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Tuesday, 4 September 2007
On ne peut plaire à tout le monde...
Avis divergents : http://www.forumopera.com/concerts/tristan_sellars05.htm "Hélas, l'utilisation de la vidéo est l'exemple même de la fausse bonne idée. La faute en incombe à l'insurpassable pouvoir d'attraction de l'image. N'oublions jamais que même la mire ou la Chaîne Parlementaire ont des spectateurs... A moins d'être dans les premiers rangs de parterre, difficile de ne pas avoir toujours l'oeil irrésistiblement attiré vers l'écran, du moins à la première vision, même s'il ne s'y passe presque rien ; d'autant que les éclairages discrets rendent les interprètes, habillés de noir sur fond noir, pratiquement indiscernables à distance : du balcon, on a d'ailleurs l'impression d'un film muet donné en concert. Les vidéos de Viola naviguent entre la simple illustration (la mer pendant le voyage en bateau ; une forêt pendant la chasse ; un couple marchant dans l'eau pendant le duo) et l'ésotérisme bobo-branchouille (notamment un interminable rite d'initiation "new age" qui évoque une séance d'essayage à la Foire au Slip). Les images les plus belles sont celles filmées au ralenti, notamment la scène finale qui évoque un Tristan Alka-Selzer montant vers le ciel au milieu des bulles : malheureusement, il s'agit pour l'essentiel de placages de vidéos antérieures (3) conçues dans un contexte totalement différent"
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http://chanteur.net/spectacles/20051111-Muenchen-20051116-Paris-Tristan.htm "Grande pauvreté de l'espace de jeu chez Peter Sellars, confiné de bout en bout dans la semi-obscurité en bas de l'écran de Bill Viola. Pauvreté des gestes, des attitudes distantes des personnages qui ne se touchent et ne se regardent presque jamais, on dirait du Bob Wilson en panne de projecteurs. Bill Viola récupère-t-il la mise à Paris? Il écoeure plutôt par son strip-tease new-age du premier acte, où le choix des types physiques, des vêtements, des "servants" et l'éclairage par d'artificieuses boîtes à lumière de studio évoquent une secte californienne ou un vieux roman-photo. Après les innocentes et inutiles bougies du second acte, le troisième est enfin plus réussi : Bill Viola s'y limite à des images de nature. Mer, eau, feu, levers et couchers de soleil, plongeons projetés à l'envers et au ralenti inspirés de ses oeuvres précédentes, il est plus supportable dans l'abstraction même grossièrement métaphorique, sans éléments humains trop datés et orientés."
#2 Poil à gratter (Site) le 29/08/2007 à 03:50 (Supprimer) (Répondre) Marina et moi-même vous remercions pour les deux critiques que vous nous avez transmises et qui méritent une réponse détaillée dans un blog spécifique qui ne saurait tarder. Je suis fier de constater que dans ce blog, nous accueillons des internautes qui ont votre culture et votre discernement, et... aussi votre volonté d'aller vois l'autre côté des choses.
#2.1 bruno lussato le 29/08/2007 à 12:04 (Supprimer) (Répondre)
Il est deux types de mauvaises critiques. Les unes exaltent des navets. Les autres démolissent des chefs-d'oeuvre.
Continuer à lire "Défense et illustration de Bill Viola"
Sunday, 11 November 2007
Politiquement correct à force d'être politiquement incorrect
Une conversation téléphonique avec Sir Kevin Bronstein
Billet revu , augmenté et corrigé, ce dimanche 11 novembre 2007
Je viens d'apprendre que Kevin Bronstein a été ennobli par la Reine, ce qui est un honneur pour tous les membres de l'ISD. Sa femme devient donc "dame Hilda Bronstein".
Bronstein avait surtout envie de parler de Bush, Nicolas Sarkozy et des autres,
-... Ah oui, la France, les grenouilles et les villas à Saint Tropez. J'y ai été invité un jour avec Hilda chez le célebre oligarque Derrick Pasqua. Quelle merveille que sa villa, la plus somptueuse de Saint Tropez ! Ah la France, quel beau pays... Pour qui n'y réside pas bien entendu; car les autochtones, les indigènes plus ou moins ... enfin, je m'entends..., ils vont eux dans les hypermarchés, les riches étrangers, rue St. Honoré.
Bush et Sarkozy, deux erreurs de casting. Georges Junior est un abruti alcoolique, coureur de jupons reconverti, et qui prouve à quel point l'Amérique est une vraie démocratie. Tous y ont leur chance. Si un imbécile peut devenir président, pourquoi pas vous? Il est vrai que vous n'avez peut-être pas un père comme le vieux Georges pour vous guider? Car derrière le junior, se cache immanent, le sénior... Il est partout, le fils, c'est un figurant stupide.
- Pour Nicolas Sarkozy, vous ne croyez pas que vous avez été un peu dur?
Continuer à lire "La réponse de Bruno Lussato à Kevin Bronstein"
Wednesday, 15 October 2008
CHRONIQUE
Une journée bien remplie
Après l'effort de formalisation du billet précédent qui m'a épuisé par sa concision et par son sujet propre à nous plonger dans la dépression, j'ai envie de partager avec vous des moments de pure joie.

Ci-dessus à l'entracte du concert Prokofiev salle Pleyel : Valery Gergiev, Henri Dutilleux, Bruno Lussato.
Je devais diner avec un de mes anciens élèves, qui est devenu quelqu'un dans l'ex-yougoslavie, et doté d'un sens de l'humain et d'une élévation spirituelle hors du commun, quand j'ai reçu un coup de téléphone pressant de la part du plus grand de nos chefs d'orchestre, Valery Gergiev, directeur du célèbre London Symphony Orchestra, et ardent propagateur du Marinsky, l'illustre opéra de Saint Petersbourg. Il donnait salle Pleyel deux concerts Prokofiev. J'avais décliné pour cause de santé le premier, mais il tenait absolument à m'avoir au second car le grand compositeur Henri Dutilleux avat tenu à lui rendre visite. Le tandem Gergiev - Dutilleux se révéla un succès étonnant, et le maestro russe exécuta de nombreuses oeuvres du compositeur. français. Or il se trouve que j'ai eu l'honneur d'emmener le compositeur à l'hôtel de Gergiev, rue St. Louis en l'île. Je croyais à l'entente des deux grands hommes. Mon intuition se révéla exacte et c'est aussi pour la commemorer que je fus invité au concert Salle Pleyel.
La composition du programme mérite quelques commentaires. On donna dans l'ordre la deuxième symphonie, le concerto de violon, et après l'entre-acte, la Septième Symphonie.
La Deuxième Symphonie op.40, 1925 en ré mineur op.19 aux puissantes dissonances fut composée au moment où Nolde revenait des Iles Salomon. Même sens de la couleur, même rugosité,
Gergiev l'exécuta avec un sens du rythme, et une puissance meurtrière terrifiants. J'eus beaucoup de mal à d'y déceler quelques lambeaux de mélodies qui m'eussent donné l'envie de la réentendre. Je jetai un regard en coin inquiet à mon ami qui n'avait jamais assisté à un concert et que j'avais emmené avec moi à tout hasard. Je craignais qu'il ne soit agacé par ce pandémonium. Loin de là Il était sidéré, transporté, comme galvanisé par tout : la puissance, le rythme implacable de la gestuelle de Gergiev, le son de l'orchestre. Il venait de découvrir la musique classique in vivo, non congelée dans le numérique ni réduite en bouillie par le téléchargement. L'ambiance solennelle de la salle, le maintien recueilli de l'assistance, l'interdiction d'émettre le moindre son, la moindre toux, l'habit de cérémonie des musiciens interprétés comme un signe de respect envers l'oeuvre et le public, il n'avait pas imaginé que tout cela puisse exister.
La structure de la symphonie est d'une rigueur et d'une puissance presque Beethoveniennes: même plan en deux parties la dernière étant un thème et variations rappelant l'Op. 109.
Concerto pour violon N°1 en ré majeur op.19, 1919, première à Paris en 1923.
La facture romantique et trop simple fut sévèrement jugée par les personnalités présentes : Picasso, Pavlova, Arthur Rubinstein etc...Cette oeuvre met en lumière le sens mélodique et le penchant au classicisme de Prokofiev. Il aimait les pièces claires, sans trop d'innovation et destinées à durer. On se doute que le grand public d'aujourd'hui, peu accoutumé à affronter les innovations de Schönberg à John Cage, était ravi qu'on se mettre à son niveau. Il en alla ainsi hier dans la salle.
Symphonie N°7 en do dièse mineur op. 131, 1951 - 1952
C'est la dernière oeuvre d'un homme affaibli physiquement et moralement.Comme tous ceux qui ont eu la malchance de vivre sous l'oppression jadnovienne, il doit comme Chostakovitch se plier à l'esthétique socialiste et publier une humiliante autocritique. Le goût de Jnadov pourrait certainement convenir à ceux qui trouvent la musique classique est trop intellectuelle et réservée à une élite de snobs.Ces gens-là n'ont évidemment jamais essayé de travailler sérieusement une grande oeuvre. L'Art est divertissement populaire et non masturbation intellectuelle!
Prokofiev est classé artiste dégénéré (comme l'avant-garde sous Staline et Hitler) et subit harcelements et sévices. Le 20 février 1948 Lisa son ex-femme est condamnée à vingt ans de déportation pour espionnage !
Le compositeur essaie de rentrer dans les bonnes graces du pouvoir communiste et compose une symphonie correspondant aux critères communistes. Ils correspondent il faut le reconnaître au goût de la plupart des ignorants recherchant le joli et l'agréable. Plus de contrepoint, plus de dissonances (au propre comme au figuré) . Mais on obligea Prokofiev à recommencer le dernier mouvement pour luii imprimer un caractère plus brillant que la fin inhabituelle jugée trop discrète. C'est cette fin imposée que Valery Gergiev a donné en bis. Notons que des rangées de fauteuils vides étonnaient dans une salle jusque là archicomble. C'est le public éduqué et peu curieux qui boudait la musique trop facile.
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Friday, 19 October 2007
Une grève politiquement correcte
Je viens de recevoir des lignes indignées de notre amie Anastasia Romanoff comtesse de Ségur. .Je le publie en totalité car il sort des tripes, du cerveau, du coeur et de tous les organes qui ont échappé à l'informatique triomphante.
Bonjour Mr Lussato!
Je suis étonnée de ne rien lire dans votre rubrique en ce jeudi 18 Octobre sur cette journée de grève...... et voudrais faire un commentaire , n'ayant rien a voir , du coup, avec le chant de la terre de Mahler!!!!! , mais un coup de gueule de temps en temps ne fait pas de mal, et j'espère (et suppose) ne pas être la seule à crier "au scandale" sur cette journée noire qui nous rend tous otages de syndicats qui n'en n'ont jamais assez, au détriment d'un pays et du "raisonnable".....
Inutile de rabacher tous les avantages de cette corporation en grève: l'âge de la retraite, les primes, des conditions de vie n'ayant plus rien a voir avec le siècle dernier, tous ces "plus", dont ne beneficient pas d'autres métiers bien plus fatigants et stressants, et qui n'ont pas , eux, les moyens de paralyser tout un pays!!
Vous dire à quel point je suis choquée d'entendre certains interviews à la TV de ces pauvres travailleurs qui ont l'audace de se plaindre de leur condition de vie, eux qui ont les 35h, la retraite à 50 ans etc...!!!
J'ai honte pour mon pays et j'espère que ce gouvernement pour lequel j'ai voté ne cèdera jamais. Scandalisée aussi de voir ces journalistes qui savent si bien prendre parti quand ça les arrange au moment des éléctions, rester de marbre devant de telles énormités , diffusées dans cette TV , qui décidément est de plus en plus nulle: ....je viens d'entendre un syndicaliste de la SNCF dire aux infos regionales:"les réformes d'accord, mais vers le haut, toujours plus vers le haut, et à notre avantage, les autres métiers, ce n'est pas mon probleme! je m'en fiche!!"
Mes enfants, étudiants en stage, rient a entendre ces desirs de réforme de ces syndicats!! heureusement!!! ils ne connaissent pas les 35h, s'en fichent, et vont aller travailler en ce jour noir de transport, en courant, sac à dos, pour respecter les horaires d'une entreprise qu'ils respectent..........et demain, ils chercheront du travail à l'étranger!
Désolée d'encombrer votre adresse mail par ce coup de gueule!!! mais on n'entend insuffisament , dans "les interviews de trottoirs", les gens qui trouvent cette grève scandaleuse!! les journalistes préférent les croustillants preneurs d'otages.....................
Amicalement,
Anastasia Romanoff, comtesse de Ségur
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Friday, 29 May 2009
CHRONIQUE
LECTURES
Il m'est difficile de dormir sinon par à coups et il est 2h20.
A vrai dire nous sommes donc le 29 mai, mais j'ai abordé ce billet le 28 et j'ai été retardé, parce-que ma fenêtre était tronquée et que je ne pouvais lire que quelques lignes à la fois. Les experts à qui je téléphonai me dirent que mon cas était très compliqué, et qu'il fallait leur amener la machine. Commode ! Je passai quelques heures à essayer de trouver une solution. Et elle était d'une grande simplicité. Ainsi je suis en train d'apprendre le mac Book sur le tas, c'est quand même pénible et stupide.
J'arrivai à Deauville hier à midi, par un froid intense, mais agréable. L'après midi fut consacré à acheter chez Carrefour des légumes, des yaourts, des jus de fruits et autres aliments plus ou moins standardisés. Aujourd'hui je me rendrai avec Marina au marché pour avoir des produits de qualité et aussi - le Céline dont je vous ai parlé et dont je ne me souviens pas du titre, aussi affreux par son contenu, que par son contenant : un papier brûlé appelant irresistiblement la poubelle, qu'il mérite sans doute. (Il s'agit de Bagatelles pour un massacre) Mais on me dit qu'un tel pamphlet était devenu introuvable, alors...
La soirée a été éclairée par la lecture du Marchand de Venise de Shakespeare. Cela faisait quelques décennies que je ne l'avais lu et j'en suis à mi-lecture. C'est une oeuvre tout à fait ambiguë et je commence à saisir son sens écartelé entre intrigues contradictoires et s'entrechoquant brutalement. Comment est-il possible que maints critiques aient considéré cette oeuvre cruelle, comme une comédie légère ? C'est ce qui me dépasse.
Je continue la lecture de Cockpit de Kosinski où il relate les trésors d'imagination qu'il déploya pour "choisir la liberté". A New York, il connut son meilleur ami, un certain Robert, qui le couvrit de sa sollicitude et le protégea discrètement. On sait combien j'ai été sensible à ces marques d'affection de la part de protecteurs puissants. Seul ceux qui ont vécu jeunes, dans la maladie et la certitude de finir dans le caniveau, peuvent le comprendre.
Kosinski dans un passage touchant, nous apprend que Robert, non content de lui offrir un logis à air conditionné, en prévision des chaleurs torrides de New-York, insista pour lui faire acheter un vêtement d'été, pour remplacer le lourd complet d'hiver, le seul qu'il ait, et qui l'accompagna dans un magasin élégant. Par chance, on offrait un discount de 50% sur ces costumes d'été de la meilleure qualité. Ainsi Kosinski put l'acheter, enchanté. Le lendemain, ne voulant pas manquer cette promotion, il se présenta pour en acheter un second. Mais on lui répondit que les prix étaient au double de la somme qu'il avait déjà payé. Il fit un scandale et demanda à parler au Directeur. Celui-ci passablement embarrassé finit par lui révéler que la moitié du prix du costume avait été payé en cachette par Robert.
Vous vous souvenez peut-être, que bien que nous faisant vivre au Grand Hôtel et fréquentant les boîtes les plus ruineuses, mon père nous faisait vivre misérablement. J'étais incapable de me payer mes études (c'est pourquoi j' entrepris mes études au Conservatoire de Arts et Métiers qui était gratuit). Ce dénuement me fut d'ailleurs plus profitable que si j'avais été couvert d'argent comme bien des fils à papa. Il m'obligea de travailler à la Bibliothèque Nationale, dans cette magnifique salle de lecture, aux boiseries illustres, où des chercheurs concentrés et respectueux, se penchaient sur les précieux ouvrages sous la lumière des lampes en opaline verte. Je fus aussi contraint à élaborer des fiches très soigneusement calligraphiées que j'ai conservé encore aujourd'hui.
Au Grand Hôtel, un cousin éloigné Claude G*** vint vivre avec nous. Son père était un des hommes les plus sympathiques, les plus séduisants que je connaisse. Il ne consacrait que peu de temps à son fils pris par ses affaires et la constitution d'un musée de petits maîtres qui est encore très connu à Genève. Le fond de son âme était hélas tout autre, et sa femme, une grande dame issu d'un milieu huppé d'Italie, froide, d'une suprême distinction, et les trait d'une tigresse, le détestait. J'allai souvent chez eux à Genève et j'étais intimidé par leur appartement d'une glaciale beauté, et les haines qui couvaient dans la famille. Et voici qu'un affreux malheur frappa la mère de Claude, un cancer, débuté dans la langue et rapidement généralisé. Elle fut traitée au bétatron, en vain . A la fin la pauvre femme ne pouvait parler. Elle exprima le voeu que Claude qui avait alors dix-huit ans, si je ne me trompe, vienne habiter auprès de nous et que je le prenne en charge pour le cultiver et le former.
J'étais très choqué, car Claude s'intéressait de très près aux outils électroniques et aux modes opératoires des traitements les plus avancés. Le sort de sa mère ne le préoccupait nullement. Cela m'aurait dû mettre en garde. Je finis par m'attacher à lui, car il absorbait à toute vitesse mon enseignement. Au début, il fut très gentil avec moi. Pendant un an nous déjeunâmes ensemble dans un modeste restaurant chinois proche des grands boulevard. Il avait obtenu du chef du restaurant d'énormes discounts, et j'étais capable de payer les sommes très faibles demandées, et que mon père admit. Ce n'est que bien plus tard que j' appris que la plus grande partie de la note était discrètement payée par lui.
Par ailleurs, j'étais dévoré depuis mon enfance par deux passions : la numismatique et la minéralogie. Je me rendais avec délices chez Deyrolle, rue du Bac et je fis la connaissance de beaucoup de minéralogistes et de savants qui m'apprirent les arcanes de cette science. Je finis, à dix sept ans par être élu membre de la très fermée Société de Cristallographie. Pour preuve de la sympathie qu'il me portait, monsieur Charles, le chef du département de minéralogie chez Deyrolle, m'initia aux secrets des minéraux, et j'avais déniché un merveilleux livre d'une certain Braun traduit en italien, où on voyait très luxueusement reproduits en sérigraphie les spécimens les plus illustres des Universités de Magdebourg, de Karlsruhe, et surtout de Giessen dont les cabinets étaient célèbres, avant la première guerre mondiale. J'achetai pour des sommes dérisoires, des pièces aussi belles, dotées d'un provenance aussi illustres, que celle des cabinets allemands.
Le grand rival de Deyrolle était Boubée, rue St André des Arts. Il avait aussi de belles pièces, mais ses prix étaient exorbitants, dix fois ceux pratiqués par Deyrolle. Lorsque je demandai un escompte, le vendeur arbora un sourire méprisant.
Là aussi, j' appris beaucoup plus tard que tous les collectionneurs et les minéralogistes, s'étaient cotisés de monsieur Charles, pour me payer pratiquement la totalité de la collection, avec la bienveillante complicité de monsieur Charles.
Il est trois heures trente cinq du matin, et la journée du 29 déjà entamée.
Je ne veux pas clore ce billet avant de vous avoir dit combien j'ai apprécié l'imagination et le style du poème de notre ami S*** dont je puis à présent révéler le nom : S., avocat de classe exceptionnelle, père d'une famille modèle, et des passages de vibrante poésie. Il vit souvent dans un monde qui n'est pas le nôtre, le noble royaume des esprits que Goethe invoque dans la dédicace de Faust II.
Votre ami, Bruno Lussato
Sunday, 30 November 2008
CHRONIQUE
Le prix des choses
Demain je pars à Genève avec S*** et C.Burgan. Destination : la plus grande et prestigieuse vente numismatique de tous les temps. Les estimations étant fixées à dix fois la valeur habituelle, des pièces légendaires sont apparues. Selon M.Baron, expert de la vente, ce qui esr le plus cher montera, ce qui est moins cher baissera fortement. J'ai passé toute la nuit à confronter le point de vue de B*** , de S*** , de Baron et des autres.
En fait le choix obéit à trois logiques distinctes :
- Le point de vue de l'investisseur, auquel cas ce sont les iii et les iiii qui doivent être privilégiés.
- Le point de vue des experts et grands collectionneurs visant à légitimer toute la collection potentielle ou actuelle.
- Le point de vue du grand public qui recherche le spectaculaire ou des histoires à se raconter.
Deux pièces répondent au premier point de vue : la chouette et Hadrien.
Voici la chouette :

Contrairement à ce que déclare le catalogue, il existe plus de pieces en circulation qu'on ne le croit. Notamment celle de la Bibliothèque Nationale de France n'a pas été mentionnée. C'est dû au fait que cette pièce n'a pas été publiée. Mais sachant que la BNF est le premièr réservoir mondial de pièces grécoromaines, et compte tenu de l'importance de l'exemplaire en question,les organisateurs auraient dû se mettre en contact avec le conservateur comme je l'ai fait moi-même. Voici un problème constant dans l'évaluation du nombre d'exemplaires.
Le second clou de la vente, celui pour lequel de nombreux amateurs se battront, et qui pourrait même dépasser le million de SF, est la pièce réputée la plus belle de l'époque romaine. On y admire l'expression un peu pensive de l'empereur, image de la tolérance et de la sagesse incarnée, tel que Marguerite Yourcenar, citée dans le catalogue, nous l'a depeint.

Voici à présent ce que les monnaies peuvent nous apprendre de leur côté.
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Voyez cette dame. C'est Sabina,la femme d'Hadrien. Autant ce dernier aimait sa mère, autant il était odieux avec sa femme qu'il trompait aux yeux de tous, aussi bien avec des femmes mariées que de jeunes gens comme Antinoüs. Il ne supportait cependant pas la moindre incartade chez Sabina et il l'isolait de tout contact significatif. On dit que voyant sa fin prochaine, il empoisonna la makheureuse, ou la força à se suicider. Pour ceux qui douteraient de la hauteur de vues de Hadrien, voici un Drachme frappé à Alexandrie en 134-135 et représentant son sigisbée.
Le prix des choses
Ceci dit, je suis perplexe devant les prix que risquent d'atteindre les monnaies phares de la vente. On murmure qu'ils partiraient à 500 000 FS pour atteindre (pour le sage Hadrien) 1 500 000 à 2 millions de FS (soit autant en euros en comptant les frais). Il est interessant de se demander ce que l'on peut avoir pour ce prix dans les autres départements des deux fondations : manuscrits à peinture, Livres rares et Grolier, mingei, art d'océanie, statuaire chretienne du moyen âge, emaux de Limoges, Chamanisme du grand nord, chamanisme nepalais, partitions musicales, manuscrits musicaux, paravents.
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