Autocensure
On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui
(D'après Pierre Desproges)
Le terme "autocensure" en lui-même contredit le motto du blog : l'information derrière l'information, qui suppose de dévoiler ce qui est caché, non-dit, impensable, politiquement incorrect. Il ne s'agit pas évidemment pas de provoquer ni de choquer, mais de présenter des aspects dissimulés et actifs de notre psyché, de nos pratiques, mais censurés par une hypocrisie ambiante ou tout simplement par des stéréotypes tout-puissants.
Aux époques les plus sombres de l'inquisition, alors que la moindre allusion hérétique vous valait torture et bûcher, il y avait un moyen d'échapper à la censure : l'ironie, l'antiphrase, la dérision. C'est ainsi qu'Erasme put aborder les sujets les plus scabreux tels que les moeurs dissolues de hauts dignitaires de l'Eglise et du Pape lui-même, en les attribuant à la Folie. Et cela fonctionna, les pires puritains, les plus fieffés hypocrites, étaient pris au piège de l'humour.
Aujourd'hui, on prétend tout dénoncer, la provocation devient un gage de correction politique, les pires turpitudes sont étalées depuis mondo cane et pourtant il est des sujets tellement tabous qu'on ne peut même pas les traiter par la dérision ou par antiphrase.
Le journal de ce jour, je l'ai censuré car je me suis aperçu qu'alors que la chose est étalée quotidiennement sous nos yeux, de tel homme politique connu, à une industrie touristique florissante attirant des notables que nous cotoyons, le mot est interdit, tabou, ainsi qu'une réflexion en profondeur sur le sujet. Une personne de qualité de mon entourage me déconseilla vivement d'aborder ce sujet, même par antiphrase, c'était "de mauvais goût", disait-elle, et "il est des choses avec lesquelles on ne plaisante pas".
Olivier A*** me citant Pierre Desproges, acheva de me convaincre, tout en appréciant le journal qui l'a beaucoup fait rire. Le livre de Coetzee qui m'a tellement marqué Elisabeth Costello, Eight Lessons, m'a également persuadé qu'il est des textes qu'on ne peut mettre entre toutes les mains et que la description du mal absolu peut-être contagieuse, comme si du signe émanaient des ondes capables de réagir sur le signifié. (Cf. Le problème du mal). C'est de la pensée magique, régressive, je sais bien, mais ne sommes-nous pas dans une ère de régression?
En définitive, j'estime que cette réflexion mérite bien un journal. Pour ceux qui voudraient briser le tabou, qu'ils se réfèrent à Le Journal du 19 août 2007 dans la catégorie canulars. Cliquez pour cela sur ►♦♦ Les commentaires seront les bienvenus.