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Monday, 9 March 2009
CHRONIQUE
L'avant-garde russe
Il ne faut pas manquer l'exposition de la collection Costakis au Musée Maillol prolongée encore quelques temps.
J'ai une relation très étroite avec l'avant garde russe par l'intermédiaire de Nakov, grand connaisseur et auteur du catalogue raisonné de Malewich. Il procura au Musee de Genève, centre Bruno Lussato, des oeuvres notables, telles que des Popova, des dessins de Malewich, une toile, une gouache et un dessin de Rodchenko. Comme un malheur ne vient jamais seul, non seulement le Musée refusa d'acheter un grand Schwitters de 1919, une pièce rarissime et grandiose qui était le clou de la salle Schwitters de mon centre, la condamnant ainsi, mais je fus contraint de vendre mes merveilleux assemblages, parmi les plus beaux qui existent, pour payer des impôts que le fisc me réclamait indûment. Lorsque je voulus vendre mes Rodchenko j'eux à affronter les pires difficultés, les héritiers de Rodchenko en Russie refusant pour des raisons obscures de les authentifier. Enfin on put déterminer la provenance de l'un d'eux, une composition de lignes, trouvée dans une mine de sel en Allemagne, mais elle fut bloquée car on la soupçonnait de faire partie des biens juifs confisqués par les Nazis. Il fallut dix ans de recherches pour infirmer cette supposition et l'oeuvre fut enfin libérée. Une fondation acheta pour une bouchée de pain les deux Rodchenko restants et elle attend sans doute que la situation se clarifie avec le temps. La gouache de 1915, pleine de mystère, représente deux cercles s'interpénétrant, rouge sombre sur fond noir, le tableau, plus tardif (1920) représentait des lignes noire et blanche sur fond gris bleu. Cette huile est parmi les plus abouties des oeuvres de l'artiste, on le sait rarissimes. Il faut ajouter au lot contesté une huile de Popova, à vrai dire peu intêressante car trop influencée par le cubisme français. On ne voit pas d'ailleurs pourquoi on se fatiguerait à faire un faux d'une oeuvre non commerciale et presque invendable.
Pour ceux qui voudraient se documenter je conseille un livre paru aux éditions du Chêne en 1977 et sans doute introuvable. A défaut précipitez vous sur le catalogue de l'exposition Costakis, vendu au musée Maillol.

Ci-dessus le livre paru au Chêne

Ci-dessus couverture du catalogue et le clou de l'expo.
Ne pouvant avoir accès actuellement au dessin de lignes trouvé dans les mines de sel, j'en donne, avec la permission des éditions du chêne, l'équivalent de la même époque.

Lire dans le corps du billet (mention : continuer à lire le journal) les derniers potins de la vente du siècle.
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Sunday, 28 June 2009
CHRONIQUE
PROJETS
Comment vivre sans projets? Un projet est un pôle aimanté à la fois structuré et informe, provisoire et révisable et fixe à long terme comme l'étoile polaire. C'est lui qui oriente la boussole. Autant dire que sans projets, un humain est déboussolé.
A propos d'un de mes projets, devenu réalisation, le WESTERN MINGEI-KAN je vous conseille de vous reporter au billet du 24 juin 2009, qui integre les précieux commentaires de Philippe Boudin.
PROJETS
J’ai connu au cours de ma profession bien des hommes puissants et adulés, tout entiers voués à leur entreprise. Lorsque je voulais les intéresser à des activités artistiques, ou à n’importe quel sujet qui ne touchait pas à leur profession ils répondaient :
- Je n’ai pas le temps, je suis submergé en ce moment. Plus tard on verra.
- Les moments libres sont consacrés à ma famille (ou à mes activités sportives etc.)
- Lorsque je serai à la retraite j’aurai tout le temps de me cultiver.
- La semaine prochaine. (reconduite de semaine en semaine)
- On voit bien que vous n’êtes pas à ma place. Vous êtes un intellectuel. J’ai charge d’hommes.
Mais la retraite venue c’était la chute, soudaine ou différée. Soudaine : une bonne attaque enchantait leurs héritiers. Bon débarras. C’était mieux que l’Alzheimer. Mais le pire était le déclin lent. Notamment, ils essayaient avec les fonds mis de côté de reconstituer une entreprise, quelquefois dans un métier qu’ils ne connaissaient pas. C’est ainsi que François Dalle misa sur la production cinématographique. Le problème venait de ce qu’étant habitués à bénéficier de l’appui d’un état major compétent et serviable ils s’adaptaient mal à la parcimonie qui est indispensable dans une PME de petite taille.
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Sunday, 15 February 2009
CHRONIQUE
Le classicisme meurtrier
Á PROPOS DE L'EXPOSITION DE CHIRICO au Musée de la Ville de Paris.
Le parcours de Chirico n'est que trop connu des historiens de l'Art. Plusieurs phases se suivent et ne se valent pas. La première, glorieuse, explose inopinément comme une révélation venue d'ailleurs. La novation à l'état pur. C'est la peinture métaphysique. La tête encombrée d'images étranges qui vont de pair avec une poésie d'association d'idées poétiques et étranges (Hebdomeros) mais énonçant un réseau corellé et stable d'évocations. On est à mi-chemin entre le symbole et le rêve. L'imagerie est simple -en apparence - y dominent les thèmes suivants: Une place de Ferrare connue pour ses arcades et au coucher de soleil, lumière de quatre heures, la plus chaude. Au milieu de la place une statue généralement allongée (Ariadne) ou un régime de bananes, ou des personnages masqués. Les ombres sont extraordinairement denses, autant que les palais ou que les statues, sinon plus. Elles sont d'un noir angoissant comme la lumière du crépuscule aux ombres naissantes. La perspective est plongeante, vue d'en haut, ce qui permet de discerner tout au fond un train qui passe en émettant un nuage de fumée blanche. Le train qui passe, souvent des horloges dans des gares désaffectées, signalent l'énigme de l'heure. Une gare aux quais vides, à l'horloge sans doute arrêtée, deux silhouettes enveloppées d'ombre attendent immobiles. Quoi? Nous avons peut être tous ressenti la nostalgie due au contraste entre la beauté ordonnée des arcades et ce train qui inlassablement n'arrête pas de passer. On croit entendre en un écho infini le sifflet émis par la fumée. J'ai personnellement toujour été angoissé et fasciné par les crépuscules. Le Chant de la Terre de Gustav Mahler est impregné de cette "sehnsucht", spleen,mais pas cafard bien au contraire un sentiment d'intense et de poignante beauté nous étreint le coeur. Apparaissent aussi d'étranges mannequins à la tête ovoide traçant des architectures mathématiques dans des tableaux mis en abîme, à l'infini, comme deux miroirs qui se répondent.
Le plus impressionnant et le plus célèbre de ces tableaux est sans conteste le Portrait de Guillaume Apollinaire, acquisition magistrale des Musées Nationaux. On y discerne un buste de marbre, affublé de lunettes noires et représentant prophétiquement le sort du poète gazé.
Le moment de stupeur créatrice est passé, les places s'encombrent de mannequins, d'objets issus de la période géniale. On tend vers un clacissisme d'intentions. A la fin de cette période, on se rapproche de plus en plus de modèles classiques. De Chirico visite beaucoup de musées et en tire des leçon de "belle peinture", une nostalgie des époques bénies des grands peintres.
Dans une troisième partie de son oeuvre, Chirico est parvenu à copier les oeuvres de peintres anciens, il crée ainsi un musée de faux Rubens, Fragonard, etc. Qui sont un clou impressionnant et décevant de l'exposition. Car la copie se rapproche dangereusement du pastiche. Il excelle cependant dans l'autoportrait.
Dans la dernière partie de son oeuvre, Chirico finit par se copier lui-même. En voulant reconstituer la période métaphysique, il ne fait qu'accentuer son manque d'inspiration. Ces "faux Chirico" reprennent tous les thèmes passés, souvent servilement, mais le mystère de l'heure ne fonctionne plus. Le nuage de fumée est devenu un petit nuage drôle comme un chou-fleur. La matière est tellement légère qu'elle risque d'être prise pour une gouache. L'explication il la donne lui-même : tout cela n'a aucune importance et la peinture métaphysique n'est qu'un passage dans sa vie. Mais les dernières années, quel désastre! Des chevaux faits de palais grecs, des personnages figés mais sang poésie. Chirico a retiré de son expérience des anciens du mal peindre. C'est mauvais et répétitif.
Cette triste régression (ou rétrogression) nous conduit à nous poser des questions, qui seront traîtées dans le corps de ce billet.
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Sunday, 10 May 2009
CHRONIQUE
La tête vide
Vide de tous souvenirs, chassés par le vent de la mer. Dans le sillage du temps qui ondule, flottent des lambeaux de L’oiseau peint de Kosinski. Son récit me torture, ce pauvre enfant torturé sans relâche par l’atroce population paysanne ignorante, superstitieuse et brutale, des Balkans, c’est vrai. Le génie de l’auteur, dont c’est le premier livre, est de nous faire pénétrer dans le cœur du gosse, de nous faire partager ses visions successives du monde ignoble qui l’entoure et dont il essaie de comprendre le comportement. Explications pathétiques d’un enfant sans passé, ne sachant ni lire ni écrire, et abandonné à lui-même, sans défense, contre les monstres qui s’acharnent sur lui.
Mais il y a bien d’autres monstruosités, que l’Occident tolère pour des raisons financières, commerciales et politiques. Le mot Empire du mal est trop faible pour décrire les agissements des chinois contre le Tibet, plaie encore ouverte au sein de nos consciences. Avec un dégoût qui perdure, j’ai assisté à la farce de Mai 68. Les jeunes imbéciles, souvent fils de bourgeois, prenaient Mao comme modèle suprême, comme les premiers communistes se prosternaient devant Staline, à l’instar de Roosevelt gâteux, à la barbe de Churchill qui enrageait, impuissant.
Oui, cette jeunesse imbécile était entraînée par des « intellos » de gauche, qui eux savaient, mais qui ne voulaient pas désespérer Billancourt. Ces universitaires, érudits, et souvent hommes de haute culture, comme Jean-Paul Sartre, le pire de tous, soutenaient le monstre chinois et diffusaient sa pensée, se servant de leur prestige pour l’imposer aux snobs et bas-bleus. Eux, qui étaient confortablement installés dans leur fromage, sans risques, hors d’atteinte.
Je viens de voir avec Sandrine le film admirable d’Annaud, Sept Ans au Tibet. Là aussi l’histoire est véridique et les personnages ont existé et sont encore vivants. Malheureusement la version en DVD a été caviardée sans que ceux qui n’ont pu voir le film authentique ne peuvent savoir.
Le premier caviardage affecte la séquence où l’ambassadeur chinois entouré de ses sbires, interpelle avec un mépris iconoclaste le Dalai Lama. On assiste au comble de la dureté et à un fanatisme digne des nazis. Il ne reste de cette scène, qu’un abrégé, où un chinois au faciès de brute foule au pied les symboles sacrés et rejettes le sel que lui offre le Dalai Lama. Cette atténuation de la réalité au profit des chinois, est sans doute inspirée par des nécessités commerciales compréhensibles. Nul n’a fait la moindre pression sur la Chine pour qu’elle desserre son étreinte du territoire sacré et violenté. C’est tout juste si on n’a pas considéré comme héroïque, le fait de recevoir officiellement le Chef Spirituel du Tibet.
Le second caviardage a sans doute pour but de raccourcir la durée d’un film trop long pour soutenir la faculté de digestion de nos contemporains, habituées à des séquences brèves et fuyant les longues séquences où il ne se passe rien. Dans le film original, des obstacles s’interposent entre le héros et son fils. La mère remariée ne veut pas qu’il s’en approche, et son fils le rejette obstinément. Il faudra au père biologique, beaucoup de patience et d’intelligence pour regagner la confiance de l’enfant. Dans le DVD, tout ceci est sauté, et d’un coup, fasciné par le présent de la boîte à musique, présent du Dalai Lama à l’alpiniste le voici en train d’escalader les sommets autrichiens en compagnie de Brad Pitt !
Sandrine me fait la remarque que dans ce film, Brad Pitt ressemble étrangement à L.H. III.
Je lui réponds que la ressemblance était encore plus marquée lorsque L.H. III portait les cheveux moins courts, et qu’ils retombaient en une mèche blonde rebelle sur le front.
D’ailleurs moralement et caractériellement le héros ressemble à L.H.III. Froid, taciturne, extrêmement volontaire, ambitieux et renfermé sur lui-même, mais capable dans certaines circonstances d’une bouleversante tendresse. (Le moment de la séparation de l’alpiniste et
de l’enfant sacré)
Les tribulations de trois Rodtchenko
On connaît ma curiosité pour les faux tableaux. Or un jour, Andrei Nakov me signale l’existence de trois Rodtchenko de très haute qualité, que je m’empresse d’acquérir pour une fondation. Or il se trouve au milieu d’une bataille d’experts. Les héritiers Rodchenko, ne veulent pas reconnaître la paternité de ces trois œuvres majeures : une encre de cercles concentriques, une gouache beaucoup plus rare et d’une grande poésie évoquant une éclipse ou la rencontre de deux planètes. Les couleurs sont d’une extrême subtilité, mais il est un peu endommagé au centre. Enfin, le plus important est une huile de 1921, une des dernières peintures, composée de lignes au compas se croisant sans des proportions d’une précision dignes d’un Mondrian.
Et voici qu’au dos de la gouache, on trouve un document qui l’authentifie : elle provient des mines de sel nazies et fait partie de l’Art Dégénéré. Mais on se heurte alors à une autre difficulté : l’œuvre fait peut-être partie des biens juifs confisqués ! Il faudra dix ans d’enquêtes pour que l’on puisse à nouveau disposer de cette encre. Le feuilleton continue, car la succession officielle de Rodchenko n’a rien à voir avec les premiers héritiers, et est impartiale.
Ci-dessous : 1. Un dessin au compas (extrait du livre Rodtchenko de German Karginov. Chêne, 1977. 2. Le dessin au compas de notre fondation.


Ci-dessous, le verso de notre dessin montrant le verso avec les traces de pliure et les cachets nazis.


.jpg)
Ci dessus, la magnifique gouache de 1918, contestée par la famille Rodtchenko, et validée par André Nakov, un des plus grands spécialistes de l'avant-garde russe, auteur du Catalogue Raisonné de Malewitch. Ce qui milite en faveur de Nakov, est l'état malheureusement détérioré du cercle rouge dû sans doute à des taches d'humidité. Quoi-qu-il en soit, l'oeuvre et le tableau suivant, également contestés font l'objet d'une authentification officielle par la succession Rodtchenko.

Composition de lignes, huile, 1921.Ce tableau à l'huile, sévère et aussi vivant et précis qu'un Mondrian épuré, est un des plus beaux témoins de l'exigence du peintre, la dernière année de sa production de tableaux, et celle des fameux monochromes rouges, jaunes et bleus, constituant pour Rodthenko les derniers tableaux de l'Art.

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Thursday, 8 March 2007
Une oeuvre presque inconnue de Paul Klee dévoile ses secrets.
Il s'agit d'une aquarelle sur toile enduite de gypse et datant de l'époque décisive 1914, où le Paul Klee découvrit qu'il était peintre. Dans "rythme des arbres" on retrouve rassemblées plusieurs des caractéristiques qui organiseront les oeuvres futures : les carrés magiques, les rythmes décalés, la fusion des contraires, le traitement innovant de la matière, la subtilité des couleurs, et par dessus tout une vision cosmogonique qui font de Klee, plus qu'un peintre, un penseur. Cette oeuvre tranche par sa stupéfiante complexité, avec les aquarelles de cette époque et rejoint celle des oeuvres comme le Tapis du souvenir du musée de Berne, ou hommage à Picasso, que j'ai admiré chez Alain Gaston-Dreyfus.
Cette oeuvre de petite dimension faisait partie d'une collection que j'avais rassemblée autour du concept de novation et qui comprenait des oeuvres de Kurt Schwitters, d'Alexando Rodchenko, de Marcel Duchamp, de Hans Arp, de Sonia Delaunay et Popova, entre autres. J'achetai également un contraste de formes de Fernand Leger, exposé dans les plus grands musées et d'une provenance illustre : la Galerie Louise Leiris, puis Hans Bergruen. Il se révéla un faux! Ce qui pose un problème proche de la désinformation: l'incapacité des experts à reconnaître un original d'une falsification médiocre.
Ces oeuvres ainsi que d'autres, furent le noyau d'un centre pédagogique qui occupait quatre salles du Musée d'Art et d'Histoire de Genève. Les pièces présentées furent analysées dans une série de petits livres calligraphiés par moi-même, qui eurent un grand succès parmi les jeunes. On ne les trouve plus aujourd'hui que chez les antiquaires allemands, à des prix excessifs. (On vient de me signaler que le livret sur Klee est disponible sur Chapitre.com au prix de 220 €). J'ai donc projeté de les divulguer sur mon blog. Le but de ces fascicules est de révéler aux jeunes et aux moins jeunes, l'extraordinaire complexité qui se cache derrière des pièces d'apparence et de dimensions modestes, qui passeraient inaperçues dans les immenses cimaises des musées contemporains. La période 1910-1919 a été sans doute la plus innovante de tout l'art moderne. Ces fascicules permettront à chacun de découvrir les germes de la plupart des mouvements contemporains, de l'abstraction au pop art, du minimalisme à l'art conceptuel.
Aujourd'hui le projet a été abandonné par le Musée d'Art et d'Histoire, la collection ne pouvant recueillir le support de prêteurs, a été hélas dispersée. C'est bien triste, mais j'espère que dans le futur, des CD Video prendront le relais. Néanmoins la présence des oeuvres est indispensable et on ne saurait se contenter de reproductions. Au Musée d'Art et d'Histoire, les étudiants et les amateurs, avaient devant eux, et le livret, et l'oeuvre elle-même, soigneusement isolée dans un environnement noir, afin d'éviter les interférences avec l'environnement et les autres oeuvres.
Le Musée des Arts Premiers, à Paris, expose ainsi à côté des pièces originales, des écrans vidéo d'explication, et cela est très apprécié par le public. Dans l'article en préparation sur Klee et Schwitters, on devra se contenter d'imaginer les originaux.
Voici les références de "Rythmes des Arbres".
Rythmus der Bäume, 1914.191. Aquarelle sur coton écru enduit de platre, 17cm X 20cm, signé et daté 1914. Vendu à Herwarth Walden, exposition de printemps de la Nouvelle Secession di 20 février à fin Mars 1915. Art Coucil , Chicago 1965, Orient - Occident à l'Ancienne Douane de Strasbourg, 1972, N°48 fig. 4. Provenance : Herwarth Walden-Richter, Dresde, Benjamin Krohn, Chicago, Bruno Lussato, Paris.
J'espère également un jour de vous parler des Centres Culturels des Mesnuls et des Capucins, situés à Montfort l'Amaury, que j'ai fondés avec Marina Fedier, ma soeur, et qui étaient destinés accueillir des séminaires de décodage d'oeuvres d'art, et d'initiation à la géopolitique, aux nouvelles technologies et aux nouveaux paradigmes du XXIe siècle. Ces séminaires sont d'assez longue durée, et sans complaisance. Destinés à des collaborateurs de grandes entreprises, de la base (des caissières, des employés libre-service) au sommet (les dirigeants du plus haut niveau) ils avaient vocation, dans un monde desséché, gouverné par le profit et le pouvoir, d'ouvrir les coeurs et les esprits, de les vivifier par le contact avec des conférenciers souvent illustres, toujours passionés et compétents. Ils ressentiront au contact des merveilles de la création artistique, du décodage surprenant des rouages secret de l'art et de la vie, le sentiment, qui pour moi est aussi exaltant et stimulant que l'amour : l'admiration pour les lignes de crête du patrimoine culturel de toutes les civilisations.
Friday, 21 August 2009
CHRONIQUE
CARPE DIEM
Profite du jour qui passe et ne te fie pas au futur. Il est fécond en illusions mortifères. Oublie les enseignements du passé, ils sont caducs, et riches en rancoeurs qui t'empoisonnent les heures qui passent et ne reviendront pas. Certes les grands auteurs et moralistes sont, eux, riches de savoir. Mais c'est qu'ils se situent au delà du temps, ils sont intemporels et pétris d'une matière inoxydable. Leur fréquentation vous permet de retenir une parcelle de cette immortalité. Carpe Diem se conjugue avec Eternité.
Mais on peut interpréter ces propos au négatif.
Vous souvenez-vous de ce film-culte qui fut universellement encensé par les critiques, public cultivé, et gagna les faveurs du grand public des métropoles occidentales : Le Cercle des Poètes disparus. ?
Il y est question d'un instituteur (je crois qu'il s'appelait Cummings ou quelque nom approchant) fraîchement débarqué dans un très puritain collège des Etats Unis, bâti sur le modèle victorien britannique le plus rigide et qui dès son arrivée sème le chaos.
Il commence par demander aux collégiens de piétiner et de déchirer les codes classiques d'évaluation d'une oeuvre et sans les lire. Ces codes nous apprennent qu'il y a le bon, le meilleur et le moins bon., et qu'on doit différencier l'évaluation du contenu et celle du contenant. Le contenu est à son apogée, lorsque nous sommes émus et passionnés par l'intrigue . Ainsi on peut pleurer en voyant le Docteur Jivago ou un policier d'Agatha Christie. Le contenant dénote, lui, le degré de maîtrise de l'artiste dans l'exercice de son art. Un tableau cubiste hermétique de Picasso a un contenu banal : quelques pommes un journal et un compotier, mais quelle innovation dans l'organisation des formes et des couleurs ! Le contenu s'annule dans un Rodchenko des années quinze à vingt. Or parvenir à la compréhension de ces mystères artistiques exige de lourds sacrifices en temps et en concentration. On souffre aujourd'hui pour jouir demain. C'est ce que l'on nomme un investissement. Or notre héros, en répétant inlassablement Carpe Diem, pousse au contraire au désinvestissement, à des heures qui chantent pour des lendemains stériles. Et il est suivi par enthousiasme par une cohorte d'intellos bien pensants et par ceux-là-mëmes qui devraient le blâmer: les pédagogues et instituteurs.
Ainsi Socrate boit-il une seconde fois la ciguë.

UNE UTOPIE PROVOCANTE
Ce film, comme Orange Mécanique admet deux interprétations antinomiques. D'une part il soumet à notre adhésion un héros sympathique au plus haut point. Celui-ci est chassé du collège mais tous les élèves le plebiscitent. Il a moralement triomphé.
La seconde interprétation ne peut être décodée qu'au second degré. Le professeur sous des apparences débonnaires est un dangereux facteur de dégradation sociale et culturelle. Il crée le cercle des poètes disparus où des jeunes élèves fanatisés pratiquent des rites pseudo-primitifs, fument des drogues douces, se terrent dans une caverne comme des boyscouts sans but et sans pensée. Plus grave est l'autoritarisme et la manipulation à peine cachées de l'étrange guide.
Comme Orange Mécanique ce film exerça une influence certaine et indirecte chez une jeunesse endoctrinée par des armées de clones de Cummings. On se demande pourquoi l'intelligentsia privilégia l'interprétation au premier degré, à moins qu'elle appartienne à cette gauche-caviar dont notre paysa le privilège. Question de mode sans doute.
Quoi qu'il en soit, jamais personne n'avait pris au sérieux cette fable cinématographique, pas plus que les prophéties de Meadows (Halte à la croissance) qui inspirèrent Brazil et Green Soleyant (Soleil vert).
Trois décénnies après, qu'en est-il advenu?
Passons sur la fable écologique qui apparaît assez sérieuse pour que les Etats en fassent leur argument électoral. (Syndrome Soleil Vert,où les humains en sont réduits à manger des tablettes de récupération et les légumes et primeurs un luxe réservé aux riches). Saluons au passage Orange Mécanique où de jeunes barbares tuent pour tuer et qui aujourd'hui interpellent psychiatres et juges. Faut-il rappeler le sort des internautes englués dans les procédures et où les logiciels et leurs concepteurs se retournent contre la société civile ? (L'Odyssée de l'Espace nous décrit ainsi un système informatique qui se retrourne contre les pilotes pour qu'on ne détecte pas ses erreurs). Notre propos est ici purement culturel et concerne notre rapport avec le Carpe Diem et Le Cercle des Poètes disparus.
UTOPIE RÉALISÉE
Est-il besoin d'épiloguer ? Aujourd'hui l'utopie est triomphalement incarnée dans le comportement des jeunes, vivant dans l'instant, gesticulant dans un rythme frénétique, mangeant le blé en herbe. L'enseignement du professeur Cummings a porté ses fruits. Le monde et en particulier la cybersphère, est à la recherche de jouissance immédiate, oublieuse des conéquences. Fleurissent les faux rites zen, psychédéliques ou show biz. Le mot "nouveau" est synonyme d'évacuation de l'ancien. La tradition et l'héritage humanistes deviennent folklore ou nostalgie générateurs de profit.
Voyez-les dans leur yachts ou leurs camping, se rotissant de conserve comme des poulets dans leur tourne-broches des bouchers, et comme eux, ayant perdu la tête.
CARPE DIEM et bonnes fins de vacances.
Bruno Lussato.
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