Le triomphe de la méduse
RAPPEL
J’ai appelé Médusa, dans « Virus, huit leçons sur la désinformation », le nœud sémantique dont l’effet et le but, sont de prendre le contre-pied de ce que l’on appelle les valeurs bourgeoises, ( Force de la terre), et d’œuvrer à détruire toute trace de la morale passéiste de l’occident, ses mœurs, ses langages, ses fondations judéo-chretiennes et gréco-romaines et jusqu’à son identité. Son zèle iconoclaste frise le suicide dans le phénomène de plus en plus fréquent d’autodénigrement et de tolérance envers les pires excès de nos adversaires. Les manifestations les plus connues en sont le syndrome munichois, le syndrome de Stockholm et le syndrome de Stockholm antérograde. Ils nous poussent à adhérer à la maxime « aidons nos ennemis, combattons nos alliés » à l’inverse, comme il se doit, de la « morale bourgeoise ». Comme tout nœud sémantique, Médusa a ses adhérents, recrutés parmi la gauche caviar et les bobos ou des jeunes déboussolés et manipulés par la haine, en proie au chômage et à la drogue. Derrière Médusa, se tiennent de puissants lobbies dont l’action est très présente dans les élites bureaucratiques et les milieux universitaires, intellectuels et médiatiques. La désinformation sévit à l’état endémique, avec de temps en temps des explosions remarquables. Le cas des infirmières bulgares est un exemple édifiant d’inversion médusa.
LA JUSTICE A L’ENVERS
Lorsque Abu Ghraib fut découvert, le monde médiatique fut saisi par un maëlstrom d’indignation. Les tortionnaires américains, furent considérés comme l’émanation de l’armée, puis de Bush, enfin de l’Occident tout entier. Parmi ceux qui se distinguèrent tout particulièrement dans l’amalgame, on citera Baudrillard, et le magazine Marianne. La désinformation dégénéra en pure intoxication lorsque le Guardian publia des fausses photos d’humiliations perpétrées par des soldats anglais, simulacres diffusés notamment par le Nouvel Obs. L’affaire d’Abu Ghraib est en tout point l’inverse de celle des infirmières bulgares, à une exception près : la présence d’actes de torture, souvent simulés dans le premier cas (faux électrochocs, exécutions-simulacres) etc, bien réels dans le second cas.
Abu Ghraib : les tortures furent perpétrées par des soldats du niveaux le plus bas, et dès qu’on vint à en connaître l’existence, furent durement sanctionnées par la hiérarchie militaire, les coupables traduits en justice et désavoués officiellement par Bush. En dépit de cela, pendant de longs mois, le monde médiatique et intellectuel, fut agité par un véritable mælstrom d’indignation et d’invectives contre le déshonneur du monde occidental. Des commissions d’enquête furent exigées par la gauche, et eurent lieu, afin de traduire en justice les tortionnaires. Les photos, vraies ou truquées furent mondialement diffusées, rediffusées, commentées. Les récits les plus crus ressassés à longueur de presse.
Les infirmières Bulgares : Les tortures furent perpétrées par des membres de l’armée libyenne, et ordonnées par Kadhafi afin d’obtenir des aveux destinés à blanchir l’impéritie du système sanitaire libyen. Dès qu’on vint en en connaître l’existence, nul ne bougea et les malheureux furent pendant des années exposés à d’innommables supplices, dans l’indifférence générale des gardiens de la bonne conscience. Jamais les coupables ne furent ni désavoués ni sanctionnés par la Libye. Le fils lui-même du dictateur confirma l'existence des tortures et ne fut jamais désavoué par son père ni par les instances officielles.
Par un extraordinaire renversement des faits, ce furent les victimes qui furent condamnées à mort, et on ne les libéra que contre avantages substantiels. Le monde médiatique et intellectuel se tut, à l’exception du parti socialiste français qui exigea une commission d’enquête destinée à faire toute la lumière sur la femme du Président, Cécilia Sarkozy, accusée d’avoir hâté la libération des victimes, au lieu de s’être abstenue comme le demandait le protocole ! Nicolas Sarkozy fut également pris à partie pour avoir conclu le sauvetage des victimes.
Aucune photo, aucun récit détaillé ne fut commenté et repris par la presse, qui se cantonna au strict minimum. Les associations qui exigèrent le châtiment des tortionnaires, se heurtèrent à l’inertie hostile des bulgares eux-mêmes. Les victimes n’obtinrent aucune réparation financière pour les dommages irréversibles causés par les années de détention sous torture.
Quant à la sanction infligée par la communauté internationale à Kahafi, on peut relever le versement de sommes considérables, la livraison de mirages, d’armes et d’une centrale nucléaire. La France s’enorgueillit d’avoir distancé ses concurrents, et notamment les Russes et les Américains, faisant tous assaut de zèle et d’obséquiosité envers le dictateur qui ne cacha jamais sa volonté d’opter pour une solution finale pour Israël.
Où sont les émules de Baudrillard ? Les grands titres vibrant d’indignation de Marianne ? Les livres émouvants commentant les traitements infligés à des innocents dans la plus pure tradition de l’inquisition médiévale ?
Certes, nous savons tous que cette indulgence envers les tortionnaires est due à des impératifs économiques à court terme qui ont nom pétrole et livraisons d'armes. Mais par quel détour subtil, les intellos gauchistes se trouvent-ils dans le même camp, alors que leur mobiles semblent opposés. C'est qu'en favorisant Kadhafi par rapport à Bush ou Poutine, ils montrent un biais en faveur de l'islamiste, par rapport au protestant et au chrétien orthodoxe, deux représentants de l'occident. Ce biais est un des indices qui dénote la présence de Medusa.