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Friday, 20 March 2009Le journal du jeudi 19 mars 2009CHRONIQUE Autour de Paul Klee
Comme je l'avais annoncé dans le précédent billet, finissons l'analyse du texte de Pierre Boulez sur Klee.
Klee s'empare des éléments les plus simples : l'échiquier, le cercle, la droite, dont il va déduire, d'une façon toute logique, toutes les variations, combinaisons possibles, toutes les influences réciproques. Par contraste, il introduit quelques éléments très figuratifs et semble se plaire à la confrontation des deux mondes. Mais même sa géométrie n'est pas une géométrie "objective". C'est ce qui le distingue de Kandinsky chez qui une droite est une droite "absolue", un cercle, un cercle "absolu". Ce sont des formes géométriques parfaites, tracées avec des instruments rationnels, ceux-mêmes dont se servent techniciens et ingénieurs. Et si l'on peut admirer l'ordre strict des tableaux de Kandinsky, ils nous paraissent, en quelque sorte anonymes. L'esprit est puissant mais la chair n'est même pas faibles, elle est tout simplement absente. Ce sont des objets dévitalisés, qui pourraient presque être avoir été fabriqués par n'importe qui. Chez Klee, l'on observe exactement le contraire. Ce qui force ma conviction c'est qu'on reconnaît son empreinte. La ligne n'est pas parfaite, mais une approximation de la ligne ; la main n'a pas à concurrencer une règle, elle produit sa propre déviation, sa propre distorsion ; le cercle n'est pas le cercle parfait, mais "un" cercle, un cercle tracé "à la main", pour lequel il a refusé le compas; un cercle parmi cent autres, qui possède l'autonomie merveilleuse de sa propre déviance. On a en même temps la géométrie et la déviation de la géométrrie; le principe et la transgression du principe... (Klee) préserve une zone d'insoumission. ( p.125).
Nous savons trop bien que l'excès d'ordre est sans intérêt : quand nous pouvons prévoir trop facilement les évènements, notre attention disparaît ; il en va de même avec le chaos pour des raisons opposées. Qu'est-ce qui alors est nécessaire pour obtenir en même temps continuité et variété?
Klee nous donne une merveilleuse leçon concernant ces difficultés. Il possède un extraordinaire pouvoir de "déduction". Lorsqu'on est jeune compositeur on est capable d'un grand nombre d'"impulsions". Celles-ci donnent naissance à desidées musicales, qui peuvent être très fortes, très orientées. Mais une fois qu'on les a notées, on ne sait plus comment les relier l'une à l'autre, comment établir les transitions, comment développer. Parfois ces idées sont trop riches et encombrantes et il est très difficile de les manipuler. Comment les diviser en unités plus petites, plus maniables ; comment les réduire à des composants plus neutres qui puissent irriguer entièrement le texte ; comment faire proliférer l'idée originale en même temps qu'on la réduit. C'est là tout le problème. ... Ce que j'entends par composition, par travail de composition, c'est justement cela.... (p.131) ... J'éprouve une irrépressible défiance si j'entends dire que l'imagination va tout prendre en charge. L'imagination, cette faculté merveilleuse, ne fait rien d'autre, si on la laisse sans contrôle, que de prendre appui sur la mémoire. La mémoire fait ressortir au jour des choses ressenties, entendues ou vues, un peu comme chez les ruminants remonte le bol d'herbes. Peut-être est-ce mâché, mais ce n'est ni digéré ni transformé.Tous ces souvenirs qui reviennent comme spontanément, sans effort donnent l'impression qu'on possède une imagination foisonnante. L'on se dit : "Mon imagination est si merveilleusement riche que tout jaillit sans effort et sans intention.! Ce type d'imagination ne fonctionne que sur rappels mémorisés, à peine ripolinés ; pour moi la véritable imagination n'a rien à voir avec ce coffre à trésors. .... Il y a des génies dont on vante le constant renouvellement ; il y en a d'autres, dont on seméfie davantage, car ce sont des artistes de la persistance. Mais il arrive que, souvent, on a confondu renouvellement et dispersion, persistance et monomanie...Se re,ouveler? Oui,mais selonune évolution organique qui développe;étend les possibilités, change les perspectives. (p.147)
La préparation du fond était pour lui un stade si promordial de la création qu'il ne mesurait pas son temps pour obtenir ce qu'il recherchait ; parfois il passait un mois à le modifier au moyen de moyens divers. Si bien que le résultat est un fond extraordinairement développé mais en même temps amorphe. ... On ne sait pas trop comment le regarder, ou il y a mille façons de le regarder... Sur ces fonds conçus pour offrir à l'oeil une multiplicité fluctuante d'aspects, Klee trace d'un trait noir quelque figure très précise, comme gravée, que ce soit une forme animale ou végétale.(p.163)
Voici un exemple de recette de préparation du fond inscite au dos de Zuflucht (Refuge), 1930. 1. carton 2.huile blanche, laque 3 pendant que 2 encore collant : gaze et enduit de plâtre 4 aquarelle rouge brun comme teinte 5 tempera de Neitsch blanc de zing avec addition de colle 6 dessin fin et hachures peintes à l'aquarelle 7 légèrement fixé avec un vernis à l'huile (dilué à la térébenthine) 8 éclairci par endroits avec huile blanc de zing 9 couvert avec huile bleu-gris lavis avec huile laque de garance. Pour avoir accès à mes commentaires autour de Klee, se reporter au corps du billet. (continuer la lecture)
Continuer à lire "Le journal du jeudi 19 mars 2009" Wednesday, 26 March 2008Le journal du 26 mars 2008CHRONIQUE RÉÉDUCATION CORRECTEURS DE NOTES, CORRECTEUR D'ORTHOGRAPHE.
Je n'aime pas,vous le savez,dévoiler mes problèmes de santé, sauf lorqu'ils sont légitimés par une connaissance et une réflexion qui peut être riche d'enseignement pour tous.
Ainsi que vous l'avez deviné, j'ai passé par de dures épreuves, avec la nuance que j'ai failli trois fois y laisser la vie. La cause était une fluctuation et des négligences dans le diagnostic. Trois erreurs de diagnostic provenant aussi bien de grands mandarins de la faculté que de médecins moins réputés.
La conséquence la plus inquiétante a été la mise hors fonctionnement de mon cerveau droit, celui des émotions, des affects, du qualitatif, et de la mémoire court terme. En revanche la partie gauche, celle qui gouverne les activités professionnelles est plutôt hypertrophiée, ce qui évidemment m'est précieux en ces temps troublés.
Quand je me suis remis au piano, je me suis aperçu avec horreur que je ne pouvais jouer plus de deux mesures sans trébucher. Que faire? J'ai choisi ma sonate la plus familière, la VIIIe de Mozart, qui était tellement rodée que je pouvais la jouer sans y penser et sans faute. Je décidai de réapprendre chaque note en me concentrant à son niveau, en reconstruisant chaque mesure. Je mis ainsi une semaine pour me réapproprier une oeuvre que je jouais depuis soixante ans! A présent quand je la joue, chaque nuance, chaque thème, la moindre transition, sont contrôlés au note par note. Non seulement les fautes de "frappe" étaient nombreuses mais elles afecctaient la compréhension du contenu. Je compris qu'une sorte de correcteur de frappe inconscient, rectifiait mécaniquement les erreurs. Il est aujourd'hui absent.
Je dus procéder de la même manière pour le réapprentissage de l'oeuvre. Alors qu'en cas de doute ou d'hésitation, mon correcteur de notes, reconstruisait automatiquement les mélodies, rien ne m'est plus donné.
Emmanuel Dyan me reprocha mes fautes de frappe qui affectent sérieusement la crédibilité du blog. Ce n'est pas sérieux, répétait-il, cela fait amateur. Je vais vous installer un correcteur d'orthographe. Résultat, je tapais sans soin laissant les caractéres erronés apparaître en rouge suivis de choix discrétionnaires de la part du scripteur. Mais cet outil est souvent irritant. Il laisse passer des erreurs grossières et signale des prétendus erreurs dépendant d'un contexte particulier, d'un vocabulaire technique ou étranger. En définitive on passe beaucoup de temps à corriger le correcteur. Je décidai de réapprendre à relire chaque mot, chaque note, manuellement sans un secour logiciel particulier. Evidemment ce choix était imposé. Mais comme mon réapprentissage passait par l'analyse de chaque mot, autant surveiller l'orthographe.
Continuer à lire "Le journal du 26 mars 2008" Saturday, 1 November 2008Le journal du 25 octobre 2008CHRONIQUE AUTOUR DE "TRISTAN" Si je vous ai fait faux bond si longtemps, ce n'est pas, que Dieu soit loué! pour des raisons de santé, mais à cause du réseau qui est tombé en panne pendant deux jours, effaçant des pans entiers de texte et d'images, qu'il m'a fallu reconstituer.
Bill Viola et Bruno Lussato
Kira Perov, Marina Fédier et Bill Viola.
Le texte que j'ai dû réécrire, a été à nouveau détruit. Le réseau orange est tombé une fois de plus en panne. C'est la raison pour laquelle, hélas, mes souvenirs sont devenus lacunaires. Vive le papier-crayon.
La répétition générale de "Tistan" avait lieu le 27 octobre à 18 heures. J'ai toujours considéré la mise en scène de Tristan et Isolde de Wagner par Bill Viola-Peters Sellars et à l'Opéra Bastille, comme le plus beau spectacle qu'il m'ait été donné de voir, avec le Ring de Chéreau-Boulez à Bayreuth en 1976-1983. Mais alors que cette dernière production est enregistrée en DVD et fort bien enregistrée, l'interprétation de Viola risque d'être perdue pour la postérité.
Impossible d'avoir une seule place pour la répétition générale. J'ai alors envoyé la veille un fax à Kira Perov qui venaient d'arriver à Paris. Elle m'invita aussitôt à déjeuner le lendemain, avant la répétition avec Marina. L'accueil fut exceptionnellement chaleureux, comme d'habitude, et je devais revoir Bill et Kira Vendredi avant leur départ pour Los Angeles.
Les conversations portèrent sur Tristan et sur un entegistrement possible du Ring de Viola. La veille de la dernière du Ring par Bob Wilson, le trouvai les fonds pour enregistrer la performance. Cinq DVD furent édités, avec interdiction de les divulguer, sauf à des fins professionnels d'enseignement et d'éxégèse. Mon exemplaire ira à la Fondation de Uccle en Belgique. J'y reviendrai.
Je mis toute ma force de conviction pour persuader Bill Viola d'en faire de même, m'engageant - un peu témérairement - de lui procurer les fonds nécessaires. Mais la partie n'est pas gagnée. En effet un élément majeur est la dimension, notamment l'écran du troisième acte est vertical, ce qui ne se prête guère à nos écrans à plasma qui sont horizontaux. Mais nous finimes Viola et moi par tomber d'accord sur l'évolution de la technique et du home cinéma pour résoudre ce problème somme toutes conjoncturel. L'important est de sauver le spectacle, le plus émouvant, le plus beau du monde. N'oublions pas que Viola est un des cinq artistes vivants et que Tristan est son oeuvre maitresse. Cinq heures de video, c'est quand même quelque chose. Je hurle alors "chef-d-oeuvre en péril !"
Présenter l'intrigue de Tristan dans ce billet serait dépasser son but. Mais j'ai l'intention de m'y atteler lors d'un prochain article. D'ici là il est indispensable que ceux qui veulent comprendre mon analyse se procurent un bon commentaire de l'oeuvre, comme celui qui figure dans Le Guide des opéras de Wagner 1994 et l'interprétation magistrale de Furtwängler-Flagstad chez EMI
Bill Viola était emballé par les nouveaux projecteurs installés à l'Opera-bastille. Comme Bob Wilson il accordait la plus haute importance à la justesse des couleurs.
Il estima qu'on avait atteint la perfection.
Nous parlames longuement de la complexité et de l'ambiguïté de l'oeuvre qui se lit à plusieurs niveaux. Il expliqua les images du premier acte comme un rite de purification qui montre la signification cosmogonique de l'histoire au premier degré, interprétée dans un style dépouillé de Nô japonais par des acteurs en chair et en os qui font le minimum de gestes pour figurer l'action. Viola insista sur le haut degré d'intégration entre le texte, l'image, son image, la musique. De ce point de vue le nouveau chef russe comblait toutes ses attentes. Il avait saisi immédiatement son propos par sa neutralité et la précision de sa direction: chaque note était à sa place, comme chaque couleur.
De cette précision extrême, de cette intégration totale, naissait l'émotion insoutenable qui se dégage en ondes puissantes et perturbantes du spectacle. Wagner disait que bien interprétée et bien perçue, le drame devrait rendre les spectateurs fous, les pousser au suicide, surtout à partir du deuxième acte, le plus émouvant, centre magique de l'oeuvre. J'ajouterai le niveau de culture et de disponibilité du spectateur, car nombreux étaient les spectateurs qui ravis du spectacles souriaient de plaisir ou émettaient des jugements snobs sur la banalité des images de mer déchaînée. "obvious, mon chêer!".
Wagner savait fort bien finir un acte. Ou après une longue et lente attente, où le temps est comme suspendu, l'action s'accélère et la fin tombe comme un couperet (1er et 2ème actes) ou la musique se dissout dans le cosmos et rejoint tout doucement, par vagues déclinantes successives, le silence (IIIème acte). L'imagerie de Viola suit exactement cette règle. Le rythme intérieur de ses images sont accordées à la sourde pulsation intérieure de la musique et du poème.
Lors de la répétition générale, au trois-quarts des deux derniers actes, je fus étreint d'une émotion pénible. Je saignais du nez, ma tête était prise dans un étau, les larmes m'étouffaient. Pour diminuer cette souffrance j'essayai de distraire mon attention, de penser à quelque épisode comique,mais en vain. La musique, les images, m'envahissaient comme des flots mortifères. Bill Viola vit mon émotion et m'embrassa longuement sans un mot. Ce fut un moment inoubliable, et rien que d'y penser j'ai les larmes aux yeux. Le lendemain ,avant son départ nous eumes encore un meeting avec ses agents de Londres Haunch if Venison représentés par Graham Southern, un esprit vif et ouvert, pour examiner les possibilités d'enregistrement de l'oeuvre.
Continuer à lire "Le journal du 25 octobre 2008" Friday, 19 September 2008Le journal du 20 septembre 2008CHRONIQUE Fin du livre de L.H.
J'avoue que cette nuit je n'attendis pas de retranscrire la fin du récit. La volonté d'en connaître sans tarder la suite l'emporta et je m'installai confortablement au lit, rognant sur ce qui me restait de temps disponible pour préparer mes plans de travail, et me ménager un peu de sommeil. C'est qu'en fait l'intrigue devient baucoup plus confuse et disparate et qu'il est difficile d'en démêler l'écheveau. Je serai donc emené à en couper des segments nombreux et significatifs.
LA NUIT D'AMOUR DE MADEMOISELLE VH.
Mademoiselle Van Holten et sa fille étaient de vagues connaissances du beau Oscar, dont nous admirions tous la désinvolture et la fortune souriante. La mère, grande femme osseuse au menton énergique dépensait ses ressources à la prospection d'un mari pour Maggie, qui lui convint. Voyages, toilettes et vie mondaine mettaient en valeur une fille que Oscar trouvait charmante et horripilante.
Un Samedi soir, après dîner, j'attendais Lasse qui avait coutume de bavarder avec moi avant de draguer les étudiantes au Boul'Mich. Non loin de nous, Mme VH me fit un petit signe amical que, par politesse, j'échangeai froidement par un bref salut. Il n'en fallut pas davantage pour que la douairière fit voile vers nous, remorquant sa mijaurée de fille. " Mais quel plaisir de vous retrouver, après votre brillante conférence d'hier! C'était pâssionnant, mais oui, vraiment paâassionnant, pas vrai Maggie". Maggie ne répondait pas, fascinée par le jeune homme qui lui souriait, ce qui incita la mégère à répétrer d'un ton pénétré : passionnant, Maggie aussi était passiönnée, elle ne parlait que de vous. Un tel puits de science à votre âge : la minéralogie, l'astrologie, la chimie, la télépathie, quelle chance ont vos parents..." La bavardage de la vieille perruche me contraignit à lui présenter Lars,-bien à contre-coeur - Il les invita à dîner pendant que la Van H. m'accablait de ses compliments afin de laisser parler à son aise sa fille. J'étais d'autant plus furieux que mon ami donnait dans le panneau avec une surprenante naïveté. Il proposa même à Maggie de passer le week-end à Saint-Germain-en-Laye à trois. J'allais refuser de jouer le chaperon quant je surpris le regard menaçant de Lars qui savait fort bien se faire comprendre de cette manière." Ce n'est pas dans les principes de mon enfant que de partir ainsi avec deux jeunes gens, mais vous connaissant comme un esprit sérieux, je ferai une entorse à la coutume à condition que vous me disiez où vous comptez vous rendre et l'heure de votre retour. "
Maggie ne pouvait cacher sa jubilation bien qu'elle tentat de la dissimuler sous un air supérieur qu'elle attribuait à une demoiselle de la High Life. En me souhaîtant un "bonsoir, cher à demain" elle me tendit sa blanche main avec une telle désinvolture que je dus me retenir pour ne pas la gifler.
En allant chercher dans le hall du papier à lettres je rencontrai de nouveau la reine mère dont la fille était allée pêcher un taxi."Quel jeune homme charmant que votre ami, me dit la matrone - et si comme -il -faut. Il n'est pas étonnant qu'il vous soit si attaché. Mais si, mais si, l'expérience m'a appris à déchiffrer l'expression des yeux . Quand il vous regarde à votre insu quelle affection ! Mais est-il sérieux? Tenté de lui répondre "non !" je le décrivis comme un sentimental fleur bleue en dépit de son apparence de Viking. Bref, un grand timide.
De surcroît cette femme rouée avait senti l'argent derrière la façade ordinaire du jeune homme, comme le cochon sent la truffe.
Avant de monter me coucher, je frappai au 134. Je déclarai fermement à Lars que je n'avais aucune intention de jouer les dames patronesses. "Tant mieux - répondit-il- je n'avais nullement l'intention de t'emmener ! . Qu'as-tu donc? tu serais de trop,et puis, tu as le mal de mer, toi. " "Elle est antipathique. Je ne comprends pas comment tu te laisses embobeliner ainsi. "Tu ne l'as pas bien observée. Bon. D'accord. Elle est un peu fadasse, mais elle a un corps magnifique, des seins à croquer et une peau d'une fraîcheur ... " Lasse épouserait-il cette mijaurée? Je me souvenais de ses yeux moqueurs et brillants, quand il raillait mon mal de mer.
Lundi j'étais fier de dîner avec Guillemin, spécialiste des "plombs" et dont j'espérais obtenir quelques beaux cristaux de phosgénite de Monte-Poni en échange d'anglésites vertes. Je venais de m'habiller avec soin c'est à dire comme un vieillard : complet gris, pull-over gris, cravate à pois de Poirier, quand on frappa à la porte. Trop tôt pour le dîner avec Guillemin, et d'alleurs ce n'était pas lui mais qui donc? Une madame Van H. visage congestionné en un curieux état. Sans attendre que je l'y invite, elle entre au 648, la chambre de ma soeur. Que désirez-vous? - Vous parler! " la voici en train de me débiter à toute vitesse, une histoire incroyable, entrecoupée d'injures, où il est question de sa pauvre Maggie, violée et torturée par un monstre dont je suis le complice. Cela me coûterai cher - où, si j'étais insolvable, à mes parents responsables de mes actes. Où sont-ils?
Je poussai madame Van dehors en refermant la porte derrière nous. Allons chez Monsieur Hall, nous y serons mieux pour nous expliquer. - "Il n'est pas là répondit la mégère. - Il ne tardera pas à entrer, j'ai la clé de son salon. Ce qui était hélas exact, car je me préparais à y recevoir Guillemin au 136.
Dand le salon rococo, à l'abri de l'intrusion de mes parents, je retrouvai mon sang-froid. Madame mère me raconta avec force détails ecoeurants, comment Lasse avait enlevé sa victime, violée et martyrisée atrocément toute la nuit avant de la ramener évanouie chez elle. Mme Van Holten l'avait découverte pantelante à son retour (elle faisait des courses) et en coup d'oeil avait tout compris.(Tiens, me dis-je). Elle s'empressa d'appeler un médecin. ll serait forcé de... de ... - de l'épouser? complétai-je douceureusement. ..." Oh non, Ma Maggie ne voudrait pas de ce cannibale! "
Elle m'en dit tant et si bien qu'ébranlé, je finis par la croire. La quantité des détails suppléait à leur réalisme.
Larse apparut à la porte de communication et je lui demandai de se justifier. Il ne répondait toujours pas. Madame van H commença par l'invectiver, mais elle fut froidement interrompue : " Je sais mieux que vous ce qui s'est passé, j'y étais" dit-il. Faites-nous grâce des détails et venez-en au faits. Que recherchez-vous? Un procès? Je ne vous le conseillerais pas si vous tenez à la réputation de mademoiselle votre fille, et à votre place, voyez-vous, je n'ébruiterais pas cet incident. Je crois même que je l'oublierais."
La furie paraissait s'être refroidie.. En regardant Lasse, je compris pourquoi. Immobile adossé au chambranle, pour une fois bien habillé en bleu foncé, cravate rayée, montre en platine, les yeux étincelants dans l'ombre, il en émanait des ondes de terreur. Je ne l'avais jamais vu ainsi. Sa voix était musicale, avec un accent léger, mais très basse et murmurée.
Mes nerfs prirent alors le dessus. Les récits des actes impunis des nazis, les mauvais traitements infligés par mes camarades du Lycée Carnot de Paris, me firent perdre tout sens du ridicule. Je pris le parti de la veuve et de l'orpheline et assurai Madame présumée veuve, et que ma sympathie lui était acquise. L'attention de Lars se concentra sur moi et il me dit doucement " Tais-toi. Nous parlerons de tout ceci plus tard".
Mais j'étais allé trop loin et sans réfléchir j'aggravai ma situation par des paroles très dures, affirmant que si procès il y avait, je témoignerais contre lui.
Mais la mère outragée à mon profond étonnement, me dévisagea avec mépris, haussa les épaules et glapit quelques injures à l'adresse de Hall qui la fixait toujours sans bouger. Soudain elle fit volte-face et partit précipitamment. La porte claqua et le silence s'appesantit dans la pièce. Il faisait tout à fait sombre. M. Guillemin allait survenir d'un moment à l'autre. L'essentiel était de partir au plus vite sans se retourner. FIler avant qu'il ne réagisse. J'étais paralysé par la peur comme dans ces cauchemars où on se sent des semelles de plomb. Lorsque j'esquissai un mouvement, Lasse dit calmement : reste... Nous devons parler. Ton ami ne viendra pas, j'y ai veillé". Il alluma puis se balança un peu comme je l'avais vu faire avec le pauvre R***
"Á nous deux maintenant...Ainsi tu porterais témoignage contre moi?"
La gorge serrée, je ne pouvais me défendre ni me justifier. Il vit cela et je crois qu'il n'en tira aucun plaisir. Alors, reprenant espoir je lui dis des mots qui durent l'apaiser. Pourrais-je me libérer?
Il me suivit dans l'ascenseur, croisa une jeune fille brune et très élégante. " Mon amour, dit-il, ce sera pour Lundi prochain, j'ai une affaire urgente à régler" Il lui parla longuement à voix basse et elle sourit de plaisir.Cela me donna de l'espace et je quittai le liftier quand il me rattrapa d'un bond en me poussant dans l'ascenseur. "Alors, tu veux m'échapper? me dit-il en riant. Je sentis que je ne m'en tirerais pas si facilement.Je me retrouvai coincé, non pas au 136 mais au 134, la chambre à coucher, pour une fois en ordre. Lasse fut d'une gentillesse inattendue, comme si rien ne s'était passé. Je retrouvai mon personnage familier. Il se mit comme d'habitude torse nu el en shorts. Ma peur apaisée, la rogne monta en moi. Je ferais mieux de me taire, le terrain était mouvant. Sans se fâcher il dit que j'étais un adolescent attardé et que je ne connaissais rien aux choses de l'amour. J'étais mortellement humilié et se moquant de moi, il me conta par le menu sa nuit d'amour avec Maggie. Cela me fit l'effet d'une horrible révélation. Je découvris que l'acte amoureux peut être brutal, pervers, prémédité. Lasse balançant négligemment ses jambes parla de la joie de broyer une femme, en comprimant toutes les fibres les plus intimes de sa chair, de la sentir se débattre, puis céder ouverte au désir le plus intense. La joie de la contemplée anéantie après l'étreinte. Car bien des femmes sensuelles désirent être maltraitées, leur nature est masochiste, sans quoi elles ne supporteraient pas nos attouchements. Il faut d'ailleurs aller très lentement avec ces amoureuses leur faire savourer chaque instant de supplice. Bien qu'elles s'en défendent je sens combien elles sont satisfaites.C'est autre chose que l'amour bourgeois et tranquille des cocus moraux et sentimentaux selon ton modèle.mais non, je ne suis pas un monstre ajouta-t-il en souriant, c'est toi qui tu te mêles de juger, toi qui jamais ne prendras femme.
Une tendance du pervers essentiel, avais-je appris, est sa tendance à assassiner le surmoi d'autrui de meurtir par l'hédonisme ce qui fait la raison d'exister, d'affaiblir sa charpente morale. En ce sens Lasse était un pervers. Et je ne voulais pas me laisser pervertir. Mon surmoi réagit vigoureusement pour son intégrité. Fou de rage, je lui dis ce que je pensais de lui, et aussi ce que je n'en pensais point. Je dus dépasser toute mesure car soudain il se mit debout et je sus qu'il allait attaquer. Ses yeux lançaient des éclairs et soudain il bondit sur moi, m'étendit sur le grand lit et posa son genou sur ma poitrine, appuyant d'abord légèrement, pour m'empêcher de me dégager, puis de plus en plus lourdement. Une douleur atroce irradiait à partir de là. Il me deshabilla et s'allongea tout du long sur mon corps malingre. La sensation d'être écrasé, chaque fibre tendue à se rompre, avec de brefs répits, je la connus par la suite à l'höpital, mais sans cette humiliation destructrice. Des ondes de douleur ondoyaient sous ma peau, dans les tréfonds de mon corps. Je pleurai de honte et de souffrance.
Allait-il me tuer? Il en était capable en ce moment. Mais il y avait ses yeux. penché sur moi il les plongea droit dans les miens. La mèche qui barrait son front m'aveuglait. Il s'était à présent couché confortablement sur moi et je compris qu'il allait m'étouffer. Je fixai ses yeux comme une planche de salut. La pupille s'élargit assombrissant le regard. Un instant auparavant ekke était réduite à une fente minuscule et les yeux étaients verts et cruels comme d'un chat de gouttière. A présent, ils étaient violets comme ceux des gosses du nord de la Scanie. La prunelle formait comme jadis un anneaux très clair entouré d'un cerne sombre. Comme les poètes le chantent, ses yeux ressemblaient au ciel et à la mer. J'y sicernai les vagues que j'entends dans les coquillages, un océan trouble aux lots verts et violets. C'était la combinaison de ce vert émeraude clair et de ce bleu violet, qui donne la couleur si spéciale du regard de Lars ce bleu des tapis de haute laine de Copenhague, du ciel de Recloses par jour de mauvais temps. N'est-il pas étonnant que le souvenir dominant de tant de souffrance, soit une magie de couleurs?
Je ne puis dire ce qui se passa après, sinon que la douleur se retira comme un reflux océanique, sous l'apaisement de ce regard. Comme une amnésie ou une anésthésie bienfaisante. Il ne bougea pas tout au long de cette correction, mais je subis un choc sévère. Je ne sais comment je me retrouvai dans ma chambre dans une profonde torpeur, un sommeil sans rêves; moi, l'insomniaque chronique. Continuer à lire "Le journal du 20 septembre 2008" Sunday, 17 May 2009Le journal du 18 mai 2009CHRONIQUE Turbulences
Cet intitulé du nouveau billet, correspond bien aux temps que nous traversons. Nous sommes ballottés à droite et à gauche, en haut et en bas; comme dans cette poubelle volante qui desservait Mexico direction Acapulco. Les riches comme Frank Sinatra avaient leurs jets. Les autres prenaient un coucou de la compagnie Aeronaves, rebaptisée par les autochtones Mortuarios Aeronaves. Dès que nous arrivames à destination, les passagers remercièrent laSainte Vierge de la Variole de les avoir encore une fois protégés.
En fait, et tout simplement, on a l'impression que les économistes, techniciens, informaticiens, électroniciens, bureaucrates à la tête des décisions majeures qui pour nous protéger des renards, nous mettent en cage, que tous ces hommes hyper-compétents, marchent sur la tête. Et plus il font d'erreurs, plus la soumission des victimes, et le sentiment de leur impunité, les incitent à perséverer et à aggraver leur mépris du bon sens et de la logique la plus élémentaire. Et ne parlons pas de leur empathie à l'égard du public, dont ils se soucient comme de l'an quarante.
Ce billet essaie de vous décrire ces derniers jours passés, émaillés, d'illustrations confirmant cette folie des gens, qui nous gouvernent.
ASCENSEUR Nous avions des ascenseurs qui marchaient tant bien que mal. On nous les a fait remplacer par d'autres très complexes, aux nouvelles normes. Notamment, les caractères sont en braille pour les non-voyants et ils parlent, ils parlent. Des caractères fluorescents sont conçus pour les mal-entendants. Les portes sont hermétiquement bloqués en cas de panne, et nul ne peut y toucher, ni la concierge, ni quiconque. Il faut que ce soit le constructeur lui-même qui doit venir, généralement au bout de trente à quarante minutes, une éternité pour un claustrophobe, un cardiaque, un bébé (ou un adulte !) qui veut faire ses besoins. Pire nos ascenseurs aux nouvelles normes sont constamment en panne. Celui de droite est hors service depuis une semaine. Les réparateurs sont venus, sont partis, et l'ascenseur est aussitôt retombé en panne. Excédés les agents techniques ont l'air d'avoir abandonné la partie.
Boulevard Suchet, dans les immeubles Walther, ils ont toujours de vieux ascenseur à grillage, un peu poussifs mais jamais tombés en panne depuis bien avant la guerre. Si cela devait arriver, tous ceux qui montent les escaliers vous voient et la concierge vous libère aussitôt. Par ailleurs vous avez de l'air pour respirer et vous ne vous sentez pas enfermés dans un coffre fort ! Combien de temps tiendra-t-on banque contre l'administration?
Par ailleurs dans nos ascenseurs, ils ont traduit une innovation : il est impossible, quand vous êtes à l'étage, de savoir si et quand, la cabine arrive, ou si elle est arrivée. Un truc consiste à tendre l'oreille et essayer de détecter le son de la voix des cabines. Si on l'entend, c'est qu'il y a des chances que la cabine approche.
Bon. Il y a les syndics et les co-propriétaires passent le temps à protester, mais ces gens là, encore des bureaucrates, ne pensent qu'à leurs loisirs, et sont fatigués de travailler. La plupart du temps il ne répondent même pas. Cela ne sert à rien d'en changer, tous les mêmes parait-il.
J'interroge notre ami S*** mon successeur à la tête du blog : est-ce que cet exemple navrant ne pourrait pas constituer une métaphore pour - disons - l'ascenseur social - toujours en panne?
MERCEDES
J'ai une petite Mercédès que j'ai acheté voici dix ans en seconde main. Elle commence souffre de rhumatismes divers et vient le moment où je devrai la remplacer. Je comptais en acheter - toujours d'occasion - l'équivalent plus récent, mais tous m'en ont dissuadé : j'aurais les pire problèmes dûs à la fragilité et au manque de fiabilité de l'électronique. Celle-ci est excessivement compliquée car il faut suivre le progrès : GPS intégré, mémoire pour la position des sièges, et mille autres fonctions dont on ne se sert pas, comme de choisir la musique qu'elle doit donner comme fond sonore et la programmation de l'air programmé en fonction de paramètres multiples que vous devez définir sur le tableau de bord. J'en sais quelque chose, car je dois à la générosité de Socrate Papadopoulos, d'avoir à ma disposition une magnifique limousine toute neuve, ultra perfectionnée avec télévision pour chaque siège arrière, et une Hi Fi merveilleuse. Le tout conduit par le plus expérimenté des chauffeurs. Hé bien, elle est souvent tombée en panne à cause de l'électronique trop sophistiquée et non fiable. En définitive on m'a conseillé une voiture entièrement fabriquée au Japon comme la Lexus, ou une Toyota. L'amour du travail et la relative rusticité de l'équipement électronique, assure l'extraordinaire robustesse de ces voitures. Il suffit de parcourir le pays, pour comprendre ce qui le sépare de notre Occident ou de la Chine.
LES RUSSES J'ai quelques amis russes, que j'apprécie pour leur chaleur et leur générosité de coeur et d'esprit, bine qu'ils soient aussi durs en affaire que n'importe quel occidental. Pour le reste, ils ne sont ni plus ni moins fiables qu'un belge ou un libanais. (Je ne parle pas des allemands qui sont d'une correction formelle à toute épreuve). Un certain nombre d'entre eux sont toujours passionnés de culture et la pratiquent d'une manière approfondie. La majorité, certes, est composés de nouveaux riches dotés d'un goût infect, et tombant dans le tape à l'oeil. Mais n'en est-il pas de même pour bien des Américains, des Français, des Allemands? Même ceux qui se croient cultivés ne sont que des ignorants. Leur culture, c'est du plaqué or.
Il se trouve que parmi eux, j'en connais un, charmant, de grande classe, fidèle, généreux, qui souffre d'un handicap grave. Il oublie tous ses rendez-vous et agit comme si tous étaient à sa disposition. Je me souviens qu'un jour Sarkozy alors ministre de l'intérieur l'avait invité officiellement à dix heures. Toute la garde était prévue pour lui rendre les honneurs. Mais notre homme dormait! Impossible de le réveiller. On finit par le décider de se rendre, deux heures en retard, à la cérémonie qui lui était réservée. Mais l'envergure d'un grand Seigneur et le charme d'un slave, ont fait qu'on lui pardonne instantanément.
Lorsque j'en parle, on me dit " c'est normal, c'est un Russe ! On ne peut pas se fier à ces gens-là. Un jour ils vous adorent, le suivant ils vous tournent le dos pour une raison impénétrable. Ils ne sont pas comme nous et vous avez tort de les prendre au sérieux. "
Que voulez-vous répondre à cela. Si ce n'est qu'il s'agit dans ce cas d'une pathologie rare aussi bien chez les Russes que chez les Turcs, ou les Américains ! Après tout un occidental comme LH III n'est pas plus fiable que ce Russe, avec une rigueur froide en plus. Il me fait tourner en bourrique et contribueà aggraver les turbulences de mon existence, sans complexe, etsans conscience. Mais il est occidental et on lui pardonne !
LES FRANÇAIS Je devais me rendre à Deauville pour prendre quelques jours de repos. Mais mon employé de maison-chauffeur, celui qui m'a volé près de 50 000 euros, et à qui j'ai proposé de passer l'éponge à condition qu'il nous serve correctement, s'est fait porté absent au dernier moment pour dépression nerveuse. C'est une dame qui n'a pas voulu décliner son identité ni laisser son N° de téléphone, qui nous a téléphoné tout à l'heure pour m'annoncer qu'il était à l'hôpital F***. On me téléphonera en temps utile. Inutile de préciser que tout ceci n'existe que dans son imagination.
En attendant, je cherche désespérément quitte à le surpayer, quelqu'un pour le remplacer. Sans succès.
LH III Il fallait bien qu'il prenne sa place dans le cycle des turbulence, lui qui n'arrête pas de jouer au chat et à la souris avec moi. Je suis malheuresement sous sa dépendance matérielle,comptant sur lui pour assurer la succession de la troisième fondation, la fondation parisienne. Lorsqu'il daigne me téléphoner - un scoop - il est d'une telle candeur, d'une telle force de conviction, d'une telle affection, que je gobe toutes ses promesses. Mais ce qu'il promet il ne le tient jamais, sans que je puisse intervenir pour lui expliquer qu'on joue contre la montre et que si jusqu'ici , pris par une fascination irrationnelle je tombais toujours dans ses rêts, aujourd'hui, avec les pauvres heures qui me sont comptées et qui fuient de plus en plus vite, je ne puis plus me permettre ce luxe. Il se débarrassera de moi, comme il l'a fait pour ses demi-frères et sa demi-soeur, sa première femme Vera, la maîtresse Christine Ludell et de Valentin son meilleur ami. Il émane de lui une zone de turbulence qui vient s'ajouter aux autres qui m'assaillent, comme les flots furieux sapent la falaise. Celle-ci tient bon, puis se fissure et finit par s'écrouler.
UN HAÏKAÏ
À l'est hier à l'ouest aujourd'hui un éclair Enamoto Kikaku1661-1707
Ce disciple favori de Bashô m'a été signalé par Sandrine. Il enferme de manière lapidaire toutes les angoisses relatives à la fuite du temps,à l'accélération des transports qui relient ou séparent les continents, de la fragilité des alliances.
VALERY GERGIEV Il est le prototype du Russe tel que le voient les gens qui disent "un Russe, aujourd'hui la passion, demain l'indifférence, un éclair". Sa vie est une perpetuelle turbulence qui se transmet de proche en proche. Mais elle est compensée par des dons qui le rendent inimitable : une énergie, une passion, une vie qu'il imprime à ses interprétations qui se mettent à vivre et se transforment en évènements musicaux. Cela fait de lui un des tout premiers chefs du monde. Si cela vous intéresse, vous trouverez dans le corps du billet un reportage sur son dernier concert, et nos projets communs. Continuer à lire "Le journal du 18 mai 2009" Sunday, 26 April 2009Le journal du 26 avril 2009CHRONIQUE Intermezzo
Après la lourdeur du blog précédent, j'éprouve le besoin de ménager une pause, de flâner, de converser avec vous à bâtons rompus.
J'ai eu la bonne surprise en consultant les statistiques d'apprendre que sous toute vraisemblance, on dépassera les 34 000 visites pendant le mois d'avril, dont 30 617 jusqu'à hiern oùon a enregisté 1009 visites. Bien qu'il n'y a pas de relation univoque entre le contenu et les statistiques, il est réconfortant de constater que la dynamique impulsée par S*** qui s'est particulièrement dévoué pour SON blog, et mon parti-pris de franchise et mes digressions pédagogiques improvisées à l'occasion du billet précédent, destiné à LH III, vous ont plu. Une souffrance demeuréeà l'état de lamentation est stérile et finit par attirer l'ennui plus que la compassion. Le véritable courage n'est pas de subir la souffrance mais de lutter contre elle. Le pathétique dans la littérature réside dans la recherche de la salvation et non dans le malheur qui s'abat sur le héros. Ma soeur me disait que j'avais de la chance d'être intellectuel car je me suffis à moi-même et que je supporte la solitude. Ce n'est plus aussi exact car depuis un an j'ai besoin de l'affection qui m'est prodiguée par des êtres, et dont la valeur est due à la parcimonie avec laquelle ils la dispensent. Que vaut celle de ceux qui aiment également leurs amis et le premier venu?
Prospero était un penseur, enfoui dans ses livres magiques au point de délaisser ses affaires temporelles et en mettant sa fille Miranda en péril de mort. Echoué dans une île déserte, il créa tout un monde fantasmatique. Et peu à peu ce rève prit corps et s'incarna dans la réalité. Ainsi que dans La Tempête dernière oeuvre de Shakespeare, LH I s'est il incarné mystérieusement dans un non-né , LH III. De même qie la réalité se reflète dans nos songes, ces derniers finissent par créer une réalité. Comment? Qui saurait pénetrer les arcanes des mécanismes quantiques qui forment le soubassement matériel de notre psyche?
Essayez de voir le film "Prospero Books" de Greenaway, l'auteur de Meurtre dans un jardin Anglais. J'avoue l'avoir vu trois fois et ne rien y avoir compris! Mais il en reste une étrange impression onirique, comme un arrière-goût de magie. John Gielgud, le plus illustre acteur shakespearien.
Ci dessus Prospero Books. Four Walls Eight Windows, New York.1991. Cet ouvrage très riche contient tout le script de Greenaway. Il faut prendre le temps de le lire (pour les anglophones, hélas) et j'aimerais bien y consacrer un jour un billet.
LE MARCHÉ DU JOUR J'ai acheté à votre intention des DVD qu'il faudrait avoir dans toute vidéothèque culturelle. Certains n'auraient même pas besoin d'être mentionnés comme Sueurs Froides ou l'Odyssée de l'Espace si ce n'est que les jeunes générations n'en n'ont jamais entendu parler, leur goût étant anesthésié par les production commerciales made in America et les françaises qui ajoutent la prétention et la politique à la nullité. Je dis à votre intention parce que je n'ai pas attendu à aujourd'hui pour les acquérir, mais voici : elles m'ont été "empruntées" à mon insu et il ne me reste plus rien.
Consulter dans le corps du billet le marché du jour
LE COUP AU CŒUR Ce n'est pas un DVD mais un simple CD. Il contient des chansons de cabaret dönt celles d'Arnold Schoenberg et d'Eric Satie. Le disque en question débute par d'affreuses chansons d'un anglais inconnu. Mais c'est de loin celles de Scöenberg qui l'emportent et parmi elles mes deux coups au coeur : Le Noctambule, L'Aria du Miroir d'Arcadie avec son refrain Boum boum boum qui décrit le coeur de l'amoureux.
J'ai inauguré le Centre des Capucins par une évocation Art Déco follement gaie. Je me souviens encore de Armand Friedman et de son épouse, la Président des machines à coudre Singer, et du Café Légal, habituellement très sérieux, entrer en dansant sur la musique du Noctambule. Le CD était merveilleusement interprété par la créatrice historique qui avait une diction irréprochable, une voix gouailleuse et acidulée, un style bien cabaret berlinois. Je dois certainement l'avoir mais elle dort dans une des nombreuses caisses conservées dans un garde-meuble de UCCLE.
Malheureusement, la version aujourd'hui disponible, est interprétée par une cantatrice à la diction inaudible, sans aucun style, très "cantatrice". Mais la pire des interprétations ne saurait porter tort au Noctambule et à un moindre degré au Miroir d'Arcadie, boum boum boum - boum boum boum ! Une fois que vous entendrez ces chants de cabaret, vous aurez envie de les réécouter, et ne vous sortiront plus de la tête à tout jamais ! Croyez-moi, un jour de pluie et de cafard, écoutez ces chasse-déprime. Cette musique est tout à fait inattendue de la part du plus grand révolutionnaire de la musique, de l'austère compositeur de Pierrot Lunaire , fondateur de la musique atonale, puis du dodécaphonisme et du sérialisme.
POTINS La grippe porcine, la condamnation d'un juge d'instruction d'une légereté impardonnable, que dis-je, d'un entêtement criminel, et ayant subi une simple réprimande au motif, que d'autres qui le critiquent on fait aussi mal que lui, un autre magistrat accusé d'avoir trucidé sa femme, la faillte d'une ou deux banques internationale, la fureur des Chinois due à la réception ménagée au Dalai Lama et cent autres joyeusetés, nous empêchent de vivre, en attendant de mourir. On vent en pharmacie des masques de très bonne qualité, au lieu de nous faire peur avec le virus mexicain, achetons-les avant qu'ils viennent à manquer !
HUILE ET THÉ, les voies de la qualité. Mes préoccupations sont d'une toute autre élévation. L'autre jour j'ai été chez le grand spécialiste de l'huile d'olive Oliviers & Co. Ils m'ont fourgué une huile d'une cuvée exceptionnelle, en un coffret de luxe et d'un prix exorbitant : L'Extraverte, Yolande et Albert Baussan Récolte d'octobre 2008 au Portugal et provenant d'un petit terrain classé ce qui explique la faible production annuelle : 500 litres par an, à l'instar du grand cru de Salvador Gaec de Haute Provence, cuve 2, la cuve 4 produisant 1000 litres par an !
Vous pouvez contempler comme moi la superbe couleur verte de ce vrai jus d'olives. Je n'en attendais pas moins de cette fameuse Extraverte de Baussan, si exclusive qu'elle ne figue même pas dans le catalogue des grands crus.
Hélas, à l'essai elle s'est révélée du plus beau jaune et ne sentait guère plus l'olive qu'une autre bonne huile.
En revanche, j'ai trouvé une huile vraiment verte à un magasin spécialisé beaucoup plus modeste : A L'olivier, 23 rue de Rivoli. C'est une AOC olive de Corse, récolte 2008- 2009. Ma chère Tatiana qui veille sur moi comme un ange gardien, m'a donné le mode d'emploi. On était chez Guimard lorsqu'elle s'est fait apporter de l'huile d'olive dans un bol, l'a aspergé de sel et à trempé du pain qu'elle a dégusté. Depuis,j'ai perfectionné la formule. J'ajoute au sel sans sel qui m'est imposé, du gingembre moulu, de la coriandre ou du cumin et de l'ail moulu. Je trempe avec du pain style poilane de chez Hédiard et j'en prends toute la nuit en écrivant mon blog. Il est évident qu'utiliser une telle huile pour assaisonner des salades, du poisson ou n'importe quel plat, serait un coûteux sacrilège. Une huile aussi raffinée se déguste seule.
La même Tatiana m'a un jour amené une boîte de Thé. De m'ême que j'ai toujours révé d'une huile verte, j'ai recherché avec persévérance du thé vert, de celui que vous trouvez dans les bons restaurants japonais ou même chinois. En vain. Mais cette boîte contenait un thé que j'ai trouvé sublime. Il provenait de la boutique "Thés de Chine" 20, Boulevard St Germain à Paris, et la référence était LM102/61. Long Men Xiang Cha. Le parfum était déjà empreint du charme immémorial delacérémonie du Thé, mais que dire du goût d'un extrême raffinement !
J'allai donc rendre visite à cette jolie et poétique boutique, ou s'alignaient d'innombrables boîtes immenses. La récolte toute fraîche de 2009 venait d'arriver. En matière de thé vert, les prix variaient de 28 € à 96€ les cent grammes. J'optai pour un petit sachet du plus coûteux cultivé dans un jardin sacré, entretenu par des moines bouddhistes. La référence était Shi Feng Long Geng (?).Après avoir utilisé pendant plusieurs infusions, 3 à 5 minutes dans l'eau à 75% 3g pour 15 cl, il faut surtout conserver les feuilles pour des condiments, car elles sont bourrées de vitamines.
J'inaugurai aujourd'hui même ce thé illustre avec notre ami S*** mon successeur sur le blog. Marie-Jo à la cuisine suivit scrupuleusement les instructions et nous servit dans un service japonais d'oribe. Hélas S*** et moi trouvames que cela sentait l'eau chaude et c'est tout. D'ailleurs aucune odeur émanait du paquet. Est-ce à dire que ce parfum est si délicat que seul un moine expérimenté pourrait l'obtenir en utilisant une eau à la pureté particulière, neige fondue ou source secrète en faisant chauffer cette eau sur un foyer de feu de bois et une bouilloire comme celle que nous avons au Musée Mingei... Ou tout simplement que je suis tombé dans un piège attrappe gogos, comme pour l'huile? En tout cas j'ai l'intention de m'en expliquer avec mes deux spécialistes.
Il est 01 h 23, Tatiana vient demain et je dois encore faire une page de calligraphie à son attention. Je remettrai à demain la liste de mon marché de DVD.
Nous sommes "demain" et vous pouvez consulter la liste dans le corps du billet. 20h48
Bonne Nuit, Bruno Lussato. Continuer à lire "Le journal du 26 avril 2009"
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