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Saturday, 8 December 2007
Deux conceptions divergentes Viola - Chéreau
J'ai toujours observé la plus grande parcimonie dans le choix de mes concerts et mes opéras, afin de garder toujours en mémoire les grandes voix et l'emprise des chefs, et je ne le regrette pas. L'exploration d'une oeuvre comme Tristan ne peut se passer d'une étude très détaillée de la partition d'orchestre, et la représentation est la récompense de celui qui a pris la peine de jouer la transcription de paino. (Dans ce cas, celle de Hans de Bulow).
Les représentations que je garde ainsi vivaces sont celles de Kirsten-Flagstad, Max Lorenz, au pupitre, Georges Sebastian, de Kna, avec Martha Mödl ou Astrid Varnay, puis Carlos Keiber-Ponnelle et Ligendsa. Les autres ne pouvaient se comparer. Et puis, j'ai vu la version de Bill Viola, et cela été un véritable choc. J'ai écrit dans ce blog, qu'on ne peut en aucun cas la considérer comme une représentation d'une oeuvre de Wagner mais comme un création originale à mi-chemin entre la plus haute création de notre plus grand vidéaste, Viola et le monstre qui devait révolutionner l'histoire de la musique.
J'ai failli manquer sur Arte la représentation de Tristan pour l'ouverture de la Scala, avec Baremboïm, Waltraud Meyer et ... Patrice Chéreau.
S'il est un metteur en scène que j'admire profondément c'est bien Chéreau que François Regnault son dramaturge m'a fait apprécier, et dont le Ring reste pour moi "le plus beau spectacle du monde". Ma soeur m'a tiré de mon ordinateur pour me signaler la retransmission et elle-même a été émue par la direction de Baremboïm et la mise en scène de Chéreau. Sans elle j'aurai manqué, outre le premier acte, les actes II et III.
La comparaison entre la création géniale de Viola (avec Gergiev au pupitre, et qu'on aura la chance de revoir en 2008 à Paris) et la recréation de Chéreau, était passionnante. Après voir entendu et vu avec la plus grande intensité, ces monuments dramatiques, ma religion est faite : c'est Wagner qui l'emporte. Wagner, décodé par Patrice Chéreau, bien entendu. Baremboïm était tellement plongé dans la partition que les applaudissements, lui ont arraché une rapide grimace d'agacement, vitre réprimée. Chéreau qu'on a interviewé était lugubre. On a l'impression que cet homme ne peut sourire. Pourquoi? Parce qu'il ne considère pas son travail sur les corps, comme quelque chose de futile. Parce qu'avec le déroulement du spectacle c'est un peu de sa vie qui s'écoule.
Par exemple à la fin, lors de la mort d'amour, Isolde dont la pureté du profil, l'intensité tragique et souriante de l'expression, et les pianissimi déchirants qu'elle émet nous ménage une surprise. Un filet de sang s'écoule du front, comme un accident crânien et finit par couler et ensenglanter toute la moitié du visage, toujours souriant, transfiguré. A côté l'oeuvre de Viola semble abstraite. Les amants rejoignent le cosmos, ils perdent leur matérialité et cette vision est à l'unisson des associations mystiques du poème qui prennent tout leur sens.
Alors que l'interprétation de Bill Viola exige une exégèse poussée du poème, et une sensibilité à l'art contemporain, celle de Chéreau exerce un effet immédiat, irresistible, résistant à toute explication : elle est là, sans le moindre arbitraire, la moindre licence, le moindre chi-chi. Cette simplicité est magnifiée par le jeu d'acteurs dignes des vidéos religieuses de Bill Viola, par un jeu de noirs et blancs dignes d'une tragédie grecque... mais ce qui emporte tout, est la passion des acteurs, invisibles chez Viola.
Continuer à lire "Tristan et Isolde à la Scala de Milan"
Tuesday, 17 July 2007
Eau vive
Un article très intéressant de Francesco Alberoni est paru dans la première page du Corriere della Sera : "La méthode pour reconnaître les personnes géniales". Il essaye de définir l'essence du génie et en tire des leçons sur le choix des collaborateurs. Je vais en citer quelques extraits qui me paraissent dignes de réflexion.
Les savants, les artistes, les leaders vraiement grands, placés devant une situation pomplexe, ont l'intuition qui leur permet d'identifier immédiatement l'essence d'un problème, le point-clé sur lequel agir. Les autres au contraire se perdent dans mille détails sans importance.
... Les personnes géniales ressemblent généralement à des félins : ils semblent distraits, en réalité ils observent tout, écoutent tout puis, en un bond, ils ss saisissent de l'idée-clé qui leur est utile.
Il est au contraire des personnes qui ne regardent pas, ne voient pas, n'écoutent pas ce qui se passe autour d'eux, et s'ils le font, il ne comprennent pas ce qui est important et ce qui ne compte pour rien.
Il vous sera arrivé à tout d'avoir un chef de service, un dirigeant, un associé, totalement privé de fantaisie, se perdant dans des détails et ne voyant aucune des opportunités qui lui passent sous le nez. Et si vous les lui montrez, il s'entête, il ne vous écoute pas et laisse régulièrement échapper l'affaire;
Continuer à lire "Le billet de Marina Fédier. N°2"
Sunday, 21 June 2009
CHRONIQUE
LA FOLIE SAINT JEAN
Je fais allusion, bien entendu à l'image bien connue des systémistes, dont René Thom est une figure de proue : le battement d'une aile de papillon en Australie peut entraîner une tornade en Floride.
RICHARD WAGNER ET LA SAINT JEAN
Un chef d’œuvre absolu a pour thème la nuit de la Saint Jean (Johannisfest). C’est un drame musical de Richard Wagner de la maturité : Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
L’œuvre, satirique et joyeuse, ce qui est un cas unique chez Wagner tourne au tour plusieurs sujets : l’opposition entre conservateurs et novateurs, une délicieuse riche héritière, Eva, courtisée par le jeune et bel aristocrate Walter von Stolzing , par le cuistre Beckmesser et par Hans Sachs, le pivot de toute l’œuvre, veuf d’âge mûr, tiraillé entre l’amour et le renoncement au profit du jeune et beau Walther. Eva cruellement joue avec les sentiments de Sachs, lui donnant de faux espoirs, mais ce dernier a compris. Il se résigne et prend de la hauteur et de la sagesse, mais au prix d’une incurable nostalgie. Enfin un des sujets le plus importants traite de la Saint Jean, prétexte à réfléchir aux catastrophes dont parle René Thom : le battement d’in papillon en Australie, peut déclencher une tornade en Floride. Sachs assiste à un vague malentendu qui vire à la vexation et à une surenchère qui s’aggrave quand les voisins eux-mêmes s’en mêlent.
Une scène fuguée décrit à merveille le désordre hystérique de la bataille d’oreillers, de coups de bâton, agrémenté par les voisins qui, excédés, inondent d’eau froide les belligérants. Il suffit qu’un guetteur officiel annonce son approche, pour que tous disparaissent comme par enchantement.
Quelle est l’origine de ce pandémonium ?
Sachs répond pensivement : un ver luisant qui cherche sa compagne peut-être, ou l’odeur du sureau et du chèvrefeuilles ?
Certes, tout ceci n’est guère original. Depuis le début de l’humanité, chaos et novation ont été indissolublement liés. La théorie néo-darwiniste stimule que toute mutation, est le résultat du chaos filtré par la concurrence entre hybrides fruits du hasard qui ne favorise que les espèces les mieux adaptées à l’environnement. Les recherches en biologie moléculaires vont dans ce sens. Les conséquences théologiques sont également importantes : en effet ni le hasard, ni la pression de l’environnement ne peuvent être attribuées à un plan divin, Dieu est inutile, ce n’est même pas un épiphénomène, mais une entité imaginaire aussi superflue que jadis ne l’était l’éther.
Ces conclusions sont une douce musique pour les idéologues et les anticléricaux de toute sorte. Le vide laissé par la disparition du dieu peut être librement employé à recevoir ces croyances purement matérielles que sont les idéologies, pâles substituts des religions, dont la téléologie par but ultime : avènement du règne hitlérien, ou soviétique : une société uni-raciale ou .société sans classes.
La folie de la Saint Jean assume aujourd’hui une dérive technologique radicale. Privés de direction et de vue claire du futur, les humains tournent en rond. N’importe quoi peut arriver, y compris le jadis impossible.
J’ai déjà dénoncé dans un billet récent l’absurde décision de chauffer trop en été
Et de trop réfrigérer en été. Ce qui fait qu’on doit porter de fourrures par 35° C et se mettre en maillot de bain, lorsque dehors il gèle. C’est perdant – perdant (loose-loose).
La technologie à la mode, elle , conduit ontologiquement au chaos, à l’aléa de troisième ordre, irréparable, incontournable, désavouant la dure loi du hasard et de la nécessité. C’est la hasard SANS la nécessité. Bien au contraire se vérifie une téléologie à l’envers. Ce sont les espèces socioéconomiques et les plus sophistiquées qui produisent les espèces les moins adaptées, entrainant la société, non pas vers l’avènement d’une humanité plus résistantes, mais le pourrissement inéluctable de ce qui peut subsister de raison et de pragmatisme.
Deux raisons à cela : 1°) l’avènement de la mondialisation et de l’intégration des populations démographiquement croissantes, conduit au franchissement inéluctable de la barrière de la complexité. De nouvelles lois vont entrer en vigueur, dont le moins que l’on peut dire est qu’elles sont imprévisibles. On y va, on en sait où, mais on y va, on y court, on s’y précipite.
2°) Les nanotechnologies rapprochent les outils automatisés et les instruments électroniques du seuil quantique inférieur. Les nano-ordinateurs dès à présent sont pleins de trous quantiques, c’est à dire que leur comportement devient aberrant pour notre logique terrestre. Certains opérateurs qui ont la main « rouge » pourront s’en faire obéir, d’autres n’auront que des séries de pépins imprévisibles. En haute altitude, on a déjà observé des déviations inexplicables et inquiétantes du fonctionnement des microordinateurs très compacts. Sans compter la maintenance de plus en plus difficile de ces outils hautement évolués.
DARWIN ET LA SAINT JEAN
Lorsque l’on cherche la cause de catastrophes en chaine pouvant entrainer des conséquences dramatiques, on trouve de toutes petites disfonctions, un cheveu, le battement d’une aile de papillon. Dans le cas de la chute de l’Airbus, le remplacement d’un sonde, la coupure entre l’homme et la machine, le temps consommé à des négociations syndicales au détriment de la maintenance, les délais excessifs imposés par la bureaucratie : des mois au lieu de jours, sans aucune raisons … et c’est ainsi que deux ou trois médiocres subalternes ont pu par de micro-négligences en France ont pu provoquer une tragédie majeure non loin du Brésil.
LA FOLIE TECHNO
J’ai montré comment ce syndrome du battement de l’aile de papillon et du typhon, s’applique à tous les domaines de la technologique de pointe. On se demande comment ces gens intelligents, éduqués, compétents, raisonnables, peuvent marcher sur la tête. Qu’est-ce qui les a subitement rendus fous, aliénés du réel, englués dans une toile inextricable, décrite par le film MATRIX ?
Sans doute peu de choses. La senteur d’un sureau, l’accouplement de deux lucioles ou est-ce la vieille folie qui emporte les hommes la nuit de la Saint Jean, ou lors du carnaval et de l’hubris collectif ?
Continuer à lire "Le journal du 21 juin 2009"
Saturday, 2 May 2009
CHRONIQUE
La neuvième porte
Je pense prendre congé de mes chers internautes pour cause, rassurez-vous, de congés. Enfin je pourrai, je veux l'espérer, pour la première fois depuis de dures années, prendre quelques jours de vacances sur la Manche, où j'ai un petit appartement, un logement de service, et un petit jardin avec une piscine, que je dois à mon fils. J'espère aller au marché, où il y a un étalage sympathiques de vieux livres, des gabardines burberry en solde, et évidemment d'excellents poissons. La mer n'est pas très belle : grise et infestée de goëlands qui envahissent la ville d'un concert ininterrompu de cris stridents qui empêchent les malades et les dépressifs de dormir.Mais il n'y a pas moyen de les faire décamper, car les écologistes l'interdisent. Ils préfèrent les oiseaux aux hommes, et peut-être ont-ils raison. Mais cela ne me convient pas car j'espérais enfin trouver un peu de repos la nuit.
Commentaires sur le film de Polanski, La Neuvième Porte.
Vous vous souvenez de mon marché de videodisques. J'ai commencé à en entendre un tous les soirs. Avant-hier un très beau film d'amour (Ville portuaire) hier, un autre film d'ingmar Bergman : l'attente des femmes, l'inverse du précédent, puis qu'on nie que l'amour véritable et durable puisse exister sans une bonne dose d'hypocrisie. Aujourd'hui, j'ai revu "La neuvième porte" de Roman Polanski - que le hasard avait dévié sur New York , raconte Jerzy Kosinski, son grand ami, pendant que la secte démoniaque à Manson, perpétrait son carnage dans sa demeure de L.A.
Le livre sur lequel est basé le scénario est de Arturo Pérez-Reverte, Le Club Dumas, best-seller de l'auteur qui avait déjà signé Le tableau du maître flamand. Deux réussites exceptionnelles.

La première fois que j'ai vu La Nouvelle Porte, je l'ai considérée comme un thriller réussi. En le revoyant ce soir avec ma muse Sandrine, j'ai compris que c'était un grand film, qui mérite de prendre sa place parmi les meilleurs.

La première partie tourne autour d’un livre d’occultisme mystérieux, dont il n’existe que trois exemplaires dans le monde. Il s’agit de comparer les exemplaires car seul l’authentique permettra d’atteindre la neuvième porte, celle qui donne accès aux pouvoirs démoniaques.
Dans le film,le livre est tout à fait crédible : l’impression est de toute beauté, les bois qui l’accompagnent ressemblent à des figures de tarots et offrent des rébus difficiles à décoder.
Ci-dessous, le frontispice et le premier bois de l'exemplaire du Livre de Pérez-Reverte fidèlement repris par Polanski.

Comparez-le avec le frontispice d'un livre de l'époque.

Comparez le style des bois du livre de Perez-Reverte, avec la première édition de la Divine Comédie illustrée de gravures sur bois, en 1487

Notez aussi la parenté avec des lames de tarot. Ici, documents annexes de L'Entretien.

Le propriétaire d’un des exemplaires veut s’assurer que le sien est bien authentique en le confrontant aux deux autres.
La beauté formelle du film est saisissante, les couleurs, le cadrage, la poésie, tout cela est d’une haute qualité. Cela n’est pas sans rappeler Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway, qui figure dans notre marché des DVD illustres.
La deuxième partie du film est d’un style très différent. On reconnaît immédiatement le style, la musique, le décor, d’Eyes Wide Shut de Kubrick, que j’ai mis dans ma liste de chefs d’œuvre exigeant d’être vus plusieurs fois pour livrer leurs secrets.
Il ne me semble pas possible de croire que Kubrick pour son dernier film ne se soit consciemment Inspiré par Polanski. Certes le Kubrick est plus subtil, plus grandiose, plus raffiné, mais il ne présente pas une image aussi saisissante que les dernières de La Dernière Porte.
Il faut cependant reconnaître que la qualité di livre de Perez-Reverte, y est pour beaucoup. Il offre en route, plus encore que le film , une illustration convaiquante de l'impact mystérieux qui, pour certains, fascine, voire perturbe certains esprits réceptifs à l'aura dégagée par les livres rares et fortement chargés de sens. Le livre, offre des reproductions des trois livres magiques, qui ressemblent à ceux que l'on trouve chez les antiquaires d'incunables décrits parfaitement par Perez-Reverte.Les images, elles, ressemblent aussi à des lames de tarots.Je reproduirai en sollicitant la bienveillance des ayants-droits, la page de frontispice, etla première gravure à des fins de comparaison qui traduisent l'admiration que je peorte à auteur et à réalisateur.
Si vous croyez que ces histoires de sorcellerie, de livres dotés de pouvoirs occulte ou en livrant les secrets s qui mènent à l'obtention de ces pouvoirs, sont de la pure fiction, détrompez vous. En Amérique pullulent les sectes et les « livres magiques » comme ce Livre des Noms morts, le Necronomicon, dont il en existe plusieurs versions, l’une proche de Lovecraft, l'autre écrite par John Dee le cryptographe de la Reine Elisabeth.
Ci-dessous vous trouverez l’unique manuscrit de Nostradamus, daté de 1561 appartenant à la bibliothèque d'un "humaniste" épris d'occultisme qui figurerait fort bien dans le film de Polanski. Il possède également des éditions anciennes d'Agrippa le magicien, cité dans l'Ange de Feu de Prokofiev.

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Ci-dessous, un exemplaire de tête d'un des livres magiques édités voici quelques décénnies à New-York. Les circonstances de son obtention ont été étranges, rappelant le film de Polanski. Tous ces livres revendiquent l'authenticité du texte du Necronomicon. La reliure est en cuir et palladium et vous noterez la ressemblance avec celle qui orne les livres magiques du film.

Bien entendu, une autre référence s'impose, le Da Vinci Code de Dan Brown. Le copyright date de 1964, mais sa mouture luxueusement illustrée a été éditée en 2003/2004. Ses illustrations montrent clairement les similitudes avec l'imagerie de Polanski et, bien entendu d'Arturo PEREZ REVERTE (Le Club Dumas) en dépit d'un mauvais goût typiquement américain. Quant au film tourné à grands frais, il a été un beau fiasco. Cela ne vaut pas la peine de se le procurer sur DVD.


Cette chapelle sinistre rappelle les châteaux du film de Polanski

Une partie d'un manuscrit secret.

Le frontispice de l'édition de luxe qui est également la première édition illustrée.

Ci-dessus un canular extrait de L'Entretien.
A titre anecdotique je termine ce billet par un fragment d'un des livres annexes de L'Entretien, allusion directe à Dürer, mais aussi à Léonard et aux livres de magie.

Note du 2 mai 16h45. Dernière minute.
En explorant ma bibliothèque, j'ai trouvé un petit in-8vo noir qui fait partie des annexes préparatoires à L'Entretien. Il m'a semblé fort bien s'inscrire dans ces commentaires sur la Neuvième Porte.

Comme vous pouvez le constater, la couverture ressemble tout à fait au grimoire qui constitue le centre de l'intrigue dans le film.

Le frontispice représente les sceaux et une paire d'yeux au laser. Lorsque vous bougez ils vous suivent et changent d'aspect.

Une double page de l'introduction, montrant les lettrines et l'écriture de chancellerie tracée à la feuille d'argent et au crayon argent. finement taillé.

Une double page montrant deux des quatre états des substances magiques.

Où la quatrième porte est annoncée. La pieuvre stylisée représente une des formes de la captation, ou fascination hypnotique qui asservit ses victimes.

A gauche l'araignée, qui piège un moucheron, symbole de la quatrième porte, celle du réseau ténu d'intrigues qui désoriente l'assujetti. A droite, la cinquième porte.

L'entrée de la neuvième porte (au delà de la huitième porte). Mais ce qu'on y découvre n'est pas quelque lumière infernale ni quelque apparition effrayante, mais - ce qui revient peut-être au même - le monde. Cela se passe de commentaires.
Le colophon du livre m'apprend qu'il a été commencé au mois d'Août 1982 à Lebach (Sarre) dans la maison de mes beaux-parents, et terminé le 24 Novembre à minuit, soit à 0h le 25 Novembre, anniversaire de mes cinquante ans. Je n'ai donc pas pu connaître le livre de Reverte, Le Club Dumas qui date de 1993, et encore moins le film de Polanski. La démarche était d'ailleurs tout à fait différente car je suis parti du Necronomicon, et dans lequel les chercheurs ont raconté comment après des semaines de recherches infructueuses avec l'Illiac, le plus puissant des ordinateurs de l'époque, ils on par inadverdance compris le code. Ces péripéties sont tout à fait dans le style du livre de Reverte, mis en film par Polanski.
Bonne nuit et relisez les autres billets, ils ont tous été réactualisés, corrigés et complétés.
Votre Bruno Lussato qui vous laisse en compagnie avec son successeur S***
Saturday, 4 August 2007
La guerre du pôle
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J'ai été victime une fois de plus des caprices du wifi. Cela fait maintenant la troisième fois que je refais cet article. Les dernieres tentatives d'enregistrement éffaçant tout le contenu du billet! .
D'où le retard apporté à la rédaction de ce texte, qui fait suite à une discussion avec mes collègues de l'ISD, enregistrée en pure perte, une fois 5h du matin, l'autre à 7 heures.
©ISD, Institute for Systems and Development, Genève.
J'avais déjà signalé dans une chronique italienne du mois dernier, mon étonnement devant le faible retentissement donné à un événement géopolitique majeur : la découverte par les Russes d'importants gisements de pétrole, de gaz, de diamants et autres richesses géostratégiques, situés sous la calotte glaciaire, Un seul journal italien avait signalé le potentiel explosif aussi bien du point de vue écologique que politique de cette découverte. Aujourd'hui elle fait la une du Figaro à cause du geste spectaculaire consistant à planter un drapeau à 4 kilomètres de profondeur.
Cette découverte infléchit un peu le modèle quadripolaire proposé par mes collègues de l'ISD, (Institute for Systems and Development, en session comme tous les mois d'Août à Divonne.
Rappelons le modèle.
Continuer à lire "Le journal du 4 Août 2007"
Saturday, 15 November 2008
CHRONIQUE
Les nœuds des fondations
Le MINGEI
Mes chers amis,
En ce moment, comme vous l'avez remarqué, je me suis passionnément investi dans l'édification de cette église de la culture qu'est une fondation, si nous comparons un musée à une cathéfrale. Je devrais ajouter, une modeste église de village aspirant à tenir un rang significatif en Europe sinon dans le monde. Un exemple frappant est l'art populaire japonais, ce MINGEI que l'on voit partout, au quai Branly, au centre japonais, entre autres, une fois terminées il ne restera aucun moyen au public comme aux étudiants et aux chercheurs pour prendre connaissance de cette forme rude et fascinante d'art et d'artisanat.
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Ci-dessus : un masque d'époque Momoyama en cours d'acquisition.
Grâce à l'enthousiasme et l'oeil de T.M., ma muse, j'ai pu confisquer plus de trente pièces, les plus importantes à part cinq, dont j'envisage l'achat. Il est possible que dans quelques mois nous constituerons un noeud de concentration autour du MinGei suffisant pour attirer à lui tout seul un public d'amateurs et d'experts. Ce serait en effet le seul centre où on pourra prendre connaissance de ce qu'est le Mingei, à moins d'aller aux Etats Unis ou au Japon.
Marina déteste les petites pièces qui font "riquiqui" lorsqu'elle sont trop abondantes. Elle remarque que dans les musées on assiste à une concentration de grandes pièces. J'ai contrôlé en me rendant à l'exposition Mingei au quai Branly. Elle a raison. Très peu de petites pièces, beaucoup de céramiques de grande taille. M.Baudin s'est mis à l'œuvre pour me dénicher des objets de grande dimension.En revanche, quai Branly, la plus grande partie des objets quotidiens typiquement Mingei sont curieusement absents. J'ai acheté le catalogue de l'expo. Toute une bibliothèque spécialisée est consacrée au Japon, mais on doit payer le prix d'un billet pour y avoir accès. Du jamais vu! J'ai non seulement examiner avec soin les reproductions, mais je me suis astreint à lire tout aussi attentivement le texte du maître Soetzu Yanagi, l'inititateur du Mingei en 1933.

A ma grande déception, le texte, très théorique était contredit par la réalité à la fois de ce qu'est le Mingei, et ce qui est donné à voir Quai Branly. En exemple il suffit de relever des propos théoriques de Soetzu.
... fait partie du mingei tout ce qui est nécessaire à l'existence quotidienne de chacun :vêtement, meubles; vaisselle, matériel d'écriture. Ces objets divers que l'on qualifie de frusstes, peu élaborés sont des objets mingei.
Moi, je veux bien, mais où sont ces objets dans l'exposition? Les meubles sont modernes, pour le reste se sont des poteries prestigieuses de très grande taille et faussement primitives. En cela elles diffèrent des laques précieuses et les brocarts conventionnels qui font l'admiration des collectionneurs.
Au contraire, dans notre collection, on trouve un foisonnement de tels objets : ustensiles de coiffure, vaisselle, pots et assiettes pour la cérémonie du thé accompagnés de tous les accessoires, une tabatière et sa pipe, une table de laqueur complète, et, bien entendu, les textiles.

Ci-dessus, pipe et tabatière portatifs. Collection Mingei de la grande fondation.
On peut alors relever deux caractéristiques du mingei
1. il s'agit d'objets utiles,
2. Des objets ordinaires et non des objets luxueux et onéreux qui ne sont produits qu'en très petite quantité, créés pour être utilisés plutôt que regarder et dont le prix est à la portée de tous
3. Ils doivent être dotés de certaines qualités : l'honnêteté envers cette finalité d'usage, ni des produits qui sortent en surnombre des usines mécanisées et sont les victimes de l'esprit mercantile,ni des objets élégants qui visent au raffinement mais pour la plupart victimes des caprices du goût, et pervertis par des ornements inutiles. Or pour être utiles ces objets doivent prendre en compte honnêtement leur emploi et être sains,commodes et d'un maniement aisé.
La contradiction est portée par les objets eux mêmes. Allez au Musée Guimet et demandez à acheter d'authentiques oribe contemporains. Ils vous répondront qu'ils en ont eu mais en série très limitée et qu'ils étaient très onéreux par rapport aux poteries de pacotille..
En ce qui concerne le fait que l'objet n'est pas fait pour être regarder, mais pour servir, demandez à vos fesses, ce qu'elle pensent de ce siège mingei contemporain très esthétique et qui flatte notre sens esthétique.

Ci-dessus : Tabouret Butterfly Sori Yanagi 1956. Quratrième de couverture du catalogue, ACTES SUD 2008.
Comment comprendre les propos de Soetzu Yanagi?
Tout d'abord ils dénotent une réaction esthétique aux valeurs bourgeoises et même aristocratique, doublée d'une position morale. Le fonctionnalisme européen qui domine encore le design mondial, part de là mais sans la note moralisatrice typiquement japonaise.La croyance que les objets esthétiques peuvent changer le monde est utopique mais contient un fond de vérité. On retrouve les propos de Bouddha :
¶ Les hommes purs s'entourent d'objets purs
¶ Les objets purs s'entourent d'hommes purs
¶ Les hommes impurs s'entourent d'objets impurs
¶ Les objets impurs s'entourent d'hommes impurs
Les propos de Soetzu Yanagi prennent une actualité nouvelle et se sont révélés tristement prophétiques. J'ai élaboré voici un an une étude sur les secrets de la maison Hermès et j'ai trouvé comme caractéristiques l'honnêteté dans le travail du cuir, la simplicité des formes, la durabilité et la permanence dans le temps. J'ai retrouvé ces mêmes qualités chez nos admirables artisans français se transmettant des recettes de père en fils. Je les ai situés entre les entreprises de mode telles Vuitton ou mieux encore les horlogers modernes comme Patek Phililippe, autrefois honnêtes, (le luxe) et les produits de pacotille.
Jadis les rapports entre les hommes et les objets étaient plus denses : c'était pour un petit fils un motif de fierté que de porter un vêtement ayant habillé son grand-père. Or les objets actuels ont arraché du cœur des hommes ce sentiment de respect, de reconnaissance et d'amour envers les objets.
Soetzu Yanagi
Emporté par son obsession égalitaire, Soetzu Yanagi, adopte des positions unificatrices et anti individuelles proches des mots d'ordres collectivistes : de la Révolution Française à Lénine et Hitler. Non seulement il ne comprend pas qu'en érodant les lignes de crête on tue la pousse des sapins, et qu'on le veuille ou non il y aura toujours des génies comme Mozart et Raphaël,mais il méconnait l'esprit des objets mingei. Ils rivalisent de subtilité, d'imagination, et certains sont plus réussis que d'autres. La statuaire du moyen âge chrétien était anonyume. Mas les amateurs finirent par distinguer la supériorité de certains, nommés d'après leur style personnel (le maître de Chaours par exemple). Si les objets mingei étaient tels que ses positions doctrinaires le définissent, je ne me serais jamais hasardé à les rassembler dans une salle de musée au détriment de la place occupée par des objets raffinés et aristocratiques ! D'ailleurs la contradiction est patente. Il suffit de considerer la place qu'occupe Charlotte Perriand, ou le propre fils de Yanagi pour saisir un paradoxe qui frise la mauvaise foi. Et peu-t-on considérer comme ordinaire et indépendant des modes, un objets design conçu dans des usines mécaniques et où la recherche d'un style différenciant, frise le culte de la personnalité?
Ma conception du mingei
Elle est dictée par le contact avec les objets et confirmée par les marchands. C'est celle de Socrate definissant le connaisseur :
¶ Apprends à distinguer le mauvais du bon, et le meilleur de ce dernier.
Comme tout ensemble d'objets d'art, la loi qui s'impose est celle de Pareto. 20% des objets concentrent en eux toute la beauté. On peut sérier cet ensemble en zone I quantitativement la plus importante et obéissant aux critères d'utilité et de plaisir maximum, la zone II où s'étalent les produits de qualité moyenne ou bonne, et la zone III, quantitativement très faible et réservée à un petit groupe dit " l'élite ".
J'ai passé mon temps avec M.Boudin à apprendre, comme le recommande Socrate, à reconnaître le meilleur objet pour la grande fondation. Mon amie T.M. est parvenue par instinct (elle a l'oeil) à trouver les meilleures pièces. Mais c'est là une qualité rare et sélective.
Une différence essentielle entre art Mingei et art de cour, est que le premier privilégie le grain de la matière et s'offre à nous par le toucher, les irregularités, des jeux de matière; des motifs décoratifs sobres voire fugaces.
Mes chers internautes, nous aurons j'espère l'occasion de visiter d'autres lieux de la connaissance : la grande bibliophilie, les manuscrits à peinture.
En attendant, je vous dis bonne nuit.
Bruno Lussato
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