SERENDIPITY
Un hasard étonnant a voulu que j'assiste en direct, avec Marina Fédier, à la manifestation exceptionnelle qui s'est tenue à Loreto. Le Pape a écouté les jeunes et leur a répondu. Son message vient compléter et confirmer le billet par lequelle Marina Fédier a raconté son aventure exaltante et décevante, des Grands-mères adoptives.
Au retour de promenade, vers six heures, j’essaie en vain d’obtenir une chaîne française. L’ordinateur ne veut pas obéir. Après des essais infructueux me voici sur la RAI italienne et une vision grandiose me frappe : le Pape parle aux jeunes. On se trouve à Loreto (lieu d’une apparition de la Sainte Vierge) et une foule innombrable assiste à la cérémonie. Ainsi que ce la se passe généralement, des représentants de jeunes en détresse prennent la parole et interrogent le Pape sur le malheur du monde. Ceux qui ont été sélectionnés sont d’une extraordinaire beauté. La voix vibrante d’émotion, les yeux emplis de compassion et de lumière, ils s’expriment dans un italien d’une pureté irréprochable. Les jeunes filles en particulier, semblent sortir des tableaux de Botticcelli. Le charme, la distinction, la douceur, l’intelligence, et la splendeur des traits, chevelure d’or, yeux clairs, verts ou pairs, elle surpassent en beauté toutes les stars que je connais. A la régularité parfaite des traits, elles ajoutent la beauté de l’âme, la noblesse du propos. Si c’est cela la jeunesse, me dis-je avec Marina Fédier qui vient de me rejoindre, on peut espérer de la nouvelle génération.
Marina triomphe. Elle a toujours soutenu que nous entrons dans l’ère du verseau, et qu’une nouvelle renaissance s’annonce, portée par l’idéalisme des jeunes qui récusent les monstruosités du millénaire passé.
Le Pape parle. Il manque du charisme de Jean Paul II mais ses yeux luisent d’une intelligence et d’une sagesse extrême. Un sourire très fin et empreint d’une sérénité infinie me frappe par son intériorité. Il répond à chaque interrogation, dans un langage très pur, très clair, et bien entendu sans notes.
Les thèmes qu’il commente tiennent en un certain nombre de notions :
Périphérie, centre, centre dans la périphérie, Jésus partout dans la périphérie, centre invisible, noyau de soutien, vs. centre de pouvoir, et d’argent des acteurs qui nous gouvernent, et qui sont responsables de la ségrégation de la famille…Dieu silencieux.
Une des jeunes filles, raconte comment elle a recueilli un jeune garçon qui errait dans les rues de sa banlieue. Elle l’a écouté, guidé, suivi avec amour, et il s’en est sorti. Elle était anorexique, pour elle la vie n’avait pas de sens. Maintenant elle étend son action, rassemble des jeunes autour d’elle en un projet d’amour.
Le Pape raconte une anecdote. Un astrophysicien est venu lui rendre visite et lui a dit : quand je vois le cosmos, j’ai l’impression que Dieu n’existe pas. Et puis je vois la beauté de ces montagnes, et je comprends que Dieu existe.
Le Pape met au premier rang la notion de beauté en tant que manifestation de la bonté de Dieu. Il pense que ce n’est pas un hasard que la nature soit si magnifique, et les œuvres de Jean Sebastien Bach, viennent de très loin, elles sont guidées par une force venue de l’au-delà.
Parmi les moments les plus émouvants, je citerai le chanteur aveugle qui interprète l’Ave Maria de Schubert, et bien entendu les jeunes filles d’une beauté surnaturelle, les jeunes gens d’une majesté et d’une expression bouleversante. L’assistance est recueillie et joyeuse, tour à tour. Je reste jusqu’à ce que la nuit tombe (la cérémonie a lieu en direct)
Le décodage de Marina Fédier
Nous sommes dans un monde matérialiste où règne la ségrégation. Le centre dont parle le Saint Père, est le moi authentique d’où jaillit l’eau vive. C’est ce centre qui est en nous que nous devons faire vivre à la périphérie, parmi les esseulés, les marginaux, les déshérités. La Pape a appelé les jeunes à faire revivre le centre dans la périphérie, et à lutter par l’entre-aide contre la solitude et la ségrégation.
La périphérie, c’est le moi existentiel, le centre, l’être essentiel, c’est l’église vivante, c’est Dieu en nous, le Christ en nous, Bouddha en nous. Ainsi par capillarité, notre centre émettra cette source de vie qui diffusera, et transformera peu à peu le monde. Seul l’amour peut unifier, accueillir un enfant abandonné ou négligé, lutter contre la ségrégation entre vieilles personnes et jeunes gens, cela est une marque de la religion vivante.
En cela le projet des grands-mères adoptives que j’ai évoqué dans un précédent billet, va dans le sens indiqué par le Pape.
Mais, je le répète, le souci de faire vivre notre être essentiel ne doit pas nous faire négliger les contraintes du moi existentiel. Nous avons le droit et le devoir de nous défendre et Abel aurait dû combattre.
Le décodage de Bruno Lussato
Je donne raison à Marina Fédier qui me semblait un peu trop optimiste. Il est tout à fait possible, que par réaction contre MATRIX (la domination du pouvoir-argent-sexe-show biz- règne de la force brute et de la barbarie matérialiste) et contre DJIHAD, porteuse de ségrégation, d’anachronisme et de haine érigée en religion, il renaisse une nouvelle manifestation de spiritualité, héritée du socle judéo-chrétien, et taoïste et bouddhiste.
Il appartiendra à cette magnifique jeunesse de redonner du sens à un monde à la dérive.