Ombres chinoises
La torpeur relative de l'été endort les craintes et avive les utopies. Lupasco nous enseigne que l'orsqu'une tendance croît dans notre univers mental conscient une autre, en sens inverse, croît correlativement.
Les succès de Nicolas Sarkozy, masquent des dangers potentiels, d'autant plus pervers et plus violents, que le couvercle s'est refermé sur les voies officielles de la contestation. Lorqu'on voit Kouchner défendre le rôle De Cécilia en évoquant, celui autrement plus inorthodoxe de Danielle Mitterrand, sans que nul n'ait trouvé à y redire, il rétablit les dissymétries du politiquement correct et radicalise la nouvelle génération de la gauche, menacée dans son identité. Pendant ce temps, d'une manière insidieuse, les contraintes rampent et étouffent la vie civile. Les employeurs suite à de nouvelles lois coercitives sont dissuadé d'embaucher et les propriétaires de louer. En voici un exemple.
Naguère lorsqu'un acheteur voulait réserver un bien, pendant les trois mois nécessaires pour les formalités, il signait un chèque d'avances pour retenir ce bien, qui bien entendu, était bloqué à la vente. Aujourd'hui, cette pratique est devenue illégale, ce qui signifie que le locataire ne verse le chèque qu'au moment d'entrer dans la demeure. Il lui est parfaitement possible de changer d'avis au dernier moment auquel cas, le propriétaire qui avait bloqué inutilement ce bien, perd une saison ou deux avant de trouver un autre client. Cette dissymétrie entre locataire (par définition défavorisé) et le propriétaire (par définition nanti, riche donc peu aimable), est caractéristique de l'influence Medusa sur la justice de notre pays. Comment s'étonner dès lors que les promesses du président ne soient pas suivies de résultats, d'autant plus qu'elles sont édulcorées et rabotées, pour obtenir un calme social dont le pays veut les avantages sans avoir à en payer les inconvénients.
Swatiska et Diamant vertueux Le noeud sémantique nazi, aujourd'hui défunt, avait comme sèmes nucléaires, le concept de race, construct au sens de Lewin, d'ordre, d'hiérarchie d'inégalités basés sur la force, le respect du travail acquis et des richesses, la répudiation de l'argent des juifs et des spéculateurs étrangers. Le noeud sémantique soviétique, diamant vertueux, sous des apparences léninistes, était très proche de Swastika, avec la notion d'ordre, de fierté, l'acceptation des grandes fortunes admises par la nomenklatura, et le peuple remplaçant la race.
La désoviétisation initiée sous Eltsine, n'a jamais été portée à son terme, qui est un exorcisme semblable au procès de Nuremberg. Eltsine a plongé la Russie dans un univers de corruption et de chaos qui généra les gigantesques fortunes des Deripaska et autres jeunes milliardaires. Poutine a essayé de reprendre sous le contrôle de l'Etat, des fortunes qui devenaient de veritables contrepouvoirs. Ce faisant il a renoué avec le stalinisme, ou plus exactement avec noeud qu'on peut définir comme le communisme stalinien moins le communisme. Il reste Swastika, doté des moyens qui dopent le culte de la force. Ce qui est nouveau cependant, est la porosité des frontières idéologiques, la religion chrétienne en pleine régression comme sous Staline et relayée par l'islamisme de Djihad et par l'affairisme de Matrix.
Pendant ce temps on mise sur la Chine en oubliant de la décoder, d'évaluer les stigmates que le maoisme a laissé sur une ancienne civilisation humaniste, minée par la bureaucratie. On oublie aussi que pour la Chine, la ruse contre l'ennemi est un acte de nationalisme, et tout ce dont elle s'est rendue capable au Laos, au Thibet; au Vietcong. Revoyez à ce sujet le fim "sept ans au Tibet" un chef d'oeuvre.
Mauvais temps pour la rentrée, le réveil risque d'être rude, avec les attaques de Medusa dans les médias, de Diamant Vertueux (le communisme pas mort) chez les syndicats et des mouvements de la gauche extrême, plus haineuse pour s'estimer trahie par les éléphants.
Une petite satisfaction : Nicolas Sarkozy s'est rendu aux Chorégies d'Orange voir le Trouvère. Il a fait un discours, et il a eu raison. Il a souligné que l'opéra est avant tout un spectacle populaire, un divertissement culturel de la plus haute qualité, qu'il convient de porter à la connaissance du grand public, ce qui était jadis le cas. Cela nous changerait des détritus culturels dont ce public est abreuvé systématiquement, le rendant imperméable à des activités plus raffinées, proches de l'humain. Nous espérons que le Président de la république ne s'arrêtera pas là et qu'il aura à coeur de propager par l'exemple, la haute culture, celle des lignes de crête, dont il n'y a aucune raison qu'elle soit soustraite à la vue et à la portée des citoyens.
Le Trouvère appartient à un genre autrefois populaire, l'équivalent des machines hollywoodiennes. On mesurera par là le déclin du niveau de raffinement et d'intelligence du grand public, résultat d'un travail de démolition patiemment mené à la fois par les intellectuels et par les professeurs, Matrix (la mass cultur rapporte plus) et la paresse l'emportent. Mais un abîme sépare encore les opéras à la mode, des euvres les plus sublimes du répertoire, comme les derniers quatuors de Beethoven ou l'Art de la Fugue de Bach, pour ne pas parler des oeuvres contemporaines des Boulez, des Dutilleux et des Stockhausen, les successeurs de Mozart et de Beethoven à notre époque.