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Wednesday, 11 February 2009
CHRONIQUE
D'entre les souffrants
Mes chers internautes,
une foule d'éloges ont accompagné le blog sous la plume talentueuse de S***. Imagination, correction du mot juste, rêve, ont frappé mes internautes, que des tonnes de barbarismes ont laissé une vague nostalgie de cette belle langue que nous ont léguée nos aïeux. Que de super-mecs, super-bons sont systématiquement gavés par les médias, systématiquement entraînés au moche, au médiocre, sous la déferlante américaine. Et si l'attraction souterraine et un peu honteuse du "parler bourgeois" s'obstinait à nous vriller le goût et les sens? En ce moment on passe un admirable téléfilm sur le Cardinal Mazarin. Certes, aujourd'hui, comme jadis, le peuple a faim et les nantis se gavent. Mais au moins ces nantis édifiaient de splendides monuments de civilité tels que précisément la bibliothèque Mazarine, qui profitent à tous et font de Paris la plus belle ville du monde. Est-ce si négligeable? Aujourd'hui les nantis sont plus arriérés que des bouviers, sourds et aveugles à la beauté. Allez voir leurs pitoyables et gigantesques hôtels, le kitsch et les horreurs architecturales.
Mazarin est un téléfilm riche en exemples d'une civilité qui se constituait, sous la houlette peut-être snob de Mlle de Scudéry et de sa carte du tendre, qui épura ce qu'il y avait de grossier dans La Jalousie du Barbouillé destinée aux planches et aux trétaux itinérants. Il en sortit un style si pur, qu'on songea à l'attribuer à l'influence de Thomas Corneille. Pareillement, à l'époque élisabéthaine se fit le partage des eaux entre grossièreté drue et verve licencieuse et extrême sensibilité de la langue.
Et pourtant... Tous n'assistaient pas au téléfilm Ils pensaient les pauvres qu'un débat sur la peine de mort, éculé s'il en fût, était plus de saison. Alors que le problème de la peine capitale ne peut se réduire à aucune raison, à aucune argumentation logique, sinon à un débat faussé dès le début, miné par la rhétorique et la mauvaise foi de part et de l'autre. Indigence de la pensée, ignorance des fondements du sens, chers aux sémanticiens. Les anges sont-ils mâles ou femelles? On a tué et on tuerait encore pour de telles insanités de l'esprit.
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Thursday, 10 January 2008
Nouvelles rumeurs
J'espère que ces lignes clôtureront une polémique qui vire au cul de basse fosse. Il est temps de passer à autre chose.
Un homme dont je n'ai dit et écrit que du bien et qui me l'a bien rendu, est devenu fou. Fou de rage, de dépit, de vanité offensée, je ne sais. Il me voue comme la plupart de l'establishment une hargne chargée de haine. A quel propos? Une controverse sur l'interprétation et la compréhension de la musique. (Cf. Polémique avec Philippe Estivalezes.) Il a parfaitement raison de juger mon comportement envers lui inacceptable de violence verbale et j'e m'en suis aussitôt excusé dans ce blog. Mais il n'a pas sû ou voulu considérer que ce n'était pas en cause mais une certaine vision mélomane (comme on dit wagnéromane) plus ou moins mondaine, que je déteste, il est vrai, car je défendrai toujours les grands créateurs contre ces connaisseurs autoproclanés qui non contents d'ignorer, leur message, le trahissent avec délectation propageant des énormités et contribuant désinformer un public de dupes mimétiques.
C'est ainsi que j'ai appris récemment qu'un de ces hommes, vexé comme un pou, propage des rumeurs inédites. Non content de m'insulter dans mon blog, il le passe au crible avec la précision d'un policier, afin de trouver la pierre qui va enfin m'abattre. Evidemmment je ne vise pas Monsieur Eusèbe ni le Docteur Méduso, que j'estime incapable de telles bassesses, mais, qui sème le vent récolte la tempête. Je commence à me demander si bien de mes ennemis, ne seraient des humanistes, cultivés et très poli, que j'aurais vexé en dévoilant - sans le vouloir - une incompétence soigneusement dissimulée. Ces gens-là, essayent de me réduire au silence en évoquant billets imprudents, ou encore propos agressifs, en oubliant qu'ils ressortissent d'un genre classique en critique littéraire : la polémique.(polemik) qui est un "échange de discours dont le ton est vif ou agressif".
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Sunday, 22 July 2007
L'homme sera spirituel ou ne sera pas.
Cette formule d'André Malraux est appliquée au XXIe siècle. Elle montre une singulière préscience de la part d'un homme de culture et un penseur qui s'est distingué par ses positions révolutionnaires. C'est, qu'enfin, nous arrivons à une croisée de chemins, où l'homme est encore libre de choisir son destin. Il ne serait pas exagéré de parler d'Apocalypse à condition qu'on ne considère pas le titre de la prophétie de Jean, comme uniquement synonyme de cataclysmes et de terreur, mais aussi, sous son acception originale : Révélation.
On connaît la comparaison des phases de développement de l'humanité, à partir du stade agricole, puis industriel, enfin post industriel tourné ver l'informatique. Nous voici au seuil de l'ère de la communication, tant de fois annoncée ou dénoncée. C'est que comme la langue d'Esope, le déferlement des messages qui inondent nos canaux, nos réseaux, les librairies, et notre esprit sans cesse sollicité, peut être la meilleur ou la pire des choses.
Il ne faut pas à mon avis se laisser impressionner par l'état actuel de confusion, où les menaces médiatisées et sidérantes : pollution, terrorisme, violence, abêtissement de la majorité de la population par les mass media, masquent les bourgeons qui sont en train - timidement - de naître. Nous risquerions de perdre de vue ce qui me semble une prise de conscience d'un nombre croissant d'occidentaux.
La vogue pour le développement durable, pour l'écologie, pour la solidarité avec le tiers monde, pour la promotion de la femme à des postes-clé, pour la fusion du Yin et du Yang, est plus qu'une mode passagère. Elle annonce à mon sens un profond changement des mentalités; qui échappe hélas aux bureaucrates, mais commence à toucher les hommes politiques européens.Des prises de positions venues de toutes parts, des actions accomplies par des hommes de bonne volonté et souvent héroïques, ne sont pas isolées lorsqu'on les considère de loin, elles forment un sillage lumineux qui traverse le ciel comme une trace d'espérance.
Il est d'autant plus important et urgent de prendre conscience du processus spirituel qui est en train de s'accomplir et dans lequel les femmes sont parties prenantes, catalyseurs et dans bien des cas, leaders indiquant la voie.
Continuer à lire "Le billet de Marina Fédier. N°3"
Friday, 19 June 2009
CHRONIQUE
REBIRTH - Re-naissance
Aujourd’hui 18 juin 2009, j’ai été baptisé selon les rites orthodoxes. Avoir embrassé la religion orthodoxe est une démarche qui n’a rien de spontané. En fait elle a été préparée lors de mes 35 ans, lorsque dans le plus grand secret j’ai commencé à écrire L’Entretien, Apocalypsis cum Figuris. Ce travail n’est apparu au jour que lorsque la Bibliothèque Nationale de France a été alertée par quelques calligraphes et a envoyé toute une équipe pour étudier le document. A l’issue de l’étude, la décision a été prise de déclarer ce manuscrit à peintures, comme partie du patrimoine de notre pays et de l’admettre dans la salle des manuscrits anciens, insigne honneur qui m’est fait avec comme contrepartie, le très grande difficulté d’accès à cette salle (gants blancs, masque de protection, garanties de compétence, etc.). Il faut des semaines de démarches pour tenir en main ces précieux manuscrits, des livres d’heures médiévaux, aux pages minutieusement tracées de Proust.
L’Entretien fut entrepris deux ans avant qu’un rabbin nommé Cohen déclara représenter un groupe de spécialistes de la cabale et que ces derniers eurent la révélation que j’étais dépositaire de de la pensée du plus grand des cabalistes : Moshe Hayyim Luzzatto. Deux années de suite je déclinai leur proposition d’apprendre l’hébreu pour poursuivre le travail de Luzzatto. Je ne me rendis compte que des décennies après que sans le savoir j’étais en train de dresser un schéma formalisé des forces et des doctrines du monde actuel, ce qu’aurait fait sans doute Hayyim s’il avait vécu aujourd’hui. Comme Luzzatto de son temps, notre époque l’aurait chassé, vilipendé, haï, moqué. Ce n’est que voici quelques années que l’on découvrit que j’étais en fait un descendant du grand cabaliste, de même que par ma mère, une Donati, j’étais lié à Dante, dont la femme était une Donati.
Mon manuscrit à peinture, devait être construit selon un triptyque avec l’enfer, le purgatoire et le paradis. L’enfer est fini d’écrire, j’en suis au purgatoire. Depuis l’inspiration a baissé et on désespérait d’éditer l’ouvrage, quand tout cela démarra aujourd’hui avec mon nouveau baptême. Alors que je suis un chrétien convaincu par le truchement de Bach, Mozart et Beethoven réunis, je remis en doute l’attitude rigide d’envoyés du pape. Deux exemples :
Ma femme se mourait mangée par le cancer et laissant mon fils de 14 ans, Pierre, orphelin.
Elle regretta toujours de ne pouvoir rentrer dans le sein de l’Eglise, étant divorcée à cause d’un amant qui la dupait. J’en parlai au supérieur de l’ordre des dominicains.
Ce dernier m’enjoignit de quitter ma femme, divorcée, et me détacher de l‘orphelin.
L’autre cas, est la décision du présent pape, d’excommunier une pauvre femme violée et son enfant sans toucher au violeur. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Jamais Jean-Paul II n’eut pris une décision aussi impopulaire.
Les raisons qui me firent opter pour la religion chrétienne furent les suivantes :
1. Lorsque le concile de Nicée, il eut un schisme. Sous l’influence du Vatican, on dut opter soit pour la reconduction de la religion initiée par le juif Pierre, au nom de la bible certes ; soit pour la nouvelle religion composée pour des raisons politiques. Je fus hostile à cette trahison des Ecritures.
2. La religion catholique met l’accent sur la douleur, le martyre, la sainteté des châtiments corporels, alors que la religion orthodoxe est tournée vers la résurrection.
PRÉCISIONS
La réaction de quelques amis à l’annonce de ma conversion à l’Eglise orthodoxe, a été la stupéfaction, d’autant plus qu’ils ne soupçonnaient pas chez moi, l’existence d’une préoccupation d’ordre religieux. Cette réaction sera amplifiée par le billet « re-naissance » et je ressens le devoir et le désir de m’en expliquer.
Depuis bien des années, tous les Noëls (comme les jours de l’an), mon fils les passe dans la très catholique Pologne, lui même pratiquant. Jamais il n’a éprouvé le désir de passer un seul Noël avec ma sœur et moi, seuls au monde. Nous prîmes alors l’habitude de trouver du réconfort à l’Eglise Episcopale de l’Avenue Georges V à Paris. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un lieu œcuménique, ouvert à tous les croyants chrétiens : catholiques, protestants, anglicans etc. L’ambiance de ce saint lieu est à la fois familier, chaleureux et recueilli, et les hymnes sont magnifiques. L’assistance est composée d’employés des ambassades des Etats-Unis, du Royaume Uni, de Québec, d’Australie, et des pays du Nord. On peut y ajouter des dirigeants des filiales parisiennes de puissantes multinationales. Il participent à la messe, chantent les hymnes indiqués par des panneaux mobiles affichés sur les côtés. Mais les deux moments qui me frappèrent le plus furent le processionnal qui ouvre la messe et le récessionnal qui le ferme. Les enfants de chœur portant de grands chandeliers et suivis par les officiants, et l’évêque portant la Croix, font leur entrée, puis leur sortie sur des hymnes répétitifs, fortement scandés sur un rythme de marche et traversant toute la cathédrale par l’allée principale. Ils sortent de même symétriquement.
Le sentiment du sacré m’a été infusé par les deux grands compositeurs, J.S. Bach avec sa Messe en Si, Beethoven avec la Missa Solemnis. L’œcuménisme est révélé par le fait paradoxal que le protestant de la Messe en Si a suivi le texte catholique (je crois en… la Sainte Eglise chrétienne, une et apostolique) alors que le catholique Beethoven a fait une œuvre protestante ! Quelle importance.
Il convient de ne pas perdre de vue que la première église a été juive, et conformément à la Volonté du Christ, fondée par Pierre, la première pièce de l’édifice. S’ensuivirent la reconnaissance de la Sainte Vierge Marie, de la conception immaculée, et des Saints. Cette église a été bâtie avec la croyance des apôtres juifs. La seule différence entre la religion juive et la religion chrétienne, est que les uns attendent toujours un Messie, qui pour les catholiques a été ressuscité. Pour les Chrétiens de Constantinople, plus encore que le martyre et la crucifixion, la résurrection et l’avènement de la victoire du Bien sur le Mal sont importants. Et voici que pour des raisons politiques, Rome voulant surclasser Constantinople, il y eut une opposition au début mineure, mais par la suite qui aboutissant au Concile de Nicée, ne cessa de s’affirmer. La faille devint crevasse, puis abîme. La forme originale de l’Eglise, avec l’affirmation de la séparation de l’Eglise et l’Etat, Dieu et César, persiste aujourd’hui encore, orientée sur la jubilation et l’espoir. l’appeler orthodoxe est un pléonasme. L’Eglise perpétuée telle qu’elle fut fondée, est forcément orthodoxe. Les autres formes et avatars furent le catholicisme et la dissidence luthérienne, calviniste, anglicane… Les mobiles de telles évolutions fut avant tout politique et économique. Les princes allemands en avaient assez de payer de riches tributs à Rome. L’église anglicane naquit de la sensualité de Henri VIII qui voulait divorcer de Catherine d’Aragon, pour épouser Ann Boleyn, plus jeune, plus désirable et qui n’hésita pas pour cela de divorcer du même coup de Rome tout en s’appropriant des biens du clergé.
En opposition radicale avec l’Eglise Orthodoxe, l’Eglise apostolique romaine, mit l’accent sur la crucifixion et le martyre, faisant de la souffrance elle-même une vertu salvatrice. Il s’ensuivit un culte morbide de l’autoflagellation, qui combinée à des soubassements sexuels à peine déguisés peut nous paraître aujourd’hui répugnant.
Néanmoins il faut prendre ces considérations avec prudence. Alfred de Vigny proclamait que les chants désespérés sont les chants les plus beaux. Il est certain que dans les grandes œuvres musicales, les moments les plus émouvants, sont les plus pathétiques, les plus dramatiques, les plus tragiques. La crucifixion, les persécutions, la terreur de là mort, portent au questionnement, et ce que l’on peut reprocher à l’orthodoxie post byzantine, est son manque d’expression, une certaine raideur, la suppression de l’individualité avec ses faiblesses.
Toutes ces réflexions vous permettront de comprendre que tout en étant orthodexe, je n’entends pas sacrifier le moins du monde ma foi de catholique, de protestant, et ni le messages mystérieux et visionnaires qui proviennent de l’influence de Moshe Hayyim Luzzatto, ce mystérieux ancêtre.
Toutefois il y a un autre facteur qui pesa dans ma détermination. Ce fut Mischa qui me le fit découvrir. Mischa n’est pas religieux et encore moins pratiquant, mais il fut touché par ma décision. Car pour lui elle exprimait mon désir d’appartenance à de que l’âme russe a de plus profond. Ceci d’autant plus que tout a été l’œuvre de Tatiana, sans laquelle jamais je n’aurais trouvé les contacts, l’énergie, l’organisation indispensables pour ce baptême. Plus que d’apprendre le Russe, devenir, à mon âge et affrontant des périls sérieux, orthodoxe est une preuve d’attachement pour le pays qui m’a donné les affections, l’amour, le plus profond que j’aie connu dans toute mon existence.
Bruno Lussato. Ce 20 juin à minuit.
Voir la couverture photo du baptême dans le corps du billet
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Thursday, 9 August 2007
Repli et retrouvailles
Il continue de pleuvoir. En quelques jours il s’est produit une chute de température de près de vingt degrés, et le château est chauffé. Berne est sinistré, les inondations entravent toute circulation. Mon projet de visite à la fondation Klee, sans cesse différé, est une fois de plus compromis. Mais paradoxalement je me sens plus en forme par ce temps exécrable que dans la moiteur un peu étouffante du beau temps de la semaine dernière. Question de pression sans doute.
Mes collègues sont indifférents au temps, et se perdent dans des discussions passionnées sur des points qui me semblent purement académiques. La géopolitique fait en ce moment bon ménage avec la physique quantique et Marina Fédier en a profité pour écrire un billet sur les relations entre les nouveaux paradigmes de la science (ils n’ont qu’un siècle !) et ce que le XXIe siècle nous prépare pour le meilleur ou pour le pire.
Une des discussions concerne le programme de l’année prochaine et surtout la langue adoptée pour nos rapports. Jusqu’ici j’avais imposé le français, car c’est ma langue véhiculaire par excellence et mon point de vue a prévalu, un de mes collègues étant genevois, deux autres canadiens et le dernier, américain, comprend le français. Mais le souci d’alignement aux normes internationales prévaut, et il est possible que d’ici le mois d’août prochain, ce blog sera au moins en partie rédigé en anglais.
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Sunday, 5 April 2009
CHRONIQUE
Immobilisme et stagnation
Je suis contre, on l'aura compris. Mais je saisis l'occasion pour donner l'exemple d'un entreprise familiale que j'aime et que je respecte depuis des décénnies et de la manière de laquelle elle s'est préoccupée de sa succession. Grâce à son président, mon ancien disciple, j'ai reçu une magistrale leçon de mise en garde contre l'immobilisme. L'élève a dépassé le maître.
Pourtant cette mise en garde contre la paresse d'esprit et le manque d'imagination qui sont à l'origine de l'immobilisme, je les ai combattus pendant toute la première partie de ma carrière de conseil et d'enseignant, vouée à la SDT, la Simplification Du Travail. Cette discipline exige évidemment que l'on fasse la guerre à toutes les tâches inutiles héritées d'une pratique rodée et qui paraissent d'une évidente nécessité.
Mais la SDT ne s'arrête pas là, car après la phase d'analyse, vient celle de la combinatoire, de la reconstruction sur de nouvelles bases qui ne doive rien aux habitudes et aux préjugés passés.
Je vais vous en donner un exemple d'application dans le cadre d'un grand et célêbre magasin de la capitale : le BHV où je passai 17 ans de ma vie professionnelle en contact étroit avec le personnel de base : caissières, manutentionnaires, vendeurs, chefs de secteur. Ci-dessous on me voit à cette époque, dans mon somptueux bureau du BHV. C'était un privilège d'avoir ainsi un bureau pour soi tout seul. Celui ci donnait sur la cour de la rue de la Verrerie et j'n étais très satisfait !.
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Lorsque des clients achètent dans plusieurs rayons des marchandises destinées à être livrées, quoi de plus naturel que de les regrouper au fur et à mesure des achats sous une adresse unique définie par un numéro d'ordre. Le lendemain les camions de livraison chargeront les marchandises d'après le numéro d'ordre. Le problème est que lorsqu'on commet une erreur de numéro, et cela arrive souvent, la marchandise stagne dans les entrepôts alors que le client n'est pas livré. Pour atténuer son mécontentement, on est obligé de recommander de la marchandise . Que faire? Il existe un moyen radical mais qui semble absurde : livrer chaque colis séparément au client. Plus de No d'ordre, puisque c'est l'adresse qui prévaut. Donc, si l'acheteur achète quatre lots dans des rayons différents, chacun va lui être livré séparément et directement.
Aussi curieux que cela paresse, je ne me suis pas interdit d'éxaminer cette solution qui s'est révélée la.seule valable et constitua le fondement du système dit des "zones". On gagna sur tous les tableaux aussi bien celui de la fiabilité que celui des coûts d'établissement des bordereaux de livraison destinés aux livreurs et énumérant la liste des marchandises classée par numéro d'ordre.
Ci-dessous, on me voit à Acapulco pendant un week-end touristique avec Roger Staffe. Le BHV, très généreusement me payait des voyages d'études aux Etats-Unis, dans des conditions exceptionnelles de confort. C'est ainsi qu'au cours d'un séminaire MMM donné par Trujillo,le visionnaire de la grande distribution, je rencontrai Gérard Mulliez, qui fut le seul à avoir compris l'enseignement et à le faire passer dans la pratique.
J'entrainai mon patron, le directeur de la logistique (manutentions, stockage, livraisons) Roger Staffe aux Etats Unis et cela renforça beaucoup notre complicité professionnelle. Sans son appui inconditionnel, j'aurais végété lamentablement ou pis encore, je serais monté à la direction du groupe, bien loin de la réalité. On remarquera ma maigreur et mes yeux un peu hagards de visionnaire. J'étais un ennemi acharné de l'immobilisme, des rentes de situation et du gaspillage. Je n'inspirais guère confiance aux pontifes traditionnels qui me prenaient pour un exalté irréaliste et un révolutionnaire utopiste. , Quelques uns en revanche furent mes partisans enthousiastes comme le Président du lait Gloria Pierre Poux , et surtout Monsieur Peuch-Lestrade, président de Primagaz qui me laissa le soin de former M. Jean Charles Inglessi, le fils du fondateur, au management. Ce fut le début d'une relation de confiance qui perdure encore aujourd'hui.

L'intelligence di Directeur de la logistique, Monsieur Roger Staffe, fut donc de me faire confiance et de me soutenir dans ma démarche, alors que les Galeries Lafayette et le Printemps, eurent recours à une informatisation qui aggrava encore le problème en ajoutant aux erreurs de la machine à celle des hommes. Mais informatiser était chic, alors que la méthode des zones utilisait de papier crayon et de petites calculettes, ce qui nous valut d'être taxés de régression technologique. Et après? dit notre président. Si on gagne sur tous les tableaux, n'est-ce pas suffisant? N'est-ce pas le but de notre politique d'économies?
Hélas tout a une fin, et à la suite du départ de Georges Lillaz, génie des affaires et coeur généreux, ce fut un transfuge informaticien des Galeries Lafayette qui rétablit l'ordre informatique et signa l'arrêt de mort du bon sens et de l'innovation véritable. Je quittai alors le BHV pour gagner une entreprise de distribution commerçante et innovante, dirigée par un génie terre à terre comme je les aime. Et voyez-vous, j'y suis toujours!
Mais cette remise radicale en question demandait une fraîcheur d'imagination et une mobilité psychologique que j'avais tendance à perdre, comme me le rappela mon ancien disciple.
Une image utile par les temps qui courent : en temps de crise grave, le cercle de feu se rapproche, menaçant les scorpions qui, paniqués, s'entre-dévorent. La seule voie est la sortie par le haut, et l'échelle qui la permet, c'est la mobilité des esprits et des organisations. Mon fils vice-président d'une banque vénérable, forte de 150 ans d'expérience et d'une réputation sans tache, comptait faire sa carrière dans cette organisation qu'il aimait et connaissait intimement, sans se rendre compte qu'il s'enfonçàit dans le coocooning. La faillte brutale et inattendue de la banque, le livra, nu, au milieu de la tourmente. Il travailla comme un fou pour trouver de nouvelles perspectives et quelques opportunités se présentèrent qu'il sut saisir avec acharnement et persévérance.
NOTE : je vous conseille de revoir le billet du 4 avril 2009 : Les leçons d'un échec. Je l'ai refait de fond en comble et enrichi de beaucoup d'images de qualité. Lisez la suite de ce billet dans "continuer à lire".
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