Psychologie de l'art
Wednesday, 20 February 2008
Chronique
Dialogue avec Bruno France Lanord (suite)
J'ai joint France Lanord pour avoir ses réactions à notre dialogue.
D'un ton très embarrassé, il m' avoué n'avoir rien compris à tout ce fatras de Pôles, Réseaux et Noeuds Sémantiques. Il a même demandé à son asistant qui n'y a pas compris davantage.
Je me suis aperçu que cette incapacité à appréhender des notions qui - il faut le reconnaître - ne sont pas évidentes était due à deux faits élémentaires.
1. M. France Lanord qui est un académicien et un lecteur classique n'est pas accoutumé à la lecture des billets. Or on sait que ces derniers se lisent à l'écrevisse, de manière inverse à un roman policier par exemple. Il faut descendre assez loin dans le passé pour ensuite remonter le temps dans le sens de la démonstration. Par conséquent il faut lire dans l'ordre, d'abord les Masterclasses pour Alex, puis la séquence des diners, déjeuners et autres rencontres avec de hauts personnages porteurs d'idées cibles. La progression est d'une extrême importance. Par exemple il faut aborder Piaget avant Popper qui fait avancer la théorie d'un cran.
2. Pis encore, M.France Lanord a survolé. Il n'a lu que des bribes fragmentaires d'un ensemble fortement axiomatisé, par éxemple en éludant Jaynes ou Osgood. Moi-même ai renforcé les lacunes en oubliant de parler de parapsychologie et des travaux fondamentaux de Sir John Eccles ( je crois qu'il était véritablement un "sir" celui-là !)
3. Faut-il le répéter, ce que j'ai écrit n'est pas un roman divisé en chapitres par ordre croissant mais un blog dont les séquences dont le début est en arrière dans le passé. Cette réflexion ne peut s'accommoder d'une lecture superficielle.
4. J'ai repris quelques séquences pour France-Lanord. Il a alors à peu près compris le sens de tout cela : "quand vous parlez je comprends tout, mais pas lorsque vous écrivez" s'exclama-t-il. Il m'a proposé de venir avec un bloc-notes pour essayer d'écrire sous dictée l'enchaînement des concepts.
Je vais encore devoir reprendre tout cela pour simplifier et clarifier encore les notions essentielles. Les pôles, les réseaux, les noeuds, ne sont pas bien définis. France-Lanord ,n'a pas clairement compris le seuil de basculement de la physique quantique à la physique classique. Ce serait plutôt 10-34 plutôt que 10-14 mm. (Constante de Planck).
Par ailleurs la recherche fonctionne ainsi : en spirale, en soubresauts et en contradictions. Pénible.
Sunday, 17 February 2008
Chronique
Gerhard Richter à Paris?
J'ai reçu aujourd'hui une lettre de Richter par laquelle il dit toute sa joie de se voir proposer par Nicolas Sarkozy sa nomination pour la Légion d'honneur. Il serait très intéressé de bien connaître les démarches à suivre pour cette cérémonie, ce que Cédric Goubet, chef de cabinet de l'Elysée et homme aussi cultivé que raffiné aura à coeur de mener à bien. On n'a pas tous les jours, Picasso chez soi à Paris. même à l'Elysée. Une feuille discrète de plus, après Bill Viola, pour témoigner que le Président entend honorer la très haute culture mondiale.
Dialogue avec Bruno France Lanord.
Un revenant du temps de la micro-informatique.
Ce fut dans les années 68 mon premier assistant à l'Institut d'Informatique d'Entreprise, avant de me rejoindre à ma chaire de cybernétique et de systèmes. France Lanord, Bouhot, et moi furent les premiers au monde à prophétiser l'avènement de la micro-informatique (néologisme qui souleva l'hilarité des infromaticiens) et la fin des gigantesques mainframes dont IBM était l'emblème. Et sous le signe de l'économie d'échelle tous les européens et quelques américains, s'essouflèrent à suivre le perdant. Alain Minc, lié aux Télécoms, énarque et agent puissant d'influence, contribua fortement à fossoyer les premiers micro-ordinateurs français (Alvan, Alcyane) et à tuer impitoyablement leurs essais courageux. Je dus, sous le sobriquet de Mégalon de Micromégas, émanant d'IBM quitter mon action dans mon pays pour regagner les Etats-Unis et notamment la Wharton School. J'introduisis auprès de HP, de DEC, et d'IBM même, la notion de PC. Malheureusement la grande firme était déchirée par des courants contraires et laissa échapper Apple et Intel, à ma grand rage. Elle n'y croyait pas et laissa filer sur fond d'incrédulité, tout en essayant au cas ou ça marcherait ....
J'ai eu recours à BFL, après bien des années, parce-que cet homme austère et effacé ne perdit jamais de vue notre enseignement et que, je l'avoue, tous ces concepts de Pôles, de Réseaux, de Noeuds et autres agrégats sémantiques me paraissaient confus et inextricables. De ce long dialogue sortit un début de clarification.
Une version corrigée et remaniée le Samedi 1 Mars 2008
PÔLES SÉMANTIQUES
Pôle évoque la notion de POLARISATION, proche des ondes de forme de Rupert Sheldrake. Les aimant qui sont sous-jacents au spectre magnétique de limaille de fer , induisent la polarisation de tout l'espace sémantique où ils sont immergés. Plus le pôle aimanté est puissant, plus il déforme l'espace environnant, donc nos générateurs de valeur, dans le sens du bien, du mal, du beau ou du logique.... Cette déformation est globale et donnée par les DIEUX, une entité YING qui nous dicte sans concession SA vérité et nous oblige à la suivre, en adaptant nos volontés à SON vouloir. Les pôles sémantiques traduisent une vision continue, imposée, globale de l'espace sémantique.
NOEUDS SEMANTIQUES
La notion de Noeud, évoque un labyrinthe, un tissu de relations connexes, de particules discrètes. Dès que l'on essaye de mesurer la position et le parcours de chaque grain de la limaille de fer, chacun acquiert une dimension localisée, distincte, comme un parcours complexe de particules fortement connexes et associés par des relations endo ou exoergétiques. Ces noeuds sont fortement connexes, car chacun est en relation logique et formelle avec tous les autres, comme par exemple le postulat mécaniste. Il perçoit les hommes comme des machines logiques et formalisables. Néanmoins dans un cas comme dans l'autre, les ondes et les particules sont immatérielles et génèrent les propriétés spécifiques au second monde, comme les qualia, ou la génération d'un présent issu d'un passé fantômatique et donnant sur un futur qui apparaît mystérieusement dans le Champ de représentation R. La notion de noeud sémantique reflète donc la face discrète, quantique, de PSI.
Le passage du pôle continu et immatériel au noeud discret, parcellaire, concrêt, se fait sans transition, en un temps extrêmement court. C'est un vrai basculement quasi instantané, qui se produit à une échelle d'environ 10-14, ou seuil quantique.
RÉSEAUX SÉMANTIQUES
Les noeuds(discrets) et les pôles(ondulatoires) sont le siège de fortes concentrations ergétiques susceptibles d'entretenir des relations de congruence ou d'incongruence puissantes. Que ce soit sous la forme continue d'une onde, ou discontinue d'un noeud de particules connexes, la dualité est analogue à celle de la réduction du paquet d'ondes de la physique quantique. Il suffit que l'on observe les constituants d'un ensemble de psychèmes perçus sous forme ondulatoire, pour que l'onde disparaîsse et donne naissance à des particules très denses, chargées d'une forte ergie. Les Virus sémantiques qui sont l'objet de mon dernier livre, traduisent une forme de contamination par des particules qui, comme des projectiles, s'attaquent à PSI.
Mais, bien que les noeuds sémantiques fortement chargés de jugements de valeurs attirent notre attention, ils ne sont pas les seuls modes de combinaison de psychèmes. Tous les gens ne sont pas des fanatiques ou des appelés des Dieux. Leurs combinaisons sémantiques peuvent être tributaires d''échelles "douces" , nuancées à faible ergie: ni - ni. C'est ce que j'ai nommé les réseaux sémantiques à connectvité faible, dont une partie peut être envahie par des noeuds, réseaux à forte connectivité et très forte ergie, qui constituent des sortes de tumeurs.
Malheureusement quand une partie des réseaux est infectée par un virus (ou déformée par un pôle) la tumeur (ou le courant de fanatisme) se développent d'autant plus qu'ils se développent, selon les lois de Sheldrake ou de la cybernétique.. C'est un processus de feed back positif contre le quel il est difficile de lutter : la sortie est réinjectée dans la source. Jay Forrester, un homme émacié et sobre que j'avais rencontré au MIT a développé à ce propos un modèle "Industrial Dynamics" qui fut à l'origine du mouvement écologique, notamment grâce à une mauvaise vulgarisation de Meadows : Halte à la croissance.
Saturday, 16 February 2008
MASTERCLASS EN SÉMANTIQUE
Pour Alexandre
Nous disposons à présent de quoi continuer notre exploration du réseau psychologique. Nous pouvons dès à présent clarifier les points suivants :
1. Le système PSI est composé d'entités immatérielles, topologiquement ordonnées, : les représentations, r dont l'agrégat à un instant t donné se rassemble dans le champ de représentation R. Le champ de représentation R parcourt la ligne d'univers u et son intersection constitue le présent à l'instant t. Après un instant, R s'est modifié et donne naissance à une autre configuration R t2 etc... On peut donc dire que le mouvement auquel nous assistons dans notre conscient, provient de la translation de PSI le long de la ligne d'Univers. Il n'existe pas dans le monde matériel PHI qui est immobile par rapport à PSI.
2. Le système PSI est composé de représentations immatérielles, qualitatives, toutes différentes l'une de l'autre : les qualia regroupées en agrégats hiérarchisés depuis des psychèmes élémentaires (la plus petite unité discernable du monde psychique) jusquà des réseaux complexes de représentations et le champ R tout entier lui-même.
3. L'ergie et les échanges ergétiques
Nous rencontrons ici, la plus embarrassante des notions : l'énergie psychique (Jung), ou libido (Freud) ou cathéxis (cf. A Theory of Attention Cathexis, David Rapoport). Nous avons nié le caractère énergétique de particules immatérielles, et pourtant partout dans le système psychologique s'impose l'idée d'agrégats a forte énergie (lorsqu'on est sous la roulette du dentiste par exemple) et qui font disparaître des agrégats à faible énergie. (C'est le drive des béhavioristes, la neurine des réflexologues, les représentations fortes ou faibles des psychanalystes). Comment envisager un thêatre mental animé par des forces et des contreforces, comme par exemple les phénomènes de congruence (attraction) ou d'incongruence (rejet) et dépourvu d'énergie?
Nous avons trouvé la solution, en définissant la notion d'ergie indépendamment de toute référence à nul échange énergétique. On sait que le Champ R n'a pas une capacité limitée.Quelquefois il est saturé et tend à rejeter des psychèmes, d'autres il est en manque et tend à attirer des psychèmes. On appelle ergie la propriété d'une représentation dite forte, placée dans un champ R à l'équilibre, de devenir consciente au dépens d'une autre représentation qui sera chassée de R. (puisque la capacité de R n'est pas indéfiniment extensible). La notion d'ergie est donc un concept fondé sur une concurrence constante entre les représentations présentes dans R.
Dans la guerre des représentations pour atteindre le stade conscient (présence en R), celles à forte ergie tendent à dominer, à annihiler les représentations à faible ergie. Lorsque le champ R est sous-saturé, il tend à combler le manque de psychèmes en en attirant des psychèmes périphériques. Lorsqu'on se trouve dans une salle d'attente vide et ennuyeuse, le vol d'une mouche, à très faible ergie, sera consciente. Il suffit d'un seuil ergétique très faible pour admettre une représentation en R. c'est à dire que la moindre excitation PHI tendra à devenir consciente en PSI.
En revanche, lorsque nous sommes entraînés dans un tourbillon rapide d'évènements très prenants, les représentations auxiliaires, faibles, seront chassées de R. Par exemple lorsque nous vivons un accident de voiture, chaque détail de l'agrégat impressionnant de R est présent d'une manière claire, détaillée, les qualia sont colorées vivement, chaque instant est distinct, alors que le vol de la mouche disparaît, chassé par la concurrence des psychèmes "forts" de l'accident.
4. Opérations endo et exoergétique.
Ce surcroît d'ergie apparaît lors du couplage. C'est le cas des notions que nous avons l'habitude de voir toujours associées ensemble : deuil cruel, /, beauté radieuse, / Allah tout puissant etc... L'association tend à se consolider et à perdurer. au cours du temps. En revanche certaines notions sont difficiles à associer, elles sont incongruentes, il faut beaucoup d'éfforts à les "faire tenir ensemble". Elles tendent à se séparer irresistiblement et lorsqu'elles "explosent" en leurs constituants, elles dégagent de l'ergie (soulagement, euphorie, dynamique accrue du champ).
C'est notamment le cas des oxymorons : une clarté / assourdissante, chant nazi / entraînant et enthousiasmant, massacre sanglant et / parfaitement réussi. Evidemment la nature endo ou exoergétique des échanges dépend de la structure particulière du système de représentations. Egorger une famille peut être un couplage exoergétique pour le jeune erdogan et ses amis, qui viennent de commettre une torture à la scie et à la machette sur de simples soupçons, c'est à dire producteur de joie et d'euphorie. Il peut être fortement endoergétique pour bien de nos compatriotes, qui auront beaucoup de mal à "avaler" la couleuvre.
L'agrégation entre deux représentations donne une nouvelle représentation composite r1 + r2 = r3. L'opération peut au contraire se faire très facilement et dégager de l'ergie. Elle est alors exoergétique. C'est alors le contraire qui se produit : beaucoup d'efforts sont nécessaires pour en séparer les membres. Par exemple geste/ héroïque , crime/ odieux, lâche /assassinat
5. Dans le système PSI coexistent ainsi des réseaux disparates de représentations liées par des échanges ergétiques tantôt fortement associées par
des liens de congruence endoergétiques (Allah est grand, les hommes sont
égaux) tantôt fortement exoergétiques (Allah est un mécréant, les races sont inégales).
Continuer à lire "Masterclass VI pour Alex"
Chronique
Nous terminons ici la grande frise des concepts étranges qui d'hésitations en hésitations, mènent à la conception des trois mondes de Poppert.
Premier monde : le monde matériel, monotone et structuré, siège des phénomènes énergétiques et matériels.
Deuxième monde : le monde psychologique, qualitatif, dépourvu de temps et de matière, siège des phénomènes immatériels.
Troisième monde : le monde issu des deux mondes en interactions; contenant une face matérielle, ou support de l'information, véhiculant un message immatériel ou sémantique. Ainsi un dictionnaire, une poterie, une cathédrale se manifestent sous forme matérielle mais véhiculent un message immatériel.
LA GRANDE DUALITÉ
Il s'ensuit une dualité profonde de l'univers, la coexistence de deux séries de phénomènes exclusifs l'un de l'autre, basculant en un instant imprévisible l'un dans l'autre. C'est précisément ce que démontre la physique quantique, mettant un point final à la controverse des deux mondes.
Le concept majeur est la Réduction du paquet d'ondes.
Il est en effet deux manières de concevoir et de décrire la nature. La première est de la considérer comme un prénomène de nature ondulatoire, comme un train d'ondes sujet à interférences, c'est à dire de nature vibratoire. On se rapproche ainsi à la vision du deuxième monde. Mais dès qu'on essaie de cerner chacun des composants du train d'ondes, toute cette fantasmagorie vibratoire disparait et on ne voit qu'un univers dur, matériel, formé de particules concrètes et réductible au promier monde. Le basculement du premier au second monde, et réciproquement du second au premier, se fait d'une manière foudroyante, aux environs d'un seuil quantique de 10--14 grammes. D'un côté un monde de formes qualitatives, de l'autres, un nuage de groupuscules de particules présentant des caractéristiques contradictoires. Monde continu vs monde discontinu. Le passage exige pour s'effectuer qu'il y ait un oeil qui éxamine le phénomène ondulatoire. Il se réduit alors en paquet d'ondes et en phénomènes concrets et discrets. On ajoutera que les instruments utilisé pour examiner le monde discret et matériel sont exclusifs de ceux qui mesurent les ondes vibratoires, celle qui produisent les interférences.
En quelque sorte, le simple fait du conscient d'observer l'univers, le tire de son état vibratoire et immatériel et le fait accéder au premier monde physique. Cette dualité se reflète dans notre univers sémantique : ou il est interprétable en ondes continues et immatérielles (courants d'opinion, influences d'une fort noyau de croyance sur l'univers psychologique) c'est la métaphore cosmogonique. Ou il apparait comme une souche de virus discrète et matérielle qui nous bombarde et nous déstabilise (métaphore biologique).
Wednesday, 13 February 2008
A radio-Lugano à l'occasion de la commémoration de 1984
de Georges Orwell
Les plus illustres personnages étaient conviés à Lugano pour commémorer le célèbre essai de l'auteur de Animal Farms afin d'évaluer la justesse de ses prédictions. J'étais avec ma femme l'hôte un peu pompette de Thuyssen-Bornemitza, le temps était superbe et je me souviens des prestations majestueuses de Françoise Giroud, Karl Burgess, Sir Karl Popper, et autres gloires. Je me demande si Simone Weil n'était pas là. Verdict unanime : 1984 était un livre du passé et totalement désuet. Je fus le seul à défendre le malheureux écrivain. Aujourd'hui, hélas, on doit bien constater qu'il était vin gt ans en avance et non vingt ans en retard. Les allusions de LE LAY relatives au temps de cerveau vendues par Coca cola aux hommes de maketing, les remarques de Ewhalt montrant la convertibilité générales de n'importe que axe sémantique en une échelle rationnelle d'utilité, le déferlement de barabarie en provenance des "Armes de distraction massive" de la sous-culture américaine, la rétraction et la dégénérescence de la haute culture, du raffinement et des lettres dans le peuple, donnent un relief frappant à cet ouvrage inusable, à décoder d'après le futur et non le passé. Comment un tel aveuglement at-il été possible?
LA DEUXIÈME RÉVOLUTION COPERNICIENNE
Korzybsky, S.I.Hayakawa, Sir Karl Popper.
Il appartenait à un des prudents détracteurs de Orwell, de formaliser l'intuituion du russe dans Science and Sanity et du japonais S.Hayakawa, : des trois génies, le premier devait énoncer la vision, "le mot n'est pas la chose", le second faire oeuvre remarquable de vulgarisation dans Language in Thought and Action, le troisième, un des plus grands épistémologistes du XXe siècle avec Sir Bertrand Russel, à formaliser clairement la GRANDE RUPTURE.
Chronique
Prendre le thé avec Piaget à Genève.
Jean Piaget est le spécialiste de l'évolution de l'intelligence chez l'enfant. C'est aussi le plus célèbre des psychologues européens. Il a publié avec Paul Fraisse, spécialiste de la psychologie du temps, la magistrale somme de l'orhodoxie de son temps, qui me servit de bréviaire du temps de mes études : Le traîté de Psychologie Expérimentale en XXII volumes, édité aux PUF et dont je ne connais aucun équivalent aujourd'hui. Or ce qui me troubla, est l'introduction franchement anti béhavioriste et anticonformiste, d'un pape de l'establishment. Le nom en soi était un programme : les hypothèses explicatives en psychologie, entre interractionnisme et parallélisme en psychologie. Le propos était le suivant : pour rendre compte de la fracture infranchissable entre l'univers psychique et l'univers biologique sous-jacent, les deux hypothèses étaient antagonistes et choquantes. Dans l'hypothèse interactionniste, on supposait qu'entre Psi et Phi, il existait une interraction constante. Mais comment un univers Psi dépourvu de substrat matériel peut-il interragir avec un univers Phi ancré dans l'espace-temps matériel. Il nous faudrait postuler l'existence d'un troisième univers, à la fois matériel et immatériel, présentant des propriétés temporelles et ne les présentant pas !
Dans l'hypothèse paralléliste, les deux univers Psi et Phi, ne communiquent pas, sinon par télépathie ou isomorphisme structurel. Il suffirait alors que deux systèmes induisent réciproquement des changements, pour qu'il aient des structures semblables. On se trouve aux limites de l'astrologie, où le parallélisme des formes : modèle astrologique ou thème astral, induirait le destin du sujet.
Il fallut la notoriété respectueuse dont Piaget était entouré pour faire passer en introduction du massif traîté académique, cet aveu monstrueux de la non-miscibilité irréductible de l'esprit et du corps. Je décidai donc de lui rendre visite.
Il était très embarassé car il avait compris à l'envers le rôle du temps. Il pensait que le temps existait dans le monde de l'esprit, ce qui est exact, mais que le présent était une propriété de la matière. Il n'avait pas lu Niels Bohr. Bien au contraire c'est NOUS, notre ANTHROPOCENTRISME qui génèrent la sensation du présent. Dans l'univers matériel, il existe certes des relations d'ordre, du passé au futur, mais jamais ce point évanescent qui disparait sitôt paru dans notre conscient et qu'on ne trouve que dans la poésie, la description des états de conscience, mais jamais défini dans aucun traîté factuel.
J'eus du mal à lui expliquer cela, de même que les qualia. Toutefois il admit que la séparation irreductible entre psychisme et biologie ne pouvait être contestée. Je lui exposai alors mes éléments, et je lui dis que je voulais orienter mes recherches dans cette diréction. Il me considéra pensivement. "Mon jeune collègue" me dit-il, vous touchez des zones dangereuses, et vous compromettrez votre carrière universitaire. Voyez le plus grand psychologue de notre temps, David Rapoport (à ne pas confondre avec Anatol Rapaport). Il essaya d'effectuer dans A Théory of Attention Cathexis la psychanalyse et la psychologie expérimentale. Il se fit des ennemis dans les deux factions et son grand papier ne trouve pas d'éditeur, on ne le trouve qu'en polycopiés.
"Je ne veux pas vous décourager, Fraisse est tout à fait à des antipodes de ces préoccupations, il mesure des horloges. Le plus ouvert et le Professeur Simondon. Peut-être acceptera-t-il de vous confier une mission?"
Je vis Simondon. Il me reçut -par déférence pour Piaget, très aimablement et paraissait comprendre mon propos. Il me dit : j'ai justement ce qui vous convient : un travail sur la reproduction des amibes.
Quant au pauvre Rapoport, enfin parurent dans l'indifférence générale ses Sélected Papers...
Après sa mort.
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