Chronique italienne N°22
Menaces sur l'Occident
NOTE : toutes les illustrations proviennent du Corriere della Sera
Hier, c'était Corriere della Sera qui menait les débats. La page la plus sensationnelle est consacrée à Poutine, présenté comme un danger pour l'occident, plus préoccupant que Ben Laden. D'après Richard Pipes, kremlinologue réputé, la Russie qui a plébiscité Poutine, voudrait reconquérir sa puissance d'antan face aux Etats Unis et mettre main basse sur l'Europe. Notamment son opposition au bouclier américain cache la volonté de s'annexer à nouveau l'Europe centrale.
Il est certain que les tensions entre Londres et Moscou, donnent de quoi réfléchir. Poutine a beau jeu de rétorquer à Londres, qu'il refuse de céder à son injonction et à consentir à l'extradition d'un criminel. Il est indéniable que Boris Berezovsky s'est approprié une fortune d'un milliard d'euros en profitant de la corruption scandaleuse qui régnait sous Eltsine. Mais ce n'est qu'un prétexte pour justifier sa volonté de se déparrasser d'un ennemi mortel. Les services secrets russes, héritiers du KGB de sinistre mémoire, s'ingénient à épouvanter l'opinion par le côté aussi théâtral qu'inefficace de leurs attentats. On croirait voir une réédition de Bons Baisers de Russie, un des premiers James Bond.
On ne peut nier que sur l'échiquier mondial, comme je l'ai soutenu dans Virus, la Russie joue le rôle de plaque tectonique entre l'Eurabia et l'Asie, comme Londres assure l'interface entre l'Amérique et Eurabia. Mais il faut également considérer les jeux de pouvoir relatifs à la maîtrise de l'energie. Les récentes découvertes polaires, laissent apparaître la Russie comme la première puissance énergétique mondiale, au moment où les tensions entre eurabia et Russie s'aggravent. Richard Pipes pense qu'une stratégie de containment s'impose : tenir la Russie à distance et marchander notre transfert de technologie. Mais cette vue repose sur le postulat que la Russie sera incapable d'attirer de la matière grise et qu'elle a besoin de l'occident pour exploiter ses richesses. Ce n'est cependant qu'un postulat.
Un des arguments anti-poutine consiste selon une réduction ad hitlerum à le comparer à Hitler, légitimement élu par la population. Mais, est-ce une surprise? - on se garde bien d'appliquer ce raisonnement au Hamas. Pendant que la presse se déchaîne contre la Russie, estimée plus dangereuse que l'extrémisme musulman, en Italie, le ministre d'Alema, suivant une stratégie classique chez les communistes, reconnaît le Hamas en dépit de sa volonté de détruire Israël et de son extrémisme. L'argument invoqué est précisément la légitimité électorale de ce mouvement; utilisé par les amis de Poutine et de Hitler.
Pendant que Fini et d'Alema s'affrontent autour de cette stratégie anti-israélienne et pro-islamiste, on souligne timidement qu'on assiste à une réédition du syndrome de Munich. On feint de croire que l'adversaire est raisonnable et qu'il peut être raisonné. Ses propos les plus inadmissibles sont tolérés avec bienveillance, alors qu'on monopolise l'opinion contre les déclarations de Busch ou de Poutine. Un exemple en est le cas des infirmières bulgares. Manifestement, elles ont servi non seulement de bouc émissaire pour les déplorables conditions d'hygiènes des hôpitaux lybiens, mais aussi comme arme de chantage économique. Non seulement l'Europe a cédé, mais elle a couvert le potentat de remerciements. Il n'était pas question de le critiquer.
En fait la position d'Alema qui a entraîné toute l'Italie, est conforme à la théorie d'Eurabia : l'envahissement lent d'une Europe veule et soumise par une force islamique jouant sur les claviers de la séductions (musulmans modérés) et de la terreur (menaces terroristes). Ceci est tout à fait normal et si la position du gouvernement Prodi,influencé par les communistes avait différé de ce que nous constatons, j'aurais dû retirer de la circulation Virus. L'analyse effectuée par l'ISD de Genève, s'appuie sur l'alliance objective entre les trois noeuds sémantiques : le communisme (diamant vertueux), l'islamisme (djihad), la gauche suicidaire (Médusa). Ils concourent tous à l'accélération via l'immigration et les avantages concédés aux musulmans les plus intolérants, de la prise d'influence irreversible de l'Afrique sur l'Europe.
SARKÒ superstar
Les faits et gestes de Nicolas Sarkozy sont suivis par la presse et bénéficient d'une côte d'amour soutenue, teintée d'envie. Ce qui se passe en Italie ne peut que bénéficier au président français, en phase non seulement avec la population française, mais, au moins autant, avec la population italienne, violemment opposée au gouvernement laxiste de Prodi.
Dans le dernier Corriere ainsi que dans les principaux autres quotidiens, la récudescence alarmante de la criminalité enfantine montre la nécessité de mesures répressives contre les mineurs. Hier encore un hold up avec séquestration, perpétré avec une froideur toute professionnelle par deux mineurs de seize et dix sept ans armés d'un cutter et d'un couteau, soulève l'opinion. Le butin est de 114000 euros, 18 personnes ont été sequestrées, les caisses d'un institut de crédit vidées. La drogue, le laxisme des parents, la tolérance des juges, figurent parmi les causes de cette criminalité.
Fausses symétries
Dans une tentative politiquement correcte, de dédouaner les extracommunautaires musulmans : albanais et africains, une enquête montre qu'à Milan, la moitié seulement des criminels apprehendés est extra communautaire. Les italiens sont légèrement majoritaires.
Il s'agit là d'un procédé typique de désinformation qui vaut la peine d'être relevé. En effet affirmer qu'il y a autant de criminels italiens qu'étrangers dans les prisons de Milan, est sans doute correct. Il n'y a pas de falsification de faits. Mais les inférences sont truquées. En effet en proportion du nombre d'étrangers par rapport à la population italienne, le nombre de musulmans albanais ou africains sous les verrous est une preuve accablante du danger présenté par cette immigration non intégrée, et favoirsée par le gouvernement Prodi.
Sarkò et l'Europe
A un moment où la faillite d'Alitalia causée par les pressions de l'union eropéenne, émeut l'opinion, où le mythe de l'ouverture des frontières vers des pays exploitant des esclaves et des enfants, est de plus en plus contesté, où les institutions financières de Bruxelles aparaissent comme des monstres froids tournés vers la population réelle des pays membres, la position ferme de Nicolas Sarkozy (italianisé comme on l'a vu, en Sarkò) apparaît comme un modèle. De même sa fermeté à propos du service minimum, fait rêver les Italiens, dont la vie, surtout dans les grandes villes, est pourrie par l'absentéisme, les grèves, le je m'en-fichisme dans les hôpitaux, les écoles et les transports. Une fracture, notée en France également, s'aggrave entre la population prise en otage, et des syndicats alliés à une gauche sectaire de plus en plus considérés comme des ennemis du peuple et des agents du chaos.
Sarkò et l'ouverture à Gauche
Dans le dernier Corriere, deux articles sont consacrés à a ce sujet. Un éditorial en première page est intitulé "les socialistes de Sarkozy". Une inteview de Jack Lang laisse planer une ambiguïté : l'ancien représentant de Médusa, ne renie en rien ses convictions et déclare que tout l'oppose à un président dont cependant il admire la poigne et l'énergie.
Deux interprétations nouvelles de l'ouverture nous parviennent. L'une craint une contamination et une reconnaissance de la légitimité morale et culturelle de la gauche, renforçant son hégémonie sur les mots et l'opinion des milieux intellectuels. L'autre, assez originale, due à H.M.Bronstein témoigne d'une inquiétude légitime. En siphonant les éléphants de la gauche, on supprime les freins du renouveau de la gauche; on hâte la prise de pouvoir de nouveaux leaders plus jeunes et autrement dangereux, enfin, il est possible que la nouvelle gauche, dont la restructuration serait favorisée ainsi par le Président, soit encore plus radicalisée et nocive que la guache classique avec ses querelles intestines et ses pesanteurs. En revanche H.M.Bronstein ne croit pas à des troubles à la rentrée. L'avenir jugera.
Dissymétries