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Friday, 6 April 2007
*** Dans l'ouvrage attribué à Kevin Bronstein, je m'attribue le rôle du préfacier. Ce texte résume les idées maîtresses de 'l'ouvrage et complète l'article sur la genèse de virus. On ne peut éviter une redondance avec ces préfaces et avant-propos.
Kevin Bronstein,
eight lessons
Préface de
Bruno Lussato
Cet ouvrage, comme l'indique son sous-titre, n'est ni un essai, ni un livre de vulgarisation. C'est une série de huit leçons professées par Kevin Bronstein lors d'un séminaire tenu en Août 2003 à Genève dans le cadre de L'Institute for Systems and Development. (ISD)
L'ISD est un think tank indépendant de tout lien avec des entreprises ou des états. Partant d'une approche systémique et holistique, il est consacré à l'approfondissement de la théorie de l'information. Il s'est illustré par la publication en 1975, sous l'égide de l'Oréal, du premier travail posant les fondements de la microinformatique. J'inventai ce néologisme passé aujourd'hui dans la langue courante pour poser les bases théoriques d'une informatique conviviale, fondée sur la commercialisation massive de micro-ordinateurs legers, peu encombrants, ne nécessitant ni spécialistes pointus ni salles réfrigérées.
Le rapport ISD fut accueilli en Europe avec une incrédulité condescendante. Les technocrates français, dont Alain Minc rapporteur de L'informatisation de la Société fut la figure de proue, non seulement discréditèrent ses travaux qui prédisaient l'essor de la microinformatique, mais firent leur possible pour faire échouer les premiers fabricants de microordinateurs, les français Alvan et Micral. La France manqua la révolution micro-informatique, dont la théorie et la pratique étaient nées sur son sol. Les constructeurs européens, accueillirent avec le même mépris condescendant, les nouvelles idées, et voulant imiter IBM, ils déclarèrent que l'avenir appartenait aux giga-ordinateurs. On sait ce qu'il en advint.
Si j'ai rappelé cette péripétie, c'est qu'elle illustre à la fois la démarche de l'ISD, théorique et synthétique, et les forces centralisatrices et bureaucratiques qui travaillent l'Europe et tout particulièrement la France. Le travail de sape des technocrates tout puissants qui firent avorter l'Alvan, et le Micral, fut relayé par l'establishment tehnologique et popularisé par une vaste campagne de désinformation.
Le sujet de ce livre, est précisément cette altération subtile et pathologique des communications, désigné par le terme de désinformation par Vladimir Volkoff vulgarisa. Le nom collectif de Kevin Bronstein fut utilisé par mes collègues, à l'instar de celui du Général Bourbaki, signant le fameux traité sur les mathématiques modernes. Les huit leçons sur la désinformation, s'attachent à démonter les rouages du mécanisme pervers qui envahit les mass media, plutôt que de descrire in-extenso les phénomènes auxquels il donne lieu, fort bien illustrés par l'ouvrage de Jean-François Revel, La Connaissance inutile. J'ai essayé d'adapter ces leçons à l'intention d'un public français en ayant recours à des cas qui lui sont familiers, et quelque peu réactualisés.
Une des raisons pour lesquels le mécanisme sous-jacent à la désinformation a été rarement approfondi, tient à la nature protéiforme de la notion elle-même d'information, à laquelle il convient d'ajouter le malaise attaché à un phénomène, dont chacun sent la pénétration insidieuse et pressent la nocivité. Toute exploration sérieuse de la désinformation doit en effet recourir à des disciplines très variées dont la connaissance même sommaire, échappe à la majorité des chercheurs. Elle exige également du chercheur qui, comme tout être humain, est victime et agent de désinformation, un détachement problématique. D'où la formule choc du livre : La désinformation c'est nous, mais pour nous, la désinformation ce sont les autres. Les huit leçons de Bronstein, ne sont évidemment par exemptes des distorsions et des déséquilibres qui révèlent la présence du phénomène. Un exemple en est l'importance accordée au film Le Cercle des poètes disparus, cheval de Troie de la subversion trotzkiste dans les milieux bourgeois et pseudo-intellectuels, alors que l'auteur aurait pu choisir Midnight Cowboy, dirigé contre la Turquie et qui est encore plus révélateur du mécanisme. Bronstein, n'aime pas le terrorisme intellectuel ni la "gauche caviar", et, contrairement à elle, préfère avoir raison avec Aron que tort avec Sartre. Cette aversion pour le "politiquement correct" colore l'ensemble de l'ouvrage et introduit un déséquilibre dans le choix des exemples.
Néanmoins, l'important, dans ces huit leçons, n'est pas l'exposé des cas, forcément partial et lacunaire, mais le modèle explicatif qui, lui, demeure plus que jamais valable. L'originalité du modèle, réside dans la synthèse des concepts émanant de savants célèbres comme Julien Jaynes, Leon Festinger, Jean Piaget, Kurt Lewin, ou obscurs et controversés, comme François Bonsack et Rupert Sheldrake. Ce travail transversal permet d'établir des passerelles entre les concepts des différentes théories rappelées et des études de cas allant de l'assassinat de Kennedy à la mise au ban de la parapsychologie par les milieux universitaires.
L' apport théorique des Huit leçons, outre la nature holistique du travail, réside dans l'articulation de trois concepts essentiels, mettant en évidence certains aspects importants du mécanisme de désinformation. La nouveauté et l'originalité de ces "constructs", pour adopter le terme lewinien, a obligé l'auteur à recourir, non sans apprehension, à des néologismes contestables et sans doute provisoires.
Le premier désigne sous le vocable de noeud sémantique ces agrégats denses de croyances et de dogmes, animés par de puissants instincts et des intérêts matériels, mais par la quête d'une vérité absolue qui nous rassure en donnant sens à l'insensé. Face de Janus, tourné vers l'intérieur du psychisme et s'incarnant dans le collectif, le noeud sémantique est composé de particules psychologiques, nommées par les anglo-saxons psytrons ou psychons que j'ai traduit par psychèmes. L'auteur adhère par là à la vision de Sir Karl Popper, qui postule l'irreductibilité du monde physique et biologique, et du monde psychique, (premier et deuxième monde) et que leur interaction dont le caractère paradoxal a été mis en évidence par Jean Piaget et exploré par Sir John Eccles. Les huits leçons sont de ce fait, radicalement opposées au réductionnisme ambiant des neurosciences, (Le cerveau secrète la penséee comme le foie secrète la bile) considéré comme un dogme datant du XIXe siècle, et incongru à l'ère de la physique quantique et de la théorie des cordes.
Le second apport théorique des Huit leçons réside dans la formalisation des échelles de valeur qui orientent nos comportements, nos opinions et en définitive notre jugement. L'auteur dégage six, et seulement six, échelles élémentaires, (Jugdment Value Générator Scales) dont la combinaison donne naissance à une grande variété de critères de jugement, et dont la résultante est une échelle volitionnelle, déterminant nos conduites positives ou négatives vis à vis d'un évènement, un homme, un objet : adhésion ou hostilité, attraction ou répulsion. d'évitement ou d'attraction. Les noeuds sémantiques diffèrent par la manière dont chaque évènement est noté dans l'espace axiologique à six dimensions. Ils orientent de ce fait notre comportement et biaisent le cheminement de l'information. Il en résulte que partout où existe un foyer dense et puissant de croyances et d'intérêts, se manifestent des phénomènes de désinformation. Ceux-ci ne doivent pas être ramenés à des mensonges (bruits), des censures (pertes) ni même à des distorsions, pour adopter la terminologie shannonienne, mais considérés comme une déformation des données factuelles lors de leur organisation en information signifiante, ayant pour but de réduire les dissonances entre notre perception du monde et le modèle idéologique implanté dans notre psychisme. En suivant la thèse de Jaynes, on pourrait concevoir le noeud sémantique comme une sorte de tumeur logée dans l'hémisphère droit du cerveau et nous désinformant malgré qu'on en aie.
Continuer à lire "Lussato, préface à Virus de Kevin Bronstein"
Saturday, 19 May 2007
Poursuite des essais video. Reflexions sur la difficulté d'anticiper charnellement le futur.
On trouvera dans "Mozart, sonate KV 310, vidéo II", un essai de video. Emmanuel m'a procuré un disque dur My Book de 500 GB/Go d'une capacité de 38 heures de vidéo. Je ne puis m'empêcher de me souvenir de l'époque où je pronais dans l'incrédulité générale, l'avènement du micro-ordinateur. C'était en 1968 et les premiers modèles de HP faisaient 2K octets. Par la suite, Alvan présenta un appareil très évolué d'une mémoire vive de 510 K octets. Certes la loi de Moore m'avait conduit à prévoir les capacités gigantesques actuelles, mais anticiper par un raisonnement abstrait est une chose, voir l'évènement se concrétiser sous vos yeux en est une autre. La grande différence entre l'establishment professionnel et le trio de l'informatique nouvelle : Lussato-Bouhot-France-Lanord, était que chez nous, on acceptait les prévisions théoriques même sans pouvoir les imaginer. Une part d'entre nous les rejetait, il est vrai, mais on la faisait taire, Chez mes collègues, au contraire, l'accoutumance et le bon sens pragmatique leur faisait voir le futur dans le rétroviseur. C'était l'impossibilité de se projeter mentalement, sensoriellement, dans l'avenir le plus prévisible qui les empêcha d'anticiper. J'ai vécu alors aux Etats Unis les hésitations des grands constructeurs : les DEC, les Burroughs, Univac, GE, et même HP. Young, le président de HP me soutint dans ma croisade pour la nouvelle informatique, et pour la convivialité du guidage de l'utilisateur par des fenêtres, mais il ne fit passer dans les actes son slogan "n'apprenez pas l'informatique aux hommes, apprenez-là à l'ordinateur" qu'une fois le mouvement lancé par des nouveaux venus : Stev Jobs et Bill Gates.
Au fond, tout cela tient simplement à la dissonance cognitive entre les prévisions du cerveau gauche, essentiellement abstraites et théoriques, et les prémonitions du cerveau droit prétendûment pragmatiques et réalistes mais en réalité dictées par l'habitude et les stéréotypes.
Un exemple saisissant: la croisade du Club de Rome, s'appuyant sur les travaux de Jay Forrester et les approximations imprudentes de Meadows. Le modèle de Forrester prevoyait la catastrophe écologique dont nous subissons les premices : pollution, réchauffement climatique, problèmes liés à la pénurie d'eau et d'énergie. Le mot écologie était alors réservé aux théoriciens de l'approches systémique et en particulier des systèmes bouclés, dont Forrester était le plus grand modélisateur. Le modèle de Forrester était expérimental et ne reposait que sur 1200 équations (l'informatique permettait de les résoudre). Mais pour donner un sens à son modèle, il aurait fallu intégrer 100 000 équations, et Forrester ne put jamais obtenir les fonds pour ce programme. Son élève Meadows, sautant le pas entre modèle de démonstration et modèle opérationnel, prétendit que les résultats du premier étaient fiable. Il prédit pour l'an 2000 un épuisement total des ressources énergétique, et dépeignit le monde à 'l'image du film Soleil Vert. A force de crier au loup, il se déconsidéra et on ricana. Aujourd'hui, on se dit qu'on aurait dû l'écouter et faire "une halte à la croissance", titre de son ouvrage-choc.
Continuer à lire "Le journal du 19 mai 2007, édition du soir"
Wednesday, 25 July 2007
Versione italiana a cura di Renzo Ardiccioni

SOTTOMISSIONE E DOMINAZIONE
(Prof. Bruno Lussato)
Introduzione
Il fascino della schiavitù Se non vado errato, era proprio de Tocqueville a sostenere che non ci sarebbero così tanti tiranni se gli schiavi non ci trovassero il proprio tornaconto. La mia esperienza nel mondo delle imprese mi ha dimostrato che i dirigenti stessi, nonostante le loro rivendicazioni per una maggiore autonomia e decentralizzazione, respingessero infine una libertà che implica sempre responsabilità e rischi di sanzioni. La centralizzazione ha questo di buono: a patto che il subordinato obbedisca servilmente agli ordini del suo superiore, sarà relativamente tranquillo. Ciò è ancora più vero nelle megaimprese pubbliche e nelle ammistrazioni burocratiche, laddove il cervello destro è esente da ogni giudizio di valore e il cervello sinistro assolve con regolarità i propri impegni formali. (cf. la teoria bicamerale di Jaynes, in Virus).
Continuer à lire "Sottomissione e dominazione. Version italienne, Renzo Ardiccioni "
Friday, 21 August 2009
CHRONIQUE
CARPE DIEM
Profite du jour qui passe et ne te fie pas au futur. Il est fécond en illusions mortifères. Oublie les enseignements du passé, ils sont caducs, et riches en rancoeurs qui t'empoisonnent les heures qui passent et ne reviendront pas. Certes les grands auteurs et moralistes sont, eux, riches de savoir. Mais c'est qu'ils se situent au delà du temps, ils sont intemporels et pétris d'une matière inoxydable. Leur fréquentation vous permet de retenir une parcelle de cette immortalité. Carpe Diem se conjugue avec Eternité.
Mais on peut interpréter ces propos au négatif.
Vous souvenez-vous de ce film-culte qui fut universellement encensé par les critiques, public cultivé, et gagna les faveurs du grand public des métropoles occidentales : Le Cercle des Poètes disparus. ?
Il y est question d'un instituteur (je crois qu'il s'appelait Cummings ou quelque nom approchant) fraîchement débarqué dans un très puritain collège des Etats Unis, bâti sur le modèle victorien britannique le plus rigide et qui dès son arrivée sème le chaos.
Il commence par demander aux collégiens de piétiner et de déchirer les codes classiques d'évaluation d'une oeuvre et sans les lire. Ces codes nous apprennent qu'il y a le bon, le meilleur et le moins bon., et qu'on doit différencier l'évaluation du contenu et celle du contenant. Le contenu est à son apogée, lorsque nous sommes émus et passionnés par l'intrigue . Ainsi on peut pleurer en voyant le Docteur Jivago ou un policier d'Agatha Christie. Le contenant dénote, lui, le degré de maîtrise de l'artiste dans l'exercice de son art. Un tableau cubiste hermétique de Picasso a un contenu banal : quelques pommes un journal et un compotier, mais quelle innovation dans l'organisation des formes et des couleurs ! Le contenu s'annule dans un Rodchenko des années quinze à vingt. Or parvenir à la compréhension de ces mystères artistiques exige de lourds sacrifices en temps et en concentration. On souffre aujourd'hui pour jouir demain. C'est ce que l'on nomme un investissement. Or notre héros, en répétant inlassablement Carpe Diem, pousse au contraire au désinvestissement, à des heures qui chantent pour des lendemains stériles. Et il est suivi par enthousiasme par une cohorte d'intellos bien pensants et par ceux-là-mëmes qui devraient le blâmer: les pédagogues et instituteurs.
Ainsi Socrate boit-il une seconde fois la ciguë.

UNE UTOPIE PROVOCANTE
Ce film, comme Orange Mécanique admet deux interprétations antinomiques. D'une part il soumet à notre adhésion un héros sympathique au plus haut point. Celui-ci est chassé du collège mais tous les élèves le plebiscitent. Il a moralement triomphé.
La seconde interprétation ne peut être décodée qu'au second degré. Le professeur sous des apparences débonnaires est un dangereux facteur de dégradation sociale et culturelle. Il crée le cercle des poètes disparus où des jeunes élèves fanatisés pratiquent des rites pseudo-primitifs, fument des drogues douces, se terrent dans une caverne comme des boyscouts sans but et sans pensée. Plus grave est l'autoritarisme et la manipulation à peine cachées de l'étrange guide.
Comme Orange Mécanique ce film exerça une influence certaine et indirecte chez une jeunesse endoctrinée par des armées de clones de Cummings. On se demande pourquoi l'intelligentsia privilégia l'interprétation au premier degré, à moins qu'elle appartienne à cette gauche-caviar dont notre paysa le privilège. Question de mode sans doute.
Quoi qu'il en soit, jamais personne n'avait pris au sérieux cette fable cinématographique, pas plus que les prophéties de Meadows (Halte à la croissance) qui inspirèrent Brazil et Green Soleyant (Soleil vert).
Trois décénnies après, qu'en est-il advenu?
Passons sur la fable écologique qui apparaît assez sérieuse pour que les Etats en fassent leur argument électoral. (Syndrome Soleil Vert,où les humains en sont réduits à manger des tablettes de récupération et les légumes et primeurs un luxe réservé aux riches). Saluons au passage Orange Mécanique où de jeunes barbares tuent pour tuer et qui aujourd'hui interpellent psychiatres et juges. Faut-il rappeler le sort des internautes englués dans les procédures et où les logiciels et leurs concepteurs se retournent contre la société civile ? (L'Odyssée de l'Espace nous décrit ainsi un système informatique qui se retrourne contre les pilotes pour qu'on ne détecte pas ses erreurs). Notre propos est ici purement culturel et concerne notre rapport avec le Carpe Diem et Le Cercle des Poètes disparus.
UTOPIE RÉALISÉE
Est-il besoin d'épiloguer ? Aujourd'hui l'utopie est triomphalement incarnée dans le comportement des jeunes, vivant dans l'instant, gesticulant dans un rythme frénétique, mangeant le blé en herbe. L'enseignement du professeur Cummings a porté ses fruits. Le monde et en particulier la cybersphère, est à la recherche de jouissance immédiate, oublieuse des conéquences. Fleurissent les faux rites zen, psychédéliques ou show biz. Le mot "nouveau" est synonyme d'évacuation de l'ancien. La tradition et l'héritage humanistes deviennent folklore ou nostalgie générateurs de profit.
Voyez-les dans leur yachts ou leurs camping, se rotissant de conserve comme des poulets dans leur tourne-broches des bouchers, et comme eux, ayant perdu la tête.
CARPE DIEM et bonnes fins de vacances.
Bruno Lussato.
Sunday, 21 June 2009
CHRONIQUE
OECUMENISME
Ce billet est issu de la redistribution de la fin du billet précédent.
NOTE IMPORTANTE
Si vous n'avez pas pu avoir accès à mon blog, ce n'est pas parce que je suis malade, c'est mon serveur qui l'est. Il fonctionne par intermittence et il faut se dépêcher pour enregistrer les textes écrits en word. Demain on essaiera de contacter les responsables.
La réaction de quelques amis à l’annonce de ma conversion à l’Eglise orthodoxe, a été la stupéfaction, d’autant plus qu’ils ne soupçonnaient pas chez moi, l’existence d’une préoccupation d’ordre religieux. Cette réaction sera amplifiée par le billet « re-naissance » et je ressens le devoir et le désir de m’en expliquer.
Depuis bien des années, tous les Noëls (comme les jours de l’an), mon fils les passe dans la très catholique Pologne, lui même pratiquant. Jamais il n’a éprouvé le désir de passer un seul Noël avec ma sœur et moi, seuls au monde. Nous prîmes alors l’habitude de trouver du réconfort à l’Eglise Episcopale de l’Avenue Georges V à Paris. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un lieu œcuménique, ouvert à tous les croyants chrétiens : catholiques, protestants, anglicans etc. L’ambiance de ce saint lieu est à la fois familier, chaleureux et recueilli, et les hymnes sont magnifiques. L’assistance est composée d’employés des ambassades des Etats-Unis, du Royaume Uni, de Québec, d’Australie, et des pays du Nord. On peut y ajouter des dirigeants des filiales parisiennes de puissantes multinationales. Il participent à la messe, chantent les hymnes indiqués par des panneaux mobiles affichés sur les côtés. Mais les deux moments qui me frappèrent le plus furent le processionnal qui ouvre la messe et le récessionnal qui le ferme. Les enfants de chœur portant de grands chandeliers et suivis par les officiants, et l’évêque portant la Croix, font leur entrée, puis leur sortie sur des hymnes répétitifs, fortement scandés sur un rythme de marche et traversant toute la cathédrale par l’allée principale. Ils sortent de même symétriquement.
Le sentiment du sacré m’a été infusé par les deux grands compositeurs, J.S. Bach avec sa Messe en Si, Beethoven avec la Missa Solemnis. L’œcuménisme est révélé par le fait paradoxal que le protestant de la Messe en Si a suivi le texte catholique (je crois en… la Sainte Eglise chrétienne, une et apostolique) alors que le catholique Beethoven a fait une œuvre protestante ! Quelle importance.
Il convient de ne pas perdre de vue que la première église a été juive, et conformément à la Volonté du Christ, fondée par Pierre, la première pièce de l’édifice. S’ensuivirent la reconnaissance de la Sainte Vierge Marie, de la conception immaculée, et des Saints. Cette église a été bâtie avec la croyance des apôtres juifs. La seule différence entre la religion juive et la religion chrétienne, est que les uns attendent toujours un Messie, qui pour les catholiques a été ressuscité. Pour les Chrétiens de Constantinople, plus encore que le martyre et la crucifixion, la résurrection et l’avènement de la victoire du Bien sur le Mal sont importants. Et voici que pour des raisons politiques, Rome voulant surclasser Constantinople, il y eut une opposition au début mineure, mais par la suite qui aboutissant au Concile de Nicée, ne cessa de s’affirmer. La faille devint crevasse, puis abîme. La forme originale de l’Eglise, avec l’affirmation de la séparation de l’Eglise et l’Etat, Dieu et César, persiste aujourd’hui encore, orientée sur la jubilation et l’espoir. L’appeler orthodoxe est un pléonasme. L’Eglise perpétuée telle qu’elle fut fondée, est forcément orthodoxe. Les autres formes et avatars furent le catholicisme et la dissidence luthérienne, calviniste, anglicane… Les mobiles de telles évolutions furent avant tout politiques et économique. Les princes allemands en avaient assez de payer de riches tributs à Rome. L’église anglicane naquit de la sensualité de Henri VIII qui voulait divorcer de Catherine d’Aragon, pour épouser Ann Boleyn, plus jeune, plus désirable et qui n’hésita pas pour cela de divorcer du même coup de Rome tout en s’appropriant des biens du clergé.
En opposition radicale avec l’Eglise Orthodoxe, l’Eglise apostolique romaine, mit l’accent sur la crucifixion et le martyre, faisant de la souffrance elle-même une vertu salvatrice. Il s’ensuivit un culte morbide de l’auto flagellation, qui combinée à des soubassements sexuels à peine déguisés peut nous paraître aujourd’hui répugnant.
Néanmoins il faut prendre ces considérations avec prudence. Alfred de Vigny proclamait que les chants désespérés sont les chants les plus beaux. Il est certain que dans les grandes œuvres musicales, les moments les plus émouvants, sont les plus pathétiques, les plus dramatiques, les plus tragiques. La crucifixion, les persécutions, la terreur de là mort, portent au questionnement, et ce que l’on peut reprocher à l’orthodoxie post byzantine, est son manque d’expression, une certaine raideur, la suppression de l’individualité avec ses faiblesses.
Toutes ces réflexions vous permettront de comprendre que tout en étant orthodoxe, je n’entends pas sacrifier le moins du monde ma foi de catholique, de protestant, et ni le messages mystérieux et visionnaires qui proviennent de l’influence de Moshe Hayyim Luzzatto, ce mystérieux ancêtre.
Toutefois il y a un autre facteur qui pesa dans ma détermination. Ce fut Misha qui me le fit découvrir. Misha n’est pas religieux et encore moins pratiquant, mais il fut touché par ma décision. Car pour lui elle exprimait mon désir d’appartenance à de que l’âme russe a de plus profond. Ceci d’autant plus que tout a été l’œuvre de Tatiana, sans laquelle jamais je n’aurais trouvé les contacts, l’énergie, l’organisation indispensables pour ce baptême. Plus que d’apprendre le Russe, devenir, à mon âge et affrontant des périls sérieux, orthodoxe est une preuve d’attachement pour le pays qui m’a donné les affections, l’amour, le plus profond que j’aie connu dans toute mon existence.
Bruno Lussato. Ce 20 juin à minuit.
Tuesday, 19 May 2009
Épreuve
A dix huit heures j'ai rendez-vous avec le Professeur Pol au sujet de la conduite à adopter pour ma survie. Où son équipe et le radiologue ont trouvé une solution, et tous les espoirs à me sont permis, où ils n'en trouvent aucune ce qui équivaut à une condamnation à relativement court terme. Cet Rendez-vous est une épreuve dans les deux sens du terme. D'une part ma force de caractère est mise à l'épreuve. D'autre part c'est une épreuve douloureuse précédée par une angoisse que je ne ressens pas mais qui couve dans les soubassements de mon psychisme, sourde et lancinante.
Ce qui m'a toujours soutenu, est l'amour que me portent des personnalités très différentes mais dignes d'estime, voire d'admiration. Je ne puis vous faire connaître les principaux : Socrate Papadopoulos, Olaf Olafson, ou LH III car ils insistent pour rester dans l'ombre. Mais il y en a tant d'autres que je voudrais vous présenter et qui font partie de ma tribu ! A commencer par mon fils biologique qui face à mon drame a donné les preuves de l'attachement filial le plus touchant. Et ma chère Sandrine, et S*** mon successeur au blog. Arnaud Mulliez, le fils du fondateur d'Auchan, malgré des divergences professionnelles, a été le plus affectueux, le plus sincère des soutiens. Henri Mathias s'est toujours préoccupé de mon sort, et Vianney Mulliez m'a toujours défendu et protégé. Ma véritable famille se trouve à Lille parmi eux, leurs épouses courageuses et aimantes et les enfants dont mon petit-fils adoptif : Alexandre Mulliez.
Je citerai aussi Sergei Pugachev, et ses enfants Victor et Alexandre, qui m'a accueilli comme membre de sa famille et Tatiana, mon ange gardien, n'hésitant pas à faire le voyage de Moscou pour me soutenir moralement. Elle est aussi le futur conservateur du musée du Mingei.
Un grand encouragement est l'estime que m'ont porté des génies. Ils ne m'ont jamais fait défaut. Avant c'était Miro et Tàpies, Hartung et Salvador Dali. Aujourd'hui, Bob Wilson, Bill Viola, Gergiev, Henri Dutilleux et quelques autres ont pris la relève. J'espère les réunir dans un album de famille, avec leur autorisation bien entendu. Une seule déception, tellement cruelle que je ne veux mais ne puis l'évoquer, m'a profondément troublé. Celui qui en est la cause est évidemment exclu de l'album des êtres chers et respectés. Je n'ai garde non plus d'oublier mon chauffeur Michel Ferreira, avide de culture, excellant en un nombre de domaines et très apprécié par Henri Dutilleux. Sans lui, j'aurais erré comme une âme en peine.
Voici donc, mes chers internautes mes projets. Le mammouth que constitue le blog a déjà trouvé preneur, et j'espère qu'on pourra le consulter à la Bibliothèque Nationale dans la grande salle des usuels.
Bruno Lussato, 1h15.
Dernière minute : je remercie Herbe (le plus fidèle) de son encouragement et de sa suggestion pour le livre d'or familial. J'espère pouvoir la mettre en pratique.
Mon e-mail reçoit de nombreux messages d'encouragement et un vif intérêt porté à "l'album de famille". Vous le trouverez dans le corps du blog.
Aujourd'hui, pour me remettre du choc de la consultation avec le Prof.Stanislas Pol, Tatiana nous invita son amie Macha, Marina et Sandrine chez Lasserre. Marina connaissait bien ce restaurant où Salvador qui y avait sa table réservée, l'invita maintes fois. Elle en avait gardé un souvenir agréable. Ce ne fut pas mon car voici des décennies j'y invitai le ministre du commerce Thomas Drumm. Les coques n'étaient sans doute pas fraîche ou contaminées,je ne sais...Nous fumes tous malades.

Entre Macha et Tatiana

Marina,Sandrine,moi et Macha

Marina

Bruno

Entre Macha et Tatiana
MOSHE HAYYM LUZZATTO
Aujourd'hui c'est d'après Me Daninos l'anniversaire de la mort de mon probable ancêtre. Je lui rends l'hommage dû à un génie éclairé doté d'une vision aiguë du monde et le plus grand connaisseur de ses structures profondes, formalisées en un cristal nommé cabale. Pourtant la biographie officielle indique que né à Padoue en 1704, condamné par un tribunal , rabbinique à Francfort. Il se rendit en 1743 en Terre Sainte, mais mourut de la peste avant d'y arriver, en 1746.

La tombe de Moïse Hayym Luzzatto sur la colline dénudée donnant sur le lac de Tibériade. Seul admis dans la colline avec une autre gloire prophétique, Akiva.

La tombe de Luzzatto la dépasse en grandeur et en majesté.
Si les écrits de Luzzatto me sont étrangers, sa vie en revanche est voisine de mon parcours. Précoce et chassé par l'orthodoxie rabbinique,il fut un éternel persécuté, ne voulut jamais renoncer à sa vision et tomba malade. Tant il est vrai que le don de prophétie se paye lourdement pas la maladie.
Ce soir à table j'eus une conversation très éclairante avec Macha, une femme d'une haute spiritualité et ma chère Tatiana, qui nous invita tous pour me faire oublier mon pénible entretien avec le Professeur Pol. Celui-ci que j'admire au delà de tous pas sa profonde humanité, et qui me suit depuis plus de douze ans, a accepté de figurer dans l'album de famille du blog et m'enverra un de ces jours une photo.
Au cours de cet échange, je m'aperçus avec stupéfaction que je m'étais lourdement trompé sur la signification de l'Entretien et de ses relations avec mon existence. En effet la clé de voute qui soutient tout l'édifice est à prendre au sens littéral du terme. Une séquence fondatrice très brève. Viendrait-elle à manquer, la signification intégratrice ultime de tous les sub-systèmes disparait et l'anarchie s'installe. Elle a un versant réel et un versant littéraire. Le versant réel : mon attraction invincible pour un jeune homme de haute descendance et puissant, en dépit de son attitude cruelle voire même sadique envers moi. Il était doté de toutes les qualités qui assurent la domination et le succès. Travailleur infatigable doté d'une intelligence presque surnaturelle, il pouvait inspirer la terreur aussi bien que la fascination paralysante, mais aussi, quand il le voulait, il savait transformer sa physionomie et prendre l'apparence d'un doux jeune homme, à peine sorti de l'adolescence et aussi naïf que humble. Il attirait alors ses victimes, les puissants désireux et flattés de venir en aide à un protégé aussi doué et aussi docile.
Avec moi il ne feignait guère et il ne me cacha nullement son indifférence à mon égard. Il appréciait cependant mes apports en tant que professeur et qu'artisan de son pouvoir. Je le défendis toujours, et toujours, malgré que j'en aie, je me laissai prendre aux pièges qu'il me tendait. Son père, homme chaleureux et généreux, se plaignit à moi de sa froideur de glace. Que peut-on faire pour le rendre un peu humain? m'interrogeait-il inlassablement. A vrai dire il le craignait un peu sans se l'avouer, il n'avait aucune prise sur lui car le garçon s'était rendu indispensable dans ses affaires et il ne voulait pas l'indisposer. - Je lui répondis : comment voulez vous que je donne un coeur à qui ne l'a pas? - On doit pourtant faire quelque chose, insista le père. J'eus alors une idée. Les grands génies littéraires et les grands musiciens, sont gens de grande sensibilité et haute moralité. Peut-être constitueraient-ils une passerelle vers une prise de conscience. - Bravo ! Alors je vous prie cultivez-le au maximum ! - C'est ce que je fis. Et j'eus la satisfaction de constater une amélioration à mon égard. Il se rapprocha de moi, me manifestant même une tendresse touchante. J'avertis son père : il est en train de changer, et il a pour moi des sentiments d'affection forte qui montrent qu'il prend conscience de l'immense affection que je lui porte. Le père hocha la tête, guère convaincu. Et de fait, à ces accès de douceur et de séduction, succédaient immanquablement des comportements humiliants et dévastateurs. Cette succession de chaud et de froid était perturbante et finit par me démolir. Il me provoqua en me disant qu'à ma place il aurait rompu avec lui et que j'avais trop de patience. J'essayai de comprendre ses motivations, mais il me répondit : je n'y peux rien, c'est en moi, je ne sais pas ce qui se passe en moi. Je n'y peux rien. Je m'en voulais à mort de continuer à l'aider, à le prendre au sérieux, et à souffrir jusqu'à en pleurer de désolation et de déception. Son père le défendait dorénavant, en me disant : il est si jeune. Il mûrira et d'ailleurs lorsqu'il parle de vous c'est vac laplus grande admiration et la plus profonde affection. Ne l'abandonnez pas, il a besoin de vous. Et de fait chaque fois que je décidai de rompre, je le vis revenir à moi comme si rien n'était, plein de sollicitude et d'affection.
Ce n'est qu'au cours du dîner de ce soir, qu'en expliquant à Macha qui s'est offerte généreusement de traduire en russe mes morceaux choisis la structure de l'Entretien, en lui dessinant les nombreux diagrammes qui sillonnent l'oeuvre comme des veines de dragon, qu'elle me mit sur la voie. La réponse ultime, la clé de voûte était la séquence 200, intitulée "Dialogue au Sommet". Si cela vous intéresse, je la publierai dans le prochain billet, car ilest déjà 2h05 et j'ai encore du travail pour retrouver mes images pour l'album de famille, qui se cachent Dieu sait où.
Vos commentaires seront les bienvenus.
Votre
Bruno Lussato.
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