Sarkozy, l'anti-Machiavel.
Ou tel est pris qui croyait prendre.
On connait la stratégie développée par Niccolò Machiavel dans Le Prince, alias Cesare Borgia. Pendant les premiers jours de la conquête, l'adversaire est apeuré, en attente du châtiment, privé de ses moyens. Le condottiere doit en profiter pour faire tabula rasa, nettoyage par le vide, application radicale des principes qui ont assuré la victoire. On jette l'ennemi dans le cachot obscur, sa famille, ses soutiens, les supposés sympathisants, sont dispersés en exil et ruinés, hors d'état de nuire. On hurlera au début au despote, au tyran sanguinaire, mais les cris deviennent murmures quand on s'aperçoit qu'ils attirent sur les importuns toutes sortes d'infortunes. En un second temps, la nature ayant horreur du vide, et les ministères encore plus, de nouveaux parasites gagnent la cause du Prince, dont ils deviennent les plus féroces supporters, tant ils ont peur de devoir restituer la place des bannis. En un troisième temps, le Prince distribuera ça et là des largesses, ou plutôt des aumones, réparties frequemment et au détail. A chaque fois des voix reconnaissantes s'élèveront " au fond il n'est pas si méchant que ça ! Sous des dehors un peu bourrus, il est humain, généreux et compatissant. C'est un bon prince.
Considerez à présent l'autre stratégie. Le Prince, bon prince, ne punit que les adversaires les plus bruyants, il pardonne aux autres, tel Cinna. Rassurés, les corps constitués s'enhardissent; exigent, et lorsqu'on leur résiste, ils hurlent au despotisme. Il ne se passe un jour sans que la main tendue des parasites, ne devienne poing fermé et menaçant. Le peuple habitué aux largesses finit par trouver les dons comme allant de soi, et traite la générosité de calcul électoral.
Nicolas Sarkozy a laissé passer les cent jours. En dépit du travail héroïque accompli, on ne cesse de le mordre aux mollets : il a été trois jours chez les riches, il divorce d'avec sa femme, il tient ses promesses électorales, conformément à la volonté populaire, alors que c'est la gauche et les syndicats qui incarnent la légitimité. Ils lui reprochent d'ailleurs de ne pas tenir parole pour la Turquie.
Au lieu de liquider les Kouchner, les Jack Lang, les Straus-Kahn, et de culpabiliser à mort les syndicats ennemis de la France, il leur fait la cour. Il appelle cela l'ouverture. Mais les mesures qu'ils prend sont des demi-mesures, l'occasion était révée pour supprimer l'impôt sur le capital et inscrire dans la constitution cette réforme européenne. Les riches seraient revenus. Après tout la France est un beau pays. L'avenir dira si cete politique anti-machiavel sera gagnante. Mais dès à présent les chiens aboient à la moindre velléité de changement, sans cacher leur impudence, sûrs de leur impunité. Et qu'a rapporté la coupable indulgence envers les fraudeurs sociaux, qui forts d'une legislation du travail indigne d'un pays libre, ont transformé en industrie leurs manoeuvres criminelles. Mais ils ne sont pas riches selon monsieur Hollande. Mais pire que la fraude à la SS, il y a le harcelement constant prud'hommes; les pires enemis des entrepreneurs, mis dans l'impossibilité de recruter du personnel valable, et spoliés par le fisc. Evidemment les grandes entreprises s'en tirent, et elles sont les seuls à pouvoir se faire entendre en haut lieu. Mais ce sont les PME qui créent l'emploi, la richesse, l'ordre et la prospérité. Elles ne sond défendues que par de demi-mesures et des discours officiels.
On ne demande pas l'ouverture au Président. Ce n'est ni Jack Lang ni Kouchner qui remettront la France sur les rails. Ce sont les PME, PMI, les individus méritants, et il faut oser le dire, ce que M.Hollande appelle les riches, et qui ne sont que de petits patrons, qui de superettes, qui d'ateliers d'ébénisterie. Oui, décidément,on s'écarte de la feuille de route initiale, non pas par les discours mais par l'exécution.