une subtile alchimie qui vous permet de préserver à la fois les valeurs d'humanisme et de coeur, tout en veillant à la prospérité de votre firme et en protégeant les forces de travail qui vous ont fait confiance.
Vous avez su vous épanouir en développant à la fois les axes du père Six, l'autorité sous tous ses facettes que Kojève a si bien décrites, autorité du père, du juste, du guide, de l'homme de décision et d'action. Soyez-en honoré car vous avez su réussir ce qui aujourd'hui passe pour un pari impossible.
Avec mes regrets de ne pouvoir être parmi vous autrement que par ces quelques lignes, veuillez recevoir mes vives félicitations pour votre nomination et pour votre chère famille, Madame Gobet et ses trois enfants si attachants.
Bien fidèlement votre
Bruno Lussato
Chronique
Sur le chemin aride qui parcourt cette chaîne abstraite de concepts, je m'égare dans une zone dangereuse.
D'une part le signet nous indique la difficulté du texte pour professionnel - la difficulté, due à l'extrême concentration conceptuelle est bien au rendez-vous, d'autre part le signet ment car des concepts familiers aux vrais professionnels : psychologues, psychothérapeutes du travail, cliniciens et étudiants à la recherche d'un doctorat, n'ont pas été évoqués, alors qu'il portent tous les soubassements de la recherche en psychologie. Que faire alors? Ajouter un deuxième signet , on n'en finirait plus!
Or il se trouve que j'ai depuis l'age de 17 ans intimemement mêlé à ces questions. La plateforme des mes connaissances a été une galaxie de grands hommes que j'ai explorée, comme mes camarades sur les bancs de l'école, et parmi laquelle on trouve les illustres Herbert Simon, Pribram et Miller, Sir Karl Popper, Sir John Eccles, Sir Charles Osgood, et Jean Piaget qui a , avec Paul Fraisse honnête bureaucrate des sciences psychologiques, compilé mon livre de chevet, le Traité de Psychologie Expérimentale en XXII volumes, pur produit magistral de l'enseignement académique à la Sorbonne. Etudier Simon ou Piaget, c'était comme pour un physicien apprendre Einstein ou Heisenberg. Loin d'être démodés, il sont la source inépuisable de toute réflexion épistémologique.
Les années, les voyages ininterrompus, un labeur acharné et constant, on fait que dans une seconde phase de ma vie j'ai créé une sorte de fondation dédiée à l'apprentissage culturel, aux arts et aux technologies de pointe. Elle était très richement dotée avant d'avoir été honteusement plumée par diverses institutions et d'honorables chefs d'entreprises de renom, ce à quoi il faut ajouter des marchandages fiscaux indignes de notre pays et deux cambriolages et holdups qui m'expédièrent à l'hôpital et la spoliation par un très riche et très vertueux client que j'aidai pendant plus de dix ans à monter son entreprise, aujourd'hui célèbre et prospère. Il profita en commettant de véritables abus de conscience. Par la suite il se repentit mais j'avais perdu "Les Capucins", cette magnifique fondation unique en son genre. J'y avais rassemblé un magnifique Klee sur lin datant de 1914, deux des plus beaux Schwitters, des Legers, Malewitch, un splendide Bösendorfer Impérial, un home cinéma de encore aujourdh'ui, insurpassé, tout ceci dans le monastère fondé par Anne de Bretagne et meublé en un décor contemporain. Les manifestations les plus raffinées et qui restent dans toutes les mémoires des participants (j'y tenais tous les jours table ouverte) plusieurs fois plébiscitées dans la Marche du siècle, ce rêve qui ne demandait qu'à se développer, fut guillotiné net par un riche voulant soutirer son bien à un pauvre, car je n'avais que le Centre pour tout bien, conçu et dédié à un idéal culturel.
Lors des séances des Capucins, j'eus l'immense honneur d'accueillir et d'approfondir mes échanges avec tous les illustres personnages, auquels il faut ajouter Mirò, Tàpiès, Matta, Hartung ou Yves Bonnefois. Marina Fédier, ma soeur se consacrait à Moore, à Soulages à Liechenstein, à Francis Bacon, et aux autres grands peintres et sculpteurs américains.
Toute cette proximité laissa des traces profondes qui influèrent sur les contacts américains qui contribuèrent aux découvertes majeures de la psychologie. J'ai pensé que ces contacts sont infiniment plus vivants et enrichissants qu'un exposé théoriques et qu'il vaudrait mieux évoquer le contexte personnel où ils se déroulaient autour d'un déjeuner amical, ou d'une promenade aux Capucins.
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