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Thursday, 25 December 2008
CHRONIQUE
Noël
Un joyeux réveillon avec Claude Mediavilla,Sandrine, Marina et une charmante architecte. P*** a envoyé une gigantesque composition de toutes sortes de bonnes choses. La boite elle-même devait bien peser cinq kilos! On a bien entendu beaucoup parlé de calligraphie , ou plutôt IL a parlé de calligraphie. Un cours magistral et une calligraphie pour chacun. Mediavilla a ouvert des horizons insoupçonnés sur le travail nécessaire pour parvenir à la maîtrise, la passion,l'inspiration, une exigence démente sur la perfection apportée aux moindres détails, et avec en prime la connaissance écrite et parlée des langues les plus diverses. Un éblouissement.

Ci dessus : Claire et moi

Ci dessus : Marina et Claude Mediavilla
Bien entendu j'ai profité de sa présence pour avoir son avis sur les deux livres d'heure : celui de Simon Marmion complété par Alexandre Bening (1499), celui de Jean Bourdichon (1508).Pour H.T*** Bourdichon a copié le manuscrit de Marmion, bien supérieur mais moins connu. Mediavilla a relevé la taille notablement supérieure des Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Mais pour lui ce n'est pas un avantage. Il se demande en effet comment Marmion a pu réaliser des miniatures aussi détaillées dans un format si restreint. Néanmoins la taille c'est la taille et les 5cm supplémentaires de Bourdichon, justifient l'épithète "grandes heures" et apportent de la majesté au manuscrit.
Les bordures qui ont fait la célébrité du Bourdichon sont incomparablement supérieures à celles, sommaires, qui ornent le Marmion. La variété et le rendu des plantes médicinales,à quoiil faut ajouter une chenille par-ci, une libellule par là sont uniques dans le corpus de Bruges. Mais tout change dès que l'on considère les grandes miniatures.
Mais dès qu'on aborde l'analyse des grandes miniatures tout change. Mediavilla a relevé la perfection suprême du dessin de Mormion, aucun visage ne ressemble à l'autre, les rides expressives, les regards, l'harmonie des couleurs provenant de la tradition des Bening et de l'école de Bruges. Un chef-d'oeuvre incomparable, accessible au prix le plus fort (H.T***) mais d'une valeur inestimable.
Je me prends à rêver... Au fond l'acquisition d'un tel chef d'oeuvre mériterait que l'on sacrifie toutes le autres pièces! Il est vrai qu'il n'y aurait plus de fondation, mais une salle comme le Maurithuis où les gens se rendent pour voir un seul tableau : le port de Delft de Vermeer, où encore à Colmar contempler le rétable de Mathis le peintre. Tout ceci bien entendu toutes proportions gardées, Bening n'est pas Vermeer, ni Marmion, Mathias Grünwald, sauf pour les cancres qui prennent pour deux grands peintres le Homard de Vinci et Mickey l'Ange !
Cet après-midi je m'en vais voir Dufy, le peintre du plaisir. Après tout c'est Noël !.
A bientôt. Bruno L.
Wednesday, 27 May 2009
CHRONIQUE
LE NEC PLUS ULTRA
J'essaie de faire démarrer la machine. Mais Alexandre Pugachev qui a repris à ma grande joie la suite de Socrate Papadopoulos, est très difficile à joindre. Sur les 30 millions d'euros nécessaires pour accomplir ce projet uniqueau mondedans le nec plus ultra de la collection, montant très limité qui permettra aux marchands de se refaire une trésorerie, indispensable pour prouver le sérieux de l'engagement qui n'est jusqu'à aujourd'hui, purement verbal. Il y a deux niveaux d'importance croissante:
1. LE NOYAU
La découverte de l'héliocentrisme par Copernic.
Le troisième Grolier qui manque à la collection demeurée incomplète suite à la défection de Socrate.
Le manuscrit en lettres d'or à la feuille, de 1380
2. LE PREMIER CERCLE
Le psautier du XIIème siècle
Les dialogues de Galilée
La première lettre de Christophe Colomb, avant première édition manuscrit original perdu.
Les heures de MORMION-BENING
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Tuesday, 23 December 2008
CHRONIQUE
Dépression de Noël
Non, merci de votre sollicitude. Ce qui est déprimé ce n'est pas moi (un petit coup de cafard, hier, vite balayé par des coups de téléphone vivifiants) mais le nombre de visiteurs qui a rarement été aussi bas. Dame! Tous préparent les fêtes, achètent (parcimonieusement) des cadeaux, et surtout s'en vont en famille dans la maison familiale en Sologne, en Ardèche ou - pour les chanceux - à Monaco. Et puis pour les plus jeunes ou qui se croient tels, il y a les innombrables offres désespérément exotiques. En général on laisse à la maison son ordinateur, et voilà! Le chiffre baisse et nous sommes entre fidèles.
Je dois mettre au point ma plaquette pour la deuxième fondation afin de convaincre un éventuel sponsor. Je l'imagine comme suit : une introduction sur l'intérêt du projet. Je suis evidemment très appuyé par mes trois marchands : Stéphane Clavreuil pour les livres rares, Heribert Tenscher pour les manuscrits à peinture, et Claude Burgan pour la numismatique. Il s'est heureusement remis et je le vois tout à l'heure. Ce quinquagénaire a courageusement tenu tête à un voleur armé et l'a traîné devant les policiers! Il a failli être victime des tirs de balle, bien réels.
Après l'introduction (buts, moyens, ambitions, économie du projet...) des intercalaires détaillant l'organum (c'est à dire le réseau sémantique) de chaque vitrine, avec l'auteur, le titre, la date de l'objet. Entre les intercalaires on trouve les fiches détaillées de chaque pièce accompagnée d'illustrations. Ce n'est pas toujours facile en cette période de Noël où les photographes sont en vacances, et les ouvrages en cours d'acquisition appartiennent à la réserve de Tenschert ou viennent de rentrer, car il y a beaucoup de mouvement dans le secteur des pièces d'exception.
Ci-dessous vous trouverez quelques réflexions préliminaires en langue française. Pour des raisons de discrétion, la provenance, le prix et la source, sont occultés, d'autant plus qu'il ne s'agit que d'un rêve, une utopie, tout au mieux un argumentaire pour un généreux mécène (allez le trouver en ce temps de crise, mais la foi dit-on, soulève des montagnes). Rappelons nous l'appel désespéré de Wagner à un prince salvateur providentiel et improbable qui l'aiderait, lui, pauvre nomade criblé de dettes, à réaliser son projet monstrueux : Der Ring des Nibelungen. L'Anneau du Nibelung. A ce moment précis, le jeune Louis II de Bavière venait d'accéder au pouvoir. Fanatique de Wagner il exauça, et au delà, son rêve le plus fou. Il fut moqué, critiqué, traité de fou, mais aujourd'hui Bayreuth est devenu une vache à lait de la région, et il faut attendre huit ans pour obtenir une place ! Qu'on se le dise.
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Saturday, 29 November 2008
CHRONIQUE
Notations
Aujourd'hui, la journée était bien remplie. J'ai tenu à revoir les manuscrits miraculeux de Heribert Tenschert et de faire partager mon émotion à S*** et à Michel, mon chauffeur, toujours avide de sensations culturelles.

Ci-dessus de gauche à droite, S*** et les enfants, Heribert Tenschert et Bruno Lussato.
Nous avons tous ressenti le même émerveillement, avec un sens du miraculeux qui impregnait les pages aux lettres d'or du livre d'heures de Ramo de Ramedellis (Padoue, 1380) le seul connu au monde. Merveilleux comme le Livre de Kells en ce qu'il semble avoir été fait par des anges et non une main humaine.
Un autre livre étonnant était ce Fiore du Virtù (Modène 1340) de l'atelier de Tomaso da Modena, fait pour le Podestà de Modène Bertran del Pogetto. Ce qui frappe est la combinaison de couleurs profondes de bleu lapis lazuli, de vert et de brun sépia avec des bordures oranges. L'état de fraîcheur est incomparable, comme tous les livres de Tenschert, et les 35 miniatures sont autant de tableaux indépendants du texte.

Autre merveille, l'Armorial de la Toison d'Or commandé sans doute par Charles Quint et comprenant cinq miniatures pleine page très expressives, dans le style de Simon Bening, représentant les premier souverains de l'ordre accompagnés par leur blason en pleine page à quoi il faut ajouter 185 armoiries. Une erreur stupide du copiste remplaça Wilhelm von Nassau, par Guillaume comte de Nassou. Or ce dernier était l'ennemi juré de Charles Quint. C'était comme représenter le marquis de Sade, au Paradis! En conséquence, il n'était plus question d'offir le manuscrit à Charles Quint, sans quoi il eût fini dans les propriétés royales!

Il serait trop long d'énumérer les autres chefs d'oeuvre, dont un maître ressemblant au Bourdichon des Heures d'Anne de Bretagne, mais bien antérieur et de facture supérieure.

Et une bible de 48 lignes, incunable magistralement enluminé, de Schoeffer de Mayence, le collaborateur de Gutemberg, daté du 14 Août 1462.
Je m'en vais à Genève Ludi soir avec mon ami S*** et Claude Burgan pour assister à la vente.
Cet après-midi je suis allé voir l'exposition Tàpies chez Lelong, rue de Messine, et j'ai appris que l'artiste est atteint d'une terrible affection: la macula. C'est une tâche noire qui apparaît au centre de la rétine et qui envahit peu à peu le champ de vision. C'est comme la surdité chez Beethoven : une tragédie et un ascèse. Les dessins et sculptures exposés étaient intéressants, mais aucun n'était comparable à la force des pièces anciennes. Aucun ... Sauf un. C'est une sculpture en terre cuite émaillée assortie d'une croix et de multiples incisions. La force de cette oeuvre dominait toute l'exposition et elle figure parmi les plus émouvantes et la plus puissante de ce que je connais de lui. Si j'avais eu 150 000 euros, et trente ans pour en jouir et assister à sa reconnaissance, je me serais précipité ! Mais je suis loin d'avoir l'un et l'autre et je me contente de rêver.
Sandrine est venue me voir resplendissante. Elle va au bal des débutants (comme adulte bien sûr) et j'en profite pour vous présenter ma muse préférée !

Cet après-midi, nous sommes passés Marina et moi, devant une présentation de la vente du 4 décembre. Nous avons été frappés par la puissance funèbre et saisissante des stèles funéraires de Borneo. Mimi de Bourbet se demande avec suscpicion comment des bois en un tel état de conservation, datant du XIIe siècle dans une lande battue par les catastrophes climatiques, peut se trouver dans un tel état! La réponse se trouve peut-être au musée du Qaui Branly. Nous irons y faire un tour demain.


Un poteau funéraire. Modang. Telen river. Kalimantan. Borneo. XIIe-XIIIe siècles.

Poteau funéraire fortement stylisé, presque abstrait. Voir ci-dessus.
Nous avons trouvé également un objet destiné à la collection monétaire : un rouleau de plumes d'un sucrier cardinal. La longueur, la finesse des plumes et la beauté de leur couleur, les fils ornés de coquillages, permettent d'acheter un service, un beau cochon ou une épouse. Il provient des îles Salomon, .

Pour terminer avec cette vente, voici une très impressionnante tête d'un monolithe en basalte, Ejagham, région de la Cross River, Nigeria. Elle a été répertoriée alors que le monolithe était entier. Bien que cette tête n'appartienne pas à un pôle réservé à l'Océanie, il peut constituer un jalon dans la ligne de la spiritualité.

A demain et bonne nuit,
votre Bruno Lussato
Saturday, 7 April 2007
Rappel
Lire, la suite du journal du 7 avril et les commentaires sur "l'humiliation" de l'Angleterre par l'Iran, le double viol perpétré par un délinquant, protégé par un juge des libertés, les paradis anti-culturels de Dubaï et des Emirats.
Statistiques par thème
Sur les 8200 visites reçues, le nombre de visiteurs par article oscille entre 25 et 279. Les thèmes qui sont les plus fréquentés ont trait à la désinformation en parapsychologie : 500 visites, les candidats à la présidentielle et la langue de bois, dont François Bayrou se taille la part du lion avec 250 visites.
Les commentaires sur Wikipedia ont attiré 213 visiteurs, l'Art Contemporain plus de 250 visiteurs, les analyses musicales 350. Les commentaires du Ring de Richard Wagner 310 visiteurs. Plus étonnante la haute fréquentation des séquences extraites de L'Entretien, Apocalypsis cum Figuris, mon "soap opera" en hypertexte : 411 visiteurs. Ces résultats montrent la variété des intérêts des visiteurs du blog, et leur curiosité pour la politique et la culture artistique. Cela m'encourage à continuer à produire des articles de haut niveau, sans concession ni complaisance.

Une page du manuscrit de L'Entretien . Calligraphie de Claude Mediavilla
.... L'Entretien, Apocalypsis cum Figuris
La forte fréquentation (tout est relatif!) de ce travail personnel m'a incité à lui consacrer provisoirement une rubrique.
Je me suis toujours fait une règle, de ne pas citer de travaux non publiés, en suivant ainsi les règles éthiques de Wikipédia. Le blog n'est pas destiné à servir l'ego de l'émetteur, ni à remplacer un éditeur introuvable. Les travaux non publiés sont soit des extraits originaux non publiés d'un ouvrage édité régulièrement, soit des extraits de L'Entretien comme : Canulars, légendes et contes populaires, le salon de Mrs Reubenstein. Si le travail le plus important de ma carrière, qui est en cours d'élaboration depuis près de trente ans, n'a jamais été publié, c'est non seulement à cause de son inachèvement, mais aussi parce qu'il est conçu pour l'hypertexte et l'Internet, et que je ne possède pas encore une compétence suffisante pour lui donner forme. Néanmoins faire figurer dans le blog des fragments de cet inédit, ne contrevient pas à l'éthique Wikipédia, dans la mesure où il a été reconnu par la Bibliothèque Nationale de France, comme un élément significatif du patrimoine national de mon pays et digne de figurer dans le département des manuscrits, Rue de Richelieu, où sont abrités ses trésors, des Heures d'Anne Bretagne de Bourdichon au manuscrit de A la recherche du temps perdu de Proust. J'ai néanmoins tenu à partir d'aujourd'hui de séparer tout ce qui a trait à la genèse et à l'explication de L'Entretien en tant que projet global, distingué par une carré noir .... . et des séquences de l'Entretien sur l'Art, ou la désinformation, réparties dans les autres rubriques (canulars, contes et légendes etc.) signalées par le carré vert .... indicateur des travaux personnels
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Sunday, 19 July 2009
CHRONIQUE
MARCHANDS ET EXPERTS
J'en reviens au sujet qui me tient à coeur en ce moment : la constitution de la troisième fondation, cette réssurgence de la deuxième, condamnée par les experts
On connaît mon projet de base : réunir en un lieu restreint des œuvres significatives du patrimoine de l’humanité, qui parlent à tout le monde, érudits comme ouvriers, et provoquent un électrochoc durable. En tant que professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, dont je suis un pur produit, je fais corps avec ces courageux travailleurs, qui le soir et le dimanche, sacrifient leur vie de famille pour obtenir le diplôme d’ingénieur. Je sais de quelle curiosités, de quel sérieux ils sont capables.
Mon modèle a été au fond le musée des arts et techniques, qui a été fondé pour servir de cabinet de curiosités, de collection d’objets pédagogiques de démonstration, mais à quel niveau ! Le laboratoire de Lavoisier, la machine à calculer de Pascal, l’avion de Blériot en faisaient partie. Aujourd’hui on a construit autour de ces pièces maîtresses, un écrin muséal moderne.
Le but de ma deuxième fondation était de donner à voir les témoins de l’évolution de la pensée et de connaissance, pris à leur racine, quand ils sont pour la première fois diffusés auprès d’une élite restreinte de connaisseurs. On y trouve des manuscrits exceptionnels comme les heures de Bening, mais aussi les premiers tirages des premières éditions de monuments de la science et de la littérature : l’héliocentrisme de Copernic, les dialogues de Galilée, la découverte de l’Amérique par Colomb, le premier livre d’anatomie et ses planches démonstratives par Vesale, etc.
Comment décrire l’émotion qui s’empare des hommes les plus simples pour peu qu’ils veuillent s’élever, en contemplant, voir en touchant, la première encyclopédie médiévale, une pièce de bronze où se détache en haut relief un portrait d’une expression indicible de l’empereur Hadrien, ou de Brutus, l’assassin de Jules César. De contempler ce livre d’heures de padoue, de 1370, dont tous les caractères sont sculptés en or brillant, de feuilleter la masse imposante de l’exemplaire unique sur grand papier de la Grande Encyclopédie de Diderot, ou encore le célèbre livre à couverture verte, que l’on voit dans les reconstitutions historiques de la vie de Darwin.
Certes toutes – ou presque toutes – ces merveilles se trouvent entreposées dans les grande bibliothèques d’état à Londres à NewYork ou à Paris. Mais y avoir accès est une autre paire de manche. Par ailleurs elles sont noyées armi des centaines de milliers d’ouvrages de valeur. Dans ma fondation au contraire, toutes les pièces exposées sont visibles simultanément, autorisent toutes les comparaisons, dialoguent d’objet en objet…
La densité d’une telle collection est unique au monde et elle était en voie de constitution quand le sponsor : Misha, prit la décision funeste de s’adresses à des « experts ». Tous furent aussitôt violemment critiques pour des raisons opposées ou incompatibles. L’un prétendait que détenir un livre sous forme physique était un non-sens à l’époque de la numérisation, l’autre qu’on ne pouvait rivaliser avec les grandes institutions. Le plus grotesque des jugements concernait l’édition originale du Don Quichotte de Cervantès. On en déconseillait l’achat, prétendant que le chiffre demandé (2.500.000 €) était impensable, délirant. L’ignorance s’étala au grand jour : le dernier exemplaire de ce livre fut négocié pour quatre fois cette somme voici dix ans !
Malheureusement, malgré l’ignorance et l’obscurantisme de ces étranges experts, Misha les suivit et arrêta aussitôt les achats.
Aujourd’hui, le flambeau est repris par le jeune Axel Poliakoff mais celui-ci ne se fia pas plus que Misha à mon propre jugement. Il fit traîner indéfiniment les choses au grand dam des marchands de référence qui avaient manqué des ventes pour le réserver les plus précieux ouvrages. J’appris que sans me le dire, il voulait la garantie d’un expert, partant que quelle que soit la compétence d’un marchand, il ne peut être à la fois juge et partie. Dès que je compris cela je me mis en chasse des plus incontestables sommités de chaque département. Ainsi que je le pensais, les pièces que j’avais réservées étaient à un prix au dessous du marché. En effet depuis plus d’un an, elles avaient augmenté de valeur, comme toute les pièces exceptionnelles.
Je compte passer les prochains jours sur la Cote d'Azur chez mon vieil ami Igor le père d’Axel, et partisan de la fondation. Je compte l’éclairer sur la manière dont se font les grandes fondations d’importance muséale. Elles sont toutes nées de la passion de grands collectionneurs, et de l’orgueil de marchands d’envergure mondiale, fiers de participer à la naissance d’un musée. Par exemple la célèbre collection Yves St. Laurent – Pierre Bergé, a été édifiée avec Alain Tarica pour la peinture, et de deux grands marchands de premier plan pour l’orfêvrerie et l’Art Déco. Les rares pièces achetées à droite et à gauche, comme le faux della Robbia dont j’ai fait l’acquisition (ravalée depuis) se sont révélées douteuses.
J’ai constitué des collections muséales parmi les pus importantes du monde, et j’ai souvent acheté aux enchères. Mais jamais directement mais par l’entremise d’un de mes marchands de référence. Un seul problème se posa, avec Albi Rosenthal, qui avait comme client et votre serviteur, et la Piermont Morgan Library. Il me le dit franchement : il faisait le jeu de l’institution new-yorkaise, mais avec toute cette honnêteté, il se débrouilla pour me refiler de l’intox pour me décourager de participer à la vente. La fois d’après, je ne me fis pas prendre et cela me permit de l’emporter sur la Deutsche Bank et la fondation Richard Wagner à Bayreuth.
Mon marchand de référence en matière de partitions musicales avait la réputation auprès de ses collègues d’être affreusement cher. Mais c’était le numéro un Mondial et de loin. Aucun expert ne pouvait rivaliser avec son expérience. Cet homme s’appelait Hans Schneider et son fief était Tutzing dans le lac où vécut Richard Wagner. Je finis par lui acheter tout son fonds wagnérien, accumulé pendant quinze ans. Je ne regrettai jamais de lui avoir fait confiance.
L’équivalent de Schneider, en matière de manuscrits anciens, est Heribert Tenschert à Bibemühle sur le Rhin. Mais d’une part, Tenschert occupe une position mondiale plus importante car les manuscrits à peinture sont plus prisés que les partitions musicales. D’autre part, alors que je n’éprouvais aucune sympathie pour Schneider, j’éprouve une réelle amitié pour Tenschert et une estime et une considération que je manifeste à peu de gens autour de moi. C’est un homme généreux, d’un désintéressement total quand il croit à un grand projet, et d’une universalité culturelle rare. On peut en dire autant pour d’autres grands marchands comme Alain Tarica qui a hérité de son père Samy, ou Clavreuil, de la troisième génération de libraires de très haut niveau.
Je suis donc absolument affirmatif : une collection d’envergure muséale ne se fait pas sans un marchand digne de confiance, et qui se passionne pour un projet commun.
Actuellement grâce à Oleg qui a compris à fond le concept, et Philippe Boudin qui après une période où il nous considérait comme de simples collectionneurs, adoptait une attitude de commerçant, et qui est devient un grand marchand, nous avons surclassé ce que Montgomery a accumulé en trente ans d’activité. Nous pouvons tous déclarer sans mentir, qu’en six mois nous avons constitué le seul musée d’envergure en art Japonais poulaire (Mingei) du monde occidental, et nous en sommes, Oleg, Boudin et moi, légitimement fiers. Mais Oleg m’a fait confiance. Il a agi en humaniste et en homme d’envergure, de la trempe culturelle des Getty ou des Thyssen.
lire les expertises dans le corps du billet.
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