Bruno Lussato

Regardons cette image. (Dane Rudhyart) Nous notons que dans le Yin, la moitié noire, on discerne un minuscule point blanc Yang et réciproquement pour la partie Yin. La guerre est chose sanglante et inhumaine, mais nécessaire quand nous nous battons pour notre survie et celle de nos enfants. La polarité dominante est évidemment Yang. Mais l'introduction d'une faible composante Yin, amortira les effets le plus inacceptables de la destruction des âmes et des corps. C'est ainsi que se sont dégagés des codes d'honneur, des lois de la guerre, la croix rouge, les accords protégeant les prisonniers de guerre, l'abolition de la torture et de l'humiliation où l'ennemi est traité comme un untermensch. Les samouraï faisaient preuve de schizoïdie. Il étaient soit dans le Yin (lorsqu'ils écrivaient des poésies d'une sensibilité extrême) soit dans le Yang absolu, sans la moindre parcelle de Yin (lorsqu'à la guerre, ils faisaient preuve d'une implacabilité inhumaine, voire de cruauté et de barbarie). L'équilibre entre le Yin et le Yang n'était pas dynamiques, les deux pôles au lieu de s'équilibrer, s'ignoraient. Point de circulation entre eux.

Prosaïquement, lorsque nous utilisons notre polarité Yin, quand par exemple on manifeste de la tendresse pour un jeune enfant ou de la compassion à un malade, nous devons prendre une certaine distance voire de la fermeté, lorsqu'ils en profitent pour se montrer incorrects ou abusifs. Il nous appartient de nous défendre.

Plus généralement, nous constatons dans l'âme humaine une dualité qui correspond aux deux principes contraires que nous venons de décrire sous le nom de Yin et de Yang. Le Tao s'efforce de transformer cet antagonisme en une unité harmonieuse et vivante, d'un ordre supérieur.

Un poème de Goethe (Faust) montre combien nous sommes écartelés entre dux tendances antagoniste, l'une, maturation vers le spirituel, l'autre attachement à la sphère matérialiste.

Deux âmes hélas habitent ma poitrine:
l'une ne peut se séparer de l'autre;
l'une en une rude joie d'amour
s'attache au monde, de se membres cramponnés;
l'autre puissamment s'élève du brouillard
jusqu'au séjour des grands aïeux.