Billets par Bruno Lussato
Billets indélébiles
Des séductions de l'esclavage
C'est Toqueville qui disait, je crois, qu'il n'y aurait pas tant de tyrans, si les esclaves n'y trouvaient leur compte. Mon expérience des entreprises, m'a montré, qu'en dépit de leurs revendications à plus d'autonomie et de décentralisation, bien des cadres répugnent à une liberté qui entraîne des responsabilités et des risques de sanction. La centralisation a ceci de bon, est que pourvu que le subordonné obéisse servilement aux ordres de son supérieur, il sera relativement en sécurité. Ceci est encore plus vrai dans les mégaentreprises publiques et les bureaucraties, où le cerveau droit se voit dispenser de tout jugement de valeur, et le cerveau gauche accomplit avec régularité ses tâches formalisées. (cf. la théorie bicamérale de Jaynes, in Virus).
Le best-seller de Jonathan Littell, Les Bienveillantes, décrit fort bien cet état d'esprit, dénoncé par Hannah Arendt et confirmé expérimentalement par les expériences Milgram. On y constate que lorsque l'homme est dédouané par l'autorité et dispensé de tout jugement de valeur, il devient aussi impitoyable qu'un robot sanguinaire. Il faut cependant tenir compte de ce que toutes les cultures n'ont pas cette propension à la servilité, elles la rejette au delà d'un seuil inacceptable de barbarie. Littell observait avec raison que si l'Allemagne et la France , se distinguaient par une soumission consentie à l'horreur, les Danois et les Italiens se révoltaient et refusaient les directives imposées par les Nazis, à la grande indignation de ces derniers.
La dialectique soumission-domination se trouve à l'état pur dans le rapport entre maître et esclave, actif et passif, seigneur et valet. Elle trouve également une illustration dans la "dhimmitude", cet état de soumission imposé par les musulmans respectueux du Coran envers les infidèles, qui doivent payer par un tribut, et des marques de subordination, le privilège d'être toléré.
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L'art contemporain, entre génie innovateur, spéculation et fumisterie
Elucider une oeuvre d'Art, exige deux démarches complémentaires.
D'une part la connaissance du processus de perception artistique : qu'est-ce que comprendre? Faut-il comprendre ou aimer? Qu'est-ce que la fidélité à une oeuvre? Qu'est-ce qu'un malentendu artistique (non seulement rejeter une oeuvre valable, mais aussi aimer pour de mauvaises raisons).
D'autre part la définition des critères de valeur en jeu. Certains retiennent le plaisir que procure la contemplation, d'autres sa valeur sociale, ou encore la rigueur de son développement formel. Les notions de "beau" et de "laid" ne sont plus des concepts évident à l'ère où l'immonde ou le détritus peuvent être admis au panthéon des chefs d'oeuvre. (L'exploitation de cadavres humains, ou des manifestations scatologiques).
On s'intéressera à des domaines très différents, du paysage chinois à l'hyperréalisme américain, de la musique polyphonie de
la Renaissance au rap. La psychologie de l'art traite aussi bien de la genèse dans l'esprit du créateur, que l'aboutissement de l'oeuvre achevé. Notamment les performances provocatrices de McCarthy, ou les mises en scène iconoclastes d'opéras, réclament un travail d'élucidation, où sont requises des qualités antagonistes d'empathie et d'esprit critique.
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Une discipline du sens
La sémantique est la discipline qui traite du contenu des messages par opposition à la sémiologie qui ne s'intéresse qu'à la genèse et à l'articulation des signes. La sémiologie est une science close, ne renvoyant qu'à elle même. La clôture linguistique est un terme couramment utilisé qui décrit la circularité des définitions des dictionnaires. Un mot renvoie à d'autres mots et en fin de chaîne on se retrouve au point de départ. La sémantique part des signes pour arriver à la signification, généralement non linguistique. Il existe de nombreux ouvrages sur le sujet, notamment ceux de Ogden et Richards, mais le plus important à mon sens est Language in Though and Action de S.I. Hayakawa, un classique facile à lire et à comprendre, qui popularise et approfondit les thèses du père de la Sémantique Générale, Alfred Korzybski.
Les premiers sémanticiens, comme les premiers sémiologues (Greimas, de Saussure, Prieto) ne s'intéressaient qu'au verbe et à l'écrit. Ne retenant de la vie que sa traduction livresque, ils finirent par se persuader qu'il n'est de pensée que du langage. Aujourd'hui, les esprits ont évolué et on a compris qu'une pensée élaborée peut s'exprimer par des notes de musique, des formes et des couleurs dans une toile, des Katas dans les arts martiaux. La prééminence de l'écrit et du verbe a cédé, à l'ère de l'explosion des multimédia.
Dans cette perspective ouverte, j’aborde la signification de la signification des oeuvres d'art, des concepts scientifiques, des performances et des spectacles multimédia. Ainsi, "Le Regard du sourd" de Robert Wilson, grandiose opéra élaboré et articulé, s'étendant sur plus de quatre heures, est-il dépourvu de parole.
Cette rubrique renvoie au "Ring" de Richard Wagner, où la musique entre en compétition avec l'image et le verbe, pour exprimer l'action.
Information : des concepts disparates
Information, système, deux mots fourre-tout qui finissent par ne rien dire, désignant des réalités et des concepts disparates, voire contradictoires.
Le concept d'information couvre un domaine aussi étendu que la vie elle-même. On l'emploie aussi bien pour désigner les communications intercellulaires que pour les influx nerveux qui sillonnent les neurones, les flux électroniques responsables de notre activité cérébrale, de notre comportement, ou du fonctionnement des automates, ou encore de ce que délivre à notre psychisme un tableau, une partition, un paysage, une émission de télévision. Cette hétérogénéité se traduit par la multiplicité des approches. La théorie de l'information initiée par Claude Shannon, n'a pas grand chose en commun avec la sémantique de Hayakawa, le behaviorisme étroit de Skinner, les expériences parapsychologiques menées à l'Université de Princeton, ou le discours d'un démagogue, étudié par un sociologue ou par un spécialiste de la communication non verbale.
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Razzia sur un musée
L'histoire des instruments d'écriture est intimement liée à celle de transmission des textes, des calames arabes, des pinceaux chinois et des stylets romains, à la plume d'oie, à la "sergent major" et à la plume calligraphique parallèle, chef d'oeuvre de haute technologie, conçue par le leader des instruments d'écriture, le japonais "Pilot".
En 1990, encouragé par Kymiasu Tatsuno, l'un des meilleurs connaisseurs mondiaux en matière de stylos de collection, par Rafaella Simoni Malaguti, qui fabriquait la Rolls Royce des instruments d'écriture sous la marque OMAS, et sous le parrainage de Pilot, le leader mondial, créateur des stylos en laque NAMIKI, chefs d'oeuvre dominant toute la production de tous les temps par des pièces signées par les plus grands maîtres japonais, je fondai le musée du Stylo et de l'écriture.
Le premier site se trouvait au Centre Culturel des Capucins, à Montfort l'Amaury. Lors du rachat du Centre par l'Oréal, il fut transféré rue de Chaillot, puis au 3 rue Guy de Maupassant, à Paris. Il était composé de quatre sections : la préhistoire du stylo, aboutissant au premier stylo fiable créé par Waterman en 1883, le premier âge d'or du Stylo , de 1900 à 1930, le deuxième âge d'or, de 1989 à 2000, enfin les grandes innovations grand public comme le stylo à bille, le gel, les stylos calligraphiques.
Le musée présentait la seule collection couvrant de manière presque exhaustive et équilibrée toutes ces sections. Il fut victime d'un hold-up en l'an 2001 qui vit disparaître la quasi-totalité des pièces les plus précieuses, mais il en subsiste quatre publications en couleur, et surtout une connaissance et une expertise qui dépassent le simple champ du collectionneur mais projettent un éclairage passionnant sur l'évolution esthétique et technique d'un objet qui a perduré pendant des millénaires.
La rubrique contiendra un survol sur l'évolution des instruments d'écriture, le récit du hold-up et les péripéties qui ont émaillé la recherche des pièces volées, véritable polar, nous transportant du milieu des trafiquants yougoslaves de Saint Denis, aux maffiosi de Biélorussie, et dévoilant les agissements douteux d'une compagnie d'assurance et de la justice de Hanovre.
Ci dessous l'affichette d'une très belle exposition sur les stylos exécutés en or, platine, laque de chine et autres matières précieuses. Le musée était assez important pour organiser les expositions sans faire appel à des collectionneurs extérieurs. L'adresse du musée était alors rue de Chaillot, en face du musée Galliera.
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Un observatoire des médias
L'ISD est un Think Tank animé par quatre spécialistes de la théorie des systèmes, qui se réunissent tous les ans à Divonne-les-Bains dans la plus grande discrétion En effet les thèmes explorés sont politiquement incorrects, et risqueraient de compromettre leur carrière universitaire, d'où l'anonymat qu'ils souhaitent garder. Leurs travaux font l'objet d'une publication annuelle réservée aux sponsors. Un des thèmes abordés est le décodage des médias autour de thèmes bateau, les "issues" des américains. Certaines de ces analyses sont publiées dans le livre "Virus, huit leçons sur la désinformation" paru aux Editions des Syrtes (voir la rubrique Virus). L'internaute est vivement encouragé à ajouter ses commentaires et ses propres analyses.
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