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Tuesday, 25 March 2008
Chronique
LE BLUFF DU FUTUR
C'est le titre du livre le plus connu de Georges Elgozy, un des hommes les plus extraordinaires que j'aie rencontré, animateur du Cercle Hippocrate financé par le magnat de la pharmacie Jacques Servier, provenant comme lui d'Algérie. Il ajoutait à une culture prodigieuse, un humour très fin tout en allusions. Elgozy c'était l'esprit de finesse porté à un point extrême, un charme et un charisme exceptionnel et la modération qui caractérise l'honnête homme et l'humaniste du XVIIIee.
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Tuesday, 28 August 2007
En attendant de rencontrer Bill Viola
Tristan, Bill Viola et la physique quantique
Bill Viola est certainement un des artistes majeurs de notre siècle, au délà même de la spécialité où il est considéré le plus grand (avec peut-être Bruce Neumann). Marina Fédier et moi, nous devons dîner le 5 Septembre 2007 avec lui et Valery Gergiev, à Rotterdam, et peut-être un de mes amis, principal sponsor de New Wave et un des dirigeants les plus occupés de la planète, se joindra-t-il à nous. Le but est notamment de lui presenter le Siegfried Project(cliquez ici ►♦♦)
Etant plus attiré par les arts plastiques que par la musique qu'il apprécie par ailleurs, ayant déjà acquis une installation tirée du Tristan project, il ne connaît cependant pas assez Tristan et Isolde pour pouvoir apprécier pleinement le travail de Viola. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des amateurs d'opéra qui ont vu le spectacle à Paris sans y avoir compris grand chose, je le crains. Et même si, à l'instar des wagnériens fanatiques, mon ami, avait vu plusieurs fois le plus célèbre drame musical du XIXe siècle, cela ne lui aurait pas davantage ouvert un accès à la vision d'un extrême raffinement de l'artiste.
Ce billet reflète un dialogue entre moi-même et Marina Fédier qui me semble particulièrement fécond car il a pu ajouter aux multitudes d'interprétations qui encombrent les monographies sur Tristan , une version synthétique pertinente et, ce me semble, conforme à la vision de Bill Viola. Je vais donc raconter d'une manière très concise à l'intention de notre sponsor, et de tous les curieux, la trame du scénario, éclairé par l'éclairage nouveau projeté par deux billets de Marina : l'être essentiel, l'âme soeur. (Cliquez sur ►♦♦ ). C'est le résultat de notre première collaboration et j'espère que vous la trouverez fructueuse.
Continuer à lire "Marina Fédier et Bruno Lussato : une rencontre avec Bill Viola"
Tuesday, 9 June 2009
CHRONIQUE
BASSES EAUX
Il y a longtemps que les chiffres de fréquentation n'ont été aussi bas que maintenant. Alors que le nombre de visites ne descendait jamais au dessous de 600, on atteint des creux de 250 visiteurs. Certes le taux de fréquentation n'a jamais été un objectif, même secondaire, de ce blog, sinon il n'eût pas existé, mais une telle désaffection ne peut être due au hasard. A mon avis, une des raisons est que pour qui ne prend que les derniers billets, il semble ne rien se passer. Mais la réalité est toute autre, j'ai consacré beaucoup de temps et d'efforts à développer les billets de ce dernier mois. En particulier, l'album de famille a été complété par de très nombreuses photos, mais on ne peut le consulter que dans le billet du 26 mai 2009. Qui va penser à regarder le billet du 26 mai? On peut on dire autant de toutes les images intercalées dans les billets, elles avaient été inaccessibles en temps utile à cause d'erreurs de manoeuvre de ma part et elles ont affecté toutes les images envoyées par e-mail, ou provenant du cool-pix. Michel m'a aidé avec son talent coutumier à déceler l'origine de la fausse manoeuvre et on a rectifié les erreurs mais pour les internautes c'était déjà trop tard. Enfin, bien des textes qui avaient été avalés par les pannes du serveur orange, ont été refaits sur Bouygues et sont à nouveaux accessibles.
Un travail colossal a été accompli par Michel à ses moments perdus : l'impression de tout le blog en fascicules mensuels. Une fois reliés il me permettront à tête reposée, crayon rouge à la main de nettoyer et de corriger les billets. Les fascicules ainsi revus serviront à re-contrôler billet par billet la mise en page, l'orthographe, les lacunes, et les erreurs diverses qui émaillent ma prose. On réimprimera alors dans une version définitive et sur un disque la version numérisée, pour la BNF et les quelques amis intéressés, la totalité du blog.
SOIRÉE D'EXCEPTION
Je me suis quelque peu plaint de la solitude glacée qui m'a toujours suivi, sans que nul ne s'en aperçoive. Meis elle a disparu depuis que je suis tombé gravement malade. Mon cher ami et complice Arnaud Gobet est notamment venu me rendre une visite amicale avant d'entreprendre un important voyage.
Une convention tacite lui destine tous les manuscrits de mes ouvrages. J'ai ainsi déniché un fascicule illustré sur la psychologie de l'art qui m'a séduit par une profusion d'illustrations en couleur. Je les ai ajoutés au lot qui lui revient mais l'ai prié de m'en faire parvenir une photocopie aussitôt que possible. Je me suis permis de lui donner quelques conseils dont certains impraticables compte tenu de la culture française fondée sur l'opposition patron ouvriers, et dont les deux mamelles sont la jalousie(pour ceux d'en haut), le mépris (pour ceux d'en bas) à quoi il faut ajouter (des peaux de banane pour ceux du même niveau que vous).// Néanmoins ce qui marche partout et toujours, est la présence fréquente et ALÉATOIRE du patron auprès les travailleurs de la base, en court-circuitant toute la hiérarchie. En feuilletant les deux "journal de Printemps" j'ai découvert deux poèmes chinois antinomiques qui ont pesé beaucoup sur mon développement.
Sacha Genco m'a emmené au Tze Yang où j'ai dégusté un canard laqué exquis. Sacha, comme à l'accoutumée, a été passionnant et sa carrière d'avocat de haut vol, l'alimente continuellement en histoires qui dépassent la fiction. J'ai lu son billet HOME, mais je serais bien en peine d'ajouter d'autres commentaires que mon adhésion sur le fond du message, et l'admiration que je porte à la concision de son style, bien plus élégant que le mien.
POÈMES CHINOIS
Voici le texte des poèmes qui m'ont tant impressionné et que j'ai retrouvé respectivement dans le deuxième et le premier "journal de Printemps"
PRINTEMPS
Le vent jette dans ma chambre, des fleurs de pêcher qui ressemblent à des papillons roses, ivres d’avoir trop butiné. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Comme ces fleurs,, mes pensées, lourdes de tristesse, jonchent le papier où je voulais écrire un poème à la gloire du printemps. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Je respire sans joie le parfum des pruniers. Arrive ô douce nuit, ô douce amie, et que ma peine s’endorme dans tes bras légers ! ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
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Tchou-Jo-Su (1408-1459).
DANS UNE HOTELLERIE
Qui me connaît ici ? Personne. Une lampe est ma seule compagne. Un grincement de porte est la seule voix que j’entends. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
L’année se termine. J’ai parcouru mille lieues et je suis encore loin de mon pays. Accourez me soucis ! Accourez mes peines ! Je vais passer en revue toute ma vie.¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
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Mes cheveux grisonnent, mon visage est ridé. Comme il va me trouver beau, le Printemps qui commence demain ! ¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Les années écoulées n’ont pas cessé de me meurtrir le cœur. Quels tourments lui réserve l’année nouvelle ? ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
J’ai laissé en route maints compagnons de ma jeunesse. Ceux-là du moins, ne souffrent plus. Ceux-là ont trouvé le repos.¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Mais, debout lâche voyageur ! Le printemps revient pour toi, les roses vont s’épanouir pour toi, et tu voudrais mourir ? Sors dans la plus suave nuit de l’année… Il pleut des fleurs de pruniers qui sècheront tes larmes d’enfant. ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Tai-Chou-Louen (942-981)
Les deux poèmes illustrent à mon avis le balancement diastole-systole des grands solitaires repliés sur eux mêmes ou qui le cachent. Le premier correspond au mode mineur, celui des lilas et des glycines, ce violet délicat et musical, bien différent du mauve violent du lilas d'été. Le second poème commence en violet mineur, mais module à la fin en un radieux orangé majeur, tonique et volontariste.
C'est pour moi une occasion de vous faire sentir la différence avec les Haï Kaï japonais, impassibles dans leur concision :
Là avec une femme
j'ai nagé
dans l'onde nulle trace
Ce qui frappe dans la traduction de Franz Toussaint de La Flüte de Jade (Piazza 1920, ed. sur japon impérial) est le côté intensément subjectif, presque post romantiques de tous les poèmes. On comprend dès lors que Mahler ait été tenté d'en faire le scénario du Chant de la Terre .
Lire ma journée dans le corps du blog (continuer à lire).
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Sunday, 22 February 2009
CHRONIQUE
Réductionnismes
Je ne sais si je vous l'ai dit,mes chers internautes, mais je suis en train de compléter le plan de la seconde fondation, dont on m'a promis que s'il était "logique", elle existerait. Malheureusement comme il n'est jamais assez "logique" pour mon sponsor, l'avènement de cette merveilleuse aventure culturelle risque de finir dans le pays défini par Thomas More: Utopia.
Neanmoins, ce qui doit être fait doit s'accomplir et je tente une dernière esquisse "logique" de la deuxième fondation. Fort heureusement la Première Fondation : Le Centre Culturel d'Uccle, Bruxelles, est en voie d'édification : le site, magnifique, existe, les bâtiments sont modern style et classés (1933), et surtout le sponsor, homme d'entreprise et d'imagination, s'y intéresse.
Un des passages de la Deuxième Fondation, traite de l'opposition humanisme/réductionnisme. Autant j'ai eu plaisir à relater l'aventure du grand bibliophile et numismate Jean Grolier, homme d'affaire intègre, conseiller avisé du Vatican et de la Cour de France, protecteur des relieurs, des imprimeurs et des poètes, autant citer les esprits étroits et bornés qui pullulent ces temps-ci : les réductionnistes, me répugne. Et il y en a tant!
Je les ai donc traités collectivement, en signalant que le béhaviorisme, la plus célèbre de ces doctrines, est passé de branche obligatoire d'approche de la psychologie à celle de variété psychiatrique !
J'ai défini le réductionnisme comme la tendance de ravaler l'homme à une de ses lectures. On pourrait la synthétiser par l'expression : L'homme n'est que...
Les Américains épris de quantification et de technolatrie, les Français, anticléricaux détestant tout ce qui essayerait de donner une place privilégiée à la personne humaine dans ce qu'elle a d'irreductible, de spirituel, ont fait bon accueil aux déviations réductionnistes. A présent qu'elles sont reconnues comme telles par les esprits sérieux comme l'épistémologue Karl Popper, elles survivent encore sous la plume d'esprits compétents dans toutes les matières du "comment" et ignare dans celles du "pourquoi". Bridgman s'exclamait ainsi : The how is the why of modern man! "
Mais là où les réductionnisme fait florès, c'est dans les romans de futurologie de kiosque de gare, les films de Science Fiction, les tournures de phrases populaires telles que : il a un cerveau puissant.
Notamment une belle brochette de best sellers plus ou moins futurologiques et pseudoscientifique, constitue un palmarès qui donnerait à sourire, n'était sa diffusion dans les mlieux académiques. Je vais en reproduire quelques couvertures.
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Friday, 5 October 2007
La bibliothèque d'Art
Pour Christine
...pour les enfants
Billet réactualisé et complété
L'avantage théorique des ouvrages d'initiation pour les enfants, est qu'ils sont facilement abordables pour les adultes et qu'ils sont tenus à une obligation de clarté. Ils partent du point de vue que l'enfant ne sait rien, qu'il est facilement dissipé et attiré par des jeux vidéo, ou des amusettes et que par conséquent il faut inventer une présentation attrayante, faisant appel à sa curiosité afin de l'emporter sur une concurrence toute puissante. Par ailleurs, ces ouvrages vont vers l'essentiel, les bases, puisque l'enfant est supposer tout ignorer de l'art.
Or ce qui est vrai pour l'enfant l'est aussi pour la majorité des adultes. L'école les a laissés en friche du point de vue artistique, au point que le homard de Vinci et Mickey L'Ange ne sortent pas d'un sottisier mais de copies du bac. Au cas où par miracle, des gens même éduqués auraient autre chose qu'une vague notion des tableaux du Tintoret, de Rubens ou de Klee, ce ne serait jamais qu'un souvenir superficiel. Les queues innombrables qui défilent dans les expositions internationales, les yeux mornes, les jambes pesantes, ne retiennent des oeuvres surabondantes que de vagues impressions ainsi que le montrent des interviewes et des sondages que j'ai effectués tout au long de ma carrière.
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Wednesday, 17 June 2009
CHRONIQUE
Le voyage de Tatiana au pays des mingei
Tatiana, en plus d'une amie très chère est désignée pour prendre la succession du Musée du Mingei (Western mingei-kan) le département le plus abouti de la Fondation Lussato-Fedier, à UCCLE (Bruxelles, Belgique).
Le pari initial était de devenir le premier musée du Mingei au monde, hors Japon. Or pour cela, il nous fallait devancer la collection Montgomery, que ce collectionneur un peu marchand mit trente ans à rassembler et qu’il met en vente pour la coquette somme de 1,5 millions de dollars. Outre le fait que je n’aime pas la composition de cette collection, bien qu’elle soit publiée dans de magnifiques livres et catalogues et présente dans tous les ouvrages qui parlent du sujet, je lui reproche de ne s’être transformée en ensemble muséal que récemment. Mais elle conserve les traces de son origine : une collection, pas un musée. Cela est dû me paraît-il, à l’absence des critères qui font la différence :
Une collection est rassemblée pour le collectionneur, et obéit à se goûts. Ce n’est que lorsque la croissance ininterrompue porte l’amateur à un degré de complétude tel, que tous y trouvent leur compte. C’est ainsi que Montgomery privilégie les poteries magnifiques d’époque Edo, principalement des assiettes très variées et d’une beauté de décor remarquable. Cet ensemble est imbattable et c’est lui qui apparaît dans les ouvrages et font la renommée de la collection. Les textiles en coton (vêtements en cuir et surtout en coton imprimé en stencil.) sont sur- représentés. En revanche il est difficile d’y retrouver des oribe ou de simples objet faits « par le peuple et pour le peuple.
Une collection est rassemblée pour le collectionneur, et obéit à ses goûts. Ce n’est que lorsque la croissance ininterrompue porte l’amateur à un degré de complétude tel, que tous y trouvent leur compte ce qui est la marque d’un musée ouvert. C’est ainsi que Montgomery privilégie les poteries magnifiques d’époque Edo, principalement des assiettes très variées et d’une beauté de décor remarquable. Cet ensemble est imbattable et c’est lui qui apparaît dans les ouvrages et font la renommée de la collection. Les textiles en coton (vêtements en cuir et surtout en coton imprimé en stencil.) sont sur-représentés. En revanche il est difficile d’y retrouver des oribe ou de simples objets faits « par le peuple et pour le peuple
Un musée au contraire doit être édifié non pas sur les goûts du conservateur ou du fondateur, ni son agrément personnel, avec en vue le public, et autant que possible le plus varié possible, comprenant aussi bien les experts les plus érudits que les profanes qu’un hasard a amené dans le musée et qui éprouvent une lueur, une étincelle, une révélation, qui les incite à se cultiver, à aller plus loin dans la connaissance. Cela peut même aller jusqu’à un véritable choc qui aboutisse au discernement. D’après Socrate, il est important de distinguer le bon du moins bon et le moins bon du mauvais. Bien qu’en matière d’Art et d’Artisanat, ce tri soit forcément subjectif, on aboutit souvent à une concordance pour les œuvres anciennes qui ont subi l’épreuve du temps et décanté l’éternel de la mode.
Je répéterai inlassablement les paroles d’André Nakov : un musée c’est une grange peinte en blanc contenant une vingtaine de chefs d’œuvre absolus. La quantité et le fatras sont en effet ennemis de la qualité. Le plus beau musée d’Art chinois du monde est le musée du Palais de Formose (aujourd’hui Taiwan). La grande salle des peintures comprend tout au plus vingt pièces sublimes. Le fonds immense est ainsi montré par rotation, ce qui préserve les œuvres de la lumière toujours néfaste, et incite le public à revenir. Il faut de ce point de vue ranger à part les musées documentaires qui doivent tout montrer. C’était le cas de mon musée du stylo. Il montrait tout, y compris de véritables monstruosités, afin de faire ressortir les évolutions, les périodes creuses comme les âges d’or. J’avoue néanmoins que lorsqu’on me vola la presque totalité de cette collection à vocation encyclopédique, je poussai un soupir de soulagement. J’avais honte en effet de montrer la majorité des pièces, faites pour flatter le goût dépravé de milliardaires sans culture.
Une règle impérative d’un musée et de ne pas admettre des spécimens tels qu’il puisse en exister ailleurs de meilleurs. Les pièces exposées doivent porter témoignage d’un style, d’un genre, d’une époque. Seul le sublime, l’incomparable peut créer un choc. Qu’on ne croie pas que noyer une œuvre géniale au milieu d’autres médiocres permette par effet de contraste de faire ressortir sa supériorité. Ce n’est pas faux et je me souviens qu’au Palais des Papes d’Avignon on était envahi par une masse d’œuvres d’une honnête facture. Et dans toute cette masse anonyme et ennuyeuse, une seule peinture faisait oublier le reste, une seule était dotée de cette magie indicible qui emplis d’une admiration stupéfaite le spectateur heureux, puits sans fond de sensations fortes et subtiles. C’était un Botticelli, une vierge à l’enfant.
Le Musée Jacquemart-André a la spécialité de montrer l’art d’une époque, mais le manque de fonds ne lui permet pas d’avoir deux ou trois pièces géniales. Mais bien souvent, noyées dans le tout venant, on peut passer à côté. Il faut alors écouter Picasso.
Un bon tableau exposé au milieux de mauvais, devient moins bon. Un tableau médiocre, entouré de tableaux de haute qualité, devient meilleur
J’ai toujours pensé que les musées contemporains ont pour origine des collections très exigeantes issues de l’enthousiasme et les fonds de mécènes éclairés et la coopération d’un seul marchand de référence, par catégorie. Les grands marchands, sont les meilleurs initiateurs à condition qu’ils se sentent les seuls à intervenir. Ils assurent alors la responsabilité de leur choix et en même temps forment le goût de leurs clients les plus fidèles. Ainsi Heinz Berggruen, Daniel-Henri Kahnweiler, Ambroise Vollard ont formé des générations de grands collectionneurs. Plus près de nous la célèbre collection Yves St. Laurent, Pierre Bergé a été édifiée avec la complicité par quelques grands marchands. Alain Tarica a été un de ceux-là, dont la probité et la compétence atteignent un sommet. Lorsque nos collectionneurs se sont passés de ces guides sûrs, se fiant à leur instinct, ils ont acheté des faux et des médiocrités, comme le faux Della Robbia, que j’ai eu l’imprudence d’acheter (et qui m’a été repris) sans tenir compte de la provenance.
Les marchands d’un niveau mondial, ont une réputation à défendre et leurs prix sont raisonnables lorsqu’ils savent qu’ils seront intégrés à l’existence d’un grand ensemble muséal. Ce sont eux qui constituent la base des achats des grands musées comme le Metropolitan ou la Fondation Getty. Lorsque ces musées achètent aux enchères ou dans des successions, ils se font toujours assister ou représenter par leur marchand de référence. Par exemple, ma collection de partitions musicales était édifiée par Albi Rosenthal et lorsqu’il y eut conflit d’intérêts avec la Pierpont-Morgan Library, il refusa de m’assister et me le dit honnêtement.
Pour la collection wagnérienne, ce fut Hans Schneider de Tutzing, qui était le plus cher et le plus compétent, dénigré par les autres plus accessibles. Ce fut pourtant lui qui me procura les pièces les plus importantes est m’apprit tous les secrets de la bibliophilie musicale. C’était une sorte de Tenscher, le plus cher aussi, par rapport à d’autres rivaux, doté d’un fort égo, entouré d’un respect général un peu intimidé.
Un exemple de probité est donné par le spécialiste français du Mingei, Philippe Boudin. Alors que nous consentîmes, mon mécène et moi-même à acheter des pièces fort chères, il renonça à nous les proposer après mûre réflexion. On peut avoir mieux, me dit-il. Il faut attendre.
Il est des cas où un collectionneur peut surclasser n’importe quel expert. C’est ainsi que Ludwig, jadis spécialisé dans l’art médiéval moyenâgeux allemand, revendit ses parts dans une firme allemande de chocolats pour se consacrer uniquement à la fondation de son musée. Il alla directement à la source, connut intimement tous les artistes les plus représentatifs, comme Rauschenberg ou Rothko, et en obtint d’immenses concessions car ils comprirent qu’ils allaient coopérer au musée d’Art contemporain le plus important au monde. Et ce fur le cas.
De même, comment voulez vous demander son avis à n’importe quel expert, sur un manuscrit à peintures médiéval, ou une première édition comme la Bible de Gutenberg, alors que les marchands comme Tenscher ou Clavreuil, ce dernier représentant la troisième génération d’une dynastie connue de grands libraires, dominent de très loin la connaissance de leur domaine ?
Voici mes chers internautes, la problématique à laquelle je suis confronté. J’ai le bonheur d’être suivi par le patron de la fondation de UCCLE, mais Socrate Papadopoulos, et Alexandre Pugachev, de leur propre chef, cherchent des experts, essayent, alors qu’ils n’ont ni le temps ni la compétence, d’acheter en faisant des affaires, sans me faire confiance… Sans réfléchir que j’ai toujours édifié des ensembles premiers ou second au niveau mondial… Mes proches en sont indignés et désolés. Et encore trop heureux qu’il ne me soupçonnent pas de poursuivre des buts indélicats !
L’aube est là et je me trouve à Deauville. Les nouvelles de ma petite personne, vous les trouverez dans le corps du blog, sous la rubrique : « A bâtons rompus »
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