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Thursday, 29 March 2007
Thème et variations
sur les violences de la Gare du Nord
Ainsi qu'il fallait s'y attendre, les désinformations et les rumeurs font tache d'huile, comme un tremblement de terre se propage de l'épicentre à la région toute entière. Ici l'épicentre, est la description sèche des évènements, les ondes de choc vont se propager et s'amplifier d'un journal à l'autre, s'enrichir de reformulations inédites, de connotations émotionnelles, de prolongements politiques à l'échelle de la nation. Car s'il est vrai qu'il existe une disproportion choquante entre le micro-incident et les émeutes, disproportion qu'on attribue non sans raison à la maladresse et à l'impréparation des forces de l'ordre; il en est une encore plus choquante entre l'importance réelle d'un fait divers,courant en France et sa médiatisation à la une, pendant la campagne électorale.
Les deux adversaires : Sarkozy et la coalition des autres, se jettent à la tête des accusations symétriques, comme par exemple l'instrumentalisation des micro-émeutes à des fins électorales.
Vous trouverez dans la suite de cet article, les réactions des principaux quotidiens parisiens.
La réponse à l'énigme posée dans le journal d'hier.
L'auteur du poème est Richard Wagner. Hans Sachs, le principal protagoniste des "Maîtres Chanteurs de Nurenberg" . A la fin de l'acte II il a assisté à une rixe violente provoquée par un incident mineur et qui dégénère en furie collective.
Lisez la suite de cet article pour déguster la revue de presse sur les émeutes de la gare du Nord!
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Thursday, 21 May 2009
CHRONIQUE
Le docteur Mabuse
Bien sûr, c'est une plaisanterie, je n'ai aucune envie de vous entretenir du Dr Jekyll et de Mr Hyde, des monstres de Karpates, des golems, des vampires ni de Frankenstein. La référence au Dr. Mabuse est une simple parabole.
Vous savez qu'on interna ce diabolique docteur afin de le mettre hors d'état de nuire. Il fut privé de tout contact. Il obtint cependant un épais journal de bord, lui aussi emprisonné sans aucun humain pour le lire, existence inconnue de tous, non avenue. Le bon Mabuse écrivait tous les jours la liste des crimes, des pirateries, des règlements de compte sanglants, des accidents mortels qui n'éxistaient que dans son imagination, puisqu'il était coupé du monde extérieur. Or tout ce qu'il écrivait survenait quelques heures après hors des murs de la prison, dans le monde courant et familier, et on en retrouvait l'intitulé dans la manchette des journaux. Cette interpénétration du réel et de l'irréel, est typique de l'Entretien, d'où la référence provocatrice du titre du présent billet.
Ce qui survint avec le jeune homme dont je tus toujours le nom et l'existence, faisant partie des grandes familles que je ne puis citer, reste comme une plaie brûlante dans les tréfonds de mon être. Il le savait fort bien, il connaissaît aussi combien j'avais besoin de son appui en cette nuit tombante, et il choisit ce moment pour - lui qui m'avait promis d'être près de moi quoi qu'il lui en coûte, - pour ne plus donner signe de vie en dépit de mes SMS désespérés. Mais reformulée par Macha cette petite tragédie, fait partie de L'Entretien, et plus précisément de la scène entre le Seigneur et l'Autre. Effectivement, comme le docteur Mabuse, je file un texte imaginaire, issu de ma fantaisie, et qui s'incarne par la suite dans la réalité de telle sorte, qu'on ne sait pas si c'est le texte qui anticipe la réalité, ou la réalité qui se conforme au texte !
On retrouve ainsi les théories de Rupert Sheldrake, et notamment son concept de champ morphogénétique. Il suffit pour lui qu'une forme soit suffisamment nouvelle, perturbante et signifiante, pour qu'en même temps, un peu partout dans le monde, des formes analogues apparaissent. Il donne comme exemple le cas de la surfusion et de la cristallisation des molécules organiques. Lorsqu'un nouveau composant a été synthétisé, molécule curative ou parfum, il ne peut être purifié que s'il est cristallisé. Partout dans le monde, des laboratoires ultra-spécialisés et concurrents, essaient les premiers d'aboutir à la cristallisation des nouvelles molécules qui se présentent comme des masses amorphes et impures. Et voici que par chance un de ces laboratoire réussit à faire cristalliser la molécule. Aussitôt, partout dans le monde les molécules cristallisent! On a émis toutes les hypothèses, y compris celle d'un germe cristallin qui aurait franchi les portes closes du labo d'origine, pour être transporté par un vent mauvais dans tous les laboratoires du monde. Il est inutile de vous dire que dans cette éventulalité on a scellé toutes les zones de dissémination possibles. Sans succès.
Ainsi s'expliquerait l'effet Mabuse. Lorsqu'un texte particulièrement puissant, original et d'une forme nouvelle, est créé , on peut le considérer comme un langage cristallisé. Il agit dans l'environnement à condition que celui-ci soit prêt à l'accueillir. Mais avec le temps la diffusion s'accroît et les différents auteurs s'accusent mutuellement de plagiat. Ce ne sont là, bien entendu, que des pistes de réflexion, y aurait-il quelque paramètre caché qui rendrait compte de ces étranges contaminations?
Sheldrake a donné des protocoles d'expérimentation très simples qui permettent de prouver ces phénomènes. Mais ses nombreux détracteurs se sont contentés de cracher des insultes et des remarques condescendantes, sans qu'aucun d'eux ne semble avoir essayé les protocoles. C'est une attitude fréquente on le sait, chez les pontifes et les mandarins. Moi-même du haut de ma chaire d'état, j'ai dû réagir de la même façon, en toute bonne foi.
Départ pour Deauville
Je ne supporte plus la pollution de la Région Parisienne. Des ennuis de toute sortes que vous imaginez (Dont le vol de 40.000 euros par un employé de maison-chauffeur devenu mythomane au contact de Jacques Martin) et bien entendu la consultation avec le Professeur Pol relative à mes chances de survie, ont constamment différé ce départ.
Aujourd'hui j'ai été avec Marina me promener au jardin de Bagatelle. L'entrée était gratuite car il n'y avait pas d'expositions en cours. Et pourtant nous avons cu les pivoines les plus magnifiques qu'on puisse imaginer, et même dépassant l'imagination, en union et en contraste de couleurs. Plus loin une exposition d'Iris nous jouait un concert en mode mineur, où les mauves puissants alternaient avec les violets pâles quelquefois ponctués de touches en mode majeur :jaunes ou orangé.
En dépit de ce festival pour les yeux, nous nous trainions lamentablement, plus crevés que jamais. C'est, nous le savons, dû à la chape de plomb qui vient de s'abattre avec la chaleur réverbérante, aggravée par la pollution, sur le bassin de l'Ile de France. Pour récupérer, rien ne vaut l'air vivifiant de la Manche. J'amènerai avec moi mon Apple dans l'espoir que je saurais le faire marcher, et le gros traité de calligraphie de Mediavilla. Au retour je voudrais attaquer le secont volumes de mes morceaux choisis.
INITIATION A LA MUSIQUE
Je suis profondément ecoeuré. J'ai pris une heure trente sur mon sommeil pour affiner et simplifier mes recommandations, et d'un coup voici que ma page web expire, annulant tous les passages sauvegardés. Je m'en vais me coucher car je devrais partir tôt pour Deauville demain - sauf catastrophe - mais peut-être au milieu de la nuit j'écrirai sur Word, mes conseils sur le Package culturel.
Bonne Nuit !
Bruno Lussato.
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Friday, 12 October 2007
Beethoven. Concerto N°4. Wilhelm Backhaus et Karl Böhm. Wiener symphoniker. (avec la 2eme Symphonie de Brahms). 3 avril 1967 (Unitel). ***
Enfin un enregistrement convenable de celui qui est peut-être le plus grand pianiste allemand : Wilhelm Backhaus, et en DVD de surcroît. Il incarnait l'école classique dans la droite ligne de Beethoven, Czerny, Brahms, Liszt, Eugène d'Albert. Je fus moi-même élevé dans cette atmosphère où curieusement le respect le plus scrupuleux de la lettre musicale, fusionnait avec un mysticisme quasi religieux, l'autorité peremptoire du maître : celui qui sait et a gagné durement son savoir, et l'humilité du dépositaire de la pensée du génie.
Le jeu de Backhaus a valeur d'évidence, il n'admet pas de discussion tant chez lui une technique transcendante se cache derrière une simplicité et une sérénité olympiennes. Comme Toscanini, il s'impose à toutes les grandes âmes et fait grincer les dents aux snobs pommadés, et aux critiques en quête de polémique. Le minuscule Clarendon, dont le titre de gloire fut les orgues de St. Louis des Invalides, coqueluche du beau monde et chroniqueur au Figaro, l'étrilla bien souvent en le comparant à un maître d'école laborieux. Cette condescendance jointe à d'autres aigreurs, décida Backhaus à ne plus remettre les pieds dans la capitale. En soliste du moins, car en tournée il exécuta le IX concerto de Beethoven qu'il affectionnait tout particulièrement.
Je le comprends car d'entre tous les concertos il est le plus personnel, le plus empreint de nostalgie, voire de menaces (le second mouvement). Sa séduction est immédiate et Beethoven montre sa capacité à renouveler un simple rythme, celui de la Veme symphonie, qu'on nomme stupidement " le destin frappe à la porte". C'est une des oeuvres les plus accessibles et le profane peut très bien commencer par là sa quête initiatique. Au plaisir de l'écoute s'ajoute un supplément de nostalgie, d'humour, et de splendeur sans panache. L'oeuvre demeure intime.
Sonate op. 106, Wilhelm Kempff.
Radio Canada;émission télévisée 29 novembre 1964. ***
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Saturday, 2 May 2009
CHRONIQUE
In extremis
Ce billet était au début un addenda purement formel destiné à protéger les billets précédents, car c'est dans les billets en cours que surviennent les désastres tels que : la page a expiré.
Mais en définitive des évènements indépendants de ma volonté m'ont obligé à différer d'un jour mon départ pour Deauville. Je ne parviens pas à prendre des vacances, comme tant d'autres, bien que je jouisse d'un temps disponible important.C'est dû à mes rendez-vous rares et sporadiques, mais incontournables, qui m'obligent à saucissonner mon temps libre, par ailleurs confortable.
Pour me consoler je suis allé ce matin, armé de mon coolpix, photographier cette rue Visconti, si mystérieuse. Lorsque j'avais encore mon encéphalite et mon amnésie, je la découvris, et, inexplicablement j'éclatai en sanglots. Les larmes succédaient aux larmes, pour employer l'expression de la dédicace de Faust.Cette rue devait être chargée.

Ces murs, témoins d'évènements cruels ou poétiques, aimants ou terrifiants m'envoyaient des messages qui pénétraient dans mon cerveau malade, sans barrières, sans défense contre ces fantômes de l'au delà. La rue Visconti était propice à ce genre de phénomène, car elle était parmi les rares voies sans passants et sans voitures, sans boutiques (à l'exception de mes marchands tout au bout de la rue, débouchant sur la rue de Seine, sur la vie, sur l'animation joyeuse des antiquaires. et des petits bistrots.

Par un curieux hasard, la galerie Mingei, le Toit du Monde (chamanisme népolais) et Ferrandin (Art nègre et fétiches habités) sont tous massés à l'extrémité de la petite rue.
Voir le portfolio Visconti dans le corps du blog.
Visite au Mont Athos
Est-il besoin de le dire ? C'est "un must". Bien qu'il y ait foule, l'exposition est d'une très haute tenue et on ne sait pas trop ce qu'il faut admirer, des icones, des tissus d'apparat cousus d'or, de l'orfêvrerie, et des magnifiques manuscrits dans un état superbe et leur reliure originale revëtue de brocard ou en argent.
En priant les détenteurs des droits leur indulgence pour ce petit blog pédagogique, et en les assurant du retrait immédiat des reproductions de manuscrits, je me hasarde à vous montrer les deux plus précieux codex datant de 1340 - 1341, pour l'Evangile, de 1344 pour le psautier. Ils sont tous deux l'oeuvre d'un célèbre copiste Chariton du monastère de Ton Hodegon. Les ors des miniatures et du premier feuillet du frontispice et des initiales, sont tracées à l'encre d'or (et non en lettres d'or en relief du manuscrit de Padoue, à peu près contemporain.

Evangéliaire, couverture renforcée par un luxueux revëtement metallique. Monastère de Vatopédi.

Psautier, monastère d'Iviron. Fond et initiales du premier feuillet en encre d'or.
On peut comparer ces livres somptueux à une autre qui ne l'est pas moins, le livres d'heures enluminé par Ramo de Ramedellis, le maître de lat.364 dans la BNF écrit en feuilles d'or (et non en encre d'or) d'un bout à l'autre. Padoue env. 1380. Heribert Tenscher. L'époque est donc à peu-près la même.

En revanche le psaultier anglo-saxon de Tenscher est bien antérieur. (vers 1190 à 1200). D'où son intérêt en tant qu'un des premiers manuscrits de style byzantin à être doté d'une expression individualisée.

En revenant à l'origine du Mont Athos, un magnifique manuscrit du XIIème siècle (ca. 1100) a été vendu au Metropolitan Museum sitôt proposé à la vente, par le marchand de Hambourg , le Dr. Jörn Günther, l'année dernière.


La couverture du catalogue du Dr.Jörn Günther.

Couverture du très beau catalogue de l'exposition du Mont Athos. au Petit Palais. Détail.
Le NOM DE LA ROSE
C'est le titre d'un ouvrage célêbre de Umberto Eco. Il laisse sous-entendre : "des roses fanées, il ne reste que le nom". Jean-Jacques Annaud en a tiré un film-culte, avec Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville qui incarne la tolérance face au despotisme papal incarné par l'inquisiteur Guy, (F. Murray Abraham). Je viens de voir le passionnant bonus qui montre l'esprit qui a présidé la transposition du livre de Eco, sceptique. Annaud y a transfusé l'amour, la passion, et a tenté de faire une production européenne, très coûteuse certes, mais intelligente et aussi éloignée que possible des supernavets américains. Cela a été possible grâce à la coopération de grands historiens et spécialistes des décors. Tout a été minutieusement étudié de façon à se conformer à la lettre et à l'esprit du moyen âge. On a misé sur le fait que le public sent l'authenticité et qu'il marche alors. Pari courageux et réussi. Ce DVD si vous ne l'avez pas, il faut l'acheter, et le mettre dans votre discothèque imaginaire.

Par ailleurs des liens tenus relient les différents thèmes de mes récents billets. Le monastère perché sur une colline et vivant en autarcie, véritable ville monastique, ressemble tout à fait au monastère du Mont Athos. L'histoire, policière comme la Neuvième Porte tourne autour de la possession d'un livre introuvable. Comme dans le film de Reverte-Polanski, on tue pour en posséder un exemplaire, et la recherche est jalonnée par des morts conformes à un texte. Dans aucun de ces films on ne trouve la sentimentalité pseudo chretienne sucrée qui m'agace tellement dans le vulgaire Code Vinci. Le public ne s'y est pas trompé. Tant qu'à faire, dans le genre du thriller religieux, il vaut mieux lire Génesis qui est une vraie réussite, bien que non crédible et dépourvue de toute ambigüité. Du bon roman de kiosque de gare.
Bruno Lussato, le 4 mai 2009, 1h13.
Je m'en vais au lit, progresser un peu dans ma lecture de l'Oiseau Peint de Kosinski, et je vous dis : bonne nuit, et profitez de la vie, on ne sait ce que le lendemain nous réserve !
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Saturday, 10 March 2007
*** De la désinformation musicale
La désinformation a été définie par l'ISD, mon Think Tank, et dans VIRUS, comme une altération intentionnelle et souterraine, du chemin qui mène de l'émetteur au récepteur. La source émettrice, dite "objet" en théorie des ensembles, émet des messages contenant une information spécifique. Elle peut consister en un évènement factuel (accident, expérience scientifique), en un discours ou un roman, c'est à dire un ensemble d'idées, ou une oeuvre artistique. Dans ce dernier cas l'émetteur est généralement un créateur : l'auteur, le poète, le compositeur , le peintre etc. exprimés par une oeuvre (scénario, livre, partition...) L'émetteur émet une suite de massages spécifiques et répondant à une réception idéale, telle qu'il la désire. Bien souvent, la notation de l'oeuvre ne permet pas de connaître avec précision l'intention créatrice. On en est donc réduits aux conjectures, et le message transmis est erronné, infidèle, sans qu'on puisse parler de désinformation. La désinformation commence, lorsque le responsable de la communication altère les informations en connaissance de cause, c'est à dire lorsque la notation est assez précise pour lever toute ambiguïté. Dans le cas étudié dans nos analyses des sonates de Beethoven et de Mozart, l'attitude des interprètes consistant à enfreindre sciemment les notations du compositeur, et celle des critiques qui les encouragent dans cette voie, sont bien de la désinformation, au sens propre du terme : on a retiré de l'information sur l'idée que l'artiste se fait de son oeuvre.
En relisant l'excellent ouvrage de Robert Taub : playing the Beethoven Piano Sonatas (Amadeus Press, Portland, Oregon, 2002) je suis tombé sur une citation de Beethoven que j'avais oublié et qui illustre bien l'attitude du compositeur face aux altérations commises par des artistes illustres.
Vous devez pardonner un compositeur qui préfererait plutôt entendre son oeuvre, exactement comme il l'a écrite, qu'exécutée autrement, quelque soit la beauté du jeu.
-- Beethoven à Czerny, 12 février 1816
On ne saurait être plus clairs. Ce billet ironique était la réponse d'une exécution virtuose et pianistique maniérée commise par Carl Czerny et qui avait fait sortir Beethoven de ses gonds.
La furie qui saisissait le compositeur devant la moindre inexactitude de ses imprimeurs, l'intense frustration ressentie devant les altérations même de détail de ses indications, viennent confirmer la précision de son processus créateur. " Il croyait, rappelle Taub, que ses oeuvres étaient si organiques, et si fortement intégrées, que le fait d'en altérer un aspect aurait changé la nature de sa vision musicale". C'est la définition même d'un réseau fortement connexe que connaissent bien les mathématiciens. Les remarques que nous avons émises au sujet des déformations peuvent sembler intilement détaillées. Il n'est rien, car celles que nous avons déploré, loin de changer des aspects superficiels de l'oeuvre, dénature au contraire l'ensemble.
Le cas semble donc clos, tout au moins en ce qui concerne Beethoven (bien qu'on retrouve la même intransigeance chez pratiquement tous les grands compositeurs de cette époque). Mais c'est oublier des considérations épistémologiques. Taube part en effet d'un acte de foi dans le compositeur : "le compositeur sait ce qu'il est en train de faire". Ce postulat est hérité d'un noyau sémantique que l'ai appelé "Force de la Terre" et qui correspond à la conception humaniste de l'art, s'exprimant par des mots tels que "génie, sublime, respect de l'intention transcendante de l'artiste" etc. Il heurte de front deux autres noeuds sémantiques : "Force de la terre régressive" (la bourgeoisie matérialiste du XIXe siècle, caricaturée par la gauche et par les intellectuels), "Medusa", la contestation radicale de l'humanisme occidental, et prenant le contrepied de tous ses postulats.
Pour le "bourgeois" (et bien entendu la masse déculturée), seul l'utile et l'agréable sont pris en considération. L'interprète est donc tenu à obéir à l'idée que le public se fait d'une exécution prestigieuse. Il faut à la fois ne pas heurter de front ce que l'on entend dans les autres interprétations, aplanir, lisser, vulgariser le propos, et se permettre des maniérismes agréables, qui permette à l'auditeur de s'exclamer ; ça c'est du Gould, ça c'est Arrau!". Jouer d'une manière respectueuse risque à la fois de heurter le public et sacrifier son originalité en s'effaçant derrière la pensée du compositeur.
Pour l'intellectuel dit "de gauche" et les bourgeois qui le suivent, tout ébaubis, les divergences sont beaucoup plus profondes. En effet le noeud sémantique Medusa, prend le contrepied de tout ce à quoi Force de la Terre. Notamment l'idée d'un génie paraît indécente, elle rompt le pacte d'égalité entre tous les hommes. Pour Medusa, le compositeur n'a pas plus de voix au chapitre que n'importe quel auditeur, quelle que soient ses dispositions et sa formation. En principe, tout se valant, on devrait pouvoir admettre, aussi les versions respectueuses de la pensée de l'auteur. Mais le mot respect lui-même est suspect. La meilleure manière de montrer que l'on est tout à fait libéré d'une quelconque sujétion à un prétendu génie, est de se démarquer radicalement de ses intentions. Cette posture atteint des proportions inouïes dans les mises en scène théâtrales et d'opéra, où les provocations deviennent la règle obligée, et les versions classiques "bourgeoises, ou conventionnelles" sont aussi rares que méprisées. La conséquence de cette attitude, est que l'on préfère confier les mises en scènes d'opéra, à des dramaturges qui ignorent tout de la mise en scène, et si possible qui détestent l'oeuvre et le compositeur qu'ils représentent. Sur le plan pianistique, Glenn Gourd déclarait détester certaines des oeuvres qu'il jouait ... à sa manière.
Les mêmes qui applaudissent aux déformations les plus patentes des chefs d'oeuvre du XIXe siècle, font souvent preuve d'un purisme absurde et tatillon dans la musique baroque. Ils boudent le pianos et les orchestres contemporains et ne sauraient admettre que les instruments anciens et les styles les plus surannés. Ce sont les mêmes qui se pâment devant des orchestres chétifs, baptisés de "romantiques". Un seul point commun entre les deux attitudes : le désir de se démarquer du goût populaire. Jouer une oeuvre dans l'esprit, lui confère un dynamisme, une évidence, qui peut passionner des néophytes. Jouer sur des instruments modernes , comme les transcriptions de l'Art de la Fugue de Bach par Scherchen ou Munchinger, risque de faciliter l'accès de ce sommet ésotérique à des ignares. Au contraire on louera l'interprétation prétendûment authentique de l'oeuvre, au clavecin, ou aux instruments à cordes anciens, d'une qualité soporifique propre à décourager les profanes.
Wednesday, 5 December 2007
Ce billet fait suite au précédent où je donne quelques informations sur L'Isle. Je mentionne également le sommaire de la grotesque plaquette commémorative distribuée à tous les touristes dans les hôtels "de luxe" et en vente à la préfecture. J'annonce aussi mon intention d'en donner quelques extraits pour montrer à mes internautes la bétise en majesté. L'idée, on le sait, provient de deux extraits de l'Entretien, : Invocation à l'Océan, de tonalité prophétique, suivis de deux dédicaces à un Prince voué au cosmos. J'ai ressenti ces jours-ci le besoin de faire diversion en reproduisant l'antithèse de mon poème, qui provient d'une plaquette écrite avec la complicité de ma femme alors qu'on prenait le soleil violent des tropiques. Je suspecte d'ailleurs ce dernier d'avoir été responsable de ce florilège de l'imbecillité, mais il faut aussi savoir en décoder l'information derrière l'information.
A propos de soleil lion et de mancenilliers, voici trois courtes anecdotes authentiques qui vous donneront envie de visiter les tropiques.
Le jour de notre arrivée, se prélassaient sans complexe, un jeune couple en lune de miel, des anglais sans doute, tout blonds, roses et amoureux. Ils ne manquèrent pas une heure de ce délicieux soleil tropical, à peine sensible sous la caresse d'un brise rafraîchissante. Le lendemain, il disparurent. On ne les revit plus.
Le long de la plage des arbres majestueux portent un anneau rouge autour du tronc. Comme tout le monde ne le sait pas, c'est un triple signal de danger. Ces mancenillier ont une sève gorgée de vitriol et si vous vous endormez pendant que la pluie tombe, vous risquez de vous réveiller en sursaut... et défigurés. Heureusement l'anneau rouge est là pour vous mettre en garde (voir guide du parfait touriste, p.16, alinéa 326).
Les mancenilliers arborent de jolies baies d'un rouge cerise. Un jour, des amoureux, émules de ceux que nous avons cité, en on croqué une ou deux. La machoire tétanisée, ils furent transportés d'urgence en hélicoptère à l'Hôpital de Miami Beach,et on ne sait s'ils ont survécu.
Notre ami le sous-prêfet à qui on se plaignait de la laideur des plages du Bakoua et de Fort-de France, nous dit : allez vous baigner dans la plage tout à fait à l'extrémité de l'Isle. Il n'y a jamais personne et l'eau est propre.
Sitôt dit, sitôt fait. L'ocean aux flancs d'argent bruissait et ondulait invitant à la plongée. La profondeur était faible et l'eau turquoise comme celle d'un prospectus de tour opérators. Je nage quelques brasses, délicieux ! Tout à coup ma femme interloquée ne me voit plus! J'ai disparu ! En fait j'ai été happé par un rouleau d'une extraordinaire violence qui m'a roulé, broyé, concassé, sans que rien n'y paraisse à l'extérieur. Au sous-préfêt à qui je contai ma mésaventure, il laissa tomber négligemment : ah oui, la saison nous pourvoit régulièrement de son contingent de jambes cassées et ce côtes félées. Rien de mortel, mais on en a pour quelques semaines d'hôpital. On s'en remet. Je lui répondis que ces explications j'aurais préféré en bénéficier avant pas après!
Hommage à la Martinique
Parodie à double détente
Billet réactualisé le 6 décembre à 9heures

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