Le monde des Yang et son miroir
Un de mes amis, érudit distingué, peine à mettre de l'ordre dans la masse d'informations destinées à son prochain ouvrage. Notamment il me demande pourquoi Jonathan Littell voit des parentés fortes entre nazis, islamistes et communistes, et si elles se réduisent à une notion commune, celle de totalitarisme.
En effet le mot totalitarisme, désigne la fusion entre l'Eglise et l'Etat, (ou le parti et l'Etat, ou encore entre le peuple et la population) mais ne rend pas compte de la structure complexe de ce que Umesao Tadao appelle l'Empire.
Le paradigme impérial a été amplement décrit dans Virus mais je crois bon de le synthétiser sous une forme simple.
Il y a d'une part le monde des forts, des virils, des vertueux, engagés dans un combat sans merci au peril de leur vie. Ce sont les fidèles qui constituent une communauté soudée par un idéal transcendant. Transcendant signifie supérieur aux réalités matérielles, éternel, immuable, universel. C'est donc une anti-nature, celle-ci étant matérielle, fugace et changeante, et ancrée dans le ici et maintenant, La nature est l'anti système, elle est passive, elle est froide et femme comme la lune.
Le paradigme impérial
L'infini (le principe transcendant) , le zéro, les individus composant la communauté des fidèles, le négatif : le miroir de l'empire : l'esprit du mal absolu pervertissant les moins que rien : les mécréants.
Le principe transcendant (Allah, le peuple, le prolétariat, le Volk) est immatériel. Qui a jamais entre-aperçu l'être suprême de Robespierre? Ce principe pour agir sur les humains a besoin de s'incarner dans un homme de chair et de sang (le guide, le Sauveur, le Parti, le petit père des peuples... La parole se démultiplie par le truchement d'une charte, ou d'un décalogue et l'édition d'une bible (Main Kampff, le Coran, Das Kapital ...). Mais ce n'est pas suffisant. Entre l'élite dirigeante qui caresse et mord tout à la fois, et le peuple des fidèles, s'insère tout un édifice arborescent, avec des règle très précises. C'est la bureaucratie froide, la Loi des hommes).
Les fidèles doivent une obéissance inconditionnelle au Principe fondateur. Les humains qui ne reconnaissent pas l'autorité suprême, echappant à toute discussion, sont excommuniés : exil ou mort. Ils n'appartiennent même pas au genre humain : Untermensch pour les bourreaux nazis, chiens voués à la mort par Jean Paul Sartre.
Se reflète au dessous de cette pyramide : [principe transcendant - chef - courroies de transmissions - communauté des fidèles], un monde inversé, doté à la base des infidèles, soumis à une bureaucratie neutre et servile, aux ordres d'u valet de l'impérialisme, ce dernier préfigurant le diable. [la horde des infidèles, chiens, dhimmis, et autres races ou classes inférieures, vouées à l'esclavage et à la mort. Le nazisme décide que la horde des exclus est inférieure de naissance et qu'on doit donc l'extirper sitôt née d'un ventre impur. Mais cette exclusivité ne doit pas être prise au mot. Les soviétiques ont voué à la mort hommes, femmes et enfants, et on sait que les arabes d'Arabie Saoudite, considèrent comme inférieurs ceux du Maghreb, ces dernier à leur tour ne se faisant pas faute de réduire les noirs en esclavage. Toute référence est inutile, car elle est absente des statistiques de l'ONU et présente dans tous les récits d'historiens et tous les témoignages de journalistes.
Cela dit, les différences entre nazis, islamistes et communistes ne réside que dans la composition du noyau et de la garde rapprochée qui le défend (église ou parti). L'organisation est identique et son militantisme revêt soit des formes douces et caressantes, soit agressives et terrorisantes (massacres, menaces du nucléaire, attentats terroristes). Caresse la main que tu ne peux mordre!