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Tuesday, 22 May 2007La sélection Bonnet, enrichieLa liste commentée des artistes de référence En rouge les cinq plus importants En bleu, les artistes Français En vert les commentaires de Bruno Lussato
John Baldessari (1931) Artiste californien qui après avoir œuvré dans le champ de la performance, fondateur de l’art californien de la seconde moitié du XXe siècle, s’est distingué par son travail sur le langage et sur la porosité des limites entre peinture et photographie. Son œuvre se caractérise par de complexes assemblages d’image sur le mur. Baldessari a également produit des oeuvres conceptuelles marrantes : par exemple l'artiste apprend à lire l'alphabet à une plante en pot. Dans ce régistre, il passe pour un des artistes les plus importants de sa génération. Ses grandes photogaphies retouchées montrent un sens dramatique de la composition. Voici un DVD sur l'oeuvre conceptuel de l'artiste.
Dans le premier de ces films conceptuels, on voit simultanément le sable d'un sablier d'écouler vers le bas, pendant que le mercure d'un thermomètre s'élève. Le film s'arrête lorsque les deux colonnes atteignent simultanément le nadir et le zenith.
Matthew Barney (1967) Je suis tombé par hasard sur la gigantesque installation Cremaster, parce qu'elle était exposée au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris qui était à deux pas de chez moi. Je n'avais jamais entendu parler de cet artiste, et les salles étaient désertes... les premiers jours. J'enrage de ne pas avoir essayé de connaître l'artiste, un des plus grands de sa génération. Le Cremaster décrit le combat de l'informe qui essaye de s'organiser, mais aussi le magma indifférencié, asexué, riche de toutes les potentialités. Tout l'espace du Musée avait été convoqué pour abriter des photos, des objets, des films en couleur, une musique un peu funèbre, des mannequins en costume, des bibliothèques, des objets, et même un bar, en vaseline réfrigérée. Un univers obsessionnel et indéchiffrable, d'une complexité et d'une beauté confondantes.
Daniel Buren (1938) Artiste français emblématique de la mouvance conceptuelle et post-conceptuelle, interrogeant la possibilité de la peinture après sa remise en cause par l’art conceptuel. Il a fait de l’espace public le terreau de ses nombreuses interventions, qui au-delà du pictural on notamment montré comment cet espace pouvait « absorber » et redéfinir le champ pictural. Buren, vous connaissez, c'est l'auteur des célèbres et controversées colonnes du Palais Royal. Certaines réalisations font penser à des stores du BHV, pour la bonne raison que ... ce sont des stores du BHV. Ceux qui se gaussent pourront voir à Beaubourg dans l'exposition Air de Paris, un espace remarquable, qui dénote un réel talent. *
Deux installations sont justement célèbres. Dans l'une on voit, dans une immense salle au tapis rouge, le pape Jean Paul II terrassé par une météorite tombé du ciel, après avoir brisé la verrière. Dans un autre, qui fait partie de la collection Pinault, et qui a fait sensation à Venise, on voit un garçonnet prier à genou dans une grande salle, peut-être une église. En s'approchant, on découvre que l'innocent enfant n'est autre que Hitler. Ref. Catalogue de l'Exposition François Pinault au Palazzo Gritti à Venise. Where Are We Going?
Continuer à lire "La sélection Bonnet, enrichie" Billets indélébilesBouillon de culture devient brouillon d'incultureLe déclin de la culture Phénomène caractéristique de la civilisation occidentiste (pour utiliser le néologisme de Zinoviev), l'écart se creuse entre les culturellement pauvres (qui ne sont pas forcément les économiquement pauvres, bien au contraire) et les culturellement riches, entre culture de masse et culture érudite. En France, la manifestation télévisée de ce phénomène a été désigné par François de Closet, courageux pourfendeur des privilèges de toute sorte,par "et puis m...). Il dénonçait l'aridité et le snobisme triste de Arte, dernier refuge d'une culture élitiste, qui précipitent le grand public vers le tout à l'égoût des chaînes grand public.
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Posté par Bruno Lussato
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Friday, 16 February 2007 00:00
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Friday, 17 April 2009Le journal du 17 avril 2009CHRONIQUE L'art et la crise
L'objet de ce billet est, à la lumière des évènements récents de se demander si les oeuvres d'Art, les pièces exceptionnelles, constituent une valeur refuge. L'emballement récent (Vente du siècle, bond en avant de la numismatique, récentes ventes, pénurie de tableaux importants comme des Tàpies, aujourd'hui introuvables, en dépit d'une demande soutenue, paraissent donner une réponse encourageante. Mais il faut se méfier des emballements et l'arbre cache la Forêt. On oublie un peu vide que nous sommes au début et non pas à la fin du typhon et on ne sait comment se comportera le marché en cas de désastre majeur. Par ailleurs les spécialistes ne font pas faute de nous rappeler que le marché de l'Art ne saurait être tributaire de la spéculation. Il faut attendre vingt ans avant d'espérer retrouver sa mise et de faire des bénéfices. En revanche, et c'est tout différent, l'investissement sera préservé durablement et une fois la crise passée, conservera sa valeur. C'est un patrimoine qu'on pourra se passer d'une génération à l'autre. Enfin, les grands collectionneurs finissent par être plus compétents que bien des experts professionnels et bien entendu, des prétendus muséologues auquel Socrate a fait appel pour couler la Deuxième Fondation. Il est bon de rappeler que ma collection de stylos et instruments d'écriture, la première au monde a été édifiée en moins que quatre ans!
Lettre d'insultes Elle provient de la petite-fille de Monsieur Gaston Dreyfus que je cite dans le billet du 12 Juillet sur la vente du siècle. J'opposais le sérieux et la passion de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent à la désinvolture de M.Gaston-Dreyfus qui ne daigna pas interrompre ses vacances pour une acquisition dépassant tout ce qu'on peut imaginer : le fond de Mme Kandinsky mis en vente. Elle donne pour preuve de mon aigreur et de l'infiabilité des informations contenues sur le blog, mon écorchement du nom de M.Gaston Dreyfus que je nomme Gaston-Alain Dreyfus au lieu d'Alain Gaston-Dreyfus. Et elle m'accuse de le traiter d'amateur superficiel.
Si elle connaissait un peu mieux le blog, elle saurait que je cite de mémoire, sans me référer à aucune note, et que j'ai averti mes internautes que cette mémoire, non étayée par des documents, me fait souvent défaut... Mais pour de petits détails de cette espèce. Pour le fait que j'ai interverti Alain Gaston-Drefus, en Gaston Alain--Dreyfus, il ne s'agit même pas d'un trou de mémoire, mais d'une stupide erreur de frappe. Je sais très bien que le collectionneur dont je parle se nomme Gaston-Dreyfus pour l'avoir beaucoup fréquenté et sympathisé avec lui et pour avoir décidé Nina Kandinsky à lui vendre le fonds de préférence à d'autres acheteurs. Mission d'ailleurs réussie mais qu'on fit piteusement échouer. Quant à le traiter d'amateur superficiel, ceci n'est qu'une simple opinion, et j'avoue qu'elle est injuste. M.Gaston-Dreyfus était sérieux : il avait parfaitement assimilé les seçons de Samy et d'Alain Tarica et c'était un homme d'une extrême élégance et d'une grande courtoisie, ce que l'on nomme populairement "la classe". Je comprends donc l'indignation de sa petite-fille et je lui présente mes excuses. Elle ne faisait que son devoir.
Mais il reste que les évènements, vieux de plusieurs décénnies, alors que la petite-fille dont je n'ose donner le nom de peur de l'estropier, n'était sans doute pas née, que j'ai relatés, sont l'expression d'une vérité sans concession. Le fonds fut vendu à Bayeler et ma déception fut immense, expliquant sinon justifiant mon "aigreur". Je m'étais donné tant de mal pour convaincre Nina Kandinsky, qui avait toute confiance en moi! La petite fille de l'amateur éclairé que fut M.Gaston-Dreyfus ne pouvait évidemment les connaître. Elle n'y était pas et elle se garde bien d'ailleurs de les infirmer. Je suis sûr que j'ai ainsi heurté des sensibilités d'amis ou de parents de personnalités que j'ai critiqué : le cas de M.Guy Sacre en est un exemple. Les arguments invoqués à mon encontre, si on excepte les insultes, sont valables : on me reproche mes fautes de frappe !
Mes relations avec Aimé Maeght Je connus Nina Kandinsky chez Maeght qui la représentait officiellement. Je rencontrai Maeght chez le concessionnaire Peugeot qui était de ses bons clients et qui me recommanda chaleureusement. Le conact et la sympathie furent immédiats. Un coup de foudre. Maeght me dit que je jour, il le marquerait d'une pierre blanche. Je connus ainsi toute l'équipe : Daniel Lelong qui venait de la finance et devenu le commercial de l'équipe, Dupin, le poète qui rédigeait la revue de Maeght : Derrière le miroir , Marguerite sa femme dite Guiguitte, qui protégeait son fils Adrien un faible que n'appréciait guère son père, ce qui faisait des disputes familiales sans fin, Claudine la fidèle comptable au fait de tous ses secrets. Je fus invité souvent à la fondation et autour de la table, il y avait un riche amateur suisse, Mirò, Nina Kandinsky, et toute la tribu. Un jour à l'occasion d'une cérémonie d'anniversaire, une merveilleuse soirée réunit Hartung, Zao Wou Ki, Miro, Chagall, Giacometti, Tapiès (si je ne me trompe), Nina Kandinsky, une habituée, et bien d'autres. Je les fréquentais tous par l'intermédiaire de Maeght et ils me firent tous des encres pour mon musée de la calligraphie.
Nina Kandinsky avait toute confiance en moi. Elle adorait les bijoux de Van Cleef et Arpels et avait un joli chalet à Gstaad. Par ailleurs elle était terriblement avare et admirait la richesse. Elle habitait à Neuilly dans les immeubles donnant sur le bois et où résidait Jean-René Fourtou, le PDG de Rhône Poulenc. On l'accusa d'avoir exercé une influence néfaste sur son mari dont laaa période parisienne fut trop jolie, trop décorative. Par la suite, on trouva Nina étranglée dans son chalet, dépouillée de tous ses bijoux. Le mystère n'est toujours pas résolu.
Elle me confia qu'elle voulait vendre tout son fonds, inestimable et comportant des pièces introuvables. J'insistai pour qu'elle donnât la priorité à Alain Gaston-Dreyfus, qui avait une belle Mercédès à air conditionné, et une propriété avec des chevaux dans les environs de Rambouillet. Est-il riche?, me demanda-t-elle sur un ton dubitatif. Très riche lui répondis-je, enjoignant Alain à multiplier les signes extérieurs de richesse. Samy Tarica était dans le coup et espérait que Alain enlèverait le morceau. Enfin, on se mit d'accord sur la somme de un milliard d'anciens francs. Mais Gaston Dreyfus se faisait tirer l'oreille pour signer un contrat "La vieille, me dit-il, il faut la faire mariner. Un milliard, ça ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval" Mais au mois d'Août, alors qu'Alain et sa famille étaient sur leur yacht dans les eaux turques, Nina m'annonça qu'un cheval s'était présenté et que sous ses sabots il y avait un milliard de francs! On télégraphia ou on téléphona à Gaston-Dreyfus, qui dit que c'était une manoeuvre pour faire monter les prix et un bobard. Cela pouvait attendre au retour des vacances. J'eus bon insister, il était inflexible. Mais revenu de Turquie, il eut une mauvaise surprise. Beyeler, le plus grand marchand de tableaux d'Europe, plus même que Berggruen et que Maeght, l'avait coiffé au poteau. J'en crevai de rage et cela explique sans doute le ressentiment que je lui portai. Tarica dans cette occasion agit avec moi avec la plus grande générosité, celle d'un grand Seigneur qu'il était ainsi que son fils Alain et je lui en suis encore reconnaissant. Il prit les choses comme il le fallait : de haut.
Les méthodes commerciales de l'équipe Maeght.
Lorsque se présentait un gros poisson, il était accueilli Par Guiguitte, par Lelong et par Maeght lui-même. On le faisait entrer dans un pièces noire, dans lequel une tableau se trouvait sur un chevalet. C'était souvent un Mirò qui, cela nous semble stupéfiant aujourd'hui, avait besoin d'un homme comme Maeght, son supporter fervent, pour se vendre. Il était complètement délaissé.
On laissait mariner pendant quelques bonnes minutes le client, puis entrait Guiguitte, et s'asseyait sans mot dire. Elle émettait des sons indéterminés, qu'on finit par décoder : alors, hein, qu'estce que vou en dites, hein? E taussi curieux que cela puisse paraître, ce langage informel avait un impact supérieur à toute argumentation. Lelong, lui, se chargeait de celle-ci et vantait les mérites du tableau. Enfin Maeght intervenait sur le mode autoritaire et mécontent. Alors, on vous présente le meilleur investissement et vous hésitez. Rappelez-vous : vous ne m'avez pas suivi pour Giacometti, pour Chagall, pour Braque, et voyez ce qu'ils coûtent aujourd'hui ! Vous recommencez la même chose avec un génie non encore à sa valeur comme Miro. Et vous le regretterez. Dans quelques années, il sera aussi connu que les autres, et vaudra aussi cher.
Le plus beau, c'est que Maeght avait parfaitement raison et que bien de richez amateurs se détournent de grands peintres confirmés comme Tapiès, Hartung, Mathieu, et autres Fautrier. Dubuffet arrive à émerger encore.
Et j'en viens à ce qui est le sujet de ce billet. En cas de crise grave imminente, avec une rupture possible du cycle monétaire, coment investir de façon à ce qu'à la sortie de ma catastrophe, vouv vous trouviez avec des biens ayant conservé leur valeur?
Voir la suite dans le corps du blog. Continuer à lire "Le journal du 17 avril 2009" Sunday, 20 May 2007Le journal du 21 mai 2007La feuille de route du président Sarkozy Même ses détracteurs doivent le reconnaître : le nouveau président a fait preuve jusqu'ici de trois qualités majeures : 1. Il a annoncé nettement la couleur, déclaré des mesures anti-démagogiques comme la suppression des droits de succession ou anti-establishment, comme le niet opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne. Plus encore, il a eu le talent de bien s'entourer et pendant deux ans, de forger une véritable charte politique, conforme aux valeurs traditionnelles de "Force de la Terre" et fondée sur les mots tabou de Travail, Famille, Patrie et efficacité. La majorité des Français s'est reconnue dans ces valeurs prioritaires et la gauche elle-même a dû reconnaître la capacité politique de l'équipe présidentielle et prendre exemple sur lui pour aborder sa "refondation". 2. Il a jusqu'ici tenu parole et s'est montré le Président de tous les français. Son gouvernement fait la preuve de la parité hommes-femmes, et de l'ouverture vers le centre et la gauche. Ses adversaires, dont Libération, hurlent au hold-up, mais lorsqu'il s'agit de Ségolène Royal, ils parlent de largeur d'esprit et de tolérance. 3. Il a dit qu'il irait vite, et il va vite, comme il court vite et parle vite. Là encore, les esprits chagrins qualifient de gesticulation, cette rapidité d'action et de décision. Il y a tout à parier que dans le futur ils feront le possible pour freiner les initiatives de Nicolas Sarkozy, de lui mettre les bâtons dans les roues, pour déplorer ensuite retards et échecs.
Il faut ajouter à ces qualités, une conception particulière du rôle de Président, opposée à celle de sa rivale. Cette dernière écoute, enregistre les doléances de ce qu'elle appelle les Français, et les reflète dans des mesures protectionnistes et démagogiques. Il est inutile de nous appesantir sur son caractère "mère Teresa". Mais Ségolène porte un masque, et, comme le disait Carl Gustav Jung, plus il est séduisant, plus horrifiant est ce qui se cache derrière. On a vu que la madone, losqu'elle jugeait bon, pouvait se transformer en une véritable furie.
Revenons-en au postulat fondamental de Nicolas Sarkozy. Il est connu et brise le tabou du mythe parlementaire. Il a lu les grands hommes, ceux qui ont redressé leur pays en difficulté et il a constaté qu'ils endossaient tous les pouvoirs, ils suivaient leur conviction sans se laisser détourner par leur opposition et comptaient sur une équipe à leur dévotion. C'est d'ailleurs ce que le Général de Gaulle a compris lorqu'il a fait succéder la Ve République à la quatrième. Là encore, l'opposition criera- et a crié - à la dictature : Sarko-Facho. Mais si Mussolini, Hitler, ont trusté tous les pouvoirs, il en est de même de Lénine, Staline, Castro, Mao, pour ne citer que les idoles de la gauche de naguère, et de Churchill, de Tatcher, d'Adenauer et de De Gasperi du côté de la liberté. Et la France est dans un tel état de décomposition, qu'on risquait si elle se prolongeait, la guerre civile ou l'avènement d'un dictateur, un vrai.
Cela dit, il y a deux séries d'embûches qui l'attendent sur son parcours, l'une de nature geopolitique, qui concerne les frontières et les alliances de l'Europe, l'autre de nature beaucoup plus insidieuse et d'ordre culturel et idéologique. Je relate une discussion avec Alexandre Del Valle, géopoliticien grand connaisseur de la Turquie, de Chypre et de la Russie et notoirement politiquement incorrect. (Il me semblait inutile de discuter avec des politiquement corrects, tous les lisent par définition et ils envahissent les congrés, les séminaires et les ministères). J'ai replacé notre échange de vue dans la revue de très grande qualité dirigée par Patrick Wasjman et dont le numéro de printemps a accueilli Nicolas Sarkozy lui-même. (Politique internationale, N° 115).
Le piège géopolitique
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Posté par Bruno Lussato
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Sunday, 15 March 2009Le journal du 16 mars 2009CHRONIQUE La meilleure introduction à l'art
Evidemment sous-entendu, parmi celles qu'il m'a été donné de connaître, et j'en ai lu plusieurs. L'auteur est Pierre Bergé, à qui ce billet est dédié. En début d'après-midi, un beau soleil m'a incité à prendre vingt minutes de loisirs volé sur mes obligations. J'ai été visiter la librairie du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, où on me connaît bien et il m'est donné de feuilleter tranquillement tous les livres, de quoi avoir un panorama assez étendu sur la production de livres sur l'Art Moderne et contemporain. J'ai ainsi acheté le dernier ouvrage sur Matthew Barney, un autre sur l'interprétation de l'Apocalypse par de jeunes artistes contemporains, le Pays Fertile, étude de Pierre Boulez sur Paul Klee (mon peintre préféré) et celui de Pierre Bergé : Histoire de notre collection, Actes Sud , février 2009. J'espérais ainsi découvrir des vues des appartements de la rue de Babylone, de la rue Bonaparte et d'autres demeures. J'en ai été pour mes frais. Il n'y avait que des reproductions de tableaux déjà illustrées dans les catalogues de la vente (il est vrai que plusieurs sont épuisés,mais ceux sur la peinture sont encore disponibles).
En revanche quelle surprise émerveillée ai-je ressenti à la lecture des entretiens entre Laure Adler et Pierre Bergé. Je ne puis vous en donner une idée de la richesse renfermée dans ces propos où réponse de Bergé me semble essentielle pour la compréhension de l'Art et qui vaut aussi bien pour la bibliophilie que pour la musique, pour l'orfêvrerie que - bien évidemment- pour la peinture. Aussi je me sens mal à l'aise pour en déflorer l'essence. Je ne saurais assez vous engager à vous précipiter sur ce livre qui me semble à la fois accessible, majeur et hors du commun.
Je me hasarde quand même à sélectionner de mémoire parmi les idées de l'ouvrage quelques unes qui m'ont particulièrement frappé.
1°. L'oeuvre d'Art digne de ce nom est aussi précise qu'une théorie mathématique. Est-ce un hasard si Mantegna, comme à une autre échelle évidemment, Alain Tarica, l'initiateur de Bergé et Saint Laurent, soit un mathématicien passionné? Elle requiert pour être appréciée la plus grande attention, et un contact répété, que ce soit une fugue de Bach, un roman de Proust, ou un tableau de Picasso. Le hasard n'y a pas de place, sauf quand il est délibéré et utilisé délibérément.Le hasard devient alors un anti-hasard, comme dans la transe qui saisit Pollock durant son activité de dripping.
2°. Avant de raconter une histoire, un tableau doit s'imposer en tant que peinture autonome, organisée et parfaite. Chaque détail est justifié par l'organisation rigoureuse de la construction formelle, le reste n'est que littérature. C'est une thèse que je partage avec Etienne Gilson qui l'a magistralement développée dans Peinture et imagerie . Pour lui l'image -anecdotique - masque bien souvent la peinture. C'est également la thèse soutenue par Guido Ballo, un des meilleurs initiateurs à la vision authentique : il distingue l'oeil critique de l'oeil commun. Je l'ai bien connu et il m'a aidé à édifier mes salles d'art moderne au Musée de Genève, dont la sélection ne serait pas désavouée par Yves Saint Laurent ni Pierre Bergé. On y trouvait les plus beaux Schwitters (étrangement ignoré par nos collectionneurs, bien que promu inlassablement par Tarica), un Klee exceptionnel de 1914, le premier mixed média sur gaze et d'où sortiront les carrés magiques, les rythmes ou encore la composition organique. J'ai dû dans un billet du blog, reproduire mon analyse de ce Klee et de trois Schwitters majeurs. On trouvait aussi dans cette première collection des Malewitch, des Duchamp, des Rodchenko. Tout ceci fut confisqué par l'inquisition fiscale qui me réclama des sommes que je ne devait pas. J'ai hélas quelque chose en commun avec Yves Saint Laurent : une allergie pour tout ce qui est argent, fiscalité, affaires. Mais je n'avais aucun Pierre Bergé pour me défendre. J'étais - et je suis toujours désespérément nu, aidé heureusement par de nombreux amis puissants et dévoués qui constituent ma raison de vivre. Mais cela ne remplace par un Pierre Bergé hélas. Que l'on me pardonne ces commentaires personnels, mais il est naturel que j'aie retenu en priorité ce qui se rattache le plus organiquement à mon être le plus profond.
3°) Bien des choix découlent de cet axiome. Nos deux héros ne pouvaient que dédaigner la peinture anecdotique, celle qui ne tient que par l'histoire qu'elle raconte, comme Magritte, Salvador Dali, ou - horreur - l'Art di t engagé. Comme Schwitters Bergé déteste l'art politisé et proclame l'autonomie de l'oeuvre d'Art. Néanmoins cela n'empêche pas l'artiste, comme chacun d'entre nous, d'opter pour une cause juste et de lutter contre les monstruosités décrites par Robert Conquest dans Le féroce XXème dont notre malheureuse Europe a été le berceau. Bergé nous parle de Weimar. Comment sous l'occupation de nombreux artistes se sont - par vanité, ou par intérêt - laissé séduire par les nazis. Il ose dénoncer les silences coupables de Picasso pendant cette horrible époque, se dédouanant après la guerre en militant pour les communistes et en servant de caution à des monstres comparables aux nazis sur lesquels il s'est tu. Bergé remarque aussi, que les artistes qui se sont "fait avoir" comme André Derain n'étaient plus à l'apogée de leur art.
4°) Bergé fait judicieusement remarqué que si l'on peut - par l'initiation et l'accoutumance - changer de goût, en revanche il n'en est pas de même pour les dégoûts qui sont, eux, durables. Je comprends cela, car si je puis admettre chez moi un Kosuth auquel je ne comprends rien, jamais un Erro ou un murakami n'entreront chez moi. Encore moins un peintre à la mode comme Annigoni. La vie est courte, et Boulez me disait : pourquoi diriger des artistes secondaires alors qu'il existe des génies comme Wagner ou Berg qui ne demande qu'à être explorés en profondeur? Et qui peut se vanter d'en venir à bout. A mon sens c'est cela l'exigence d'excellence proclamée par Bergé : éviter de s'encombrer d'oeuvres secondaires au détriment d'oeuvres majeures quel que soit le domaine visé.
5°) La signature d'un artiste ne sert qu'à rassurer l'ignorant incapable de juger pa r lui-même de la valeur d'un tableau. Mon Maître Chou Ling, qui m'apprit à reconnaître de faux Wang Yuan C'hi ou Chen Tcheou, dont je n'ai pas voulu et actuellement exposés triomphalement au musée Guimet, se refusa toujours à émettre le moindre jugement sur la valeur d'une oeuvre, ni sur son authenticité (il y a pas loin de 75% de faux dans les musées occidentaux !) Il me dit que les gens méritaient ce qu'ils choisissaient. Si leur ignorance ou leur manque d'attention les empêche de distinguer un faux, tant pis (ou tant mieux s'ils sont satsfaits) pour eux. Il ne me dit jamais que les makemono de ces deux peintres à la provenance illustre (Dubosc) étaient des faux. Il se contenta de m'inviter à plus d'attention et à entrer dans les détails de l'oeuvre en traquant les incohérences. Ce n'est qu'une fois que j'eus de moi-même - au bout d'une investigation minutieuse - qu'il me confirma l'inauthenticité des peintures. Or quelle ne fut pas la surprise de voir mon Vang Yuan C'hi, exposé dans une grande salle noire devant deux centaines de sièges voués à sa contemplation. Je ne vis une telle installation qu'en Italie, pour une oeuvre je crois de Duccio. Je me dis, enfin voici l'original dont j'ai eu la copie entre les mains! Je m'approchai et découvris que c'était "mon faux" makemono. Je téléphonai aussitôt au conservateur responsable une femme intelligente et probe qui me dit : ce n'est pas possible. J'ai un oeil quand même! Je lui demandai : combien de temps avez-vouspassé en compagnie de ce rouleau? Combien? Je ne sais pas. Dès que je l'ai vu j'ai reconnu une oeuvre de génie, je me suis fiée à mon expérience et àmon flair. Cela a été un coup de foudre, en un instant ma décision a été prise! J'engageai madame W*** à examiner à nouveau le rouleau en lui signalant les incohérences en oubliant la beauté et le charme du paysage. Elle me téléphona deux heures après :vous avez raison, Dubosc m'a refilé un faux! - Qu'allez vous faire? lui demandai-je. - Quelle question! Il hors de question de le garder, je vais m'en débarrasser. - Avez-vous pensé que vous allez priver une foule de gens incapables de voir des faiblesses, que vous même n'avez pas décelé, pour admirer sincèrement l'ordonnance splendide de ce faux, son charme, la beauté de ce paysage? Et que ce premier contact attisera leur désir de mieux connaître la grande peinture chinoise? N'oublions pas que Wang Yuan C'hi est le Cezanne chinois, il est extrêmementrare de s'en faire une idée, sauf en Japon, au musée du palais à Formose, et peut-être àHonolulu. - Je ne puis admettre un faux dans ce musée, ce serait malhonnête répéta Mme W***. C'est ainsi que le rouleau finit au musée Guimet. Je me gardais bien de dévoiler la fraude à des conservateurs qui n'auraient sans doute pas daigné de me recevoir, encore moins d'accorder crédit à mes révélations. Et puis revoir ce rouleau près de chez moi, me donne une satisfaction nostalgique. Il me donne à rêver de ce que devait être l'original : un chef-d-oeuvre absolu.On rejoint une exigence de Pierre Bergé qui déclare que la démarche d'un musée, différente de celle d'un collectionneur, est un devoir.
6°) Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Bergé avec raison n'a pas de mots assez durs pour fustiger des muséologues qui sous prétexte de montrer une époque d'une manière exhaustive, font coexister Bougurereau et Manet. Les public bêlant qui admire de bonne foi ces pièces de musée, confond le bon grain et l'ivraie sans que les conservateurs lui apprennent à établir une hiérarche que d'ailleurs, je le crains - ils récusent. André Nakov qui m'a appris beaucoup sur l'avant-garde russe,me disait que pour lui, un musée était une grange vide, peinte en blanc et ne contenant qu'une vingtaine de chefs-d-oeuvre majeurs. Bien de petits musées justifient leur existence par une oeuvre glorieuse qu'ils mettent bien en évidence. Je pense notamment aux Vermeer de La Haye.
7°) Un mauvais tableau au milieu de bons, se décèle immédiatement.Mais la réciproque peut être exacte. Allez au palais des papes à Avignon, dans le musée des multitudes de copies et de suiveurs vite oubliés. Une seule oeuvre domine tout, et fait oublier le tout venant : un merveilleux Botticelli. Cependant Picasso n'a pas tort quant il dit qu'un bon tableau au milieu de croutes semble moins bon et qu'un médiocre au milieu d'oeuvres prestigieuses, semble meilleur. Mais il ne s'agit que d'apparences. Samy Tarica, le père d'Alain qui a fait ma culture, m'a fait vendre un des plus beaux Tàpies et un des rares Poliakoff réussis pour me faire acheter des Schitters et donné un Klee. Losque j'accrochai ces tableaux minuscules à côté des autres , on ne voyait plus qu'eux : ils tuaient le Tàpies et le Poliakoff ! Un chef d'oeuvre est féroce, ils tue en effet toute oeuvre même admirable, qui lui est légèrement inférieure.
8°) Bergé et Saint Laurent se sont méfiés des antiquaires, de marchands de tableaux (les galéristes) et autres intermédiaires de l'Art. Il les oppose aux grands marchands d'autrefois qui défendaient leurs artistes, les aimaient, les soutenaient, les faisaient vivre et collaient à leur oeuvre. Par ailleurs vous avez aussi les très grands marchands qui sont de vrais initiateurs, et qui si vous leur faites confiance et manifestez le sincère désir de progresser, vous conseilleront. Alain Tarica fait partie de ces rares personnages authentiques. Dans mon petit domaine, (la deuxième fondation) je fais ainsi confiance à Tenscher pour les manuscrits anciens, à Clavreuil pour la bibliophilie, à Claude Burgan pour la numismatique et il ne me viendrait pas à l'esprit de m'adresser à leur concurrents ou à discuter leur prix, tant la relation de confiance est solide. C'est le conseil que donne un guide réputé pour les numismates débutants : déceler quel est le marchand qui vous convient et d'une éthique rigoureuse, parmi les plus réputés mondialement et s'y tenir.
9°) Il faut visiter des musées, des expositions, des concerts, de grands évènements artistiques, sans relâche avec une inépuisable curiosité etne pas perdre son temps à paresser, à se vautrer dans la facilité, à paresser au soleil des îles ou de la Côte d'Azur. Je meurs de honte lorsque je pense aux heures que j'ai passé à lire des SAS (c'est au temps où j'étais heureux et où j'avais un cocon familial en Sarre). Oui, des SAS! Des romans policiers de la série noire ou du masque. Et à présent que je voudrais le faire, mon état de santé ne me le permet plus. Mon horizon est bien limité. Peut-être un jour pourrai-je me rendre dans ma patrie, dans mon lieu de naissance, à la Spezia (où Wagner conçut le Ring, à Sienne, à Todi, à Assise... Et assister une fois encore au Festival de Salzbourg (et non de Bayreuth, bien frelâté). Pour l'instant je me cultive, je passe mes nuits à apprendre, le jour dans les musées proches : le MAM, le Guimet. Mais en lisant les entretiens de Bergé j'ai tellement honte, je me sens si petit! Vous qui me lisez, ne croyez pas que les loisirs sportifs ou les obligations professionnelles ne vous laissent pas le temps d'imiter, à une moindre échelle certes, Pierre Bergé. On trouve toujours le temps quand on le veut. Que votre épouse, vos enfants participent de ces moments bénis où le temps s'arrête et où l'on, capte quelques lueurs venues d'en haut. Lisez les grand auteurs attentivement, etn'oubliez pas que l'important ce n'est pas l'histoire qu'ils racontent. C'est l'art avec lequel ils s'expriment, la précision de la langue qu'ils enrichissent. Je vous l'ai dit en lisant le Grand Jerzy Kosinski (encore un polonais de génie). Je me demandai d'où provenait l'atmosphère insolite et angoissante, qui impregne le début de STEPS. J'ai fini par comprendre :l'auteur est un des plus grands stylistes de la langue anglaise. Chez lui le mot juste a la place juste, comme un chef d'oeuvre pictural. Bergé apprécierait certainement cet écrivain aujourd'hui injustement oublié.
Le revers de la médaille Mon admiration sans bornes pour Pierre Bergé ne m'empêche pas d'exercer mon sens critique. Il y a dans son discours comme dans sa pratique de petites incohérences que je pourrais laisser passer, si elles ne provenaient d'une telle autorité et d'un discours péremptoire. Comme je ne veux pas mélanger les éloges, de loin dominants dans mon billet, avec les critiques, somme toute secondaires, je les relègue dans le corps du billet. Pour anticiper, considérer cette image présentée par le commisseur priseur au moment de l'adjudication comme provenant de l'atelier des célèbres céramistes Della Robbia et attribuée à Giovanni, celui qui introduisit la couleur dans les pièces de Luca, le génie, qui se limitait à un camaîeu de bleu et de blanc.
Continuer à lire "Le journal du 16 mars 2009" Friday, 6 April 2007Virus, note du traducteurLa France et la désinformation Ce texte est un avant-propos d'un traducteur imaginaire au livre d'un auteur tout aussi imaginaire. Il me permettait de prendre de la distance par rapport à des thèses politiquement incorrectes qui auraient pu me nuire. Lire en particulier le passage sur la démagogie de hommes politiques. *** Virus
Par Kevin.L. Bronstein
Si par un coup de baguette magique, les Français avaient pu sans transition passer de 1967 à 2004, ils auraient fait la révolution. Une révolution sanglante. Si on apprenait aux jeunes Français ce qu'était leur pays à la fin des trente glorieuses, si on rendait la mémoire à leurs parents, la grenouille française s'exclamerait : comment en sommes-nous arrivés là?, elle sauterait du chaudron d'eau bouillante et elle survivrait.
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