Saturday, 8 December 2007
Deux conceptions divergentes Viola - Chéreau
J'ai toujours observé la plus grande parcimonie dans le choix de mes concerts et mes opéras, afin de garder toujours en mémoire les grandes voix et l'emprise des chefs, et je ne le regrette pas. L'exploration d'une oeuvre comme Tristan ne peut se passer d'une étude très détaillée de la partition d'orchestre, et la représentation est la récompense de celui qui a pris la peine de jouer la transcription de paino. (Dans ce cas, celle de Hans de Bulow).
Les représentations que je garde ainsi vivaces sont celles de Kirsten-Flagstad, Max Lorenz, au pupitre, Georges Sebastian, de Kna, avec Martha Mödl ou Astrid Varnay, puis Carlos Keiber-Ponnelle et Ligendsa. Les autres ne pouvaient se comparer. Et puis, j'ai vu la version de Bill Viola, et cela été un véritable choc. J'ai écrit dans ce blog, qu'on ne peut en aucun cas la considérer comme une représentation d'une oeuvre de Wagner mais comme un création originale à mi-chemin entre la plus haute création de notre plus grand vidéaste, Viola et le monstre qui devait révolutionner l'histoire de la musique.
J'ai failli manquer sur Arte la représentation de Tristan pour l'ouverture de la Scala, avec Baremboïm, Waltraud Meyer et ... Patrice Chéreau.
S'il est un metteur en scène que j'admire profondément c'est bien Chéreau que François Regnault son dramaturge m'a fait apprécier, et dont le Ring reste pour moi "le plus beau spectacle du monde". Ma soeur m'a tiré de mon ordinateur pour me signaler la retransmission et elle-même a été émue par la direction de Baremboïm et la mise en scène de Chéreau. Sans elle j'aurai manqué, outre le premier acte, les actes II et III.
La comparaison entre la création géniale de Viola (avec Gergiev au pupitre, et qu'on aura la chance de revoir en 2008 à Paris) et la recréation de Chéreau, était passionnante. Après voir entendu et vu avec la plus grande intensité, ces monuments dramatiques, ma religion est faite : c'est Wagner qui l'emporte. Wagner, décodé par Patrice Chéreau, bien entendu. Baremboïm était tellement plongé dans la partition que les applaudissements, lui ont arraché une rapide grimace d'agacement, vitre réprimée. Chéreau qu'on a interviewé était lugubre. On a l'impression que cet homme ne peut sourire. Pourquoi? Parce qu'il ne considère pas son travail sur les corps, comme quelque chose de futile. Parce qu'avec le déroulement du spectacle c'est un peu de sa vie qui s'écoule.
Par exemple à la fin, lors de la mort d'amour, Isolde dont la pureté du profil, l'intensité tragique et souriante de l'expression, et les pianissimi déchirants qu'elle émet nous ménage une surprise. Un filet de sang s'écoule du front, comme un accident crânien et finit par couler et ensenglanter toute la moitié du visage, toujours souriant, transfiguré. A côté l'oeuvre de Viola semble abstraite. Les amants rejoignent le cosmos, ils perdent leur matérialité et cette vision est à l'unisson des associations mystiques du poème qui prennent tout leur sens.
Alors que l'interprétation de Bill Viola exige une exégèse poussée du poème, et une sensibilité à l'art contemporain, celle de Chéreau exerce un effet immédiat, irresistible, résistant à toute explication : elle est là, sans le moindre arbitraire, la moindre licence, le moindre chi-chi. Cette simplicité est magnifiée par le jeu d'acteurs dignes des vidéos religieuses de Bill Viola, par un jeu de noirs et blancs dignes d'une tragédie grecque... mais ce qui emporte tout, est la passion des acteurs, invisibles chez Viola.
Continuer à lire "Tristan et Isolde à la Scala de Milan"
Friday, 7 December 2007
Chronique
Scoops
Lazareff avait coutume de dire : un chien qui mort un homme ce n'est pas une nouvelle, un homme qui mord un chien, oui.
Claude Shannon ne disait pas autre chose et reliant le concept d'information à celui d'improbabilité. Veuillez analyser sous ce angle les reactions suivantes à l'attentat du Boulevard Malesherbes, départagez les informations authentiques et gagner une paire de lunettes supplémentaires chez Affreux-Loup.
Réactions
Michèle Alliot-Marie
A. : apparemment c'est quelqu'un du cabinet qui est visé, le colis n'est pas identifié pais il y a des témoignages qui, je l'espère, permettront de l'identifier.
B. Aucun membre du cabinet n'a été visé; il passait par là et a joué de malchance. Le fait que M.Sarkozy ait d'anciens collaborateurs fidèles sur place et que ce soit son cabinet, n'est qu'une simple coïncidence.
C. Ne posez pas de questions, je ne pourrais y répondre. Je ne sais rien.
Ségolène Royal
A. A exprimé son horreur devant l'odieux attentat. Elle a exprimé sa vive émotion et fait part de sa totale solidarité pour les familles et les collègues des victmes qui sont profondément traumatisés.
B. Cet attentat a ceci de particulier : ayant causé mort d'homme, il est odieux, et Madame Royal contrairement aux autres qui l'en "foutent", elle est saisie d'horreur. Sa solidarité est Totale et elle est la seule à penser aux traumatisés.
C. Mme Royal a fait appel à M.Dray : voilà une bonne occasion de faire parler de son attitude compassionnelle. Le fait que des avocats qui s'en mettent plein le poches, et que des riches collègues de Neuilly, aient peur pour leur biens, on s'en fout.
Bertrand De La Noë
A C'est un acte particulièrement condamnable je veux exprimer ma condamnation la plus nette de cet acte criminel.
B. Avant d'éructer des condamnations qui alimentent le réflexe sécuritaire, il faut se garder de stigmatiser des chômeurs exaspéré et truandés par les riches défendus par les avocats de Neuilly. Parler de crime et de condamnation est lancer une chasse aux sorcières dans le style Battista;
Elisabeh Guigou, ancienne ministre socialiste de la Justice
A. Condamne les attentats et souhaite que la Police et le Parquet anti-terroriste retrouvent la trace des auteurs de cet acte intolérable afin qu'ils soient jugé.
B. Approuve les attentats et souhaite que la Police et le Parquet, soutenus par les intellectuels, traînent les pieds, comme d'habitude, le temps que les désespérés qui ont été acculés à cet excès irresponsables, puissent se sauver en Amérique du Sud.
Julien Dray, porte-parole du PS
A. A condamné avec la plus grande fermeté cet acte sauvage, demandant que toute la lumière soit faite sur cet attentat et que ses auteurs soient sanctionnés.
B. A regretté avec la plus grande mollesse cet acte révolutionnaire. Toute la lumière montrera peut être que la sauvagerie est dans les beaux quartiers, et que c'est par là que les sanctions devraient commencer.
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Thursday, 6 December 2007
Poutine et Sarkozy
S'il est une entente que j'ai appelée de mes voeux, c'est bien celle-là, et parait-il la mayonnaise a pris... en n'oubliant pas que l'on parle de cosmétiques et non de gros sous. La Russie est incontournable et il vaut mieux s'en faire une alliée qu'une adversaire humiliée et culpabilisée.
La victoire de Poutine illustre à merveille l'influence de la Sainte Frousse sur l'opinion manipulée par Poutine. Et alors? Qui feint de croire que la Russie est un pays démocratique? Les rêveurs innombrables qui jouent l'indignation, et militent pour nos frères Tetchènes, ne payeront pas le pots cassés.
A contrario, de plus en plus nombreux sont ceux qui ici rèvent d'un Poutine pour notre pays saisi de stagnation. Delors disait déjà que ce pays est ingouvernable. Que vaut-il mieux : un état fort et peu tolérant dans un pays ayant renoué avec le travail et le réalisme, et sanctionnant durement les saboteurs, ou la prolongation du système Chirac qui nous conduira à un déclin rapide avec les troubles, les violences, l'insubordination devant la loi, la destruction des classes moyennes et la fuite de cerveaux?
Des membres de l'ISD, ont présomptueusement émis leur superstratégie pour Poutine. Il pensaient qu'en nommant Zoubkov, il en profiterait pour lui faire nettoyer les écuries d'Augias, pour, le vieux président éventuellement atteint par un maladie, et sûtrement par le vieillissement, cèderait la place au sauveur de la Grande Russie. Mais l'annonce, ce matin du choix du leader libéral Medvedev, démentait cette hypothèse. Quand on a le pouvoir, on ne le lâche pas et Poutine le sait fort bien. Il n'est pas homme à se contenter d'un parachute doré. .
L'évolution de la Russie inquiète les observateurs de l'ISD. Tous, optent pour la permanence de Poutine, ce qui signifie une solidité rassurante pour les investisseurs. Un libéral au pouvoir consoliderait cette impression d'avancée de la démocratie. Mais est-il vraiment un libéral? Qu'adviendra-t-il des grands oligarques, et des oligarques d'Etat? Pis encore, la montée d'un nationalisme chez les jeunes qui se double de xénophobie et d'orgueil expansionnisme, ne peut-il dégénérer en une réappropriation des biens étrangers? Faut-il s'engager ou au contraire résister aux chant des sirènes?
Introduction au blog
Ce blog se distingue par son objet d'expertise et par un champ d'applications d'une variété inhabituelle.
A l'origine, il était conçu - et il l'est toujours - pour' accompagner et réactualiser mon livre "Virus, huit leçons sur la désinformation" . Paru aux Editions des Syrtes il est demeuré confidentiel faute de bénéficier des moyens de diffusion massive des grands éditeurs. Ces derniers ont été rebutés par la difficulté de lecture de cet ouvrage technique et polyvalent. Mais si la partie théorique a été rejetée parce qu'on ne la comprenait pas aisément, la partie pratique, extraits de presse ou comptes-rendus, a fait l'objet d'une conspiration du silence, parce qu'on ne la comprenait que trop.
Continuer à lire "Décodages. L'information derrière l'information"
Wednesday, 5 December 2007
Ce billet fait suite au précédent où je donne quelques informations sur L'Isle. Je mentionne également le sommaire de la grotesque plaquette commémorative distribuée à tous les touristes dans les hôtels "de luxe" et en vente à la préfecture. J'annonce aussi mon intention d'en donner quelques extraits pour montrer à mes internautes la bétise en majesté. L'idée, on le sait, provient de deux extraits de l'Entretien, : Invocation à l'Océan, de tonalité prophétique, suivis de deux dédicaces à un Prince voué au cosmos. J'ai ressenti ces jours-ci le besoin de faire diversion en reproduisant l'antithèse de mon poème, qui provient d'une plaquette écrite avec la complicité de ma femme alors qu'on prenait le soleil violent des tropiques. Je suspecte d'ailleurs ce dernier d'avoir été responsable de ce florilège de l'imbecillité, mais il faut aussi savoir en décoder l'information derrière l'information.
A propos de soleil lion et de mancenilliers, voici trois courtes anecdotes authentiques qui vous donneront envie de visiter les tropiques.
Le jour de notre arrivée, se prélassaient sans complexe, un jeune couple en lune de miel, des anglais sans doute, tout blonds, roses et amoureux. Ils ne manquèrent pas une heure de ce délicieux soleil tropical, à peine sensible sous la caresse d'un brise rafraîchissante. Le lendemain, il disparurent. On ne les revit plus.
Le long de la plage des arbres majestueux portent un anneau rouge autour du tronc. Comme tout le monde ne le sait pas, c'est un triple signal de danger. Ces mancenillier ont une sève gorgée de vitriol et si vous vous endormez pendant que la pluie tombe, vous risquez de vous réveiller en sursaut... et défigurés. Heureusement l'anneau rouge est là pour vous mettre en garde (voir guide du parfait touriste, p.16, alinéa 326).
Les mancenilliers arborent de jolies baies d'un rouge cerise. Un jour, des amoureux, émules de ceux que nous avons cité, en on croqué une ou deux. La machoire tétanisée, ils furent transportés d'urgence en hélicoptère à l'Hôpital de Miami Beach,et on ne sait s'ils ont survécu.
Notre ami le sous-prêfet à qui on se plaignait de la laideur des plages du Bakoua et de Fort-de France, nous dit : allez vous baigner dans la plage tout à fait à l'extrémité de l'Isle. Il n'y a jamais personne et l'eau est propre.
Sitôt dit, sitôt fait. L'ocean aux flancs d'argent bruissait et ondulait invitant à la plongée. La profondeur était faible et l'eau turquoise comme celle d'un prospectus de tour opérators. Je nage quelques brasses, délicieux ! Tout à coup ma femme interloquée ne me voit plus! J'ai disparu ! En fait j'ai été happé par un rouleau d'une extraordinaire violence qui m'a roulé, broyé, concassé, sans que rien n'y paraisse à l'extérieur. Au sous-préfêt à qui je contai ma mésaventure, il laissa tomber négligemment : ah oui, la saison nous pourvoit régulièrement de son contingent de jambes cassées et ce côtes félées. Rien de mortel, mais on en a pour quelques semaines d'hôpital. On s'en remet. Je lui répondis que ces explications j'aurais préféré en bénéficier avant pas après!
Hommage à la Martinique
Parodie à double détente
Billet réactualisé le 6 décembre à 9heures

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Tuesday, 4 December 2007
Hommage à la déesse Pelée
Il m'a été échu à moi aussi d'avoir bénéficié d'une vraie famille avec une femme golfeuse et bridgeuse, un fils plein de vie et de paresse. Entre le golf de l'une et le motocross de l'autre, il m'est arrivé vivre des moments de pur bonheur, et un des meilleurs remontent à des vacances à la Martinique, où un ami d'enfance de ma femme était sous-préfêt de l'Isle. A vrai dire, la pêche sous-marine révélait en guise de trésors, de vieux pneus, des oursins noirs incomestibles et des cannettes de Coca Cola. Le palace de l'Isle, le Bakoua était une batisse bruyante, dont les chambres ronronnaient toute la nuit du bruit de l'air conditionné mal réglé; La cuisine, parlons-en ! Non. N'en parlons pas.
Parmi les attractions charmantes de l'Isle, l'excursion s'imposait des ruines de St Pierre, enseveli en 1902 par le volcan de la Montagne Pelée et des sources d'Ajoupa-Bouillon, riches en bilarziose. Nou avons aussi visité une plantation en pleine forêt vierge, de roses procelaines noires et des mancenilliers, à la sève corrosive et aux baies mortelles.
Une plaquette pour touristes fut éditée à l'occasion de la rencontre historique du Président Américain John Ford, si je ne m'abuse, et de M.Giscard d'Estaing, dans une ancienne plantation d'esclaves. La plaquette affirmait que depuis cette commémoration, la Martinique servait de pont d'union obligé entre l'Amerique et l'Europe. Une nouvelle ère de coopération se levait dans une aube radieuse, bénie par Aimé Césaire, l'immortel poète de l'Isle.
La plaquette était truffée de poémes conçus par les poètes de l'Isle, disciples d'Aimé Césaire, de feuilletons romanesques dans le plus pur style du XIXe siècle colonial, et approuvé par la commission Aimé Césaire; et surtout de petites annonces très intéressantes. Je confectionnai alors à partir d'un cahier d'étudiant "conquérant" un florilège de ces hagiographies. L'un des poèmes avait pour thème l'Océan, et c'est sa déclamation à Madame de Bournet, ce soir, qui provoqua notre fou-rire inextinguible.
Pour ne pas vous faire lanterner, voici le sommaire de cette auguste plaquette.
Plaquette commémorative tirée à 15 000 exemplaires limités pour les présidents de la France, des Etats-Unis, Monsieur Aimé Césaire, etc....
Citations : Mon Dieu, que vous êtes français !, s'était écrié le Général de Gaulle.
"Et l'on passait à notre cou de bête domptée, le collier de la servitude et du sobriquet. (Aimé Césaire).
Un témoignage du docteur Grataloup, témoin oculaire de l'Eruption Néfaste.
Les révélations du gouverneur Louis Mouttet qui n'hésita pas à sacrifier la vie des habitants, pour les inciter à voter plutôt qu'à fuir. Bel exemple de patriotisme.
Hommage à la Martinique à Aimé Césaire
(La lèche hystérique de la mer,
Aimé Césaire).
L'Océan, poème de Tristan Camomille, émule d'Aimé Césaire, chantre immortel de L'ISle.
Une Allégorie de Monsieur Luçat de Brunhof
Notre feuilleton : La Nymphe de Lagardère, grand roman de Georges de Val Argent. Troisième partie, : La faute de Jeannine. Une mystérieuse rencontre.
Ce ne sont pas seulement les bouches,
mais les mains
mais les pieds,
mais les fesses,
mais les sexes;
et la nature toute entière qui se liquéfie.
Aimé Césaire.
Une interview exclusive sur les volcans, de Monsieur le professeur Amédée Léonie Pomponne, professeur d'Histoire Naturelle au lycée Aimé Césaire d'Ajoupa Bouillon, membre du comité de vigilance du Carbet.
Le billet de Napoléon Crotti : Nous bien servir c'est bien servir la France.
Les nouvelles du monde entier.
La page folklorique.
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