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Tuesday, 2 June 2009
CHRONIQUE
RETOUR AU REEL
Le regard jeté sur la solitude, matérielle ou spirituelle, était emprunté à de sources littéraires. J'aimerais bien y ajouter mon expérience et l'enseignement que la réalité récente m'a appris.
ANTONIO
Comme je l'ai écrit dans le billet d'hier, le soupçon d'homosexualité qui pèse sur Antonio, est naturel dans une culture occidentale récente, ou amour et sexe sont intimement entremêlés de sorte que l'exaltation de l'amour implique "ipso facto" une relation sexuelle. Mais il n'en a pas été ainsi avant le XXème siècle. La dissociation entre les deux notions, signifiait qu'un amour même excessif peut saisir deux individus de l'un ou l'autre sexe, être comblé ou rejeté par l'aimé(e). La terrible nostalgie, peut d'ailleurs atteindre deux amants parfaitement accordés, c'est alors la crainte de perdre ou de voir vieillir l'être cher qui jette une ombre intolérable sur la plus parfaite des relations, justement ) cause même de cette perfection. C'est ainsi que les amants de "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen, se suicident pour conserver intact le bonheur parfait, insurpassable, qui ne peut que décliner. L'amant, un homme splendide, dit à sa magnifique compagne qui lui déclare un amour total, désintéressé, absolu, " M'aimerais-tu autant si j'étais bossu, les yeux torves, et une taille de 1m.55?" Ce que notre époque ignore, est qu'il peut se trouver que deux hommes (ou deux femmes) entretiennent une relation encore plus forte que le lien sexuel. On peut citer évidemment la relation père-fils, fréquemment d'une profondeur touchante. Je citerai comme exemple l'amour rayonnant qu'Alexandre Pugachev (un peu mon successeur) porte à son père, le Sénateur. Lorsqu'il est en sa présence, sa physionomie sévère s'adoucit, sa froideur naturelle, son indifférence polie s'évanouissent au profit d'une lumière intérieure irrésistible. Quel père ne souhaiterait pas avoir un tel fils?
Mais il peut aussi y avoir une affection viscérale, organique entre deux hommes, comparable en intensité et en force, à celle d'un couple. On connaissait fort bien ce sentiment-là dans la littérature romantique. Il suffit de relire "Les souffrances du jeune Werther" de Goethe, ou encore se souvenir de la relation entre Brahms, Schumann et Clara. On sait que par fidélité à la mémoire du cher disparu, ni Clara ni Brahms ne s'unirent. J'avoue que moi-même, en dépit de profondes divergences et d'une forte réprobation, je restai toujours fidèle de corps et d'esprit à Christa. Or il survint que la dernière année de sa trop courte existence, elle subit une transformation stupéfiante. Elle prit conscience de tout le mal qu'elle avait pu faire, du fait que sa mère et moi étions les seuls à l'aimer vraiment, et elle devint un ange du Seigneur. Elle rajeunit, elle embellit, elle retrouva ses traits d'enfant, un sourire étonné, comme émerveillé... Certes, les drogues y furent peut-être pour quelques chose, mais je n'y crois pas. Depuis, ces derniers moments passés avec elle, pendant que j'écrivais Décodages resteront, magnifiques et déchirants dans ma mémoire. Non seulement je ne me remariai jamais, mais la seule idée de la tromper affectivement me fut tout à fait étrangère. Elle remplit mon äme et mon coeur et son portrait est toujours sur mon bureau.

Christa était mondaine et très socialisée. Elle se serait très bien vue comme épouse de notaire de sa province natale.
Je n'ai éprouvé ce sentiment que récemment, et c'est une grâce que le Seigneur m'a octroyé dans ma fin de vie comme pour concentrer en moins de deux ans, tout ce dont j'ai été privé toute ma vie.
Je fais allusion à la relation que j'entretiens avec Olaf Olafson.
Lorsque je fis sa connaissance c'était l'un des hommes les plus admirés de la côte qui va de Seattle à Vancouver. Son fils cadet avait pris la relève de l'affaire, supplantant sa jumelle et ses deux aînés. Il avait un caractère fougueux et intraitable et son père qui avait un faible pour lui et pour son dynamisme, ne savait comment le contrôler. Le jeune homme n'avait pas peur de la mort, il n'avait d'ailleurs peur de rien. Hegel disait que lorsque deux hommes s'affrontent, c'est celui qui n'a pas peur de mourir qui l'emporte. De même Harald Olafson, l'emporta au cours d'une confrontation sanglante avec les représentants de la mafia à Seattle. Les mafiosi estimèrent qu'il valait mieux s'attaquer à des proies plus commodes et moins risquées.
Olaf, se plaignit auprès de moi, de la nature cruelle et intraitable de son fils. "Comment le rendre humain? " m'implora-t-il comme si j'avais accès aux bas-fonds tortueux du garçon. Je répondis que je ferai de mon mieux pour lui faire découvrir les grandes oeuvres universelles.
Or, à mon grand étonnement le jeune homme demanda à me voir, lui qui refusait toutes les visites d'homme d'affaire, de banquiers, et d'entremetteurs de tout poil. Tous étaient impressionnés, mais ils le furent encore plus lorsque je mis fin à notre rendez-vous au bout de cinq minutes. Il fut certainement surpris et désarçonné, car il me donna un autre rendez-vous. On se disputait, je remettais à sa place et il ne devait guère en avoir l'habitude. Olaf était ravi. A la fin, après une discussion plus vive que d'habitude, je lui-demandai ce qu'il voulait de moi. "I want you" me dit-il. C'est là que j'eus l'idée de mettre un terme à notre relation tumultueuse : je lui demandai de satisfaire quatre covenants, que j' appris chez IBM.
1."Confiance absolue"
2."Respect absolu"
3. La ponctualité et des rencontres qui n'excèdent pas six semaines.
4 " Eternité".
La relation ne devait s'éteindre qu'avec la mort de l'un d'entre nous. Harald mit du temps pour accepter la dernière proposition, mais dès qu'il y consentit, il fut d'une sollicitude de tous les instants. Voici un exemple de relation forte, plus forte que ce que l'on nomme amitié, ou amour.
Wednesday, 17 September 2008
CHRONIQUE
Fin du livre de L.H.
J'ai reçu d'innombrables commentaires interessés ou intrigués par le début de mon étrange liaison avec L.H.et son recoupement avec deux amitiés surgies brutalement voici à peine deux ans. Deux jeunes russes, l'un mon pretecteur, l'autre mon disciple se fondirent en ce personnage particulier et oublié que j'ai décidé de faire revivre dans ce billet.
Vème Chapitre
Promenade en voiture
Le meilleur moyen de ne point se voir, entre amis, est de vivre sous un même toit. Je ne voyais Lasse que deux ou trois soirs fugitifs par semaine. Grand travailleur, plus grand sportif encore, son plaisir favori était de faire la chasse aux filles.Tout cela prend du temps. Je ne le rencontrais ni les jours de semaine, alors qu'il travaillait, ni pendant le week-end où il avait loué un petit pavillon à Saint Germain-en-Laye pour une maîtresse plus stable que les autres. Les soirs non fériés, il sortait avec une petite amie, où happé par une des innombrables relations d'affaires de sa famille.
Une fois il m'invita avec une de ces sauterelles. Elle souriait sans arrêt pourmettre en valeur son ratelier. Lasse sans dire mot paraissait couver des yeux la poule, comme le chat fixe la souris. Ses lèvres étaient humides et entre-ouvertes, les prunelles sous les paupières mi-closes. Cela m'écoeurait et pour remplir ce silence pesant, je me lançai dans une de mes horripilantes conférences. Je suppose qu'elles traitaient de l'influence de la mort sur la Flûte enchantée,ou sur la découverte des gisements français d'uranium. La jolie fille murmurait machinalement " comme c'est curieux, comme c'est intéressant! " Elle semblait encore moins à l'aise que moi et avait perdu son air de séductrice. A la fin de cet insupportable diner, Lasse dans une boîte, précisant que de santé fragile, je garderais la chambre. L'ironie me parut évidente et me piqua au vif. Je m'abstins de le voir pendant deux longues semaines bien que j'en mourusse d'envie, mais la vanité blessée l'emportait.
Il prit enfin l'initiative de rompre les chiens : il vint me voir.. " Es-tu fâché contre moi?" J'allais répondre avec aigreur quand il se mit à rire. Il me proposa en signe de reconcilitation de passer avec moi le Dimanche prochain pour inaugurer sa nouvelle voiture, une Jaguar de sport. J'ai toujours ressenti une certaine aversion pour ces objets inesthétiques et inconfortables, et je le lui dis. De surcroît je souffrais de mal demer,et ce n'est pas sans appréhension que j'acceptai de l'accompagner à Versailles pour lui faire visiter le château.
Le bolide était d'un bordeau sombre et hideux, couleur que je détestaiis. Je m'assis séant surbaissé et dos courbé collé contre une série de boutons et de cadrans rébarbatifs. Lasse affectant de ne pas prendre garde à ma répulsion le vanta longuement les cactéristiques de son jouet, en les aaccompagnats de démonstrations : reprise foudrayante, réponse des freins, puissance des performances, que sais-je? ce qui se traduisait par une succession de départs précipités et d'arrêt à vous soulever le coeur. Sur l'autoroute de construction récente je découvris que ce n'était sûrement pas les peintures de Lebrun qui l'avaient motivé. Il conduisit à une telle vitesse, que vert d'appréhension je le suppliai de ralentir. Narines dilatées, il n'écoutait pas. Je n'osai insister de peur de lui faire perdre le contrôle de l'engin. Parvenu terrorisé à Versailles, j'eclatai et menaçai de revenir par le train. Lasse accepta docilement mes reproches et s'excusa tant et si bien, qu'il me persuada qu'il me conduirait aussi lentement que s'il transportait une cargaison d'explosifs.
Curieusement il prit un vif intérêt à la visite du musée; et au retour, Lasse démarra en douceur. Il conduisait en souplesse et la voiture était merveilleusement silencieuse. Presque reconcilié avec cette mécanique du diable je m'enhardis à demander à Lasse d'aller plus vite. Mal m'en pris car il se mit à conduire comme un fou. Il faisait mine de se précipiter sur un parapet, puis, in extrémis se faufilait entre les autos don , effrayés, les conducteurs faisant devant lui. Je passai par tous les stades du désorientement, de la rage impuissante à la terreur panique. Je souhaitais la présence du Signeur sous la forme d'un agent.Hé bien, non! Il avait beau brûler les feux; zigzaguer en ivrogne, aucun des motards qui habituellement pullulent distribuant des procès verbaux pour une pécadille, un stationnement interdit, que sais-je? pas un motard ne l'avait arrêté.
Le pire est qu'il jouait voluptueusement de ma frayeur commele chat avec la souris, ralentissant pour éveiller l'espoir, pour reprendre de plus belle. Enfin arrivé à l'hötel, le mal d'auto l'avait emporté sur le rage et la peur. Je montai aussitôt au 448 (ma chambre vieillote au dessus du café de la paix) et m'étendis tous rideaux tirés. Ma mère fut très alarmée de me vois dabs cet état et elle l'imputa " a quel dolce al cioccolato che hai mangiato hier sera ! Vedi, te l'avevo detto,non mi ascolti male ! Quando capirai una buona volte che sei al regime ? Ce n'était certes pas le moment de lui raconter mon aventure? Mon père fit une enquête " Il ne lui manquait plus que d'avoir de mauvaises fréquentations ! Et s'il nous a tout caché depuis le début c'est qu'il avait des arrières-pensées. Il ne se guérira donc jamais de sa sournoiserie !à ma mère) il ose aller jusquà Versailles avec un inconnu, un saligaud, peut-être un gangster? Car d'où le connaissons-nous? Maman opinant d'ailleurs: ces suédois, ils n'ont pas notre mentalité, " Sono strani....: " Si tu avais fait confiance à ta mère, je t'aurais aussitôt mis en garde... Mais sais-tu que u risquais un accident grave... et puis qui pouvait dire ce quui pouvait t'arriver aux mains d'un sadique pareil?
Sunday, 15 March 2009
CHRONIQUE
La meilleure introduction à l'art
Evidemment sous-entendu, parmi celles qu'il m'a été donné de connaître, et j'en ai lu plusieurs. L'auteur est Pierre Bergé, à qui ce billet est dédié. En début d'après-midi, un beau soleil m'a incité à prendre vingt minutes de loisirs volé sur mes obligations. J'ai été visiter la librairie du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, où on me connaît bien et il m'est donné de feuilleter tranquillement tous les livres, de quoi avoir un panorama assez étendu sur la production de livres sur l'Art Moderne et contemporain. J'ai ainsi acheté le dernier ouvrage sur Matthew Barney, un autre sur l'interprétation de l'Apocalypse par de jeunes artistes contemporains, le Pays Fertile, étude de Pierre Boulez sur Paul Klee (mon peintre préféré) et celui de Pierre Bergé : Histoire de notre collection, Actes Sud , février 2009. J'espérais ainsi découvrir des vues des appartements de la rue de Babylone, de la rue Bonaparte et d'autres demeures. J'en ai été pour mes frais. Il n'y avait que des reproductions de tableaux déjà illustrées dans les catalogues de la vente (il est vrai que plusieurs sont épuisés,mais ceux sur la peinture sont encore disponibles).

En revanche quelle surprise émerveillée ai-je ressenti à la lecture des entretiens entre Laure Adler et Pierre Bergé. Je ne puis vous en donner une idée de la richesse renfermée dans ces propos où réponse de Bergé me semble essentielle pour la compréhension de l'Art et qui vaut aussi bien pour la bibliophilie que pour la musique, pour l'orfêvrerie que - bien évidemment- pour la peinture. Aussi je me sens mal à l'aise pour en déflorer l'essence. Je ne saurais assez vous engager à vous précipiter sur ce livre qui me semble à la fois accessible, majeur et hors du commun.
Je me hasarde quand même à sélectionner de mémoire parmi les idées de l'ouvrage quelques unes qui m'ont particulièrement frappé.
1°. L'oeuvre d'Art digne de ce nom est aussi précise qu'une théorie mathématique. Est-ce un hasard si Mantegna, comme à une autre échelle évidemment, Alain Tarica, l'initiateur de Bergé et Saint Laurent, soit un mathématicien passionné? Elle requiert pour être appréciée la plus grande attention, et un contact répété, que ce soit une fugue de Bach, un roman de Proust, ou un tableau de Picasso. Le hasard n'y a pas de place, sauf quand il est délibéré et utilisé délibérément.Le hasard devient alors un anti-hasard, comme dans la transe qui saisit Pollock durant son activité de dripping.
2°. Avant de raconter une histoire, un tableau doit s'imposer en tant que peinture autonome, organisée et parfaite. Chaque détail est justifié par l'organisation rigoureuse de la construction formelle, le reste n'est que littérature. C'est une thèse que je partage avec Etienne Gilson qui l'a magistralement développée dans Peinture et imagerie . Pour lui l'image -anecdotique - masque bien souvent la peinture. C'est également la thèse soutenue par Guido Ballo, un des meilleurs initiateurs à la vision authentique : il distingue l'oeil critique de l'oeil commun. Je l'ai bien connu et il m'a aidé à édifier mes salles d'art moderne au Musée de Genève, dont la sélection ne serait pas désavouée par Yves Saint Laurent ni Pierre Bergé. On y trouvait les plus beaux Schwitters (étrangement ignoré par nos collectionneurs, bien que promu inlassablement par Tarica), un Klee exceptionnel de 1914, le premier mixed média sur gaze et d'où sortiront les carrés magiques, les rythmes ou encore la composition organique. J'ai dû dans un billet du blog, reproduire mon analyse de ce Klee et de trois Schwitters majeurs. On trouvait aussi dans cette première collection des Malewitch, des Duchamp, des Rodchenko. Tout ceci fut confisqué par l'inquisition fiscale qui me réclama des sommes que je ne devait pas. J'ai hélas quelque chose en commun avec Yves Saint Laurent : une allergie pour tout ce qui est argent, fiscalité, affaires. Mais je n'avais aucun Pierre Bergé pour me défendre. J'étais - et je suis toujours désespérément nu, aidé heureusement par de nombreux amis puissants et dévoués qui constituent ma raison de vivre. Mais cela ne remplace par un Pierre Bergé hélas. Que l'on me pardonne ces commentaires personnels, mais il est naturel que j'aie retenu en priorité ce qui se rattache le plus organiquement à mon être le plus profond.
3°) Bien des choix découlent de cet axiome. Nos deux héros ne pouvaient que dédaigner la peinture anecdotique, celle qui ne tient que par l'histoire qu'elle raconte, comme Magritte, Salvador Dali, ou - horreur - l'Art di t engagé. Comme Schwitters Bergé déteste l'art politisé et proclame l'autonomie de l'oeuvre d'Art. Néanmoins cela n'empêche pas l'artiste, comme chacun d'entre nous, d'opter pour une cause juste et de lutter contre les monstruosités décrites par Robert Conquest dans Le féroce XXème dont notre malheureuse Europe a été le berceau. Bergé nous parle de Weimar. Comment sous l'occupation de nombreux artistes se sont - par vanité, ou par intérêt - laissé séduire par les nazis. Il ose dénoncer les silences coupables de Picasso pendant cette horrible époque, se dédouanant après la guerre en militant pour les communistes et en servant de caution à des monstres comparables aux nazis sur lesquels il s'est tu. Bergé remarque aussi, que les artistes qui se sont "fait avoir" comme André Derain n'étaient plus à l'apogée de leur art.
4°) Bergé fait judicieusement remarqué que si l'on peut - par l'initiation et l'accoutumance - changer de goût, en revanche il n'en est pas de même pour les dégoûts qui sont, eux, durables. Je comprends cela, car si je puis admettre chez moi un Kosuth auquel je ne comprends rien, jamais un Erro ou un murakami n'entreront chez moi. Encore moins un peintre à la mode comme Annigoni. La vie est courte, et Boulez me disait : pourquoi diriger des artistes secondaires alors qu'il existe des génies comme Wagner ou Berg qui ne demande qu'à être explorés en profondeur? Et qui peut se vanter d'en venir à bout. A mon sens c'est cela l'exigence d'excellence proclamée par Bergé : éviter de s'encombrer d'oeuvres secondaires au détriment d'oeuvres majeures quel que soit le domaine visé.
5°) La signature d'un artiste ne sert qu'à rassurer l'ignorant incapable de juger pa r lui-même de la valeur d'un tableau. Mon Maître Chou Ling, qui m'apprit à reconnaître de faux Wang Yuan C'hi ou Chen Tcheou, dont je n'ai pas voulu et actuellement exposés triomphalement au musée Guimet, se refusa toujours à émettre le moindre jugement sur la valeur d'une oeuvre, ni sur son authenticité (il y a pas loin de 75% de faux dans les musées occidentaux !) Il me dit que les gens méritaient ce qu'ils choisissaient. Si leur ignorance ou leur manque d'attention les empêche de distinguer un faux, tant pis (ou tant mieux s'ils sont satsfaits) pour eux. Il ne me dit jamais que les makemono de ces deux peintres à la provenance illustre (Dubosc) étaient des faux. Il se contenta de m'inviter à plus d'attention et à entrer dans les détails de l'oeuvre en traquant les incohérences. Ce n'est qu'une fois que j'eus de moi-même - au bout d'une investigation minutieuse - qu'il me confirma l'inauthenticité des peintures. Or quelle ne fut pas la surprise de voir mon Vang Yuan C'hi, exposé dans une grande salle noire devant deux centaines de sièges voués à sa contemplation. Je ne vis une telle installation qu'en Italie, pour une oeuvre je crois de Duccio. Je me dis, enfin voici l'original dont j'ai eu la copie entre les mains! Je m'approchai et découvris que c'était "mon faux" makemono. Je téléphonai aussitôt au conservateur responsable une femme intelligente et probe qui me dit : ce n'est pas possible. J'ai un oeil quand même! Je lui demandai : combien de temps avez-vouspassé en compagnie de ce rouleau? Combien? Je ne sais pas. Dès que je l'ai vu j'ai reconnu une oeuvre de génie, je me suis fiée à mon expérience et àmon flair. Cela a été un coup de foudre, en un instant ma décision a été prise! J'engageai madame W*** à examiner à nouveau le rouleau en lui signalant les incohérences en oubliant la beauté et le charme du paysage. Elle me téléphona deux heures après :vous avez raison, Dubosc m'a refilé un faux! - Qu'allez vous faire? lui demandai-je. - Quelle question! Il hors de question de le garder, je vais m'en débarrasser. - Avez-vous pensé que vous allez priver une foule de gens incapables de voir des faiblesses, que vous même n'avez pas décelé, pour admirer sincèrement l'ordonnance splendide de ce faux, son charme, la beauté de ce paysage? Et que ce premier contact attisera leur désir de mieux connaître la grande peinture chinoise? N'oublions pas que Wang Yuan C'hi est le Cezanne chinois, il est extrêmementrare de s'en faire une idée, sauf en Japon, au musée du palais à Formose, et peut-être àHonolulu. - Je ne puis admettre un faux dans ce musée, ce serait malhonnête répéta Mme W***. C'est ainsi que le rouleau finit au musée Guimet. Je me gardais bien de dévoiler la fraude à des conservateurs qui n'auraient sans doute pas daigné de me recevoir, encore moins d'accorder crédit à mes révélations. Et puis revoir ce rouleau près de chez moi, me donne une satisfaction nostalgique. Il me donne à rêver de ce que devait être l'original : un chef-d-oeuvre absolu.On rejoint une exigence de Pierre Bergé qui déclare que la démarche d'un musée, différente de celle d'un collectionneur, est un devoir.
6°) Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Bergé avec raison n'a pas de mots assez durs pour fustiger des muséologues qui sous prétexte de montrer une époque d'une manière exhaustive, font coexister Bougurereau et Manet. Les public bêlant qui admire de bonne foi ces pièces de musée, confond le bon grain et l'ivraie sans que les conservateurs lui apprennent à établir une hiérarche que d'ailleurs, je le crains - ils récusent. André Nakov qui m'a appris beaucoup sur l'avant-garde russe,me disait que pour lui, un musée était une grange vide, peinte en blanc et ne contenant qu'une vingtaine de chefs-d-oeuvre majeurs. Bien de petits musées justifient leur existence par une oeuvre glorieuse qu'ils mettent bien en évidence. Je pense notamment aux Vermeer de La Haye.
7°) Un mauvais tableau au milieu de bons, se décèle immédiatement.Mais la réciproque peut être exacte. Allez au palais des papes à Avignon, dans le musée des multitudes de copies et de suiveurs vite oubliés. Une seule oeuvre domine tout, et fait oublier le tout venant : un merveilleux Botticelli. Cependant Picasso n'a pas tort quant il dit qu'un bon tableau au milieu de croutes semble moins bon et qu'un médiocre au milieu d'oeuvres prestigieuses, semble meilleur. Mais il ne s'agit que d'apparences. Samy Tarica, le père d'Alain qui a fait ma culture, m'a fait vendre un des plus beaux Tàpies et un des rares Poliakoff réussis pour me faire acheter des Schitters et donné un Klee. Losque j'accrochai ces tableaux minuscules à côté des autres , on ne voyait plus qu'eux : ils tuaient le Tàpies et le Poliakoff ! Un chef d'oeuvre est féroce, ils tue en effet toute oeuvre même admirable, qui lui est légèrement inférieure.
8°) Bergé et Saint Laurent se sont méfiés des antiquaires, de marchands de tableaux (les galéristes) et autres intermédiaires de l'Art. Il les oppose aux grands marchands d'autrefois qui défendaient leurs artistes, les aimaient, les soutenaient, les faisaient vivre et collaient à leur oeuvre. Par ailleurs vous avez aussi les très grands marchands qui sont de vrais initiateurs, et qui si vous leur faites confiance et manifestez le sincère désir de progresser, vous conseilleront. Alain Tarica fait partie de ces rares personnages authentiques. Dans mon petit domaine, (la deuxième fondation) je fais ainsi confiance à Tenscher pour les manuscrits anciens, à Clavreuil pour la bibliophilie, à Claude Burgan pour la numismatique et il ne me viendrait pas à l'esprit de m'adresser à leur concurrents ou à discuter leur prix, tant la relation de confiance est solide. C'est le conseil que donne un guide réputé pour les numismates débutants : déceler quel est le marchand qui vous convient et d'une éthique rigoureuse, parmi les plus réputés mondialement et s'y tenir.
9°) Il faut visiter des musées, des expositions, des concerts, de grands évènements artistiques, sans relâche avec une inépuisable curiosité etne pas perdre son temps à paresser, à se vautrer dans la facilité, à paresser au soleil des îles ou de la Côte d'Azur. Je meurs de honte lorsque je pense aux heures que j'ai passé à lire des SAS (c'est au temps où j'étais heureux et où j'avais un cocon familial en Sarre). Oui, des SAS! Des romans policiers de la série noire ou du masque. Et à présent que je voudrais le faire, mon état de santé ne me le permet plus. Mon horizon est bien limité. Peut-être un jour pourrai-je me rendre dans ma patrie, dans mon lieu de naissance, à la Spezia (où Wagner conçut le Ring, à Sienne, à Todi, à Assise... Et assister une fois encore au Festival de Salzbourg (et non de Bayreuth, bien frelâté). Pour l'instant je me cultive, je passe mes nuits à apprendre, le jour dans les musées proches : le MAM, le Guimet. Mais en lisant les entretiens de Bergé j'ai tellement honte, je me sens si petit! Vous qui me lisez, ne croyez pas que les loisirs sportifs ou les obligations
professionnelles ne vous laissent pas le temps d'imiter, à une moindre échelle certes, Pierre Bergé. On trouve toujours le temps quand on le veut. Que votre épouse, vos enfants participent de ces moments bénis où le temps s'arrête et où l'on, capte quelques lueurs venues d'en haut. Lisez les grand auteurs attentivement, etn'oubliez pas que l'important ce n'est pas l'histoire qu'ils racontent. C'est l'art avec lequel ils s'expriment, la précision de la langue qu'ils enrichissent. Je vous l'ai dit en lisant le Grand Jerzy Kosinski (encore un polonais de génie). Je me demandai d'où provenait l'atmosphère insolite et angoissante, qui impregne le début de STEPS. J'ai fini par comprendre :l'auteur est un des plus grands stylistes de la langue anglaise. Chez lui le mot juste a la place juste, comme un chef d'oeuvre pictural. Bergé apprécierait certainement cet écrivain aujourd'hui injustement oublié.
Le revers de la médaille
Mon admiration sans bornes pour Pierre Bergé ne m'empêche pas d'exercer mon sens critique. Il y a dans son discours comme dans sa pratique de petites incohérences que je pourrais laisser passer, si elles ne provenaient d'une telle autorité et d'un discours péremptoire. Comme je ne veux pas mélanger les éloges, de loin dominants dans mon billet, avec les critiques, somme toute secondaires, je les relègue dans le corps du billet.
Pour anticiper, considérer cette image présentée par le commisseur priseur au moment de l'adjudication comme provenant de l'atelier des célèbres céramistes Della Robbia et attribuée à Giovanni, celui qui introduisit la couleur dans les pièces de Luca, le génie, qui se limitait à un camaîeu de bleu et de blanc.
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Thursday, 3 January 2008
Chronique
Le nouveau "joke" de Richard Prince
Un médecin de famille, vient d'apprendre que son cousin vient d'être admis à l'hôpital à la suite d'un accident et lui remonte le moral. .
Mon cher ami, j'ai une bonne nouvelle, une excellente nouvelle à te transmettre. J'étais hier dans un coin reculé des environs de Dublin quand, après de laborieuses recherches, j'ai trouvé la tombe de mon trisaïeul ! Et elle été datée de 1892, ce qui correspond à la fin de l'inquisition révolutionnaire ! Si tu veux je te donnerai mon généalogue qui déterminera si tu descends de la famille Donati, alliée à Dante Alighieri, ou du grand cabaliste Luzzatto.
Ciao ! je dois te quitter, ma femme m'attend.
Clôture russe.
Reportons-nous aux différentes moutures de Montagnes russes et lisons l'interprétation correcte.
La contre-thèse de Kevin Bronstein II, la dénonciation des erreurs qui courent les journaux financiers.
Le clan Yang : homme fort : Ivanov.
Non, c'est Setchine, l'autre est la femme de ménage de Setchine. Ils se maneuvrent tous d'eux.
.
Setchine, est en bons termes avec Poutine.
Non il n'est pas en bons termes avec Poutine, ils se détestent. Setchine tient tout l'appareil policier, militaire, administratif des vétérans de l'ex KGB. C'est une force incontournable mais sans projet et dont le but est pouvoir et argent. Mais rêvant à la gloire passée de la Russie concrétisée par l'énergie.
Entre Setchine et du KGB et Medvedev. Le premier obéit au noeud sémantique Force de la terre régressif et autel, le second à Matrix.
Non. Le premier recherche l'argent et la grandeur de la Russie à condition qu'ils coïncident. Le second l'argent et l'argent, avec une touche libérale. Medvedev est moins dangereux que l'autre pour un Poutine à moins qu'il se crée une alliance avec Setchine, auquel cas on verra mordre l'ancien président. L'alliance entre Setchine et Medvedev est instable. Poutine est le plus fort.
Nicolas Patrouchev. En bons termes avec Poutine. A précédé Poutine au KGB. Non, à cause de cela. Patrouchev est peu important.
But d'Ivanov : un règlement de comptes entre Rosneft et Gazprom.
Le clan Yin. Medvedev, l'homme fort.Dr.Gal de Gazprom.Non, il n'est pas un homme à fortes convictions. Méfiez vous de l'eau qui dortGraf, un inconsistant, une femme de ménage.
Koudrine, un homme très fort, ainsi que Kostin.
FRIEDMANN Essaye de compenser son inculture. Il a déjà compensé, plus riche que Bill Gates.
La stratégie de Poutine. Question :
En, nommant Medvedev Poutine compte-t-il sur sa fidélité à terme? C'est absurde. Quand on a le pouvoir suprème, on le garde. Putine sera évacué au bout de quelques mois et invoquer sa popularité est naif; encore plus un prétendu réseau de terreur. Et s'il voulait se retirer et jouir de la vie, et surtout protéger son argent et sa protection?
Faux raisonnement. Putine croît qu'il conservera le pouvoir il le gardera.En dépit de ses lacunes (mais n'oublions pas de quelle situation il a hérité) c'était l'homme de la situation : ordre, fermeté, équilibre entre les factions). Il lui reste à accomplir toutes les réformes essentielles. Au moindre faux pas de ses adversaires il sortira du bois. Il pense donc conserver toutes les cartes de la popularité et le contrôle efficace. La politique de l'Europe.
A moins de dix ans, l'Europe sans la Russie est f.. La seule alternative est la création d'une Europe énergique, en circuitant la néfaste UE. Les Etats Unis comme d'habitude suivent les tactiques dont les conséquences sont favorables et les conséquences différées sont désastreuses. Pour Les Etats Unis, l'Europe est un adversaire (concurrence énergétique), tout étant bon pour séparer l'Europe de la Russie et ses liens traditionnels, en renforçant des idéologies communes (l'Islam) et les liens politiquement corrects avec l'Europe Méditérannéenne. Ce qui est tactiquement correct, et stratégiquement désastreux. On ne se soucie guère des dangers de l'Inde et de la Chine, adversaires idéologiques pervers. Les domaines encore christianisés sont en deshérence et on travaille dans Medusa et dans Matrix, à les faire régresser. On court au suicide.
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Saturday, 29 September 2007
La quête du Graal
Le parcours du combattant
Je décide donc de changer le plus vite possible mon vieux Sony poussif et asthmatique, tremblant à l'idée qu'il puisse rendre l'âme d'un moment à l'autre, anéantissant ainsi le travail de plusieurs années. (voir un billet précédent) J'ai décidé de rester dans la marque, dont la qualité d'image et le confort d'utilisation, m'ont donné toute satisfaction. Certes il y a ce son inquiétant comme un râle prémonitoire, mais après tout mon ordinateur a été soumis à un usage quotidien particulièrement intensif et par ailleurs mon achat obéit au principe de précaution. J'ai également pris ma décision, douloureuse pour mon portefeuille, de viser le plus haut de gamme. Mon blog dévore des masses énormes de megabytes, et mes disques sont sans cesse saturés. Et puis, le transfert d'images est particulièrement lent.
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Saturday, 6 October 2007
Chronique
Statistiques
Le billet de Marina Fédier, continue son incroyable ascension. On se dirige à présent vers les 15.000 visites. Le nombre total de visites du blog a largement dépassé les 100.000 visites et le rythme de croisière dépasse les 1000 visites par jour. Ceci est réconfortant car c'est la démonstration que la culture peut aussi trouver un public... d'entrepreneurs et de professeurs, mais surtout de jeunes étudiants ou començant leur carrière.
La rencontre Dutilleux- Gergiev. Edition revue et complétée

Ci-contre, Valery Gergiev, Sergei Pugachev, sénateur de Russie , Marina Fédier et Bruno Lussato
Dans le prolongement du triomphal concert où Henri Dutilleux a été ovationné longuement et chaleureusement par la salle et l'orchestre, le compositeur a rencontré le grand chef d'orchestre Valery Gergiev pour préparer le concert du 26 octobre 2007 où Mystère de l'instant sera interprété. Le compositeur ne tarissait pas d'éloges sur Seiigi Osawa dont la direction géniale a donné lors de la première au Japon, mais surtout hier au Théâtre des Champs Elysées, une version de référence. Dutilleux était stupéfait par la mémoire du chef japonais. Qu'il dirige sans partition la Pavane pour une infante défunte de Ravel, soit. Mais Mystère de l'Instant est infiniment plus difficile à retenir." Dutilleux s'étendit longuement sur le génie de Berlioz, sa capacité d'invention, et l'influence qu'il exerça sur les compositeurs. Il aime tout particulièrement la Fantastique, tour de force accompli par un jeune homme qui n'avait pas trente ans.
Ci-dessous, Marina Fédier, Henri Dutilleux, Valery Gergiev
Le problème à la Chapelle Royale de Versailles, où on jouera Mystère de l'Instant est son exiguïté et les incertitudes qui pèsent sur son acoustique. Valery Gergiev déclare qu'il va devoir procéder avec infiniment de délicatesse pour adapter l'oeuvre à l'acoustique de la salle qu'il connaît mal, mais qui peut réserver des surprises heureuses.
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