Recherche rapide
Votre recherche pour lussato a donné 231 résultats :
Thursday, 12 March 2009
CHRONIQUE
L'imposture du siècle
Une fois de plus j'entends des commentaires angoissés sur les nouvelles plus ou moins incohérentes qui viennent de toutes part à propos des mesures à prendre en cas de catastrophe, le pire étant évidemment la rupture du flux monétaire.
Mais avant d'aborder, une fois de plus, ce sac de noeuds, je tiens à remercier notre ami S*** qui a consenti de livrer au blog (voir ci-dessous) ses magnifiques et énigmatiques paraboles. J'espère que vous les apprécierez autant que moi.
J'en reviens à la chronique quotidienne. J'ai quitté cet après-midi un de mes clients particulièrement résistant face à la crise et d'un flegme imperturbable. Un de plus qui me pose avec beaucoup de sérieux cette question : que va-t-il se passer, et quelle est notre position? Je sors également à l'instant (1h 45) d'un très intéressant dîner où j'étais invité par M.Baron, le responsable et créateur de la vente-culte numismatique de Genève. J'avai été underbidder pour la pièce la plus chère du monde, le fameux Hadrien que me disputait d'un Baron T*** prêt à investir des sommes presque illimitées pour ce chef d'oeuvre de la numismatique romaine. J'abandonnai les enchères à 22 000 FS . (Ce chiffre est évidemment erroné, lire €1.500 000) ayant ainsi contribué à instaurer le record mondial absolu. Nous évocames avec Baron cette extraordinaire aventure, mais aussi la chance que j'eus d'avoir les plus belles monnaies gauloises jamais vues, à un prix record il est vrai. Cela a été possible parce que les monnaies gauloises sont notoirement sous-évaluées, notamment à cause de ce qui fait leur valeur esthétique : un étonnant modernisme digne de Picasso et confinant à l'abstraction. De quoi heurter la sensibilité esthétique des numismates, foncièrement conservatrice et élevée dans le culte d'Euanetos et des bronzes romains.
Je me suis consolé d'avoir manqué la vente de la splendide monnaie à l'effigie de Caligula et annoncée fleur de coin. Fleur de coin, elle l'était certainement lors de sa mise en circulation, mais au moment de sa découverte, elle était altérée par des concrétions qu'il a fallu nettoyer en remettant à neuf ce bronze magnifique. L'Hadrien au contraire, moins "neuf" a gardé sa patine originale qui lui donne une partie de son charme.
Cela dit, nous avons quitté le domaine de la numismatique pour rejoindre celui d'un autre domaiine touchant à la monnaire : les risques d'une rupture du flux monétaire et le retour au troc. Un avocat de mes amis était persuadé que cela n'arriverait jamais pour plusieurs raisons, dont la puissance américaine qui serait garante du dollar. On l'a constaté lors des fluctuations du cours de l'or, du jamais vu! On suppose que l'Amérique fait contrepoids en écoulant su le marché une partie de ses réserves en or. Mais on n'a jamais pu savoir la quantité de metal précieux détenue dans les coffres de Fort Knox. Par ailleurs, à force de se délester de son or, la réserve de Fort Knox finit par s'épuiser sans que des ressources physiques réelles et un enrichissement correspondant viennent compenser cette hémorragie.
On a compris ce mécanisme régressif en tirant les conséquences d'une annone télévisée du président de la France. Nicolas Sarcozy déclara en substance que s'il n'avait pas mis de l'argent de côté, qui sert aujourd'hui à renflouer les banques, les gens feraient la queue pour obtenir la restitution de leur monnaie de singe (sous quelle forme ? Or cette accalmie préservant pour un temps la paix monétaire et sociale, ne peut que tourner mal, car elle ne résoud aucun problème de création de richesses. Nous sommes venus un peuple d'assistés et les entreprenurs qui refusent de vivre au crochets de la communauté, sont rudement frappés par des mesures punissant le mérite et les hauts revenus dont une bureaucratie haineuse et une discrimination injuste et démotivante. Les responsables en sont principalement les intellectuels français, non seulement de gauche, qui par mauvaise conscience et égalitarisme mal placé optent pour le suicide et l'accueil de nos pires ennemis. Mais en cas de catastrophe, les intellectuels seront balayés comme des fétus de paille et les bouches inutiles comme les immigrés qui clament sans honte leur haine du pays d'accueil, donnant une image négative au dépens de ceux qui veulent travailler et vivre paisiblement, et qui en sont les premières victimes.
Au contraire la seule richesse de l'Amérique n'est ni la prétendue haute technologie qui est copiable et se démode rapidement, ni la terreur qu'inspire la prétendue force américaine (on connaît ses échecs lors de ses interventions) mais sa possibilité de vivre en autarcie en se fermant au reste du monde, et surtout la capacité pour les américains de repartir de zéro, courageusement en ne comptant que sur leur ténacité, leur travail est leur capacité d'adaptation pour affronter les moments difficiles. Ajoutons à cela que les Etats Unis n'ont pas d'ennemis intérieurs comme nous, mais que le sens patriotique, la fierté d'être américain domine tout. Cela est la véritable richesse de l'Amérique qui peut éventuellement garantir la validité du dollar, d'autant plus que les dettes sont payées par le monde entier.
Malheureusement ces prropos révigorants se heurtent à l'évolution prise par le monde. L'intégration de plus en plus poussée des cortex individuels en un supercortex à l'échelle mondiale (ce que De Rosnay nomme le cybionte). Nous ne seront, dit le vulgarisateur futurologue, que les neurones d'un cerveau planétaire intégrant tout le savoir du monde. Ainsi se félicite t-il de présager la fin des égo-citoyen, par des citoyens égaux. Nous payerons certes les bienfaits du cerveau planétaire par une perte partielle de notre libre-arbitre, de notre autonomie d'action et de pensée, de notre champ étroit de vision, ceci au profit du super organisme qui sait tout. De Rosnay comme les aristocrates orléanistes affecte de croire à un libéralisme écologique, néodarwiniste. On est ainsi dans l'orthodoxie BCBG. et on hurle avec les loups.
Or deux considérations majeures doivent tempérer notre enthousiasme. D'une part nous sommes en train de conférer une valeur au signifiant, sans penser que le signifié qui lui donne son sens a une valeur négative, comme dans les états en faillite : Pays Bas, Islande etc. Faire confiance à la monnaie est souscrire à une dette sans l'espoir de remboursement comme ces héritages maudit que l'on accepte sans penser que l'on risque de s'endetter jusqu'à la fin de nos jours. Le signifiant ne tire plus sa valeur que d'un signifiant, sans jamais être garanti par une richesse réelle. Cela pose aussi la question de définir une richesse réelle. L'or et l'argent ont une valeur mythiques inscrite dans l'inconscient des populations travalleuses. Croire que le nickel ou l'aluminium peuvent être des substituts est une erreur profonde comme le montrent les ennuis de Oleg Deripasca ou de Potanine, dont la fortune est fondée sur la détention de ces métaux.
La notion de valeur réelle est liée à l'utilité combinée à la rareté ou la valeur culturelle du bien. Et elle varie selon les strates de la société. Actuellement si le marché des actions et des biens de qualité moyenne (substituable) indique une forte déflation et une valorisation de la monnaie, il n'en va pas de même pour la strate inférieure qui voit les prix de première nécessité, et des servies, s'envoler, ou de la classe supérieure qui constate que les pièces d'art et de culture d'exception, pièces majeures et presque uniques dans l'histoire de l'humanité, attegnant des prix records ainsi que le montrent la vente du siècle Pierre Bergé, Yves Saint Laurent, qui a pulvérisé touts les records mondiaux et la vente exceptionnelle de monnaies réalisée par Baron, phénomène qui continue sur sa lancée.
En ce qui concerne la strate inférieure, il faut constituer une réserve de survie qui puisse nous permettre de tenir un an à un an et demi. On y stockerait du riz, des boites de conserve, des piles électriques, des bûches ou des générateurs d'électricité. Auniveau au dessus, il faut acheter une ferme avec les fermiers qui en échange de leur services possederaient un bout de terrain.On serait ainsi protégés des violences (qui partent de Paris et des métropoles) d ela faim, et du froid.Pour ceux qui veulent aussi éviter les grandes chaleurs, il faudrait des systèmes de conditionnement d'air alimentés par des cellules solaires, ou encore habiter ces demeures aux murs épais qui protègent des intempéries et des grosses chaleurs. Mais au niveau supérieur, les gens qui disposent de milliards de dollars ne peuvent tout convertir en provision de survie ou en fermes. Une ferme est un lieu de vivre qu'il ne suffit pas de payer, mais qui exige que l'on vive comme dans un kibboutz.
La seule possibilité qui s'offre à ces hommes aisés, voire riches, est d'acquérir des biens d'importance majeure et en nombre très limité encore dans des mains privées. On les désigne comme des iiii car si on en manque la vente on peut attendre dix ou trente ans (c'est le cas d'un livre de Grolier ou de l'Apocalypse de Dürer. Les iiiii sont des pièces majeiures dans leur domaine et d'une telle rareté, que si on les manque et qu'elles finissent dans un musée ou une grande fondation, elles deviennent intouchables pour le commun des mortels. Un exemple est donné par la première édition de l'ouvrage de Copernic qui est sur notre liste de iiiii pour la 2ème fondation. Ou encore un appartement de l'avenue Gabriel donnant sur les jardins.
Certes on se heurte à la réticence des barbares qui préfèrent perdre de l'argent par des procédés éprouvés qu'en gagner, comme Saint Laurent, en investissant dans des biens culturels. Ces barbares sont hélas nombreux et les programmes scolaires comme la télévision et l'université, entretiennent ou créent la confusion entre le pire et le meilleur. Socrate se retournerait dans sa tombe
Enfin le pire n'est pas là..Teilhard de Chardin et Leconte de Nouyï ont émis l'hypothèse que lorsqu'on dépasse le seuil de l'infiniment petit ou l'infiniment complexe, apparraissent des réalités qui nous semblent paradoxales,telles que le chat de Schroedinger qui est à la fois mort et vivant, ou la non séparabilité qui stipule qu'une particule peut dans l' 'infiniment grand remonter le temps,et dans l'infiniment petit se trouver simultanément ici et à l'autre bout de la galaxie! De même le franchissement du seuil de l''infiniment complexe que nous devons à l'internet et à l'intégration des organisations, risque d'entraîner l'apparition d'un monstre que nous ne pouvons comprendre et qui nous opprime impitoyablement. Matrix ou le monolithe de L'Odyssée de l'Espace, donnent une faible idée de ce qui nous attend.
Quand ce seul sera-t-il franchi? Quand cet effrayantt basculement aura-t-il lieu? On ne peut le savoir exactement. Mais il surviendra sans transition, sans signes avant-coureurs, échappant à l'imagination et défiant tout raisonnement. Actuellement nous sommes dans l'oeil du cyclone ainsi que le montre notre fixation sur l'aide à des gens ou des ïles, qui ne veulent pas le bien de leur communauté. phénomène de gravité tout à fait négligeable par rapport à une catastrophe majeure. Au lieu de travailler comme les Américains, de prendre des risques, de faire preuve d'imagination. les îles de la Réunion, de la Guadeloupe saccagent durablement l'économie de leur communauté et détruisent durablement leurs richesses touristiques et leur potentiel économique.
La solution apparut à tous les membres de ce dîner : il faut faire marche arrière : désintégrer, rétablir l'autonomie des nations. Les populations comprendront alors les vrais problèmes car on les rattachera à leur expérience concrête forcément locale, au lieu d'en référer d'une manière aussi fataliste que péremptoire aux nécessités d'une économie mondiale.
Bruno Lussato, 3h24 du matin.
Voir dans le corps du billet une interprétation de la parabole de S***
Continuer à lire "Le journal du 12 mars 2009"
Sunday, 9 September 2007
Les rives grises du purgatoire
L'Entretien IIème partie
Séquence I
Invocation
Seigneur,
je viens de quitter les reliefs tourmentés de l'enfer des hommes, bien plus terrifiant que celui qui hantait les imaginations des albigeois. Pays noir et flammes, contrées riantes bariolées et tracées à la peinture phosphorescente sur velours noir, celui qui servait jadis aux funérailles.
Un jour, un rabbin nommé Cohen vint me voir, muni d'un jeu de calames.
- Rabbi, me dit-il, je suis mandé par un groupe de cabalistes et je viens de Jérusalem te demander en leur nom de nous dévoiler les derniers secrets. Car tu es le descendant des plus illustres d'entre eux, le dernier prophète.
- Je suis catholique, répondis-je, et la Bible m'est inconnue, sinon par des rudiments piqués au hasard de mes lectures. Je suis donc indigne d'une telle responsabilité.
En fait j'espérais surtout me débarrasser du bonhomme. Moi, descendant du dernier grand cabaliste, que faut-il entendre !
Continuer à lire "Billets secrets"
Wednesday, 18 March 2009
CHRONIQUE
Lectures
La nuit du 17 mars, je l'ai passée à lire les ouvrages les plus variés, mais tous présentant un intérêt certain, voire essentiel à mes yeux, complétant fort bien les textes de Pierre Bergé et sur le faux, cités dans les billets précédents. Le plus intéressant me semble une très profonde réflexion sur les rapports entre l'art de Paul Klee et la création musicale. La référence est :
Pierre Boulez, Le pays fertile Paul Klee Gallimard 1989 et 2008.

Cet ouvrage est d'une lecture difficile car Boulez se garde bien s'opérer des transpositions artificielles et superficielles entre une forme d'art et une autre. Il est impossible de transcrire dans un morceau de musique le rythme d'une peinture, et encore moins à partir d'une partition un équivalent pictural. Certes il y a des similitudes, voire même des équivalences : dans les deux arts on trouve la prééminence de la structure sur le sentiment et l'apparence (ce que Pierre Bergé notait dans l'intretien cité plus haut), et c'est dans la liberté que laisse la structure que se glisse la création véritable . Autrement tout est mécanique et froid. Le rythme, la couleur, la densité du matériau, sa répartition, son intensité. Par exemple dans certains tableaux Klee adopte le pointillisme : il délimite une surface et sa dimension, en la remplissant de pointillés, ce que Webern fait en musique par la répétition à l'identique d'une note. L'étendue picturale et la durée musicale sont évalués par le nombre de pointillés. Autre exemple le contre point : dans le tableau plusieurs lignes se croisent et circulent librement dans la toile. Chez Klee le procédé est constant, elle est conçue comme un mot croisé qui se lit dans le sens horizontal ou vertical. En musique, un morceau polyphonique est conçu de la même manière. La lecture verticale de la partition génère l'harmonie, alors que la lecture horizontale met en valeur la mélodie.
Mais si les équivalences sont évidentes, la spécificité irreductible de la musique et de la peinture est première. En effet le rapport à l'espace et au temps sont radicalement différents dans les deux arts. Alors que d'un seul coup d'oeil on peut percevoir la totalité de la structure du tableau d'une exposition, pour y revenir à la fin de la visite pour affiner le regard, la perception de l'oeuvre musicale dépend de notre mémoire. On ne peut appréhender l'oeuvre dans son déroulement (à moins de lire une partition) qu'instant par instant. C'est pourquoi, alors qu'on peut lire un tableau dans tous les sens, les structures renversables, où le thème se présente à l'envers, sont difficiles à percevoir. Encore une fois il faut une partition pour les apprésender, et c'est pourquoi l'audition en suivant une partition est hautement recommandée, en sachant toutefois que c'est la structure et l'organisation qu'on met en relief au détriment des autres dimensions comme le timbre ou l'intensité sonore. Un exemple est donné par la fugue de la sonate Op.106 Hammerklavier, où des passages entiers présentent le thème lu comme dans miroir, ce que l'on nomme le renversement, ce qui n'offre pas de difficulté dans un tableau. Pensez à un paysage se reflétant dans un étang. Le reflet et le réel apparaissent aussitôt comme identiques. Ce n'est pas le cas pour le renversement d'un thème, procédé qui, fréquent dans l'Op 106 est omniprésent dans L'art de la Fugue de J.S. Bach. L'orchestration de Scherchen a pour but de clarifié l'organisation des lignes de sonrte qu'on entende toutes les mélodies séparément. Mais il ne peut faire que dès que l'on dépasse une durée asssez courte d'un thème, on ne peut déceler son identité avec son renversement. Dans le cas de l'Op 106, la difficulté est fréquente, mais on y trouve une forme que les sérialistes utiliseront plus tard : la réccurence. Elle consiste à jouer la partition en la lisant en commençant par la fin et en finissant par le début. Beethoven ne facilite pas la tâche à l'auditeur car le thème est interminable et que même sous sa forme normale, on a du mal à en séparer le début de la fin. Que dire alors que la difficulté devient insurmontable quand Beethoven expose le thème à la fois renversé et récurrent! C'est pourquoi on n'a pas tort de dire que cette musique se lit plus qu'elle ne s'écoute.
Une pièce musicale qui recquiert des explications n'est pas valable car elle est incapable de se vendre elle- même à l'amateur.
Lire la suite dans le corps du billet (continuer la lecture).
HEBDOMEROS
Il s'agit du seul texte de Chirico se réclamant de la peinture métaphysique. Par la puissance de ses immages verbales, elle revêt une forme puissamment onirique et on peut la lire comme le récit d'un rève, dans touts les sens, et la déguster au hasard des page. L'ouvrage écrit en 1029 a été réédité plusieurs fois dont la dernière impression date de 2009.Enfin un ouvrage disponible !

Les dernières lignes de ce poème en prose vous donneront une idée de la poésie qui s'en dégage.
... Cependant, entre le ciel et la vaste étendue des mers, des îles vertes, des îles merveiilleuses passaient lentement, comme passent les navires d'une escadre devant le bateau-amiral, tandis que de longues théories d'oisaux sublimes, d'une blancheur immaculée, volaient en chantant.
Y-a-t-il plus commun que des oiseaux qui chantent. Un oiseau chante : il croasse ou roucoule, ou gazouille. D'où vient donc la musique qui se dégage de "volaient en chantant" ? Cela dépend je suppose de la préparation de cette image par des mots peu banaux tels que "de longues théories d'oiseaux sublimes". Je vous conseille d'acheter ce livre, et d'en déguster la nuit une ou deux pages prises au hasard en vous laissant emporter par le flot onirique et en vous l'appropriant.
Réponse à deux commentaires.
Slow Philou est heureux qu'on lui ait dévoilé l'existence de Guy Sacre. J'eusse préféré qu'il apprenne l'existence d'ouvrages sérieux tels que ceux de Pierre Boulez , ou tout simplement les articles de Wikipédia qui sont généralement excellents. J'ai à maintes reprises signalé l'existence de très bons livres, allant en profondeur à l'essentiel. Plutôt que l'existence de Guy Sacre, j'eusse préféré qu'il mette à profit mes billets pour acheter les explications -en un excellent français- du grand Wilhelm Kempff sur la 106 qui lui en apprendra long sur les lamentables critiques de M.Sacre. Qu'il commence par cela. Le Monde de la musique et Diapason donnent une quantité d'informations secondaires et souvent de rares appréciations de valeur sur les interprétations. Pour reprendre mes billets récents, qu'ont-ils fait pour signaler l'existence de la Xeme Symphonie de Beethoven? Et les disques paru recemment de Wilhelm Backhaus, jouant Brahms (les ballades) et Copin (la Sonate funèbre et les études) versions transcendantes? Ou la lecture la plus honnête d'une intégrale Brahms par Walter Klien. Ackoff a démontré qu'une information trop abondante tue l'information. Achetez donc de bons livres d'initiation de base à la musique que vous trouverez à La Flûte de Pan, rue de Rome, cela forgera cent fois plus votre jugement que tous les textes le plus souvent commerciaux des magazines. Ce n'est pas qu'ils se trompent toujours. Au contraire on leur doit, de même qu'à l'Avant Scene Opéra, excellente revue, de précieuses informations. Ils ont ainsi révélé le talent de Clemens Krauss, et celui de Richter.
Je vous apprendrai aussi que mes critiques acerbes ou désenchantées envers les critiques, ont été partagées et continuent de l'être par tous les grands compositeurs qui savent à quoi s'en tenir. Je me trouve donc en bonne compagnie! J'attends avec intérêt vos réponses aux miennes, vous voyez bien que je ne les prends pas à la légère.
Réponse à Tom.
Je passerai sur le ton injurieux à la limite de la bienséance de M.Tom, qui devrait au moins le respect que l'on doit porter à tout humain. Lorsque j'ai critiqué M.Sacre, cela concernait des points techniques bien finis, l'homme n'était pas visé. Au contraire les attaques proférées à mon égard visaient ma personne et dénote une hargne personnelle inacceptable. Cela ne deshonore que celui qui les commets. Cela dit, entrons plutôt dans une analyse factuelle de ses remontrances et négligeons ces mouvements d'humeur sans intérêt.
J'ai écrit "gastronomique" non pas par allusion à un artisanat qui dans la cuisine japonaise comme dans celle du Bristol confine au grand art, mais comme façon de parler. C'est une locution courante parmi les grands compositeurs allemands pour désigner une interprétation ou une composition douceâtre mais agréable à l'oreille. Je ne me crois pas supérieur aux autres hommes, et je ne me permettrais certainement pas de juger la Sonate Op.106 comme le fait Sacre. Par ailleurs nul ne peut reconnaître à l'oreille un rétrograde. Cela se lit dans la partition, mais si malgré tout Beethoven a passé un temps considérable à cet exercice et un labeur épuisant qui l'a pris tout entier, c'est qu'il doit bien y avoir quelque chose de valable. Ce qui est stupéfiant et qui me fait réfléchir, c'est que vous soyez plus hérissé par mes critiques sur ce monsieur,que par les siennes envers le plus grand chef d'oeuvre de Beethoven! Il doit bien y a voir une raison. Je n'ai pas à me rattraper sur la fin, que vouliez ou non j'ai plus de respect pour le maître de Bonn, fût-il sourd et à l'ouïe déficiente qu'envers le palais gustatif de son critique. Mais les Sacre ont existé de tout temps et comme je l'écrivais, Fétis et Hanslick ont été les plus célèbres et c'est pourquoi j'ai estimé utile de lui rabattre le caquet. II fallait faire contrepoids à ces travers peu glorieux en dessillant les yeux des auditeurs naïfs et désireux de progresser.
En ce qui concerne l'analyse, apprenez qu'il n'y a pas de "mais", car il est artificiel de vouloir opposer l'écoute et l'analyse. Encore que pour tous les connaisseurs quelque soit la discipline, ce qui est sensiblerie est la répudiation de l'analyse froide au profit de je ne sais quel hédonisme. Lisez Pierre Bergé, ou Pierre Boulez, ils ont fait la différence entre le vrai connaisseur et l'amateur. Je vous ai déjà conseillé vivement la lecture de l'interview de Bergé par Laure Adler, il est facile à lire, sans complaisance et formidablement instructif. Enfin pour terminer vous me prêtez des qualificatifs qui sont aussi gratuits qu'injurieux. Pour en revenir à l'accusation de vanité et sur le mot "supériorité, où avez-vous pris que je me trouve supérieur à tous les autres hommes, alors que je ressens douloureusement mes lacunes et que je me suis maintes fois qualifié de "moineau déplumé". Pensez que j'ai vécu pendant deux ans avec la moitié d'un cerveau et dans ces conditions où l'on lutte pour préserver ce qui reste de mémoire; il est difficile de prétendre à une quelconque supériorité, sauf sur des crapules ou des imbéciles. Voyez le personnage de MacWhirr dans Typhon et vous comprendrez. Si vous parlez de hauteurs spirituelles sachez aussi que je ne sais pas plus que vous de quoi vous parlez. C'est un domaine que ma soeur connaît et qu'elle essaie d'atteindre. On peut en dire autant de notre ami S*** dont vous appréciez les paraboles. Quant à moi, je me contente de faire mon job de professeur honnêtement et d'inciter les gens autour de moi, mes clients et mes chers internautes, à progresser dans le domaine merveilleux de la création, au plus profond de sa genèse plus qu'à ses manifestations mondaines et superficielles. C'est tout! Et croyez-moi, ce n'est pas facile en une ère de barbarie ou seul le pouvoir, l'argent et la notoriété comptent. Quant à l'objectivité, qui peut prétendre l'avoir? Chacun juge d'après ses propres échelles de valeur, et les plus grands esprits, les plus profonds créateurs ne sont certainement pas objectifs. Heureusement d'ailleurs. Vivement votre,...et merci pour vos commentaires, Bruno Lussato.
NOTE
Le schéma ci-dessous montre une astucieuse représentation graphique de la XIeme fugue de l'Art de la fugue de J.S.Bach. La fugue comprend quatre thèmes représentés par quatre couleurs différentes. En rouge le thème omniprésent, en jaune un autre plaintif ou menaçant, en vert, le thème du malheur, dérivé des notes B.A.C.H. qui transposées trois fois donnent le total chromatique, c'est à dire les douze sons au complet, préfigurant ainsi la technique dodécaphonique de Schönberg.
On lit le schéma par groupes de quatre lignes (correspondant aux quatre voix) et de gauche à droite. Le schéma esr donc composé d"une vaste frise tronçonnée en six fragments pour les besoins de l'impression. De bas en haut les lignes correspondent à la basse, ténor, contralto et soprano léger.
Les formes correspondent au profil des quatre thèmes et leur fragmentation.
On peut tirer de ce schéma les constations suivantes. 1. Tous les thèmes se présentent sous une forme directe et une forme renversée, comme vues dans un miroir. 2. Il est impossible de prévoir en dépit d'un équilibre formel entre les quatre thèmes, le déroulement de la fugue. A l'oreille elle paraît parfaitement logique, mais la lecture de la partition et son analyse approfondie montre - comme vous le voyez dans le schéma - qu'un désordre indescriptible constitue l'océan musical déferlant contre les rochers stables que sont les thèmes. 3. La complexité est encore accrue si l'on fait intervenir la gestion microscopique dy temps. La même figure apparaît allongée (augmentée) ou raccourcie(diminuée) avec toutes les variétés de démultiplication. Les formes longues peuvent se superposer aux formes courtes de toutes les manières sans que l'on entende le moindre frottement. La lecture simultanée des quatre vois, instant par instant, donne toujours une harmonie parfaitement licite. On reconnaît ainsi les principes énoncés par Paul Klee et commentés par Pierre Boulez, dont il est question dans leurs écrits : la plus grande rigueur se conjuge avec la plus grande liberté. 4. La meilleure exécution sera celle qui permettra d'identifier au cours de l'audition les formes superposées de la fugue. Alors que la plupart des éditions louées par les critiques visent une fausse authenticité (instruments d'époque) les deux versions majeures qui mettent en évidence la structure, sont pour grand orchestre. Il s'agit de celle de Munchinger, rapide et violente, et de celle de Scherchen, de loin la meilleure et publiée par un obscur éditeur.
Continuer à lire "Le journal du mercredi 18 mars 2008"
Thursday, 5 July 2007
Grand bleu
Le temps est revenu au bleu et le paysage a des airs de Bill Viola, avec le dialogue harmonieux entre la nature et la civilisation. En haut une petite barque minuscule, tout en bas un parasol rouge et le drapeau italien. Au milieu, sous le récif, un être humain cherche l'équilibre sur un frêle esquif. On se croirait dans une plage d'Atoll, refuge de toutes les espérances perdues. Hélas, la revue que je vous propose, risque d'être moins poétique.

Continuer à lire "Le journal du 6 juillet 2007"
Tuesday, 24 February 2009
CHRONIQUE
Logique d'une collection
On le sait, le but de toute collection est de rassembler des objets selon une règle plus ou moins explicite, sinon ce serait un simple entassement,le dépôt d'un marchand, le catalogue d'enchères d'un jour, ou bric-à-brac dans un grenier. En jargon mathématique, on dist qu'il s'agit d'un simple ensemble, dans lequel aucun élément n'est ordonné ni systématisé. Une collection est au contraire un ensemble systématisé, possédant un Univers U et une Caractéristique A (ou ensemble des relations qui organisent l'ensemble).Le critère qui gouverne l'établissement de la caractéristique, est la clé de la collection.
Dans la merveilleuse collection rassemblée par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, la clé est constituée par un certain nombre de critères : vase de excellence, beauté esthétique, novation, variété et non hiérarchisation des styles, des époques, des objets, d'un Goya à un vase de Dinand. Mais la constitution de la collection obéit à d'autres tropismes : absence relative de Klee, de Cézanne, de monnaies et médailles, de reliures de Pierre Legrain, présent par ses objets uniquement. Attraction pour l'Art Deco, ce qui est riche et quelquefois surchargé, lacunes notoires (l'Abstraction lyrique, l'Art conceptuel) les livres d'heures) cotoyant l'abondance de certains objets, généralement décoratifs et opulents: plats, coupes, objets de vertu, statues romaines aux nus émouvants de sensualité etde perfection.
Cette collection, par ailleurs, n'est pas un système logistique, c'est à dire au'il n'existe pas un idéal clos, dont on puisse dire : c'est complet, on ne peut plus aller plus loin. Elle peut au contraire s'accroïtre d'une manière certes organique (la logique de la beauté et de la surprise divine) mais polymorphe, au gré des circonstances, du hasard; foisonnant sans fin et arrêtée seulement par la mort d'un des deux amis; quoi qu'il en dise, il y a de la douleur, celle des abadons, dans la décision de se défaire de cet univers merveilleux, une sorte de travail de deuil.
Toutes proportions gardées, j'ai créé plusieurs ensembles muséaux sur ces bases un peu informelles : Le Centre Bruno Lussato au Musée de Genève, celui de la première Fondation à UCCLE, Bruxelles, et dans une certaine mesure, la collection de la deuxième fondation fantômatique à l'existence aussi incertaine, que le plan est organisé.
La plupart des grandes collections qui font l'essentiel des grands musées, obéissent au contraire à un plan strict et raisonné, pouvant atteindre la complétude. le conservateur des Monnaies et Médailles de la BNF, me disait qu'il recherchait uniquement des pièces qui puissent combler les lacunes d'une série. Par exemple la totalité des productions des ateliers pour un louis d'or à la mèche du roi soleil. Peu importe la qualité, l'état de conservation, la beauté : démarche de tout collectionneur de timbres-poste, le conservateur recherchait à remplir des manquants.
Cependant, les collections vraiment importantes, tout en recherchant la complétude (Plans d'acquisition, logiques de parcours pédagogique que je nomme Chemin de fer) acceptent aussi au gré des circonstances des donations ou des occasions exceptionnelles.Citons : La collection Barbier-Müller (Art africain) , le musée du quai Branly (Arts premiers) la fondation Baur, les collections du musée Getty, etc.
Avec mes minuscules moyens, j'ai constitué ainsi des collections spécialisées en veillant à ce qu'elles situent au deuxième rang français et au troisième rang international. Je citera : Le Musée du Stylo et de l'Ecriture, de loin le plus important au monde, et victime en 2001 d'un hold-up sanglant, La collection d'appareils photographiques et de caméras (comprenant la première caméra Lumière ), la collection de postes de radio, les archives Richard Wagner, les secondes après Bayeureuth (loin en tête) et contenant le manuscrit du premier jet du Ring et bien entendu, la collection de partitions musicales, la seconde en mains privées après celle, extraordinaire, de Fuld. Actuellement nous essayons de constituer un Musée d'art populaire japonais( Mingei) qui égale, puis surpasse la célèbre collection Montgomery. Si notre effort aboutit, nous nous situerons au deuxime rang mondial après le Japon. (Centre Lussato - Fédier à UCCLE, Bruxelles).
Si vous continuez cette lecture, j'évoquerai le cas paradoxal et, ce me semble inédit, de la Deuxième Fondation.
Continuer à lire "Le journal du 24 février 2009"
Monday, 19 March 2007
Des bruits et des couleurs...
on ne discute pas, c'est bien connu.
Je suis allé, dimanche, à la séance de midi, voir La môme. Je ne suis pas qualifié pour donner mon avis sur ce film, n'étant ni cinéphile, ni particulièrement attiré par la chanson de variétés. Il est évident que j'apprécie Edith Piaf, comme Charles Trenet ou Georges Brassens. Il faudrait être sourd ou sans âme pour être insensible aux chansons de ces artistes. Mais ce n'est pas de cela que je veux vous entretenir mais précisément de la surdité et de l'âme.
Je suis un peu sourd. l'âge, plus d'un demi-siècle de pratique constante du piano, une prédisposition héréditaire, expliquent cela. On me reproche d'ailleurs, de trop "monter le son de la télé". Mais totalement sourd, j'ai failli le devenir en sortant de ce film, une deli-heure avant la fin. Mes amis se sentaient mal : qui des bourdonnements, qui des vertiges, ou encore de l'oppression, mais n'osaient pas le dire. La salle du Gaumont Elysées était prestigieuse, mais aucun bruit de bagarre, aucune clameur, aucun hurlement ne nous a été épargné. L'apothéose fut le choc de la voiture qui transportait Edith Piaf et qui l'expédia à l'hopital. L'explosion sonore qui accompagnait les images fugurantes de l'accident, fut sans doute encore plus vraie que nature. De quoi faire grimper les taux d'insuline et accroître la fidélisation de l'assistance.
Il est admis qu'aux approches de 90 décibels, une hécatombe de connexions neuronales se produit, et que les femmes enceintes risquent de mettre au monde des enfants qui seront mal entendant à l'âge de quarante ans. J'ai demandé à un charmant jeune homme inquiet de nous voir quitter la séance, et qui devait manager les relations publiques, la raison de ce vacarme. Il nous répondit avec prudence, étant lié par le devoir de réserve, que les distributeurs l'imposaient et que si, comme le demandaient les spectateurs, on baissait le niveau sonore, les dialogues devenaient inaudibles. Depuis deux ans environ, la tendance est à pousser le son, car les jeunes deviennent sourds, agressés continuellement par la musique téléchargée qui se déverse dans leurs tympans. Pourtant, objecté-je, on n'est pas assourdis lorsqu'on va à l'Opera, où il y a une centaine d'instruments et autant de choristes. - C'est un autre niveau d'acoustique, d'oeuvre, de public - soupira-t-il. Puis il se tut. Le devoir de réserve...
Continuer à lire "Le bloc-notes de Bruno Lussato"
|
Commentaires