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Wednesday, 15 October 2008
CHRONIQUE
Une journée bien remplie
Après l'effort de formalisation du billet précédent qui m'a épuisé par sa concision et par son sujet propre à nous plonger dans la dépression, j'ai envie de partager avec vous des moments de pure joie.

Ci-dessus à l'entracte du concert Prokofiev salle Pleyel : Valery Gergiev, Henri Dutilleux, Bruno Lussato.
Je devais diner avec un de mes anciens élèves, qui est devenu quelqu'un dans l'ex-yougoslavie, et doté d'un sens de l'humain et d'une élévation spirituelle hors du commun, quand j'ai reçu un coup de téléphone pressant de la part du plus grand de nos chefs d'orchestre, Valery Gergiev, directeur du célèbre London Symphony Orchestra, et ardent propagateur du Marinsky, l'illustre opéra de Saint Petersbourg. Il donnait salle Pleyel deux concerts Prokofiev. J'avais décliné pour cause de santé le premier, mais il tenait absolument à m'avoir au second car le grand compositeur Henri Dutilleux avat tenu à lui rendre visite. Le tandem Gergiev - Dutilleux se révéla un succès étonnant, et le maestro russe exécuta de nombreuses oeuvres du compositeur. français. Or il se trouve que j'ai eu l'honneur d'emmener le compositeur à l'hôtel de Gergiev, rue St. Louis en l'île. Je croyais à l'entente des deux grands hommes. Mon intuition se révéla exacte et c'est aussi pour la commemorer que je fus invité au concert Salle Pleyel.
La composition du programme mérite quelques commentaires. On donna dans l'ordre la deuxième symphonie, le concerto de violon, et après l'entre-acte, la Septième Symphonie.
La Deuxième Symphonie op.40, 1925 en ré mineur op.19 aux puissantes dissonances fut composée au moment où Nolde revenait des Iles Salomon. Même sens de la couleur, même rugosité,
Gergiev l'exécuta avec un sens du rythme, et une puissance meurtrière terrifiants. J'eus beaucoup de mal à d'y déceler quelques lambeaux de mélodies qui m'eussent donné l'envie de la réentendre. Je jetai un regard en coin inquiet à mon ami qui n'avait jamais assisté à un concert et que j'avais emmené avec moi à tout hasard. Je craignais qu'il ne soit agacé par ce pandémonium. Loin de là Il était sidéré, transporté, comme galvanisé par tout : la puissance, le rythme implacable de la gestuelle de Gergiev, le son de l'orchestre. Il venait de découvrir la musique classique in vivo, non congelée dans le numérique ni réduite en bouillie par le téléchargement. L'ambiance solennelle de la salle, le maintien recueilli de l'assistance, l'interdiction d'émettre le moindre son, la moindre toux, l'habit de cérémonie des musiciens interprétés comme un signe de respect envers l'oeuvre et le public, il n'avait pas imaginé que tout cela puisse exister.
La structure de la symphonie est d'une rigueur et d'une puissance presque Beethoveniennes: même plan en deux parties la dernière étant un thème et variations rappelant l'Op. 109.
Concerto pour violon N°1 en ré majeur op.19, 1919, première à Paris en 1923.
La facture romantique et trop simple fut sévèrement jugée par les personnalités présentes : Picasso, Pavlova, Arthur Rubinstein etc...Cette oeuvre met en lumière le sens mélodique et le penchant au classicisme de Prokofiev. Il aimait les pièces claires, sans trop d'innovation et destinées à durer. On se doute que le grand public d'aujourd'hui, peu accoutumé à affronter les innovations de Schönberg à John Cage, était ravi qu'on se mettre à son niveau. Il en alla ainsi hier dans la salle.
Symphonie N°7 en do dièse mineur op. 131, 1951 - 1952
C'est la dernière oeuvre d'un homme affaibli physiquement et moralement.Comme tous ceux qui ont eu la malchance de vivre sous l'oppression jadnovienne, il doit comme Chostakovitch se plier à l'esthétique socialiste et publier une humiliante autocritique. Le goût de Jnadov pourrait certainement convenir à ceux qui trouvent la musique classique est trop intellectuelle et réservée à une élite de snobs.Ces gens-là n'ont évidemment jamais essayé de travailler sérieusement une grande oeuvre. L'Art est divertissement populaire et non masturbation intellectuelle!
Prokofiev est classé artiste dégénéré (comme l'avant-garde sous Staline et Hitler) et subit harcelements et sévices. Le 20 février 1948 Lisa son ex-femme est condamnée à vingt ans de déportation pour espionnage !
Le compositeur essaie de rentrer dans les bonnes graces du pouvoir communiste et compose une symphonie correspondant aux critères communistes. Ils correspondent il faut le reconnaître au goût de la plupart des ignorants recherchant le joli et l'agréable. Plus de contrepoint, plus de dissonances (au propre comme au figuré) . Mais on obligea Prokofiev à recommencer le dernier mouvement pour luii imprimer un caractère plus brillant que la fin inhabituelle jugée trop discrète. C'est cette fin imposée que Valery Gergiev a donné en bis. Notons que des rangées de fauteuils vides étonnaient dans une salle jusque là archicomble. C'est le public éduqué et peu curieux qui boudait la musique trop facile.
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Friday, 29 May 2009
CHRONIQUE
LECTURES
Il m'est difficile de dormir sinon par à coups et il est 2h20.
A vrai dire nous sommes donc le 29 mai, mais j'ai abordé ce billet le 28 et j'ai été retardé, parce-que ma fenêtre était tronquée et que je ne pouvais lire que quelques lignes à la fois. Les experts à qui je téléphonai me dirent que mon cas était très compliqué, et qu'il fallait leur amener la machine. Commode ! Je passai quelques heures à essayer de trouver une solution. Et elle était d'une grande simplicité. Ainsi je suis en train d'apprendre le mac Book sur le tas, c'est quand même pénible et stupide.
J'arrivai à Deauville hier à midi, par un froid intense, mais agréable. L'après midi fut consacré à acheter chez Carrefour des légumes, des yaourts, des jus de fruits et autres aliments plus ou moins standardisés. Aujourd'hui je me rendrai avec Marina au marché pour avoir des produits de qualité et aussi - le Céline dont je vous ai parlé et dont je ne me souviens pas du titre, aussi affreux par son contenu, que par son contenant : un papier brûlé appelant irresistiblement la poubelle, qu'il mérite sans doute. (Il s'agit de Bagatelles pour un massacre) Mais on me dit qu'un tel pamphlet était devenu introuvable, alors...
La soirée a été éclairée par la lecture du Marchand de Venise de Shakespeare. Cela faisait quelques décennies que je ne l'avais lu et j'en suis à mi-lecture. C'est une oeuvre tout à fait ambiguë et je commence à saisir son sens écartelé entre intrigues contradictoires et s'entrechoquant brutalement. Comment est-il possible que maints critiques aient considéré cette oeuvre cruelle, comme une comédie légère ? C'est ce qui me dépasse.
Je continue la lecture de Cockpit de Kosinski où il relate les trésors d'imagination qu'il déploya pour "choisir la liberté". A New York, il connut son meilleur ami, un certain Robert, qui le couvrit de sa sollicitude et le protégea discrètement. On sait combien j'ai été sensible à ces marques d'affection de la part de protecteurs puissants. Seul ceux qui ont vécu jeunes, dans la maladie et la certitude de finir dans le caniveau, peuvent le comprendre.
Kosinski dans un passage touchant, nous apprend que Robert, non content de lui offrir un logis à air conditionné, en prévision des chaleurs torrides de New-York, insista pour lui faire acheter un vêtement d'été, pour remplacer le lourd complet d'hiver, le seul qu'il ait, et qui l'accompagna dans un magasin élégant. Par chance, on offrait un discount de 50% sur ces costumes d'été de la meilleure qualité. Ainsi Kosinski put l'acheter, enchanté. Le lendemain, ne voulant pas manquer cette promotion, il se présenta pour en acheter un second. Mais on lui répondit que les prix étaient au double de la somme qu'il avait déjà payé. Il fit un scandale et demanda à parler au Directeur. Celui-ci passablement embarrassé finit par lui révéler que la moitié du prix du costume avait été payé en cachette par Robert.
Vous vous souvenez peut-être, que bien que nous faisant vivre au Grand Hôtel et fréquentant les boîtes les plus ruineuses, mon père nous faisait vivre misérablement. J'étais incapable de me payer mes études (c'est pourquoi j' entrepris mes études au Conservatoire de Arts et Métiers qui était gratuit). Ce dénuement me fut d'ailleurs plus profitable que si j'avais été couvert d'argent comme bien des fils à papa. Il m'obligea de travailler à la Bibliothèque Nationale, dans cette magnifique salle de lecture, aux boiseries illustres, où des chercheurs concentrés et respectueux, se penchaient sur les précieux ouvrages sous la lumière des lampes en opaline verte. Je fus aussi contraint à élaborer des fiches très soigneusement calligraphiées que j'ai conservé encore aujourd'hui.
Au Grand Hôtel, un cousin éloigné Claude G*** vint vivre avec nous. Son père était un des hommes les plus sympathiques, les plus séduisants que je connaisse. Il ne consacrait que peu de temps à son fils pris par ses affaires et la constitution d'un musée de petits maîtres qui est encore très connu à Genève. Le fond de son âme était hélas tout autre, et sa femme, une grande dame issu d'un milieu huppé d'Italie, froide, d'une suprême distinction, et les trait d'une tigresse, le détestait. J'allai souvent chez eux à Genève et j'étais intimidé par leur appartement d'une glaciale beauté, et les haines qui couvaient dans la famille. Et voici qu'un affreux malheur frappa la mère de Claude, un cancer, débuté dans la langue et rapidement généralisé. Elle fut traitée au bétatron, en vain . A la fin la pauvre femme ne pouvait parler. Elle exprima le voeu que Claude qui avait alors dix-huit ans, si je ne me trompe, vienne habiter auprès de nous et que je le prenne en charge pour le cultiver et le former.
J'étais très choqué, car Claude s'intéressait de très près aux outils électroniques et aux modes opératoires des traitements les plus avancés. Le sort de sa mère ne le préoccupait nullement. Cela m'aurait dû mettre en garde. Je finis par m'attacher à lui, car il absorbait à toute vitesse mon enseignement. Au début, il fut très gentil avec moi. Pendant un an nous déjeunâmes ensemble dans un modeste restaurant chinois proche des grands boulevard. Il avait obtenu du chef du restaurant d'énormes discounts, et j'étais capable de payer les sommes très faibles demandées, et que mon père admit. Ce n'est que bien plus tard que j' appris que la plus grande partie de la note était discrètement payée par lui.
Par ailleurs, j'étais dévoré depuis mon enfance par deux passions : la numismatique et la minéralogie. Je me rendais avec délices chez Deyrolle, rue du Bac et je fis la connaissance de beaucoup de minéralogistes et de savants qui m'apprirent les arcanes de cette science. Je finis, à dix sept ans par être élu membre de la très fermée Société de Cristallographie. Pour preuve de la sympathie qu'il me portait, monsieur Charles, le chef du département de minéralogie chez Deyrolle, m'initia aux secrets des minéraux, et j'avais déniché un merveilleux livre d'une certain Braun traduit en italien, où on voyait très luxueusement reproduits en sérigraphie les spécimens les plus illustres des Universités de Magdebourg, de Karlsruhe, et surtout de Giessen dont les cabinets étaient célèbres, avant la première guerre mondiale. J'achetai pour des sommes dérisoires, des pièces aussi belles, dotées d'un provenance aussi illustres, que celle des cabinets allemands.
Le grand rival de Deyrolle était Boubée, rue St André des Arts. Il avait aussi de belles pièces, mais ses prix étaient exorbitants, dix fois ceux pratiqués par Deyrolle. Lorsque je demandai un escompte, le vendeur arbora un sourire méprisant.
Là aussi, j' appris beaucoup plus tard que tous les collectionneurs et les minéralogistes, s'étaient cotisés de monsieur Charles, pour me payer pratiquement la totalité de la collection, avec la bienveillante complicité de monsieur Charles.
Il est trois heures trente cinq du matin, et la journée du 29 déjà entamée.
Je ne veux pas clore ce billet avant de vous avoir dit combien j'ai apprécié l'imagination et le style du poème de notre ami S*** dont je puis à présent révéler le nom : S., avocat de classe exceptionnelle, père d'une famille modèle, et des passages de vibrante poésie. Il vit souvent dans un monde qui n'est pas le nôtre, le noble royaume des esprits que Goethe invoque dans la dédicace de Faust II.
Votre ami, Bruno Lussato
Monday, 24 November 2008
CHRONIQUE
Du lointain
À propos du deuxième Faust de Goethe.
Ainsi que j'ai dû vous le dire dans quelque billet, j'ai une copine... Ou appelons-là une muse, un ange gardien, un oeil critique... Nous nous entendons parfaitement, même goûts et la seule chose qui me manque ou qui lui manque pour que je marie avec elle, ce sont quarante ans de différence à mon détriment, pour ne parler que des tares les plus anodines. On est presque jumeaux par notre jugement sur les êtres et les choses mais... Mais voilà elle esIl est une femme, et une femme élégante. Elle aime aussi s'amuser, plaisanter, me décrire ou me montrer un sac de chez Vuitton ou le tissage artisanal d'une robe faite pour elle par une copine de talent.

Il se trouve que nous avons passé un CD, Il s'agissait des Scènes de Faust de Robert Schumann, dans la version de Benjamin Britten qui les surclasse toutes. En effet cette oeuvre étrange qui semble tissée avec des rayons de lune, est d'une texture tellement fragile qu'elle ne passe ni transcrite au piano, ni exécutée par n'importe quel chef. Elle est littéralement informe, et les critiques; même d'aujourd'hui la dénigrent , pressentant dans cette dernière pièce du cimpositeur, l'ombre de la folie qui devait l'emporter quelques mois plus tard. D'ailleurs, voici quelques années le manuscrit entier (plus d'une centaine de pages fut ravalé chez Sotheby's. Il ne se trouva nul mécène pour payer dix millions de francs le chef d'oeuvre absolu de Schumann.
En écoutant une fois de plus cet oratorio, une impression bizarre se confirma. Cette musique n'était pas du Schumann. Son style se différenciait de toutes les oeuvres les plus audacieuses, y compris Tristan ! Qu'y avait-il de si particulier dans ces notes? - C'est qu'elle se glissait aux vers de Goethe, docilement, et ne se répétait jamais, un peu comme Erwartung d'Arnold Schönberg. De même que les vers ne se répétaient jamais, les sons, intimement impregnés de la musique du poeme, ne se présentaient jamais deux fois, onde mouvante continue, prolongement des vibrations qui émanent du chef d'oeuvre de Goethe. Oui, je pourrais affirmer que cette musique n'était pas de Schumann mais du maître allemand, qui refusait que Beethoven mette en musique son double drame.
J'ai quelque part une pensée pour Goethe, alors qu'humilié, meurtri par son vieux corps traitre à la jeunesse de son esprit, il aborda non sans hésitation la deuxième partie : Faust Zweite Teil. Ihr naht euch wieder, schankende Gestalten / Die fruh sich einst dem trüben Blick gezeigt. / Versuch' ich wohl, euch diesmal festzuhalten? Notamment la derniere période m'arrache les larmes des yeux : Ein Schauer fasst mich, Träne folgt den Tränen/, Das strenge Herz, es fühlt sich mild und weich;/ Was ich besitze, seh'ich wie in Weiten,/Und was verschwand, wird mir zu Wirklichkeiten.
Voici ma traduction, du simple, élémentaire, mot-à-mot.
Vous vous rapprochez de nouveau, formes vacillantes, qui autrefois apparutes à mon regard voilé. Essayerai-je vraiment, cette fois de vous saisir? ... Un frisson me saisit, la larme suit les larmes, ce coeur si fort, je le ressens doux et faible; ce que je possède, je le vois comme dans le lointain, et ce qui s'évanouit, deviendra pour moi réalité agissante.
Le deuxième Faust s'ouvre par un poème aussi émouvant : dans un paysage charmant, au crépuscule, Faust couché sur un lit de fleurs , las, agité, cherche le sommeil. Tout le poème se passe du crépuscule à l'aube, et Ariel détaille les différentes phases de la nuit.
Le choeur dit : Quand les airs s'emplissent de tiédeur/dans la clairière ceinte deverdure, avec ses douces senteurs, ses voiles de brumes, le crépuscule s'abaisse vers la terre. Puis, on avance dans la nuit : La nuit déjà s'est appesantie sur la terre, saintement l'étoile se joint à l'étoile... Puis : Déjà se sont évanouies les heures; Dissipées joies et douleurs, Pressens ta guérison prochaine; Aie confiance dans l'aube qui point.
Le son s'amplifie, le rythme s'agite dans la musique comme dans le poème : Les vallons reverdissent, les collines ondulent en vagues buissonnantes propi;ces au repos/ et dans le flot mouvant des vagues d'argent nage la semence vers la moisson.
Nous reviendrons sur ces vers mystérieux. Und in chwanke Silberwellen/Wogtdie Saat des Ernte zu.
On à l'unisson : Ecoutez, écoutez l'ouragan des heures!
Dans le volume XVI de L'entretien, p. 1697, daté de 372 avant 2000, j'ai trouvé une transposition des mots mystérieux:
LES VALLLES VERDOIENT:/LES CHAMPS SE FRONCENT:/ LES COLLINES ONDULENT:/ LES BUISSONS DANS L'OMBRE DISSIMULENT LEUR SECRET. Sous les vagues dorées de la chair, la semence vogue vers la matrice/pour des bonheurs féconds...Solitaire je veille inconscient de la fuite des heures n'écoutant que le vent qui me traverse, indifférent à mon bonheur, à mon malheur.
Le volume a été terminé le jour de Noël 1998.
J'écoutais la musique. J'étais ébranlé dans mes entrailles, et j'entendis enfin la voix lointaine de S*** qui me parlait de Dior. Je compris alors que j'errais dans un pays, dans une lande lointaine, mais qui était soudan devenue proche. Parler de futilité était devenu impossible, c'était dans un monde matériel, vivant. J'eus beaucoup de mal à l'extraire de cet état. Je crois que cette soirée cela me fut impossible. Je compris aussi la raison de mon faible succès auprès des femmes, autrefois. J'étais un étranger.
Tout à coup, pendant que je rédigeais la suite, au moins deux longs paragraphes, voici que subitement apparaît Google à la place, effaçant tout ce que je venais d'écrire ! Je suis trop fatiguer pour tout reprendre, je puis tout au plus vous annoncer que c'est avec vous que j'ai débuté la journée des mes soixante seize ans. Et j'en suis heureux. Auparavant j'avais des ennuis avec mon insertion, et mystérieusement mon billet se colorait de couleurs bariolées. C'est m'explique Emmanuel que j'utilise l'informatique du pauvre, mais que je n'ai pas à m'en faire, il est là. Mais lorsqu'il n'y est pas, ce qui était le cas hier soir et aujourd'hui je suis en panne!
Dès que l'insertion sera rétablie, je vous afficheri les coordonnées des disques et livrees à commander sur l'internet.
Bien fidèlement
Bruno Lussato.
Voici enfin les titres des disques et des livres vivement conseillés.
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Ci dessus la distribution de la version Britten. Comme l'a fait Goethe, Schônberg a écrit un monument à l'écriture evanescente et informelle. Leibowitz comme Britten peuvent seuls nous livrer le secret de cette musique où tout fonctionne par allusion,et la musique informelle, considérée avec méfiance.

ci-contre, l'ouvrage traduit par Henri Lichtenberger, de loin la meilleure traduction
FIN. BL.
Sunday, 24 May 2009
CHRONIQUE
Heures heureuses
Je viens de pondre une analyse détaillée du livre de Kosinski dont j'ai terminé la lecture voici plus d'une heure. Tout à soudain disparu sans explication, sans même une mention "expiré". Est-ce moi qui ne maîtrise pas l'APPLE, dont j'ai dû apprendre tout seul le maniement, ou mon blog qui est malade? Je ne sais. Avant de tenter une nouvelle analyse, que j'enregistrerai dans un billet séparé, je voudrais vous faire part d'une journée heureuse passée à Deauville.
Le studio
Aujourd'hui le temps était maussade et il a plu un peu, alors qu'hier le soleil resplendissait comme si on était à Marrakech. Ma soeur a déniché une employée de maison cubaine qui est un rêve. Tout est en ordre, la cuisine est excellente, Myriam (c'est elle) qui jadis a servi ma mère, est toujours souriante, heureuse d'être dans cet endroit privilégié, de jouir d'un beau studio avec un petit jardin et devant la piscine.





Les aides ménagères
Je pense avec horreur à l'employée de maison que j'ai à Paris, qui en dépit de qualités certaines de débrouillardise, d'initiative et de dévouement envers moi, (elle sait préparer des daurades au four qui sont un délice) est autoritaire et hurle avec une voix de tête. De surcroît elle casse tout, depuis des casseroles qui ont victorieusement passé avant elle des décennies, jusqu'à un précieux vase de Gourgan du XIème siècle et encore avant hier mon beau bureau Regency. Evidemment ce n'est jamais elle et nous avons baptisé "le fantôme" l'être mystérieux qui casse tout (y compris une poterie persane du XIe siècle, trouvé mystérieusement recollé pour dissimuler l'accident). Par ailleurs elle semble ne pas savoir ce qu'est une date de préemption et bien souvent elle me livre des produits avariés.
Hélas, Myriam n'est disponible que passagèrement. De même, nous avons trouvé un remplaçant à Jean Marie, l'escroc qui m'a délesté de plusieurs dizaines de milliers d'euros. C'est un Sénégalais de 44 ans, plein de charme et de gentillesse. Malheureusement c'est un danseur de profession et la récession l'a réduit à accepter le poste modeste et sans avenir que je lui offre. Je n'aime pas cette situation, car un jour il trouvera un job plus passionnant, mais en attendant il peut nous dépanner.
Le marché de Deauville
Ce matin j'ai été au marché et j'ai pris des photos pour le blog. Le marché de Deauville est affreusement cher mais merveilleux. On y trouve deux excellents poissonniers dont un nous livre les bêtes de la mer encore vivants qu'il a péché la veille au soir. L'odeur de la mer et de ses merveilles sont parmi les plus revigorantes que je connaisse.

Mais il y a bien autre chose dans cette caverne d'Ali - Baba et par exemple des stands d'une extraordinaire richesse de thés verts de Chine bien supérieure à celle de Paris.
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Et on a la surprise de trouver deux bons bouquinistes dont un spécialisés dans de belles reliures et des livres anciens de troisième ordre. Ces objets qu'on trouvait autrefois sur les quais parisiens avant que la camelote pour touristes ne les détrône. J'ai trouvé un livre que mon père avait dans sa bibliothèque de Tunis, et que je lus dans mon enfance : l'histoire de Tristan et Yseult, remaniée par Joseph Bédier avec des illustrations délicieusement passéistes et léchées. Je l'ai acheté aussitôt : un exemplaire sur japon merveilleusement conservé et bien relié dans son demi maroquin.


L'après midi, après une sieste, visite dans les boutiques de mode ou nous admirâmes faute de pouvoir les acheter, des robes, des vestes, des ensembles d'un raffinement extrême signés Apostrophes, Ralph Lauren ou Chloe. Un bain de raffinement visuel. Et aussi -plus accessibles - nos visites aux magasins délicieux d'alimentation pour les vacanciers huppés qui saisissent l'occasion de s'évader quelques jours de la pollution parisienne. Je me suis offert le luxe d'acheter des aliments de très haute qualité : un spécialiste des légumes rares : petites carottes, petites asperges, petits oignons, pommes de terre roses. Et les fromagers dont le choix en fromages de brebis, les meilleurs, est bien supérieur à celui des grands parisiens : Fauchon ou Vignon. Notre boucher est au dessus de tout éloge. Les viandes sont éclairées d'une lumière rose pour les rendre plus appétissants, mais à la lumière naturelle, ils le sont tout autant. J'ai acheté chez lui du jambon de Bretagne coupé en tranches fines comme du papier parchemin et d'une saveur d'une subtilité surprenante.
Le soir, je lis Kosinski, et ce qui est infiniment moins gratifiant, mon billet. J'espère que ce que rédige en ce moment vous parviendra. Un mot encore : où est le bonheur? Où les heures heureuses? Tout simplement dans la sagesse des lettrés chinois : "je suis vieux... mon bonheur ? Entendre une fillette qui s 'éloigne en chantant..."
LE BONHEUR
Je suis vieux. Rien ne m'intéresse plus. D'ailleurs, je ne suis pas très intelligent, et mes idées ne sont pas allées plus loin que mes pas.Je ne connais que ma forêt, où je reviens. ¤¤¤¤¤
Les doigts bleus de la lune caressent mon luth. Le vent , qui disperse les nuages, cherche à dénouer ma ceinture. ¤¤¤¤¤¤¤
Vous me demandez quel est le suprême bonheur, ici-bas?C'est d'écouter la chanson d'une fillette qui séloigne après vous avoir demandé son chemin.
Wang Wei. VIIIème siècle.
Wang-Wei a depuis ma jeunesse été une figure mythique à qui j'attribuais Le Voyage d'Hiver, Histoire d'un fleuve, et Chansons de la Vallée. Cette poésie est assez proche de mon état d'esprit actuel . Ne suis-je pas un moineau déplumé? Pour le poète, une heure est un jour, les instants se suivent comme autant de micro infinis, une poussière de diamants brillant au soleil, des éclats de poésie pure sans nostalgie, sans regret.s Notrevieux poète doit être amnésique comme jel'ai été pendant un longue année. Dans ces moments-là, on goûte une sorte de pax tranquille, une surdité des sentiments, un retranchement de la barbarie du monde.
Voix amicales
Elles me font vivre. Bien entendu ma soeur et la tribu Auchan, les coups de téléphones chaleureux d'Arnaud Mulliez en premier lieu, de Sandrine, de Henri Mathias, de Sacha, et de quelques autres, dont Socrate, toujours présent au près de moi, voix lointaines et aimées.
Mon fils est invité ce soir par Victor Pugachev qu'il adore. La Côte d'Azur, un concours de formule un, le bonheur pour lui. Je ne suis pas autorisé d'en dire plus.
Seule ombre au tableau, l'attitude incompréhensible et cruelle du jeune homme que je ne veux point nommer, et qui en dépit de ces heures enchantées, projette une ombre toujours présente. Il et 4h10 et je vous dis bonne nuit.
Wednesday, 4 June 2008
CHRONIQUE
Du formalisme bureaucratique
J'entends par là, non seulement la bureaucratie d'état, mais aussi de celle des grandes sociétés.et combinée avec son multipicateur informatique elle fait des ravages au sein des particuliers.
Je vous donne des exemples récents, survenus hier ou avant-hier, en piocahnt au hasard.
Une grande compagnie me vend au prix fort des horloges anciennes. La facture porte " chenets médiévaux en bronze ". Comment honorer un tel document? Pis encore, les horloges ont été détériorées pour accepter le quartz et les transistors et l'opéraion les a gravement bouzillées, ce qui fait qu'elles ont perdu toutes valeur.
Autre exemple, mon cher ami V*** me dit qu'il faut mettre ses schémas A4 sur ordinateur. Quel intérêt dis-je, puisqu'ils ne sont utilisables qu'en un exemplaire? Une simple photocopie suffit. Oui, répond-t-il mais il faut vivre avec son temps.
Je m'évertue à pratiquer les 40 leçons (autant qu'il y a de voleurs face à Ali Baba) que m'a dictées Emmanuel Dyan. Mais il y a mieux à faire. Se rendre chez Darty et acheter une petite machine spécialisée qui à partir de votre cool-pix vous sort des images carte postale. Il suffit dès lors de scaner ces images sur l'ordinateur et le tour est joué. On m'objete que le rendu est moins bon. C'est une plaisanterie.Le rendu est bien supérieur à ce que ce blog, voire même un poster peuvent exiger...
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Thursday, 19 February 2009
CHRONIQUE
Qualité,simplicité,durabilité
A PROPOS DE LA CHAÎNE MARK LEVINSON HQD.
Ce fut une longue histoire de convoitise et d'admiration entre un système de Haute fidélité et moi.
Lorsque je mis au point l'auditorium des Mesnuls, ma première fondation, je me mis en quête du meilleur système de reproduction possible. Je fis tous les salons, rendis visite à tous les spécialistes, et je tombai d'un coup sur la perfection : la chaîne Hartley-Quad-Decca conçue et fabriquée par un fou de Jazz nommé Mark Levinson. Il imagina un système échappant aux lois de l'esthétique, de l'efficacité, de l'économie, n'obéissant qu'à un but ultime : reproduire à l'identique une formation de jazz de la plus haute qualité. Enthousiasmé par cet ensemble, je dus hélas abandonner tout espoir de l'acheter. Tout d'abord son volume était monstrueux et ne pouvait entrer nulle part, qu'on imagine six systèmes monophoniques indédépendants, l'un servant de gigantesques caissons de basses (les Hartley) et d'impressionnants haut-parleurs tels qu'il n'existent plus qu'à l'état de souvenir, de lourds et minuscules haut-paleurs à ruban Decca pour les extrêmes basses, et pour la plus grande partie du spectre audible, ce que Levinson jugeait comme les meilleurs hauts-parleurs : les QUAD, qui ressemblaient à d'affreux radiateurs de grande taille et de faible puissance sonore mais d'une fidélité et d'une finesse sonore hors pair. Pour les rendre audibles il fallut les doubler puis les flanquer à l'extrême basse et à l'extrême aigu par des HP très spécialisés. L'ensemble ne pouvait délivrer plus de 120 watts de puissance musicale, à une époque où le grand chic était de disposer de milliers de watts. Des transducteurs toujours allumés, des préamplis sous tension perpétuelle, harmonisaient la puissance de chaque groupe monophonique avec l'ensemble. Non seulement le prix était prohibitif, mais l'amplitude sonore limitée ne permettait pas d'animer de grands espaces, et de ce fait la chaîne occupait facilement le quart de l'espace total. En fait la puissance réelle était infiniment plus élevée que les 120 watts, mais transformée en chaleur évacuée par les ailerons des ventilateurs. Au bout de deux heures les amplis étaient devenus de véritables fournaises c'est alors qu'ils étaient en état de produire le son optimum! . Fasciné je dus abandonner l'idée de posséder le monstre et demandai à David Blecher, le marchand, de me donner quelque chose d'un peu apporchant. On essaya des dizaines de chaînes de haute technicité, herissées de voyants, de manettes, de boutons, de potentiomètres et autres contrôles. Mais aucun n'approchait de la qualité du HQD.Le préampli de contrôle de ce dernier était muni des réglages minimum: par d'aiguës ni de basses, tout juste l'arrêt-marche, le volume toujours arrêté à 12h, une fois pour toutes, et c'est tout! Le son qui sortait était celui de la source, sans réglage, sans artifice, sans distortion.
Une des caractéristiques de ce miracle acoustique est sa tolérance aux anciens enregistrements monophoniques, c'est ainsi que le Chant de la Terre que je viens d'écouter hier avec mon amie T*** sonnait aussi bien dans l'enregistrement de 1951 de Kathleen Ferrier,- Bruno Walter, que dans celui de Klemperer avec Christa Ludwig. Les moindres nuances, les moindres différences entre les conceptions étaient mises en évidence avec la plus impressionnante clarté.
Je finis par me décider pour une chaîne Technics de 1000 watts, et d'un ensemble de 6 énormes paravens Magneplanar, si ma mémoire est bonne. Merci à Poil à Gratter de m'avoir signaler la perte d'une bonne partie du billet. J'ajouterai, que je n'étais pas satisfait. Le son était agressif, peu naturel, avec un accent japonais prononcé!
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