Wednesday, 28 February 2007Le bloc-notes de Bruno LussatoRétroliens
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Cher Professeur,
Voici un témoignage qui ne peut m'empêcher de sourire. En effet des termes telles que la propriété ou la productivité font partis, aujourd'hui d'une sémantique passéiste. L'intérêt de sites tels que wikipedia est de fournir à l'humanité des articles extrêmement précis sur des sujets allant de la technique/technologie à l'art ou la culture/sous culture. Peut importe le temps que cela prendra la destination finale de ces article étant l'humanité, c'est à l'échelle de celle-ci que nous devons en évaluer la qualité. La valeur de ce que pourrait pondre un "élève de conservatoire consciencieux" est très en dessous de la qualité d'un article rédigé par plusieurs élèves/professeurs/compositeurs de musique moderne, classique etc... etc... Avec un outil comme wikipédia on mutualise les ressources, ce qui ne veut pas dire que l'on accroît la quantité, mais bien sur la qualité : on devient partie intégrante d'un réseau de neurones.
A bientot
Je vous remercie de vos remarques que je trouve très intéressantes et permettent d'éclairer le débat. Elles posent clairement la question : une équipe interactive est-elle plus créatrice qu'un individu isolé, fut-il un homme de réel talent, voire de génie, et les membres de l'équipe "interactive" des amateurs passionnés?
Je pense en effet que la propriété ou la productivité sont des termes qui, pour le politiquement correct, font partie du passé. Pour les suiveurs de la tendance que je nomme médusa, et qui prend le contrepied de la culture humaniste, tendance très "tendance" , peu importe le resultat obtenu, ce qui compte est la manière dont on l'atteint. Je vous renvoie aux travaux classiques de Bavelas et de Leavitt. Ils montrent que lorsque tous travaillent en interaction collective "anastomotique" l'imagination, l'agrément, la créativité, ressenties, sont bien supérieures que lors d'un travail hiérarchisé, dans lequel l'équipe sert de caisse de résonance à un grand créateur, mais au prix d'une perte considérable de temps et d'énergie.
Par ailleurs, vous avez raison de prétendre qu'un élève de conservatoire consciencieux pondra un travail de moindre valeur quu celui produit par plusieurs professeurs et leurs élèves, mais c'est exactement du contraire qu'il s'agit dans l'article cité de Wikipédia. J'ai constaté que les analyses publiées faite par des professionnels renommés et compétents tels que Robert Taub ou Brigitte Massin, sont supérieures à celle que peut rédiger une masse d'amateurs même passionnés.
Par ailleurs, je crains que votre position soit passéiste. En effet, si le travail en équipe déhiérarchisée est utile dans des matières très formalisées comme les mathématiques, l'informatique ou le "screening" c'est à dire le passage mécanique au crible de toutes les combinaisons, il est totalement inadapté à la haute création.
Un exemple en est l'IRCAM dint la production artistique ne peut égaler celle des individus de génie comme Boulez, Berio ou autres Ligeti. Même la découverte du vaccin contre la grippe et la poliomyélite, et celle du HIV ont été faites avec peu de moyens par des chercheurs exceptionnels isolés, entourés d'une équipe qui faisait résonance.
Ce que vous racontez-là est par ailleurs infirmé par l'histoire de la création.
Je vous suggère, pour vous en convaincre, de vous rendre dans n'importe quel musée d'Art contemporain, ou d'Art tout court ou n'importe quel concert de musique classique, pour constater que la plus haute création est l'oeuvre d'individus hors norme. On ne connaît guère d'exception à la règle. Même les tags sont le produit d'individualités singulières et aucun n'a égalé celles de deux individus isolés : Basquiat et Keith Haring.
Je vous remercie chaleureusement de vos commentaires particulièrement en phase avec l'esprit du temps. Il est difficile de les contester si l'on considère, comme vous, que la notion de génie, de sublime, de meilleur et de moins bon, sont "passéistes", ce qui est le cas d'une large fraction consensuelle. (Ce que je nomme le stéréotype Médusa). En revanche pour ceux qui voudraient se débarrasser de Medusa, puis-je leur suggérer d'étudier les chefs-d'oeuvre du patrimoine universel. Ils en valent la peine. Et puis, nous ne sommes plus dans la génération de MAi 68, celle dont un de leurs leaders,aujourd'hui assagi et membre du Parlement Européen, a reconnu qu'elle a proféré bien de stupidités. Un nombre croissant de jeunes commencent à soupçonner que "l'imagination au pouvoir" est un slogan sans véritable contenu, dès lors qu'on atteint au niveau de création artistique supérieur. Les autres, ne peuvent que contester, puisqu'ils postulent que tout se vaut. La notion de génie, de chef d'oeuvre, d'admiration, de sublime est pour eux passéiste. Un des intervenants de Wikipédia ne fustige-t-il pas l'auteur (principal) de l'article sur l'op. 111 pour avoir osé utiliser ces termes, indignes selon lui de figurer dans l'encyclopédie?
Merci encore, vous avez soulevé une question très intéressante qui méritait d'être soulevée... Zut, il me semble que Ségolène Royal déteint sur moi! Quoi qu'il en soit, en la matière tout le monde a raison et le résultat de votre sourire à vous, a été de me donner l'envie d'ajouter à l'article sur la sonate op.111 de Wikipedia, quelques compléments. Ils vous montreront peut-être par l'exemple, que s'il est gratifiant pour un groupe de réinventer l'eau tiède, il y a des voies plus rapides et plus intéressantes d'accéder à la connaissance.
J'espère que vous formulerez d'autres critiques : à mon sens elles sont précieuses pour faire avancer le débat, et c'est le but de tout blog.
Bruno Lussato.
Cher Professeur,
Je ne peux qu'abonder dans votre sens en matière de génie. Néanmoins si l'on considère le travail d'artistes tels que de Vinci ou encore Breughel le Jeune que vous considérez, je l'espère, comme faisant partie du haut du panier en matière artistique, on ne peut que s'interroger sur la travail "collectif" effectués sur des oeuvres qui restent du domaine du patrimoine humain. Pour ce qui est de Wikipédia je vous renvois tout de même à l'essence même de ce qu'est une encyclopédie soit une tésorisation maximale des informations ; évidement que l'encyclopédie est l'oeuvre de plusieurs. Je note enfin que les plus grandes exégèse sont souvent faites en binômes, voire en trinômes et je ne peux m'empêcher de vous renvoyer à vos meilleurs livres, créés avec le concours d'une autre voix. Votre livre sur Le Ring (plébiscité par les spécialistes) est rédigé par vous et Marina Niggli, musicologue, qui de ce fait amène sur votre travail l'oeil de la rigueur et de l'objectivité. François de Closet, Bruno France-Lanord furent distinctement locomotive et wagon de vos créations. Enfin une oeuvre ne peut être le fruit d'une et une seule imagination, les meilleurs d'entre elles, à mon sens, son le fruits d'un noeud d’imaginaires dont l'artiste est le médium (rf.: Maurice G. Dantec "Théâtre des Opérations n°3"); pour illustrer se propos je n'en citerais qu'une qui, je le sais, ne pourra vous laisser indifférent : Guernica dont la puissance d'évocation et l'existence même est totalement soumise aux évènements et aux acteurs qui la compose.
Je vous remercie pour vos réponses et vos explications qui sont toujours extrêmement enrichissantes.
Cher Alexandre de Lisle, Merci pour vos remarques si enrichissantes. J'ai appris ainsi, à ma profonde confusion que Vinci travaillait en équipe. Je l'ignorais. De même, vous m'avez appris que Marina Niggli a été le co-auteur de mon ouvrage sur le Ring, et qu'elle avait rédigé une partie de celui-ci en tant que musicologue. Je suis sûr qu'elle sera ravie de l'apprendre, comme moi-même. Il faudrait aussi ajouter à l'équipe Monsieur Nitard qui a allégé et perfectionné mes phrases un peu lourdes en les simplifiant, et M.Cymmerman qui a photocopié les leitmotive, sans compter les personnes que je ne connais malheureusement pas qui ont corrgé les fautes de frappe. Me voici convaincu toute oeuvre de génie est le fait d'une équipe. Mais j'y pense! Cette démonstration ne tient pas, car mon ouvrage n'est jamais qu'un travail de tâcheron, une compilation laborieuse et quelque peu indigeste et non pas une oeuvre géniale. Le livre que j'ai fait avec de Closets a été en fait composé de deux parties distinctes, et nous l'avons chacun rédigé séparément, sans aucun travail d'équipe. Vous voyez que lorsqu'on approfondit les choses, on arrive à des conclusions inverses aux votres. Je vous suggere de demander à Vinci (l'artiste, pas la société de parking, qui elle rentre dans votre démonstration, travaillant toujours en équipe) et à Brueghel ce qu'ils en pensent. Il ne manque pas d'ouvrages pour y répondre.
Si en revanche, vous appelez un travail collectif, celui d'un artiste et de tous ceux qui l'on précédé, inspiré, ou diffusé, votre demonstration est pertinente. Merci pour m'avoir permis d'amorcer un débat.
A propos savez-vous ce qu'est le "groupisme"?
Cordialement BL
Cher Professeur,
Je vois avec joie que vous avez abandonné la le style Sego pour le style Sarko. En effet vous avez appuyé sur le détail avec véhémence mais vous avez éludé avec style, il faut le dire, le fond de la réflexion. Pour Vinci je dirais : mea culpa peut être ai je été quelque peu ambitieux avec mes connaissances, (certain savent qu'ils ne savent rien) pour Breughel c'est une autre paire de manche. En effet les "spécialistes" sont aujourd'hui bien mal quand il s'agit d'authentifier une toile au vu du nombre d'intervenant extérieur (création ou peinture). Je suppose enfin que les co-signataires de vos oeuvres (peu importe d'ailleurs qu'elles soient l'oeuvre de besogneux, il en faut) ne sont pas sur la couverture uniquement pour des questions d'esthétique ou de marketing (j'avoue avoir oublié le rôle exact de Mademoiselle Niggli dans la composition de votre oeuvre, je crois néanmoins me souvenir qu'elle même s'était définie et présentée comme pratiquant la musicologie). Peu importe la méthode, c'est le résultat qui compte ; lorsque vous écrivez un livre avec Monsieur de Closet, c'est, je le suppose, dans le vague espoir d'une collaboration ; sinon pourquoi ne pas sortir deux livres sur le même sujet ? Ce ne serait pas la première fois. Sans entrer dans ce débats qui me semble tout à fait stérile je trouve que ma dernière remarque sur l'artiste médium de sa propre oeuvre mériterait une réponse plus approfondie, quand à la remarque que vous faites à la fin de votre précédent commentaire je crains qu'il n'y ait aucun débat en effet j'abonderai dans votre sens.
En ce qui concerne votre question sur le groupisme je ne sais absolument pas ce que c'est en revanche je connais le toyotisme ? Merci à nouveau, je me fais dès à présent une joie de lire votre réaction.
Monsieur de Lisle, je ne prétends pas être un spécialiste en art, mais il me semble bien que ce que dit le professeur est parfaitement juste. Il est vrai que la plupart des grands artistes de ce monde ont, à un moment ou à un autre, été aidés par des personnes extérieures pour finaliser leurs oeuvres. En revanche comment pouvez-vous dire que ces oeuvres sont des "travaux de groupe". Le trait principal d'un génie est justement de créer quelque chose d'unique et de novateur. Ainsi, il importe peu que des retouches soient effectuées sur l'oeuvre elle même par quelqu'un d'autre. Le chirurgien est bien reconnu pour être celui qui opère et personne n'ose dire que c'est un travail de groupe parce que les infirmières leur fournissent les instruments ou aide à suturer les plaits. Sinon, pourquoi ces travaux ne sont-ils pas signés plusieurs personnes. De plus, quand il s'agit d'un travail de groupe comme l'article de Wiki, il n'y a pas d'originalité, c'est une récolte d'information, alors que dans le livre de Monsieur Lussato sur le Ring, c'est son analyse qui prime. Il y a a, à proprement parlé, une avancé.
Je ne pense pas que ce débat soit stérile. C'est la première fois que j'écris dans un forum. J'espère pouvoir continuer.
En attendant votre réponse.
Alexandre
Alexandre Mulliez a répondu avec pertinence à Alexandre de Lisle. Quelques précisions seront utiles à propos du travail créatif en groupe. Mlle Niggli, que je respecte profondément est sans doute musicologue, mais ce n'est pas en tant que telle qu'elle est intervenue. Elle a assuré la lecture des ouvrages en allemand et surtout, elle m'a obligé à travailler. Sans elle je n'aurais jamais eu le courage de poursuivre la tâche jusqu'au bout. Notamment faire coïncider les leitmotive note par note avec le texte, mot par mot a été le supplice de Sysiphe. Au moment d'imprimer, tout se décaler et il fallait tout reprendre. A force de lire et de relire le millier de pages de la partition, j'ai cru devenir fou. La nuit je ne pouvais dormir : la musique résonnait ff dans ma tête. Mlle Niggli a partagé avec moi cette corvée, et on s'est dit : plus jamais ça! On ne peut donc appeler cette collaboration une création à deux. Quant à l'imposture informatique, de Closets aurait pu sortir son texte séparément. On nous l'a d'ailleurs reproché. Mais cela eût fait deux petits livres au lieu d'un seul de taille raisonnable. Et puis... je le dis sans fausse honte, j'ai profité de la notoriété de Closets pour divulguer mes idées. De toute manière, nul ne songerait à qualifier d'oeuvre d'Art les deux livres que vous citez.
Les faux ou douteux Brueghels, sont les oeuvres d'un faussaire et on ne saurait prétendre qu'il s'agit d'un travail en équipe.
Le groupisme est une doctrine prônée par les mouvements apparentés à Mai 68 où on annoçait la fin de la création individuelle. Tout travail authentique ne pouvait résulter que d'un groupe dint les membres, gardant l'anonymat, se gardaient bien d'affirmer une supériorité sur les autres. La création résultait de l'interaction de la cellule. A mort, l'egocentrisme, l'exaltation du "génie créateur", l'admiration pour le chef d'oeuvre, signe d'une conception petite-bourgeoise et régressive. A l'ère du groupisme, la médecine résultant d'un travail d'équipe, tous les médecins se valent, pourvu qu'ils se branchent sur les réseaux. Mieux encore, pourquoi faire appel à un professeur de la Faculté de médecine si l'on a mal au foie? Il suffit de rassembler un groupe (on dit aussi un atelier, ou un collectif) de malades atteints des mêmes troubles et les faire dialoguer. De leur créativité collective émergera la solution salvatrice. L'Etat s'est inspiré, à une autre échelle, du dogme groupiste. Lorsqu'un problème se pose, on crée une commission ad hoc, ou pire, un comité ministériel regroupant à défaut de génie, les nullités individuelles en une hyper-nullité consignée dans un rapport.
Bonjour Professeur, Bonjour cher homonyme. Tout d’abord, je vous prie de noter tous deux l’ironie : le défenseur (unique et incompris naturellement) du collectif est opposé dans ce débats aux défenseurs (collectifs) de l’unicité. Mis à part cette remarque que je qualifierais, et ce afin de vous éviter une justification pénible et inutile, de facile je me permet de répondre à nouveau. J’attire votre attention sur la dérive que nous constatons dans ce débat ; au début nous nous interrogions sur la qualité d’un collectif d’exégètes, à cet instant nous nous retrouvons dans une dialectique visant à définir si le génie est collectif ou non. Coupons court à toute polémique inutiles, nous sommes sensiblement du même avis (Ségo ???), en effet je reconnais volontiers le génie issu de l’indivis, de l’unique ; le créateur est unique. Cette dernière comparaison me permet cependant de rebondir : si le génie créé, le collectif explique. Soyons clair quand Dieux créé l’humanité, il réuni à sa périphérie une infinité d’exégètes qui tenterons d’expliquer son œuvre : prophètes, disciples etc. Quand Dali, Picasso, Vinci, Rodin, Einstein, Lorenz créent une œuvre, des générations d’amateurs, de « spécialistes » s’échinent à décoder, interpréter comprendre leurs œuvres et c’est souvent l’amalgame de plusieurs explications, lectures qui permet une compréhension d’une œuvre. On peut alors se demander si la fusion de ces explications, traduites en des termes plus abordables le tout au sein d’un medium tel que le Web et via une interface telle que le Wiki n’est pas une des meilleurs explication. Enfin et pour terminé sur cette question du collectif contre l’unique, je me dis personnellement que la somme des subjectivités en matière de connaissance est préférable à l’objectivité imparfaite de par la nature de son propriétaire (pour celui qui ne suit pas au fond : l’humain). En outre j’aimerai attiré votre attention sur la dernière question que je pose lors de mes précédentes remarques que je traduirai en d’autres mots : l’artiste/ auteur est-il le créateur de l’œuvre, ou l’œuvre s’incarne t’elle via l’artiste (préexiste t’elle) ?
J’attends vos réponses et vous remercie tous deux pour cet échange ; En rédigeant vos réponse veuillez noter que le sarcasme est un outil extrêmement dangereux, en effet il a le dont transmuter le débats en polémique : le productif contre le stérile.
1. Vous avez raison, il y a eu une dérive : on a commencé avec l'intérêt d'un collectif pour un article de Wikipédia et on a fini avec le travail de création Voici une formule heureuse : "si le collectif explique, le génie unique crée". D'ailleurs on peut considérer tous les travaux d'explication de texte, d'éxégèse et de critique, comme des articles de Wikipédia, dans la mesure où tous les auteurs font référence à une confrontation de thèses et de points de vue. C'est d'ailleurs le cas de l'Encyclopédie du Ring, où je résume le contenu d'une centaine d'auteurs.
2. Votre formule " le collectif explique, le génie crée" me plait. Il y a des exception certes. Les travaux de grands critiques d'art, sont souvent issus d'une décantation solitaire. En revanche, des chefs d'oeuvre sublimes du patrimoine, comme les cathédrales, sont un lent processus de sédimentation collective.
3. Vous avez raison : le sarcasme est négatif et ne fait guère avancer le débat. Mais il ne vaut que pour des gens de bonne foi et soucieux de progresser. Les autres méritent un bon coup de pied au c. et c'est ce que leur a administré Molière (la critique de l'école des femmes) et Voltaire dans ses contes, pour ne citer que les principaux de nos humoristes.
Merci, et continuer. J'espère que d'autres vous rejoindront nombreux dans ce forum. Je ne laisserai aucun commentaire sans réponse.
Cher Professeur, Messieurs, j’aimerais revenir sur la phrase de Monsieur de Lisle : « si le collectif explique, le génie crée ».
Sans rentrer dans un débat religieux ou un seul est le créateur, je ne crois pas que le génie crée, je pense que le génie ressent. Prenons, par exemple, le sens de la vue. Le génie voit au-delà des apparences, au-delà du commun des mortels, au-delà de l’admis. Combien de personnes ont vu tomber une pomme? Seul Newton en a déduit la théorie de la gravitation. Combien de personne regarde une montre ? Seul Einstein en a déduit la théorie de la relativité générale. Je pourrais citer encore bien des exemples mais je crois que le point est fait et pourrait être étendu à tous nos cinq sens. Ainsi, bien que l‘acte de création puisse suivre, car ce n’est pas toujours le cas, ne pourrait-on pas définir alors le génie comme celui qui s’interroge afin de comprendre ce qu’il ressent ?
Quant au collectif, je ne pense pas qu’il explique quoique ce soit. Il tente, avec plus ou moins de réussite, de comprendre les génies. Ces derniers sont des précurseurs, le collectif est composé de suiveurs. Ce que je pense des suiveurs ? La réponse est comprise dans la question.
J’aimerais aussi revenir sur un point que vous avez longuement discuté. Le génie est-il solitaire? A cette question Messieurs, je vous répondrai par une citation d’Einstein : « La théorie de la relativité doit son origine aux équations de Maxwell sur le champ électromagnétique ». Maxwell est à Einstein ce que Newton est à Maxwell. Les travaux successifs des trois ont révolutionné le monde. Je pense fermement que c’est la somme des génies individuels qui forment ensemble, LE génie. Pour reprendre votre exemple musical, l’influence de Mozart et Haydn sur les œuvres de Beethoven et de Schubert est immense.
C’est pour cela aussi que je ne vous rejoins pas, Monsieur Lullier, quand vous dîtes, je cite : « il importe peu que des retouches soient effectuées sur l'oeuvre elle même par quelqu'un d'autre ». Et si personne n’ose, et bien j’ose moi dire que c’est un travail de groupe et qu’un chirurgien serait bien incapable d’opérer sans son équipe, j’ose dire qu’un chef d’entreprise serait incapable de gérer son entreprise sans ses employés et j’ose dire qu’un Roger Federer seul sur son court ne gagnerait pas sans son équipe. Encore une fois, Einstein aurait-il pu mener à bien ses travaux sans l’aide précieuse de sa femme pour lui faire tous ses calculs mathématiques?
Cher Professeur, Messieurs, je suis intimement convaincu que c’est par le travail d’équipe que le génie s’exprime. Ayant enseigné à la prestigieuse Wharton School où le « team spirit » est une valeur fondamentale, je ne crois pas, cher Professeur, que vous me contredirez sur ce point.
Cher Charles-Henri. Je ne peux que vous féliciter pour votre intervention, qui est construite de façon parfaitement pragmatique et sur des arguments simples et équilibrés. Etant au courrant de votre parcours scolaire, il serait très intéressant de demander au Professeur ainsi qu'à Monsieur Mulliez (et non pas Lulliez) de la deviner. De nombreux indices parsèment votre commentaire. Dans la mesure où vous vous êtes permis de reprendre une grande partie de nos arguments à nous tous, de les compiler, de les digérer et de nous les resservir, je me permettrais de vous faire quelques réflexion sur la forme. Je trouve le ton un peu hautain, en effet votre phrasé nous indique immédiatement que vous considérez faire partie de la classes que vous nommez vous mêmes les précurseurs. De plus votre forme de rhétorique, prenant à partie les expériences de votre auditoire, a pour but évident de rallier à votre "team", soit l'équipe des précurseurs, les personnes qui vous semblent importantes dans cette discussion. L'étude de votre discours devrait, je le pense, beaucoup intéresser le Professeur, c'est en effet un copier coller d'un certain nombre de préceptes, que lui-même nous à tous fait découvrir que ce soit Monsieur Mulliez ou moi-même et que je vous aie montrés : les lois du pouvoir de Robert Green. En dehors de ce ton qui, à mon sens, est quelque peu déplacé, je trouve votre synthèse de bonne qualité, intéressante et bien formulée, elle eut pu servir de conclusion pour cette rubrique, si elle n'avait pas été aussi démagogue. Je me suis permis de me poser en juge car je vous sais à l'affût de la moindre occasion de vous améliorer, pardonnez-moi dès à présent si, par mes propos, j'ai pu vous blesser. J'espère que le Professeur vous donneras son analyse, que Monsieur Mulliez aura l'amabilité de nous confier ses impressions et que nous aurons à nouveau l'occasion de débattre sur d'autres sujets aussi passionnant, et que vous pourrez nous rejoindre dès le début de ces échanges.
Erratum:
Cher Monsieur Mulliez, je vous prie d'accepter toutes mes excuses pour avoir écorcher votre nom.
Dans l'espoir de vous lire bientôt,
Charles
L'exemple de Wharton est malheureux,
mais ce n'est qu'une coïncidence. Je puis vous assurer que tous mes illustres collègues de S cube, que ce soit le grand Hazan Ozbekahn, Jay Galbraith, Emery, Trist, Ernst Dale, Russell Ackoff ou Stafford Beer, tous menaient leurs travaux individuels, aidés certes par des assistants pour des travaux ménagers, comme la recherche bibliographique, et lorsqu'on prenait un pot le soir, c'était pour papoter autour des intrigues universitaires, des promotions et de l'argent pompé qux sponsors. Au mieux, on parlait de sujets généraux.
Cela dit, prétendre que tout créateur s'appuie sur ses devanciers est un truisme. On n'a même pas besoin d'enfoncer des portes ouvertes. Mais ni Mozart, ni Beethoven n'ont travaillé en équipe. Jamais Beethoven n'a été plus grand que lorsqu'il a été coupé du monde par sa surdité.
Il ne faut pas confondre le travail d'équipe, indispensable pour un travail concret de réalisation ou de micro-novation marketing,mais secondaire lorsque souffle le génie de l'artiste, avec la saine émulation qui, elle, est un stimulant indispensable à la création. Le faire, serait commêtre un abus de langage. Pouvez-vous me dire avec qui VAn Gogh a vait équipe? Certes, il pouvait de confier à Theo, et admirait Gauguin ou les estampes japonaises, mais ce n'est pasdu travail déquipe. Quant à dire que le génie ne crée pas mais ressent, je répondrai qu'il est tout à fait exact que l'oeuvre de création commence par une illumination, la vision de quelque chose qui vous trouble et vous remue ou alors, qui vous saisit comme la foudre. Ce n'est qu'après qu'intervient le dialogue avec la forme, le combat contre les traditions qui lui font violence. Et ce dialogue, ce combat, sont solitaires. Je vous renvoie à un livre remarquable de Léon Astruk : la création artistique. Il montre que le grand créateur a une sorte d'araignée lovée dans son cerveau et qui se nourrit d'apports extérieurs. Elle a besoin d'isolement pour tisser sa toile, et néanmoins de prise sur le réel, qui nourrit l'imagination. Mais il ne s'agit pas plus de travail d'équipe, que celui entre Balzac et les gens qui ont inspiré les personnages de la Comédie Humaine. En définitive tout est question de définition du mot "équipe" et du champ d'application : fabrication d'un savon, promotion d'un logiciel, ou composition d'un poème et d'une symphonie. Merci de vos éclaircissements qui ont le mérite defaire avancer notre connaissance de la langue. A ce propos je trouve que ce blog ressemble de plus en plus aux salons d'antan, et cela me réconforte.
Cher Professeur, l’analogie entre le créateur et l’araignée est très pertinente et me plaît beaucoup. Je vous rejoins tout à fait quand vous dîtes que le dialogue et le combat du génie dans son analyse sont solitaires. En vous lisant, je me rappelle cette petite histoire que me racontait mon grand-père. Savez vous qu’au moins cinq juifs ont marqué l’histoire par leur philosophie : Tout d’abord, Moise nous a appris que tout était loi, ensuite Jésus, tout est amour, Marx, tout est argent, Freud, tout est sexe et enfin Einstein, tout est relatif ! Je me permets cette sailli drolatique car votre exemple de Van Gogh m’interpelle. Aujourd’hui, son génie est notoire mais qu’en était-il de son temps ? Autant que je m’en rappelle, il ne fut reconnu qu’après sa mort et mourut dans une misère noire, comme beaucoup d’artistes de génie d’ailleurs. Ainsi, ne peut-on se poser la question de l’intemporalité et de la relativité du génie ?
Ensuite, comme vous le préciser, Van Gogh était supporté par son frère, tout comme Beethoven par ses mécènes. Dès lors, auraient-ils pu exprimer tout leur génie sans l’appuie de leur prochains ? Pour rebondir sur votre exemple, j’ai moi-même travaillé pour un des leaders mondiaux en fabrication de savon et de parfum. Il était très intéressant de voir que tout le monde se disputait la création du parfum. Etait-ce le nez ou la personne chez le client qui, après maints re-travaux, avait décidé que cette fois, c’était le bon! De plus, vous imaginez bien sûr qu’en cas de succès ou d’échec du parfum, l’attribution de ce dernier avait une tendance furieuse à changer de propriétaire! Ce qui est sûr, c’est que les deux étaient entourés d’une multitude de personnes pour les supporter dans leurs taches. Ainsi, la question que vous poser à la fin m’intéresse fortement. Qu’est ce que le « travaille d’équipe » ?
Visiblement, Alexandre et moi sommes très branchés. Sailli, appuie, vous le preciser, vous le poser, travaille !!!! Molière doit se retourner dans sa tombe!
La réponse ci-dessus était adressée à Charles Henri de Bournet. Par ailleurs, et c'est valable pour tous les jeunes qui écrivent leurs commentaires : attention aux fautes de français. Le français est une plante fragile qui resiste mal aux pollutions du smiley et du franglais. Et il s'oublie à toute vitesse, dès qu'on cesse de l'écrire. Mon fils ne s'exprime plus qu'en Anglais et en Allemand. On a l'impression que pour lui le français est une langue récemment apprise, alors que c'est sa langue paternelle. J'avoue que moi-même qui avais une excellente orthographe, (1 faute à la dictée du diable), j'empire tous les jours depuis que l'utilise l'ordinateur et son correcteur d'orthographe (qui pass le temps à se tromper).
Bonsoir Professeur, je suis navré par mon orthographe qui est malheureusement un de mes plus grand point faible. Je trouve excellent votre exemple sur l'araignée et je trouve notre entretient enrichissant. J'ai surpris au détour d'un autre de vos blocs note (celui qui concerne la sortie de Virus) que vous pourriez soumettre dans ce blog une partie de votre futur ouvrage. Nous pourrions peut-être y apporter notre contribution par nos réflexions, nous serions une sorte de réseau de neurone ? Avec mes très respectueuses salutations à tous.
Ne vous excusez pas, cela signifie que vous êtes un jeune branché! Je crois plus utile de vous signaler vos erreurs. "mes plus grands points faibles" (pluriel) entretient est sans t. mes bloc-notes, il y a beaucoup de neurones dans un réseaux, ce qui mérite un s. Cela n'a rien à voir évidemment avec le contenu. Un énarque écrit des sottises prétentieuses, dans un français administrativement parfait. Je pense que ce blog a trouvé sa vocation éminemment utile : enseigner le français!
merci d avoir donner l occasion de m exprimer de dire se que je veux assez longtemps sauf des empechemments toujours blocs le chemin qui n a pas de fin mes l idee reste la meme et se solide avec le temps. bain personne dans se monde ne peut transmetre une information sans l aide des autres meme par ecouter ou ecrire ou dire ou bien demander ou l exemple qui dis si tu frappe une porte comme si tu frappes toutes les portes .....................
parlant de l art , de la culture ou d autres dans l histoire meme les savants etaient blocs par plusieurs effets non espere que dans nos jours nous avons constates plusieures defauts provoques par les fautes des autres .parfois nous arrivons a resilear pas mal des problemes par les manifestations des autres sans rendu compte mais le but restele meme.........
C'est déjà pas mal !!! Dans la France des Dihimis s'eût pu être l'arabe.
Cher Professeur,
Je viens de compulser votre dernier billet du 14/03 et je voulais l'affubler d'un petit commentaire, néamoins il semblerait que vous ayez, par mégarde peut être, bloquer la possibilité d'ajouter un commentaire.
Monsieur youssefchraibifadil, il est absolument important pour vous que vous appreniez à maîtriser le français, au moins au stade élémentaire, faute de quoi toute communication est impossible. Je connais des immigrés de fraîche date qui en trois mois s'y sont mis, d'autres, des français, obligés de s'expatrier en Angleterre, ou en Amerique latine, ont dû faire l'effort d'apprendre la langue par des méthodes accélérées. Faites-en de même ou exprimez-vous dans votre langue maternelle, je suis sûr que vous avez bien des idées intéressantes à communiquer et que l'effort en vaut bien la chandelle. Croyez-en l'expérience d'un vieux professeur chevronné qui vous veut du bien.
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Commentaires
à propos Sun 05/06/2011 à 13:23
Intéressant tout ça! Je vois l
e morceau d'une toute autre fa
çon maintenant.
Mais j'ai ju
ste une question:
Comm [...]
à propos Thu 12/05/2011 à 22:20
Voici un commentaire sur ce si
te, qui va dans le même sens q
ue cet article :
http://www.m
ilec.com/pres/conseils.h [...]
à propos Wed 09/03/2011 à 15:31
Bonjour,
Vous êtes cordiale
ment invité à visiter mon blog
.
Description : Mon
Blog(fermaton.over-blog. [...]
à propos Wed 02/03/2011 à 21:10
Bonjour,
Vous êtes cordiale
ment invité à visiter mon blog
.
Description : Mon
Blog(fermaton.over-blog. [...]
à propos Sat 18/12/2010 à 11:47
Il est vrai que le style préci
eux et emberlificoté de Guy Sa
cre peu agacer. Ce monsieur a
un côté "je sais tout" a [...]
à propos Sat 13/11/2010 à 07:15
Management et physique quantiq
ue
Consultant en entreprise e
t intervenant sur des probléma
tiques d'innovation, j'a [...]
à propos Wed 22/09/2010 à 15:45
MARINA ou PIERRE.
Merci de m'
écrire ou de me téléphoner.
A
bientôt.
ELIO
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