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Wednesday, 4 March 2009
CHRONIQUE
La nuit
Celle à laquelle je fais allusion n'a pas de rapport avec le poétique et talentueux billet de S*** qui nous fait regretter de ne pas le voir suffisamment dans ce blog. Mais il est si occupé. Entre les affaires, sa famille, ses amis, que lui reste-t-il comme temps disponible? En ce qui me concerne, le cas est bien différent et je ne sais si je dois m'en réjouir. Je vis en solitaire, bien que de nombreux amis de coeur me soutiennent et m'aiment profondément.Je l'ai découvert en cette occasion. Mais il est difficile de dormir avant 7 heures du matin. Je mer attrape par un petit somme l'après-midi. M.Billy, mon kinesithérapeute utilise des méthodes quelque peu chinoises. Il me masse la plante des pieds, et presque aussitôt, je tombe dans un lourd sommeil.
En ce moment, j'emploie mes nuits à terminer l'énorme travail de révision de la deuxième fondation, projet admirable dont l'existence dépend de l'accueil qu'aura le nouveau plan. Socrate, le proprétaire des collections veut toujours plus de cohérence, plus de ce qu'il appelle la logique mais qu'il n'arrive pas à définir. Cela est désespérant. Demain après-midi tout sera achevé et prêt à être envoyé sous scellés, comme une bouteille confiée aux bons soins d'une mer agitée.
Pour ne pas devenir fou ou obsédé, j'alterne ce travail ingrat avec des lectures. Je relis en ce moment Steps de Jerzy Kosinski un chef d'oeuvre d'écriture que je vous ai déjà conseillé, et que vous pouvez commander chez Smith à Paris, ou trouver au hasard de l'internet, en version française. Je me suis aperçu que ma lecture, voici trente ans, avait été superficielle et s'était arrêtée vers le milieu du livre. Je comprends à présent pourquoi. Les critiques disent que l'angoisse que secrètent les nouvelles qui composent l'ouvrage est inexplicable. Il ne s'y passe rien, et en apparence il n'y a rien d'impressionnant dans cetrte suite de récits qui se succèdent comme des rêves éveillés et se terminent en queue de poisson. On attribue cette atmosphère angoissante à l'écriture transcendante du styliste qu'est Kosinski. Mais cela n'est qu'imparfaitement exact. Le personnage qui se raconte dans un style existentialiste, sans aucune trace d'émotion, est troublant. Et d'ailleurs d'une séquence à l'autre est-ce le même personnage qui se révèle. N'y a-t-il pas une femme aussi qui prend le relais. On pense ici aux sonnets à M. W.H. de Shakespeare, eux mêmes relayés par Le Jardin des Grenades d'Oscar Wilde. Une confusion des sentiments, décrite admirablement par Stefan Zweig envahit comme une brume nostalgique les propos pourtant neutres du conteur. On sent, sans pouvoir le définir, un mélange de bisexualité, de cruauté et même de sadisme pointer à fleur de texte, cette peau de l'oeuvre.
En reprenant la lecture de Steps je compris à la fois pourquoi j'en arrêtai la lecture à mi-chemin, et d'où venait l'horreur latente présente dès le début. Le conteur -on ne sait si c'est le même personnage du début- se révèle un véritable monstre de perversité et de sadisme. Imprégné par les pires évocation de ce que le nazisme avec ses camps de concentration, le stalinisme et ses camps de rééducation, Pol Pot avec son renversement des valeurs, ont pu imaginer de plus affreux. Le fanatisme en moins à l'image du sinistre Dr. Mengele et de ses expérience sur les juifs. On saisit alors la problématique posée par Coetzee dans Elisabeth Costello, cet esprit du mal qui par son évocation fait mourir une seconde fois les victimes des tortures hitleriennes. Pour Coetzee, le mal est quelque chose de vivant, de concrêt, qui peut nous contaminer comme un virus contagieux. On ne peut impunément le convoquer sans en être atteint. C'est cet esprit du mal, dépourvu de tout fanatisme, détaché de toute haine qui s'est emparé du héros de Kosinski. C'est lui qu'on reconnait dans la cruauté des enfants s'amusant à démembrer un papillon, en lui arrachant successivement les ailes, les pattes, les yeux, en faisant durer le plus longtemps possible l'agonie de l'animal. C'est également ce qu'expérimentent dans une classe de potaches le souffre-douleurs attitré, en proie aux humiliations les plus perturbantes, objet de paris sur sa resistance, en attribuant la palme à celui qui le fera le premier craquer. J'ai vécu cela dans mon adolescence, et cela m'a marqué comme un fer rouge. Alors?
Alors je pense au soir de ma vie, qu'il ne faut se souvenir que des bonnes choses, que de l'amour et de la considération que vous portent vos proches, de bannir toute pensée de vengeance sans tomber dans l'angélisme et le relativisme. Laisser impuni un scélérat, est porter tort à toutes les victimes qu'il est encore susceptible de faire. Mais le but est toujours positif et inspiré par l'amour du prochain. Mais cet amour doit s'exercer comme je viens de l'écrire avec discernement et le scélérat doit être pardonné quand il prend conscience de ses méfaits et qu'il se repent sincèrement.
De quel droit puis-je m'arroger la prétention de juger du bien et du mal? Aucun c'est là affaire de foi et il est facile de me critiquer pour mon orgueil. Mais si au contraire j'adopte une position neutre, je me rallie au tout se vaut, et je donne raison au bourreau de Kosinski, comme aux négationnistes et aux oppresseurs légaux.
Je me fais la réflexion que si mon plan est rejeté, mon travail ruiné, ma deuxième fondation tuée dans l'oeuf, cet effort m'aura permis de me familiariser avec la numismatique, l'histoire, la bibliophilie, et la spendeur des grands livres d'heure que j'ai pu tenir dans mes mains commele Marmion-Bening de Tenschert. Celui-ci pour qui j'éprouve le plus grand respect pour son extrême exigence de qualité, et j'espère initier une amitié qui me comblerait, fait partie de marchands comme Clavreuil et des experts comme Claude Burgan, qui ont apporté à l'éternel étudiant que je suis, leur immense compétence et leur passion. Mon but est d'ouvrir cet enseignement plein de feu et de discernement, à des hommes de bonne volonté qui souhaitent sincèrement se cultiver. C'est là le but de mes fondations. Loin d'être le fruit d'une fringale de collectionneur, ou de l'instinct irraisonné d'un amateur cultivé, mes collections sont faites pour circuler dans le monde, pour être touchées, ressenties, expliquées par des humains et non des logiciels!
Une extraordinaire compensation m'a été donnée par mon sponsor, appelons-le Aristote, qui m'a pris pour partenaire spirituel pour la fondation à laquelle il a donné mon nom et celui de ma soeur, à UCCLE, près de Bruxelles. En dépit de difficultés dues à la crise qui l'a durement touché, il a tenu à honorer ses engagements avec une rare noblesse de coeur et d'esprit. La fondation Lussato-Fédier n'ouvrira pas ses portes avant un an à cause des lenteirs administratives qui en Belgique sont encore plus pesantes qu'en France. Mais cela ne nous empêche pas de rassembler les oeuvres que nous comptons exposer. Mon but, particulièrement ambitieux est de rassembler un ensemble qui tienne le second rang mondial et le premier en Europe, voire aux Etats Unis. Une des niches que nous avons découvert, est l'art populaire du Japon, dit Mingei, à l'opposé de l'art précieux des hauts dignitaires. Une autre niche est le chamanisme du Nepal, au pied de l'Himalaya, qui est en pleine investigation et pour laquelle je bénéficie de l'aide de François Pannier (Galerie Le toit du monde). Nous pouvons avec l'aide de notre marchand spécialisé, constituer non seulement une collection significative, mais aussi organiser des séminaires pour experts, sponsoriser des études dans ce domaine. Mais alors que le musée Mingei se développe rapidement grâce à l'aide précieuse de M.Boudin qui tient la galerie Mingei rue Visconti à Paris, il est beaucoup plus difficile à avoir accès à des pièces majeures de l'Himalaya. Dès à présent, la collection Mingei comprend 75 pièces soigneusement sélectionnées et parmi les meilleures qu'on puisse trouver : textiles, masques, objets courant mais de haute qualité, merveilleuses poteries, et même une paire de paravents représentant l'accouplement nuptial des renards, décrit par Kurosawa dans le premier de ses rêves !
J'espère consacrer le prochain billet à un survol illustré de notre collection Mingei. En attendant, je me remets au travail éreintant de la mise au point du plan "logique" de la deuxième fondation. Bonne nuit. Bruno Lussato, 1h50 le 5 mars 2009.
Monday, 27 July 2009
CHRONIQUE
DÉPARTS
On dit que tout a une fin, les bonnes comme les mauvaises choses. Sans compter la fin de la fin, à laquelle je me refuse à penser en termes concrets pour ne pas me gâcher le temps qui me reste à jouir de cette chose merveilleuse qu'est la vie sans souffrances. Les jeunes qui s'ennuient, ne savent pas le trésors qu'il s dilapident. Comment peut-on s'ennuyer?
Oui, on le sait bien, la vie est une suite de départs, de fuites, d'abandons, de ruptures, de séparations. Mais cela n'a a jamais été aussi évident qu'à présent. La révolution catastrophique qui nous frappe et inéluctable car avant de chercher les parades il faut en analyser les causes systémiques, est une suite de départs forcés et rapides. Des chômeurs doivent se transplanter, des dirigeants changent d'affectation, d'autres sont muté dans des contrées étrangères. Le temps qu'ils s'y habituent, on les expédie à l'autre bout du globe. Et lorsque la femme travaille aussi? Séparation, vie de couple tributaire d'un train, d'un avion, de la fidélité d'un conjoint soumis à mille tentations...
Le plus radical des départs, est peut-être celui qui vous oblige à quitter votre personnalité. La personne est comme une carte topologique complexe, avec ses croyances, ses catégories, ses amitiés, ses souvenirs, classés d'une manière stabilisée. En changer, et changer de carte, donc de territoire est un départ d'un être connu et familier à un autre être que l'on découvre au fur et à mesure, qui réagira différemment, selon qu'il part au Canada ou en Tchétchénie. On ne sait jamais, au contact de nouvelles expériences comment on réagira. Dans certaines circonstances on pourrait même tuer de sang froid sans le moindre remords. Dans d'autres on tournera de l'oeil à la vue d'un cadavre.
DU BLOG-NOTES
Je pars ce lundi pour Paris. La fréquentation n'a jamais été aussi basse sur ce blog, la journée du 20 enregistrant exceptionnellement plus de 1700 visites. Je quitte le lieu de mes vraies vacances, un hôtel des meilleurs d'Italie mais ayant conservé un côté familial et chaleureux avec un personnel souvent là depuis plus de vingt ans et connaîssant tous les hôtes. Ma chambre est la plus modeste,la seule à un lit et au premier étage. Mais lorsque j'ouvre la fenêtre, j'ai l'impression de me trouver sous les tropiques. Elle donne sur le jardin exotique du parc. La méditérannée pour un méridional comme moi est une source de joie constante, le soleil chante comme il ne chante pas à Biarritz ni à Travemünde. Il est l'aube et temps de prendre congé. Quitter le blog, un autre départ.
Bruno Lussato.
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Saturday, 28 February 2009
Chronique
Photos de la vente du siècle
Je devrais recevoir prochainement les photos officielles de la vente avec autorisation de les diffuser sur le blog. En attendant, je vous communique quelques images prises à la fin de la dernière session. Auparavant vous voyez la version Jésus de L'Entretien dont je vous entretiendrai plus bas.


Me voici avec l'équipe impressionnante et hyper efficace des téléphonistes de la
vente du siècle.

.Me voici à la fin de la vente, auprès du podium, tout content d'avoir acquis un lot, qui s'est révélé apocryphe;
Potins de la vente
On dit qu'une grande partie des tableaux achetés chez Alain Tarica, ne se sont pas vendus. J'avous pour ma part que Tarica ait vendu des Gericault au couple, lui dont le père dédaignait mes Tàpies.
Lorsque je visitai l'exposition de Koons à Versailles, la foule était indescriptible. J'attribuai cet engouement à la la curiosité,, par la provocation de l'artiste. Mais point du tout! Nul n'avait entendu parler de Koons. On était là uniquement pour voir Versailles!
De même l'enthousiasme pour la vente du siècle ne toucha que peu nos couches populaires. France-Soir n'en a fait aucune mention, ni mon employée de maison. Cette dernière qui sait mieux manier un ordinateur qu'un grille-pain, n'avait que vaguement entendu parler de l'évènement. Mon avocat et ami Me Daninos, me fit don d'un livre extraordinaire de Leo Perutz : Le Judas de Léonard, datant de 1959 et traduit de l'allemand en 1987, éditions Phébus. Saisi d'un soupçon, j'interrogeai mon employée : savez-vous qui est Léonard de Vinci? - Oui, ça me dit quelqie chose,ce n'est pas un roi? Réponse digne de "Le Homard de Vinci". Est-ce l'effet de la télévision, de l'Education Nationale, de l'environement? Le fait est là. Pourtant la télévision française couvrit remarquablement bien l'évènement.
La mise au net de L'Entretien
Vous vous souvenez peut^etre de ce manuscrit à peintures, sélectionné par la BNF pour figurer, honneur suprême, dans la salle des manuscrits anciens à Richelieu. L'ouvrage original comprend plus de vingt volumes de grand format, mais la première mise au net était calligraphiée avec des couleurs précieuses: or à la coquille, vermillon naturel, Lapis-Lazuli etc. Les petits volumes in-8 qui servent de support à ce travail monastique, sont une interprétation moderne de la reliure du journal de Samuel Pepys, célèbre chroniqueur, volumes vendus voici 30 ans chez Rizzoli 5 th Avenue à NewYork. Cette merveilleuse libraire en acajou et bois précieux vendait des fac-similés culturels : posters, livres d'heures, et des livres de pages blanches dont le Pepys. L'emboitage annonçait : "tout ce qui manque à ce livre de faire un chef-d'oeuvre, c'est vous. " Ne pouvant me payer un original, je relevai le défi en réalisant mon propre "chef d'oeuvre" (Au sens d'oeuvre de compagnonnage". Ce fut le célèbre calligraphe Claude Mediavilla qui m'initia et traça l'alphabet du "chef d'oeuvre". Je remplis ainsi un volume et un autre qui resta en suspens. Une des raisons à cela, est que je perdis mon acuité visuelle et je fus obligé de porter des lunettes. Une autre était le temps pris par la réalisation d'une page : plus de trois heures et demie. Ce temps était trop lent pour suivre ma pensée qui était bien adaptée à la spontanéité et la tolérance à l'erreur des livres carrés, aujourd'hui les originaux. Depuis j'en tirai un grand nombre de moutures imitant les livres de J.M.Ricci ou encore des innovations numériques,sur photoshop.
Aujourd'hui je décidai de faire le ménage dans ce texte foisonnant et choquant dans bien des pages. A ne pas mettre entre toutes les mains! C'est un grand travail de re-création et j'avais le choix entre deux solutions : de grands volumes format Jésus, très majestueux et permettant une exécution rapide. Vous en avez un exemple en tête de ce billet. Les matières employées, sont de qualité moyenne : gouaches Uni Posca, Or et argent Pentel, grands titres au feutre calligraphique etc....
L'autre possibiliité fut de continuer le manuscrit Pepys, abandonné voici trente ans pour les raisons que j'ai mentionnées. Il y en avait une autre. Dans un souci de variété, j'adoptai une caroline (du temps de Charlemagne) mais je m'aperçus que ni cette écriture, ni la gothique, ne me convenaient. Elles étaient pour ma main, contre-nature. Mon écriture normale, prevenant sans doute de mes ascendances florentines, est l'humaniste: droite ou cursive, dite de Chancellerie (Cancelleresca).
Je me procurai chez Sennelier les matières précieuses nécessaires : poudre d'or et d'argent, gouaches à l'oeuf, aquarelles Rowney etc. (voir ci-dessous) sans compter les précieuses plumes calligraphiques Brause, de 2mm et de 5 mm. Hélas des déconvenues m'attendaient, dues à la perte d'un savoir-faire des grands fournisseurs de ces produits nobles. Si c)ela vous interesse, continuez la lecture sur le corps du billet..

De bas en haut : petits pains d'or (pur) et d'argent à la coquille. Mortier pour broyer les couleurs, pierre à encre et son bâton, brunissoir en agathe, boite de voyage Rowney contenant un réservoir d'eau et un godet, couleurs Rowney et Windsor et Newton, tempera à l'oeuf Sennelier.
Ce matériel est de qualité bien inférieure, de son équivalent d'il y a trente ans. Par exemple la boite portative d'aquarelles Rowney est d'une finition grossière à la peinture, alors qu'elle était jadis cuite au four. Les temperas de Musii à l'oeuf et au miel, utilisées pour retoucher et retoucher les tableaux anciens, ont disparu, il est impossible de s'en procurer et la liste est illimitée.
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Sunday, 16 August 2009
CHRONIQUE
L'HOMME À LA BULLE
C'est moi et la bulle est mon blog.
En effet lorsque je rédige mon billet, ce qui est actuellement mon cas, le monde extérieur disparait, les conversations que l'on tient autour de moi semblent un murmure lointain, mon cerveau est en contact avec vous et exclut toute autre information. Pour les gens qui m'entourent cela est d'autant plus frustrant qu'ils ont l'impression injustifiée que je me terre dans cet univers intérieur quatre à six heures par jour. Or les 90% de ce temps est employé à me battre avec mon Apple pour le faire fonctionner à peu près correctement.
NOTE : L'apple a arrété de fonctionner depuis trois jours.
Le complaisant et hyper compétent Marc Guilhery m'a donné la recette pour envoyer les emails alors que je ne pouvais que les recevoir. Après application de son très compliqué mode d'emploi, je ne puis à présent ni les envoyer ni les recevoir ! C'est catastrophique car je dois accomplir toutes sortes de formalités pour mon voyage en Russie dans moins de dix jours. C'est de tels cas que l'on prend conscience de l'état de dépendance où nous a subrepticement mis le système télématique (faisant appel à un réseau collectif pour avoir accès à vos données personnelles). C'est pour cette raison que j'ai fait imprimer tous mes billets jusqu'au mois de Juillet. Aujourd'hui pour la première fois mon blog est à nouveau accessible. Hier j'ai gaspillé tout mon dimanche à essayer, en vain, de communiquer avec vous.
LA BULLE, MOI, ET LES AUTRES
Ce que j'entends par bulle est un état prolongé de concentration sur un sujet bien déterminé, correspondant à un rêve persistant et cohérent. Ce rêve peut être une simple rèverie, une obsession de vengeance ou de gloire, de récit fantaisiste qu'on se conte à soi-même, ce qu'on nomme l'imagination diffluente. Mais ce peut être un travail en cours, tendu vers un projet concrêt et destiné à apporter sa pierre dans la collectivité. Wagner ressasant pendant sept ans les matériaux du Ring sans que rien n'y transparaisse, les multiples remaniements de Faust, les esquisses inlassablement répétées de Léonard, les questions non résolues que se posent Darwin, Einstein ou Bernardo Trujillo, le théoricien de la grande distribution.
Je n'ai cité que des noms célèbres, des êtres arrivés au sommet de la gloire, mais tout être animé par un projet créateur fort, et déterminé à lui donner vie, de le faire accoucher et non avorter, se renferme dans un état second, proche du somnambulisme qui nous coupe des autres et nous donne la réputation d'être un esprit chagrin et asocial. Il est certain que les choses ne sont pas si simples et que bien des créateurs sont en même temps socialement adaptés et capales de s'extraire de cet état. Proust, Oscar Wilde, Chopin lui-même étaient intégrés à leur environnement. Pierre Boulez entretenait des liens très étroits de bien des personnalités politiques.
Je dois reconnaître que malheureusement je vis presque exclusivement dans cet état de concentration excluant le milieu extérieur, même si son objet est très varié. D'en d'autras termes, on me reproche d'être "trop sérieux" et cela explique certainement la difficulté de me trouver une épouse (je me suis marié à 43 ans !) voire même des amis. Les deux qui me sont fidèles Olaf et Socrate, me voient à petite dose.
Marina hier soir trouva dans ce trait de caractère la raison de l'abandon d'Axel Poliakoff. Voici un jeune homme, hédoniste, aimant s'habiller, conduire de belles voitures, fréquentant la jeunesse dorée, face à un vieillard malade, sans fortune, sans avenir, l'accablant de son affection encombrante et malade d'anxiété dès que son petit fils adoptif fait preuve d'indifférence ou pis encore, de mépris courtois. Il suffit que quelques amis bien intentionnés le calomnient pour se donner un pretexte à rupture.
Je me souviens à ce propos, qu'en pleine violence contestataire de Mai 68, je fus toujours respecté par les plus barbares des révoltés. Jamais personne n'aurait porté la main sur moi. On me dit souvent que j'étais comme protégé par un mur de glace.
Sans doute l'enveloppe transparente de la bulle.
Wednesday, 28 May 2008
CHRONIQUE
L'Océan
L'océan, ce mot est on ne peut plus évocateur pour moi. Tout d'abord parce que ma convalescence s'est déroulée à Houlgate dans une pension de famille, verslafinde l'hiver. Jai passé mes journées à parcourir la grève déserte, traversée par des vents hurlants répondant à une mer démontée et un à ciel bouleversé et menaçant.
Et voilà que j'entends la voix des puristes : Houlgate; c'est la Manche, ce minable bras de mer qui sépare l'ïle du continent. Quelle exagération.Où est-ce un embellissement de la réalité?
Voilà ce que je leur réponds, à ces esprits plats.
J'ai passé du temps au bord de la mer d'Acapulco, ou celle d'Estoril et de Madère. On ne voyait qu'étendue grisâtre ou d'un noir opaque, calme comme une surface huileuse. Elle ressemblait à tout sauf à un bord d'océan, tel que le poète, ou le promeneur doté du sens du concret l'imaginent. Hé oui. Ce bord de Manche ressemblait davantage à l'image qu'on se fait de l'Océan qu'à celui des géographes.
L'Océan est également précieux pour moi, car c'est la matrice de L'Entretien. Que ceux qui s'interessent à sa genèse continuent à parcourir ce billet.
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Friday, 22 February 2008
CHRONIQUE
Ou l'on frise l'escroquerie et le racquet electroniques
I received, the true top of the range, a large Pionneer Hi Fi - definition plasma screen, with all avanced technologies you can dream as long as the price is no issue to you.
Well, the result was nothing short of impressive, colours where vivid, contrasts good; sharpness sufficent to convey dramatic impressions; the blue ray technology was so precise, so detailed, that when you envisioned- let us say, an urchin, you could count acurrateled each spine of its harsh reddish envelope. It was so fantastic though, that it conveyed no emotion, nor even reality but a dazzling breath taking experience. It was indeed a reconstructed reality, some icy demonstrative technology that repels connoisseurs of beauty in nature and attracts only those who admire the whizardry of the performance in pixels. These fans strive for advanced technologies and gimmicks. I prefered the old system where you could not see as distinctly each string of the violin, but where the harsh atmosphere of high technology disappeared. This is why all great photographer prefer blurred or approximative photos (Ed Ruscha) or as a metaphore of kitsch and a caricature of garbage (Serrano, Gursky, Estès).
JEUX DE MIROIRS
J'ai relu hier nuit the Fisherman and his Soul, tiré de La maison des grenades et je me suis aperçu que l'image que j'en avais gardée était auss différente que possible que le texte que j'avais conseillé, admonestant même l'internaute qui plein de bonne volonté se proposait de le charger! Je luis dois des excuses. Il n'empêche qu'il vaut mieux commander l'édition bilinguge chez amazone, bien plus facile à consulter.
Lorsque je raconte des histoires lues dans mon enfance et qui m'ont profondément émues, après trente ans après, je crois m'en souvenir, mais ce que j'en dis dans le blog a subi des altérations et des déformations considérables. On peut comparer à ce propos l'Histoire de Hellewijn de Charles de Coster, que je n'ai pu retrouver que cette année avec le texte introuvable de puis ma jeunesse. En ce qui concerne le Pêcheur et son Âme , je n'ai pas trouvé ce que j'en ai retenu. La langue est certes splendide, mais assez surchargée comme celles de Flaubert et ... de Wilde. Ce qui m'avait frappé, était le sens énéral, les senteurs et les ondes qui s'en dégagent, et surtout la phrase rituel qui parcourt comme un fil d'argent tout le texte et quie est intraduisible :
I do not see it, I may not touch it, I cannot know it. Â quoi me sert-elle?
Ces jeux de miroirs auxquels mon cerveau infidèle soumet et déforme les textes originaux peuvent être considérés comme des variations élaborées de l'originaL Dans ma version de la Petite sirène,je me suis débarrassé de tout élément décoratif accessoire et j'ai mis en valeur l'opposition entre le culte des valeurs H (Hédoniques) B (Esthétiques), par opposition à la valeur M (morale, l'amour, l'âme). J'ai étendu la métaphore à ce qui me hante : l'opposition entre les valeurs matérielles (H,U,E) jouissives et les valeurs transcendantes (M,B,L, et surtout S, la spécificité qui nous débanalise est nous attire vers le haut.
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